Abdelfattah Bellali, président de l’Association Plume d’Afrique: « Il s’agit de constituer un événement fédérateur et convivial, d’envergure internationale»
ENTRETIEN. Avec plus 8000 visiteurs, 50 artistes participants, tous styles et générations confondus, plus de 18 pays avec comme invité d’honneur Le Royaume du Bahreïn, la 7 e édition du Salon international d’art contemporain de Tanger, tenue du 23 au 30 septembre 2024 à l’Espace culturel Borj El Hajoui, a remporté un franc succès sur tous les tableaux. Le tout avec un programme éclectique concocté avec amourautour du thème « La pureté» : expositions, performances, ateliers, workshops, conférences, concerts de musique… Son fondateur Abdelfattah Bellali, président de l’Association Plume d’Afrique, initiatrice du Salon, revient sur les moments forts de cette édition et nous explique les tenants et les aboutissants de cet évènement d’envergure internationale. Quelle a été la particularitéde cette 7e édition ? Abdelfattah Bellali: La principale particularité de cette 7e édition est que l’évènement a proposécette année un programme très riche où il y en avait pour tous les goûts. Il y a eu d’une part les arts plastiques à travers une exposition collective qui a rendu compte des dernières productions artistiques, tous styles confondus, de divers horizons aussi autour du thème «La Pureté». D’autre part, nous avons organisé plusieurs ateliers, workshops, visites guidées et conférences débats. Pour les amoureux de la musique andalouse, nous avons eu le plaisir d’accueillir le maestro de la musique andalouse Omar Metioui qui a proposé un voyage décoiffant au cœur du répertoire de cette musique millénaire. Sans parler des diverses performances prévues in-situ lors de cette édition. Enfin, nous avons eu comme invité d’honneur pour cette édition le Royaume du Bahreïn avec une délégation cinq artistes désignéspar le Conseil des Arts de ce pays frère. Nous avons en outre organisé deux conférences-débats. La première a été présentée par l’écrivain et critique d’art Pr Ahmed El Fassi autour de l’art contemporain, ses défis, évolutions, diverses expressions. La deuxième conférence programmée lors de cette édition a été consacrée au thème « L’art au service de la civilisation maroco-andalouse» par le Professeur marocain Dr Ahmed Aarab. Pourriez-vous nous présenter quelques artistes parmi les participants ? Nous avons eu parmi nous une artistes plasticienne française de renom Monique Latouche qui est aussi notre commissaire du Salon pour cette édition. Toujours de France, les artiste Pierrick Le Corre et le poète Pascal Derval qui ont proposé une performance in-situ « Les couleurs et mots d’amitié», sans oublier le couple de plasticiens Johanna et LahcenMahmoudi. Notre invité d’honneur, le Royaume du Bahreïn, a été représenté par la plasticienne DR Alma Maki qui a animé un workshop sur le thème « Les clés du succès », et les artistes Hamed Al Busta, Saeed Radhi et Nahla El kib. Le Salon accueilli également les œuvres des plasticiens Yusuf Husen Gori et RuchitaAnishTataria (Inde), Tom Teasly (Etats-Unis), Fabian Seiner (Allemagne), Ronald Beijleveld (Pays-Bas), sans pour autant parler des artistes marocains Laila Benchekroun, Karima Cheikh Felouss, LahcenFersaoui, entre autres. Il y a eu une performance de l’artiste marocain Mounir Benrkia qui a combiné peinture et musique Gnawa. Les deux slameurs venus tout droit de Belgique, Abdelaziz Lahlou et Edmond Delvenne ont gratifié le public avec leurs textes d’une poéticité éclatante. Quid du thème de l’évènement «La Pureté». Pourquoi le choix de cette thématique et que symbole-t-elle ? Le choix du thème « La Pureté» est réfléchi à plus d’un titre. D’abord, la pureté dans sa connotation mystique qui renvoie à une démarche spirituelle dans la création artistique. Nous considérons l’acte de peindre et de créer comme un acte de foi, profondément humain. L’artiste dans l’âme est un être qui embrasse la spiritualité et qui relève d’un mysticisme profond. Les couleurs, les formes, les signes, deviennent un alphabet pictural qui donne lieu à des suggestions spirituelles, poétiques et même philosophiques. Ajouter à cela que les œuvres que nous avons retenues pour cette édition sont toutes inscrites dans cette logique de pureté. Quels sont les différents objectifs de ce Salon ? Depuis sa fondation en 2017, le Salon International d’Art Contemporain de Tanger s’est assigné comme objectifs de célébrer l’art contemporain mondial dans ses splendeurs, présenter les dernières créations des différents artistes marocains et étrangers participants et sensibiliser à l’art à travers des ateliers et des visites guidées, des tables-rondes, entre autres activités. Il s’agit également de constituer un événement fédérateur et convivial, d’envergure internationale etde favoriser les échanges et le dialogue entre différentes écoles et générations d’arts plastiques sur les plans national et international. D’oùvous est venue l’idée de créer ce Salon ? Les raisons de la création du Salon sont multiples dont la plus évidente