Pr Wanyaka Virginie : la majeure partie des États francophones n’ont pas toujours eu à leur tête des leaders plébiscités par les populations 

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Prof. Wanyaka Bonguen Oyongmen Virginie

ACTUALITE. « La majeure partie des États francophones, au lendemain de leurs indépendances, n’ont pas toujours eu à leur tête des leaders plébiscités par les populations mais ceux-là que l’Occident avait choisis », affirme Pr Wanyaka Bonguen Oyongmen Virginie.

« De ce fait, les armées furent des structures au service du politique et non des populations », a-t-elle estimé dans un entretien accordé au journal L’Opinion rappelant le « fameux plan raisonnable mis sur pied par la France dont les desseins et les objectifs ne permettaient aucune distinction entre sécurité intérieure et sécurité extérieure ».

Selon la spécialiste en Histoire militaire contemporaine, Histoire générale de l’Afrique, conflits et résolutions, problématique du genre, « tous ces faits peuvent être l’une des cause des coups d’Etat « auxquels on assiste ces dernières années.

Mais attention: « l’explication en est parfois plus profonde quoique certains veuillent se limiter à l’appât du gain des hommes en tenue », a-t-elle toutefois déclaré au journal marocain.

Au cours de cette interview, Pr Wanyaka Bonguen Oyongmen Virginie s’est également exprimée sur la question de savoir si la CEDEAO ne doit-elle pas s’attaquer aux causes des coups d’Etat (la mal gouvernance) qu’aux conséquences (les coups de force militaire) ?

Comment s’attaquer aux coups d’Etat militaire alors que l’on ferme les yeux sur ceux institutionnels ?

Pour l’experte en Histoire générale de l’Afrique d’origine camerounaise, par ailleurs conférencière à l’Ecole des officiers de Gendarmerie, à l’Ecole d’Etat-major (EEM), et à l’Ecole supérieure internationale de guerre (ESIG) (Cameroun), »il s’agit d’un tout ! Comment s’attaquer aux coups d’Etat militaire alors que l’on ferme les yeux sur ceux institutionnels ? Comment la CEDEAO pourrait-elle s’attaquer à la gouvernance des États ? Difficile ! Qui représente les États au sein de cet organe ? Ce sont les chefs d’État et de gouvernement alors, comment voulez-vous qu’ils s’attaquent aux causes qu’ils ont mises en place ? », s’est-elle interrogée.

Autant dire : « Difficile ! ». Pour autant, a-t-elle confié, « si chaque État pouvait gérer ses problèmes de mal gouvernance alors, en ce moment, on aurait des organisations fiables sur lesquelles les populations s’appuieraient sans crainte, or, pour l’instant, ce n’est pas le cas ».

En cas d’intervention militaire au Niger, le pays sera irrémédiablement divisé et de grandes rancœurs s’y installeront

A propos de l’intervention militaire éventuelle de l’organisation régionale au Niger, Pr Wanyaka Bonguen Oyongmen prévient : « je pense qu’en cas d’intervention militaire, le Niger sera irrémédiablement divisé et de grandes rancœurs s’installeront dans ce pays qui a besoin de toutes ses forces vives pour se projeter vers l’avenir ».

Pour éviter l’embrasement de la sous-région, « pourquoi ne pas revenir à nos schèmes ancestraux pour résoudre cette crise ? La voie militaire doit être exclue car elle ne fera qu’empirer un problème existant. Dialogue politique et médiations diplomatiques, oui ! Mais à l’africaine en mettant en avant certains de nos principes clés en matière de résolution de conflit », a-t-elle prôné.

La méthode dite internationale n’ayant pas beaucoup porté ses fruits en Afrique, l’experte camerounaise plaide pour « une synergie de compétence ou, alors, simplement une valorisation de l’approche africaine ».

Vice-Présidente Afrique Centrale de l’Association des Historiens Africains (AHA) et enseignante permanente au Département d’Histoire de l’Université de Yaoundé I, Pr Wanyaka Bonguen Oyongmen Virginie est au Master Professionnel Genre et Développement au Département de sociologie, superviseure internationale du Programme « German Colonial Rule ».

Martin Kam

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