est le fait que nous entendons mettre en place un rendez-vous culturel et artistique pluriel où les arts plastiques sont au croisement d’autres expressions artistiques telles que la musique, la poésie, le slam, la littérature, les sciences humaines, entre autres. Il est question aussi de participer au rayonnement culturel et artistique que connaît le Maroc sur les plans local et mondial depuis l’intronisation de Sa Majesté le Roi Mohammed VI et de démocratiser l’accès à l’art et à la culture en proposant un événement gratuit au public marocain et étranger. L’idée de créer ce Salon est le fruit d’une longue réflexion qui a duré plusieurs années depuis la fondation de notre association : trouver une manière de promouvoir les arts, soutenir les artistes et propager le goût. Le but du Salon est de favoriser les échanges entre les acteurs de l’art, qu’ils soient basés au Maroc ou à l’international, afin de stimuler la créativité et l’innovation dans ce domaine. Pourriez-vous nous en dire davantage sur la manière dont cette initiative contribue à dynamiser et enrichir le monde de l’art contemporain ? Le Salon International d’Art Contemporain de Tanger est un événement de premier plan visant à établir des partenariats solides et pérennes entre le Maroc, représenté par notre Association, et diverses entités culturelles, artistiques et diplomatiques étrangères. Cette initiative est très importante pour favoriser l’échange culturel, encourager la collaboration internationale et promouvoir la diversité artistique. Au-delà de la simple mise en relation, ce salon ambitionne de créer des synergies dynamiques entre les artistes marocains
Culture. Viclaire Semo Miekountima: « Au Congo, comme ailleurs, l’usage de l’internet et des technologies numériques explose, mais les connaissances et les mesures de protection restent souvent insuffisantes »
Viclaire Fred Murphy SEMO MIEKOUNTIMA, titulaire d’un Master en Droit Public « Recherche fondamentale », de l’Université Marien NGOUABI. Diplômé de l’university of Reading du Canada sur : Le droit international à l’ère de la cybernétique : trouver un équilibre entre Intérêts de l’État et droits individuels. Il est Magistrat exerce au Tribunal de grande instance de Brazzaville et expert en cyberdroit et droit du numérique. Il enseigne aussi à l’École Nationale Supérieure de Police (ENSP) sur les nouvelles formes de menaces : cybercriminalité, criminalité organisée et terrorisme dans le cadre du cours de commissaire de police. Il est l’auteur de l’ouvrage « Le juge et la cybercriminalité au Congo », publié aux éditions L’harmattan en septembre 2023. Cet ouvrage propose une stratégie de gouvernance coercitive efficace pour endiguer la cybercriminalité devant le juge congolais, en s’appuyant sur des outils méthodologiques adaptés. À ce titre, il vise à renforcer la répression et la prévention des actes malveillants en offrant un cadre juridique adéquat pour faire face aux défis de la cyberdélinquance. Il répond aux questions de votre média PagesAfrik.com dans une interview PagesAfrik.com : Depuis quand écrivez-vous ? Viclaire Fred Murphy SEMO MIEKOUNTIMA : J’écris depuis plusieurs années. J’ai commencé par des mémoires avant de me lancer dans des projets plus ambitieux comme des livres. Qu’est-ce qui vous a inspiré pour écrire sur ce thème ? Ma passion pour la technologie et ses impacts sur la société m’a inspiré à explorer le thème de la cybercriminalité. Je voulais comprendre et expliquer comment les avancées numériques influencent le crime et la sécurité au quotidien, en particulier dans le contexte congolais. Combien de temps vous a pris la rédaction de ce livre ? La rédaction de ce livre m’a pris environ deux ans, incluant la recherche, la collecte des données, des stages, l’écriture, et les révisions. Pourquoi avoir choisi ce thème ? Le choix de ce thème est motivé par l’importance croissante de la cybersécurité dans notre monde interconnecté. Au Congo, comme ailleurs, l’usage de l’internet et des technologies numériques explose, mais les connaissances et les mesures de protection restent souvent insuffisantes. Il était donc crucial de sensibiliser et d’informer sur les risques et les moyens de s’en protéger. La cybercriminalité semble être un nouveau jargon au Congo. Le Congo dispose-t-il d’un arsenal juridique et technique pour condamner ce fléau ? Congo a commencé à développer des lois et des structures pour lutter contre la cybercriminalité, mais il reste encore beaucoup à faire. Sur le plan juridique, il existe des textes qui criminalisent certaines activités en ligne, mais leur application est souvent limitée par le manque de ressources et de formation spécialisée. Techniquement, le pays dispose de certaines infrastructures pour surveiller et répondre aux menaces, mais sont souvent insuffisantes face à l’évolution rapide des techniques de cybercriminalité. Une coopération internationale et un renforcement des capacités locales sont nécessaires pour améliorer l’efficacité des réponses à ce fléau. Propos recueillis par Wilfrid Lawilla D.
Congo. Interview avec Lydie SOMPO KANGOMBE, auteure de « L’Etrangère »
PAGESAFRIK.COM. Publié en mai 2024, « L’Etrangère » est le premier ouvrage de Lydie Sompo Kangombe, cadre supérieur en audit interne, installée au Maroc depuis des années, précisément dans la ville de Fès. Dans cette interview, la Congolaise, qui fait ses premiers pas dans l’écriture, revient sur les détails de son autobiographie. PAGESAFRIK: Peux-tu te présenter à nos lecteurs? Je suis Lydie Sompo Kangombe, Je suis enfant de Dieu, passionnée de Christ. Sur le plan séculier, je suis cadre supérieur en audit interne. Je me définis comme une femme pluri’elle et je crois que je suis née pour influencer. Pourquoi avoir choisi d’écrire « L’Etrangère »? Je pense que c’est Dieu qui l’a choisi. J’avais commencé le projet de plusieurs livres mais qui se sont arrêtés en chemin. L’Etrangère a abouti par la grâce de Dieu. Dieu veut à travers cet ouvrage amener une vie à croire en sa providence et en sa fidélité. « La providence divine, bien plus qu’une réalité, est une vérité » De quel genre littéraire est l’ouvrage?Quel est son message ? C’est un livre autobiographique, mélangé à la narration.Son message principal est que la providence divine « bien plus qu’une réalité, est une vérité ». Pourquoi le titre l’Etrangère? C’est comme ça qu’on m’a identifiée mes premiers jours dans ce pays, le Maroc. Je ne me rendais pas compte qu’en quittant ma nation, je devenais étrangère. Entendre les gens m’appeler ainsi m’avait marquée. Mais c’était devenu pour moi une occasion de me présenter à chaque fois devant Dieu et crier à Lui, le Dieu qui n’abandonne pas l’étranger sur une terre étrangère. D’autres livres en vue, après l’Etrangère? Certainement par la grâce de Dieu. Où peut-on acheter le livre? Le livre peut être acheté au Maroc, en passant directement la commande ou auprès de la Librairie Schekinah. Propos recueillis par FD.
Entretien avec l’artiste-peintre Amina Fatine Azhari: «Je m’efforce de sonder les tréfonds de l’âme, ses mystères et ses contradictions»
PAGESAFRIK.COM : L’art abstrait que propose l’artiste-peintre marocaine Amina Fatine Azhari, établie à Casablanca, vise à transcender la réalité pour nous amener à ressentir quelque chose de plus profond. À travers ses œuvres abstraites, elle exprime ses rêves, réflexions, visions et convictions. Dans cet entretien, elle nous invite à pénétrer au cœur de son univers riche et envoûtant, offrant ainsi une expérience artistique immersive et captivante. Pages Afrik : Que signifie peindre pour vous ? Amina Fatine Azhari: Pour moi, en tant qu’artiste, la pratique de la peinture va bien au-delà d’une simple activité créative. C’est un moyen de libérer mon âme, d’explorer ma liberté intérieure. Chaque coup de pinceau est une forme de dialogue silencieux avec ceux qui se tiennent face à mes toiles, une conversation qui transcende le temps et l’espace pour toucher l’essence même de notre humanité. À travers mes œuvres, je cherche à dévoiler une part de moi-même, à exprimer ma sensibilité et ma profondeur émotionnelle. C’est un processus introspectif et cathartique qui me permet de partager des émotions universelles de manière intemporelle. Dans ma démarche artistique, j’accorde une grande importance à l’utilisation des couleurs vives et des formes dynamiques. Ces choix stylistiques ne sont pas anodins : ils visent à captiver l’œil et l’esprit du spectateur, à l’inviter à plonger dans un univers où les frontières entre réalité et abstraction se confondent. Je cherche à susciter l’émotion, à éveiller la curiosité de celui qui contemple mes créations. Vous devez avoir une inspiration vaste et riche. Quelles en sont les sources ? Mes sources d’inspiration sont d’une diversité remarquable, s’étendant de la splendeur intemporelle de la beauté pure aux mélodies envoûtantes et émotionnelles de la musique, en passant par l’incroyable pouvoir évocateur des mots de la poésie et l’immensité infinie et apaisante de l’océan. Chacune de ces sources m’offre un réservoir infini de créativité et d’émerveillement, nourrissant mon esprit et stimulant mon imagination de manières uniques et profondes. La beauté, la musique, la poésie et la mer se rejoignent ainsi pour former un paysage artistique riche et inspirant, une source constante d’émerveillement et de réflexion qui guide mon processus créatif et enrichit mes œuvres de nuances et de profondeur. Quels sont les thèmes que vous abordez le plus dans vos œuvres ? Dans mes œuvres, je traite des thèmes qui témoignent de ma sensibilité profonde et de ma vision artistique. La quête de la paix intérieure occupe une place centrale dans ma démarche créative. À travers mes oeuvres, je cherche à exprimer les émotions et les réflexions liées à la recherche de cet équilibre intérieur si précieux. Par ailleurs, la recherche de l’essence de l’âme humaine constitue un autre pilier de mon exploration artistique. Je m’efforce de sonder les tréfonds de l’âme, de mettre en lumière ses mystères et ses contradictions, dans le but de susciter une réflexion profonde chez le spectateur. Enfin, la préservation du patrimoine culturel est un enjeu majeur qui nourrit ma créativité. À travers mes œuvres, je cherche à mettre en lumière l’importance de préserver et de valoriser les héritages culturels, qu’ils soient matériels ou immatériels. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de transmission et de sauvegarde des richesses culturelles qui façonnent notre identité collective. Votre processus créatif est une véritable danse organique avec la matière et la couleur. Quelles sont les techniques sur lesquelles vous vous appuyez dans votre travail ? Dans mon approche artistique, je me focalise principalement sur l’expérimentation de techniques mixtes. Cette démarche implique l’utilisation variée d’outils tels que le pinceau, le couteau, la spatule, le jet de peinture, le fil et même les doigts pour exprimer ma créativité. Chacun de ces instruments offre une possibilité unique de créer des textures, des formes et des effets visuels qui enrichissent mes œuvres d’art. En combinant ces différentes techniques, je parviens à produire des pièces uniques et originales qui reflètent ma vision artistique et mon souci du détail. Vous donnez souvent libre cours à votre imagination… Lorsque je crée, je choisis de peindre directement sur la toile, sans faire de croquis préalable, ni esquisses. Je me lance sans même savoir à l’avance quel sera le résultat final. Cette approche audacieuse et spontanée est au cœur de ma démarche artistique, en particulier dans la réalisation de mes œuvres abstraites. Elle me permet de laisser parler mon instinct, de m’immerger pleinement dans l’acte de création et de laisser émerger des formes et des couleurs de manière libre et authentique. Cette méthode, bien que risquée, me conduit souvent vers des résultats surprenants et riches en émotions, où chaque coup de pinceau devient une exploration de ma propre créativité. Je trouve incroyablement libérateur de pouvoir m’exprimer de manière aussi spontanée et intuitive à travers ma peinture. Je préfère laisser de côté toute planification et je me fie simplement à mon instinct. C’est ainsi que j’ai découvert une forme d’authenticité et de pureté dans ma création artistique. Propos recueillis par Ayoub Akil
Paolo Nespoli : Observer la Terre depuis l’espace est un spectacle incroyable
Paolo Nespoli a participé à trois missions spatiales en octobre 2007, décembre 2010 et juillet 2017, cumulant ainsi 313 jours passés dans l’espace. L’ex-astronaute de l’ESA (Agence spatiale européenne) a récemment animé une conférence intitulée « Farsi Spazio » au Théâtre Italia, organisée par l’association culturelle Dante Alighieri de Casablanca en collaboration avec le consulat général d’Italie à Casablanca. Dans cet entretien, il nous livre ses impressions. PAGESAFRIK.COM/LIBE: Vous avez déclaré, durant les premiers jours sur la station spatiale, que la Terre vous manquait. Aujourd’hui, diriez-vous que l’espace vous manque ? Paolo Nespoli : C’est un débat quelque peu psychologique et philosophique, car en tant qu’êtres humains, il est difficile d’affirmer que nous sommes dans un endroit et que nous sommes pleinement heureux d’y être. C’est un peu le fond du débat. Autrement dit, vous êtes satisfait, mais il vous manque toujours quelque chose. Et cela fait partie de la philosophie humaine. Il y a un proverbe qui dit que l’herbe est toujours plus verte de l’autre côté. C’est un peu ça. Donc, paradoxalement, si vous êtes dans l’espace, la Terre vous manque, mais si vous êtes sur Terre, l’espace vous manque. Et c’est vrai, quand j’étais dans l’espace à un moment donné, surtout au début, j’avais l’impression que la Terre me manquait. J’ai donc cherché des choses spéciales que je ne pouvais faire que dans l’espace. Par exemple, regarder la Terre, ce qui est vraiment un spectacle incroyable. À mon retour, notamment durant les premiers jours, l’espace me manquait : cette liberté physique d’évoluer dans l’espace et de se déplacer en trois dimensions malgré le poids et l’attraction terrestre. Donc, j’étais un peu nostalgique de l’espace. Mais quand j’ai ressenti cette nostalgie, j’ai réalisé qu’il valait peut-être mieux me concentrer sur le fait que j’avais réussi à devenir astronaute, que j’avais été dans l’espace, que j’avais volé en navette, que j’avais volé à bord de Soyouz, que j’avais passé 300 jours là-haut, et que je ne pouvais donc pas demander mieux que ça. Et j’aurais dû être heureux comme ça.Alors, j’ai essayé de faire quelque chose qu’on oublie parfois de faire : Plutôt que de se concentrer sur ce qui nous manque, il est préférable de penser à ce que nous avons déjà eu et d’en être satisfaits. Votre parcours est tout à fait unique. Dès le plus jeune âge, vous avez eu cette obsession de devenir astronaute. Bien que vous ayez été recalé à deux reprises, vous avez continué à y croire. D’où tirez-vous cette détermination ? Je ne saurais dire d’où elle émane. C’est peut-être un trait de caractère. Ma mère avait l’habitude de dire que j’étais très têtu. Avec le temps, j’ai réalisé que cette obstination pouvait être bénéfique pour atteindre mes objectifs; en me fournissant l’élan nécessaire pour surmonter des obstacles qui auraient autrement semblé insurmontables, bien que parfois elle puisse être excessive.Savoir discerner entre le moment où cela devient trop et celui où cela peut être utile est ce qui distingue l’intelligence humaine. Mais cette distinction n’est pas toujours évidente. Si vous n’aviez pas réalisé ce rêve, comment pensez-vous que votre vie aurait été ? J’ai envisagé une carrière en ingénierie non pas parce que c’était une exigence pour devenir astronaute, mais parce que j’avais une réelle passion pour ce domaine. Ainsi, j’ai étudié l’ingénierie pendant 10 ans, sachant qu’il était beaucoup plus probable que je devienne ingénieur plutôt qu’astronaute. Si j’ai finalement réalisé mon rêve d’être astronaute, c’était un bonus. J’ai toujours eu un amour pour l’ingénierie et je savais que c’était une voie qui me correspondait, même indépendamment de mes aspirations spatiales. A quel moment avez-vous senti que votre rêve allait cette fois-ci se réaliser ? Quel était le signe distinctif ? Car vous avez rencontré de nombreuses difficultés? Je vais vous raconter une anecdote : lors de la deuxième sélection, les examinateurs m’ont posé une question technique complexe sur le fonctionnement des satellites en laisse à laquelle j’ai répondu. Mais je n’étais pas satisfait de ma réponse. Alors, quand j’ai vu le résultat de la sélection, je me suis dit que c’était peut-être pour cette raison que je n’avais finalement pas été retenu. C’est ainsi que, lors de la troisième sélection, j’ai étudié cette question technique sur les satellites en orbite dans tous les détails. J’étais prêt à répondre en me disant que si on me la posait à nouveau, cette fois-ci j’allais « cartonner ». Lorsque je me suis présenté à la troisième sélection, il y avait une dizaine d’examinateurs. C’était assez impressionnant et angoissant, car c’étaient tous des professeurs très spécialisés chacun dans son domaine. Peut-être pour me rassurer, l’un de ces professeurs m’a demandé quel était mon hobby. J’ai répondu en disant que j’aime la photographie et là j’ai peut-être touché une corde sensible puisqu’on a commencé à parler de photographie. Puis, à un moment donné, j’ai regardé l’horloge, 40 minutes s’étaient écoulées. Alors que la sélection dure normalement 45 minutes, je me suis arrêté et j’ai demandé : quand parlons-nous d’espace ? L’un des professeurs m’a dit : « Ça va, l’entretien est terminé ». Et je suis sorti en me disant, « j’ai bien étudié cette question des satellites, je la connaissais parfaitement, mais on n’a parlé que de photos ! ». Ce n’était pas une sensation géniale… Cela dit, quelques semaines plus tard, j’ai reçu un télégramme m’informant que j’étais sélectionné. Et quelques mois plus tard, j’ai rencontré un des professeurs qui étaient là, alors je lui ai demandé : « Ce n’est pas pour me plaindre, mais pourquoi m’avez-vous choisi ? » Il m’a dit : « Tout le monde était sûr que vous connaissiez très bien les sujets techniques mais dans cette question de photographie, nous avons un plus qui pouvait apporter des émotions, nous l’avons vu en vous et c’est pour ça qu’on vous a sélectionné ». Justement vous avez pris plusieurs photos lors de votre séjour à bord de la station spatiale… La photographie a toujours été une de mes passions depuis mon enfance. Ce n’était donc pas quelque chose de nouveau. Malgré les
Destin GAVET : Le peuple congolais n’est pas favorable à la cession des terres du pays au Rwanda
Président exécutif du Mouvement Républicain (MR) et vice-président de l’inter-coalition des partis politiques de l’opposition en République du Congo, Destin Gavet ELENGO est aussi le Coordonnateur de l’ONG Urgences Panafricanistes dans le pays. Ingénieur géologue de profession, il occupe actuellement le poste de Directeur général de l’établissement GED Services, avec une expérience antérieure dans les secteurs forestier et pétrolier. Le MR, parti politique qu’il a fondé en août 2017, est le fruit de son engagement politique. En mars 2021, il a conclu un accord de gouvernement avec feu Guy Brice Parfait Kolelas, Président fondateur de l’UDH-Yuki, lors de l’élection présidentielle de cette année-là. Cet accord l’a désigné comme son représentant dans les départements du Niari, de la Bouenza et de la Lékoumou, trois des douze départements du Congo. PAGESAFRIK.COM : Après plusieurs années passées au pouvoir, le président de la République du Congo, Monsieur Denis SASSOU N’GUESSO a enfin eu une pensée pour la jeunesse congolaise en décrétant l’année 2024 comme étant l’année de la jeunesse. Qu’est-ce que cela vous inspire ? Destin GAVET ELENGO: Choisir l’année 2024 comme année de la jeunesse est une manière de berner la jeunesse et de la détourner de son aspiration réelle qui est le changement de système et de régime. La jeunesse congolaise est en manque de tout. Elle souffre de nombreux maux, tels que le chômage, l’absence d’allocations chômage, le manque de soutien social et le non-paiement des bourses d’études, tant pour les étudiants de l’intérieur que de l’extérieur, depuis plusieurs années. Cette annonce relève davantage de la démagogie, sans véritable intention de changement. Elle s’inscrit dans une stratégie de diversion et d’endoctrinement similaire aux années précédentes où l’on a décrété des années de santé et d’éducation à deux reprises, alors que la réalité dans nos hôpitaux et nos écoles demeure préoccupante. Il s’agit là encore des paroles en l’air. Si le Président Denis SASSOU NGUESSO se préoccupe réellement du sort des jeunes, qu’il rapatrie les quatorze mille milliards des générations futures. Cet argent pourrait être investi dans la création d’emplois, le paiement des bourses et d’autres initiatives pour le bien-être de la population congolaise en général. PAGESAFRIK.COM : Le Congo-Brazzaville, et particulièrement la ville capitale Brazzaville, est en proie aux violences attribuées à certains jeunes appelés communément « bébés noirs ». Quel regard portez-vous sur ce phénomène inquiétant ? La montée de l’insécurité en République du Congo est très préoccupante. Nous assistons aujourd’hui à un abandon des responsabilités régaliennes de l’Etat envers le peuple. Ce dernier se retrouve livré à lui-même et décide de se faire justice. Nous voyons désormais régulièrement des cas de lynchage de présumés criminels qui sont dans la plupart des cas brûlés après avoir été battus à mort par la population. De telles pratiques vont à l’encontre des dispositions de l’article 8 de notre constitution du 25 Octobre 2015 qui stipule : La personne humaine est sacrée et a droit à la vie. L’État a l’obligation de la respecter et de la protéger. Chaque citoyen a droit au plein épanouissement de sa personne dans le respect des droits d’autrui, de l’ordre public, de la morale et des bonnes mœurs. La peine de mort est abolie. Le député Hydevert MOUAGNI se retrouve en détention pour avoir notamment dénoncé l’insécurité croissante en République du Congo Malheureusement, l’État n’est pas en mesure d’assurer la sécurité des citoyens et de leurs biens. D’ailleurs, le député de la majorité présidentielle Hydevert MOUAGNI se retrouve ainsi en détention pour avoir notamment dénoncé l’insécurité croissante en République du Congo et l’incapacité du ministère de l’Intérieur et de la police à relever ce défi. Il est impératif que l’Etat assume pleinement son rôle de protection des citoyens. Ce n’est pas négociable. C’est impératif et un devoir fondamental. PAGESAFRIK.COM : Alors que la crise sociale sévit au Congo, les détournements de fonds sont monnaie courante et les auteurs de ces actes ne sont guère inquiétés par la justice congolaise. Quel est votre commentaire sur une telle gouvernance ? En ce qui concerne les détournements de fonds publics et l’impunité qui en découle, nous pouvons dire qu’ils témoignent du dysfonctionnement de notre pays. La séparation des pouvoirs est une illusion, car la justice semble être soumise à des influences extérieures. L’on assiste ainsi à une justice aux ordres. Le Président de la République ne cesse de pointer du doigt la faiblesse de la justice en affirmant même que « le ver est dans le fruit » dans le secteur judiciaire. Je tombe des nues lorsque j’écoute ce dernier évoqué les questions judiciaires. Il est important de se demander qui préside le Conseil supérieur de la magistrature, qui en est le vice-président ? Ce sont respectivement le Président et son Ministre de la Justice. Alors que le pays fait face à une corruption endémique, nous sommes l’un des pays les plus corrompus au monde, le Président Denis SASSOU NGUESSO en porte la responsabilité première. Des ministres ont été accusés de détournements de fonds sans pour autant être démis de leurs fonctions. Cela soulève des questions sur les liens entre le pouvoir et la corruption. La justice congolaise traque les faibles et reste muette face aux caciques du pouvoir en place Un de ses ministres a construit une route imaginaire de plusieurs dizaines de milliards de FCFA, mais paradoxalement ce dernier est toujours Ministre. Un autre était épinglé par la Commission de la lutte contre la corruption avec plusieurs rapports à la clé, mais ce dernier est toujours au gouvernement aussi. Vous comprendrez que le Président de la République aime travailler avec les corrupteurs et du coup nous avons une justice qui traque les faibles et reste muette face aux caciques du pouvoir. PAGESAFRIK.COM : Nous avons reçu un communiqué de presse annonçant un concert de casseroles prévu le 21 avril 2024 dans la ville de Brazzaville. Pouvez-vous nous expliquer les raisons de cette manifestation ? Et quelles sont vos attentes ? Le concert de casseroles que nous avons initié s’inscrit dans la suite logique de ce que nous observons à Brazzaville et Pointe-Noire, les deux grandes
Rita El Khayat : Il est clair que les femmes sont en train d’arracher une partie du pouvoir patriarcal
Avec son ouvrage « Les violences traditionnelles contre les femmes », publié aux éditions L’Harmattan, Rita El Khayat nous entraîne dans le monde de la violence, en particulier celle infligée aux femmes que la psychiatre, psychanalyste, anthropologue et écrivain passe systématiquement en revue à travers le temps et les cultures. Une œuvre unique par sa documentation qui nous offre un éclairage sur les réalités sombres qui entourent un phénomène universel que la défenseure acharnée de la paix et auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages combat depuis plus de trente ans. Entretien. PAGESAFRIK/Libe : La communauté internationale célèbre ce vendredi (8 mars) la Journée internationale des droits de la femme. Que représente pour vous cette journée ? Et quelle signification lui donnez-vous ? Rita El Khayat : C’est très important qu’il y ait une Journée internationale des droits de la femme, c’est une manière constante de rappeler quelque chose, et donc il fallait le faire. De même, le 25 novembre est la Journée mondiale de lutte contre la violence faite aux femmes. Il est très important d’avoir des jours dédiés d’autant plus qu’ils nous ont permis de beaucoup évoluer. Vous avez reçu en novembre dernier le « Prix international de la femme d’exception – Stand out Woman », à Rome. Que pourriez-vous nous dire sur cette distinction ? Ce Prix a été une surprise pour moi. Je ne m’y attendais pas. Pour être appelée « femme d’exception », il faut le mériter et tenir le rang. Ce qui est très difficile parce que cela suppose qu’on est toujours sur un mode d’exigence, de perfection et de rigueur. Cela fait très modèle et être considérée comme un modèle demande beaucoup de travail et une humilité constante. Votre combat pour la défense des droits de la femme remonte à plus d’une trentaine d’années. Mais c’est en 1994 que vous avez pris pour la première fois la parole en public sur la violence. Votre ouvrage «Les violences traditionnelles contre la femme», vient-il parachever le travail entamé il y a plus de trois décennies? Effectivement, en 1994, une association marocaine de défense des droits des femmes spécialisée dans la lutte contre la violence conjugale contre les femmes m’a demandé de parler de ce problème. J’avais donc commencé à réfléchir sur cette question et depuis lors je n’ai cessé de travailler sur cette problématique. Je dois avouer que si je me suis intéressée à la violence, c’est parce que je l’ai subie sous différentes formes. Ça ne m’a jamais quitté et encore davantage quand j’ai travaillé en Italie où j’ai été honorée par plusieurs prix pour la paix. Et le contraire de la paix, c’est la violence. Donc en permanence, l’esprit fluctue entre apporter la paix et combattre la violence. Par exemple aujourd’hui, je ne comprends pas qu’il y ait tellement de guerres dans le monde et qu’on se surarme en permanence. Je fais partie de ces rêveurs, comme l’Américain Thoreau, comme Lanza del Vasto, comme Ghandi, qui rêvent d’un monde de paix, d’amour et de sérénité. Le problème, c’est qu’on en est encore très loin parce qu’il y a des gens qui meurent pour leurs idées comme Alexeï Navalny à qui je rends hommage parce que cet homme a accepté de mourir, je suis persuadée qu’il savait qu’il allait mourir quand il est revenu en Russie. Ce genre de personnes me fascinent parce qu’il y a des vérités pour lesquelles il faut mourir et il y a des vérités pour lesquelles il ne faut pas mourir. Ces personnes sont très importantes pour édifier la paix dans le monde. « Je suis fermement opposée à la violence » Le plan de votre ouvrage suggère un travail de recherche approfondi où vous examinez les violences faites aux femmes, à travers toutes les époques et cultures. Comment avez-vous réussi à faire tout ce travail malgré vos nombreuses occupations professionnelles ? Je suis une « stakhanoviste », un forçat du travail. J’aime le travail. Même si aujourd’hui les gens essaient de faire le minimum d’effort pour le maximum de résultat, moi je crois en la valeur de l’effort. Donc, je n’écris pas de façon facile et je ne m’écris pas facilement moi-même. Je suis rigoureuse avec moi-même et pour prouver quelque chose, il faut aller très loin, il faut prospecter très loin. Pour que ça devienne un texte fondamental, il faut qu’il soit propre. J’ai écrit cet ouvrage parce que je suis fermement opposée à la violence. Je refuse de laisser la violence perdurer. C’est parce que les violences sont nombreuses que j’ai essayé de les analyser au maximum à travers l’histoire, les cultures et les sociétés pour qu’on ne dise pas, par exemple, que ce sont les sociétés arabo-islamiques qui sont très violentes avec les femmes, que dans tel pays on ne tue pas des femmes. Par exemple, pour ne citer que trois pays proches du Maroc, en Espagne, en Italie et en France, entre 150 et 200 femmes meurent chaque année sous les coups de leurs compagnons, ex-maris ou maris. Ce qui est colossal et terrible pour des pays aussi développés. Alors pour contrer la violence, il faut la déconstruire, la dénouer point par point. La violence est omniprésente. Il n’y a qu’à voir la manière de la conduite automobile à Casablanca. Pour moi c’est une violence inouïe. Le premier enseignement que l’on tire de votre ouvrage, c’est que la violence contre les femmes est universelle. Dans votre démarche, êtes-vous partie du principe qu’il faut réunir toutes ces informations pour faire avancer la lutte contre cette violence ? Absolument ! C’est-à-dire que plus on a des arguments, plus on va résoudre ce problème. Cela devient passionnant à comprendre quand on se rend compte que Ghandi a passé sa vie entière à promouvoir la paix et qu’il est mort de façon violente, tombant sous les balles. Cela nous amène à poser la question suivante : comment quelqu’un peut-il abattre ainsi cet homme extraordinaire avec une telle personnalité ? Il y a beaucoup de personnes qui sont mortes justement pour défendre la paix, et là encore, le sang est le prix de la vie qui donne quelque chose sur
Fatima Zahra El Amrani : Je recherche des similitudes plutôt que des différences entre les cultures du monde
ARTS. «I’ttimad entre Al Mou’ttamid et IbnTachafine », un spectacle musical de danse et de théâtre riche explorant une période cruciale de l’Histoire Arabo-musulmane en Espagne, écrit et mis en scène par la chorégraphe Fatima Zahra El Amrani, sera présenté mardi 27 février au Théâtre Mohammed V à Rabat, avec le soutien du ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication et du Théâtre Mohammed V. Ci-dessous un entretien avec Fatima Zahra El Amrani, chorégraphe et fondatrice de la compagnie Fleurs d’Oranger. Vous êtes à l’affiche avec le spectacle «I’ttimad entreAl Mou’ttamid et Ibn Tachafine». Avant d’en parler, quelle est l’origine de la compagnie Fleurs d’Oranger qui vous accompagne depuis plus de deux décennies ? Fatima Zahra El Amrani : J’ai créé la compagnie Fleurs d’Oranger au début de 2001 à Montreuil, petite ville près de Paris très active au niveau artistique. Je suis en toute modestie la première danseuse orientale à avoir placé cette danse sur la scène théâtrale avec des sujets sérieux et porteurs de messages. C’est dans cette perspective que depuis 25 ans je m’efforce de sortir la danse de son côté fantasme colonial pour en faire un moyen de communication et de transmission de messages. A travers mes spectacles, je montre qu’elle n’est pas là que pour son aspect visuel et qu’elle sert la dramaturgie. En prenant la forme de messager, elle se libère de son côté superficiel pour renter dans la dimension spirituelle. En ce qui concerne l’appellation Fleurs d’Oranger, elle puise ses origines dans les souvenirs de mon enfance passée dans un Riad où je sentais tous les jours des senteurs des fleurs d’oranger au début du printemps qui m’imprégnaient d’une manière indélébile au point de les ressentir trente ans après. Ces senteurs sont porteuses d’espoir et animent l’âme et pas seulement le corps. Voilà pourquoi j’ai appelé ma compagnie Fleurs d’Oranger. La compagnie s’est fixé comme objectif de faire connaître l’art et la culture du Maroc et celle du Moyen-Orient. 23 ans après sa création, pensez-vous avoir atteint cet objectif ? La vision de la compagnie Fleurs d’Oranger ne se limite pas qu’à faire connaître la culture et les arts du Maroc. Notre objectif réel est de construire des ponts entre les différentes cultures du monde. On est là pour rechercher des similitudes plutôt que des différences, surtout entre l’Orient, le Maghreb et l’Occident. Je ne suis donc pas là pour parler uniquement de ma culture, parce que le faire serait se séparer des autres et imposer son identité. Je suis là pour trouver un langage universel qui me relierait aux autres cultures. Aussi, au-delà des objectifs déjà atteints, il y a toujours de nouveaux défis à relever et de nouvelles frontières à franchir. Cela dit, je pense que la compagnie est sur la bonne voie. Et le fait que de grandes structures culturelles comme l’Institut du monde Arabe (IMA) en Europe et bien d’autres au Maroc nous ont soutenus en nous ouvrant grandement leurs portes est la preuve qu’on est compris. Cela dit, il y a encore du travail à faire pour atteindre toutes les couches socioculturelles. Notre objectif est d’aider à l’éveil de l’humanité, élever les consciences de sorte que tout le monde comprenne que le corps n’est pas seulement un objet sexuel mais qu’il est un autre moyen d’expression qui peut dégager de l’énergie et éveiller les consciences. La présentation de ce spectacle de danse et de théâtre en fin d’année dernière au Maroc a reçu un bel accueil. Comment l’avez-vous ressenti et pourquoi s’intéresser à cette tranche de l’histoire marquée par le règne des rois des Tawaiff ? Je suis extrêmement contente de voir que les sujets que je traite dans mes spectacles touchent un large public et sont compris par toutes les tranches de la société. Un bel accueil surtout pour le spectacle «I’ttimad entre Al Mou’ttamid et Ibn Tachafine » qui nous renvoie au 11ème siècle pour explorer une période cruciale de l’Histoire Arabomusulmane en Espagne. Il faut dire qu’il traite d’un sujet qui a divisé les historiens et qui représente encore une tache noire dans l’Histoire Arabo-musulmane et de l’Espagne. Ce n’est pas qu’une histoire du Maroc, c’est aussi celle de l’Europe et de toute l’Afrique. Cette histoire s’est étendue à ces deux nations et son impact continue jusqu’à nos jours. Elle représente une rupture, le début de la fin de la civilisation arabo-musulmane en Espagne et le début du déclin de l’apogée de cette civilisation qui a commencé depuis les conquêtes islamiques au 7ème siècle jusqu’au 12ème siècle ainsi que le début de la montée de la civilisation occidentale. Aussi, le spectacle a reçu son titre de noblesse puisque la représentation de ce spectacle le 4 mars prochain à Marrakech, sera placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Un privilège de haute distinction et en même temps une responsabilité lourde, mais nous serions à la hauteur inchallah. Quel est votre regard sur la danse au Maroc et dans les pays arabes en général ? Le monde arabe est dans le déni par rapport à la danse qu’il met en avant pour exprimer certains besoins et dénigre en même temps parce que le corps est encore un tabou au sein de la société. On adore la danse, mais on en a honte au point qu’elle ne trouve pas sa juste place. C’est donc un langage qui ne s’assume pas puisqu’on veut qu’elle soit représentante de notre peuple et en même temps on ne la met pas en valeur sauf quand cela nous arrange. Quels sont vos prochains projets ? J’ai des projets qui me tiennent à cœur dont un qui est déjà ficelé, écrit et transmis au ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. J’attends juste le bon moment pour la réalisation du projet et sa représentation. Pouvez-vous nous en donner un aperçu ? Pour vous donner une idée, ce spectacle abordera une tranche de l’histoire du Maroc, et promet de réanimer le