RDC. Bemba, Kamerhe et Gisaro : Trois noms pour un seul projet…

OPINION. Ce que j’ai compris du mode opératoire de l’impérialisme occidental, c’est son sens très pointu de l’anticipation et de sa hargne à maintenir le cap, quelles que soient les circonstances mouvantes de l’histoire.

Ainsi donc lorsque les juges de la Cour pénale internationale (CPI) avaient ordonné la libération provisoire de Jean-Pierre Bemba, mardi 12 juin 2018, en fin d’après-midi, très peu de congolais avaient perçu que les maîtres du monde venaient d’ajouter une pièce importante à leur plan d’asservissement de la RDC.

Pendant que les congolais s’attendaient à la redynamisation de l’opposition congolaise, cet homme très affaibli par ses casseroles en Centrafrique et les accusations d’anthropophagie contre ses troupes en Ituri aurait sûrement été libéré sous caution. Non point une caution d’argent mais plutôt celle d’obéissance servile au plan de ceux qui détiennent le véritable pouvoir en RDC.

Son passage à Lamuka était juste un leurre car sa destination finale était de renfoncer ce qui naîtrait de l’accord FCC-Cach, qui évoluera en UNION SACRÉE à laquelle, soit dit en passant, sont en train d’adhérer tous les anciens caciques de Kabila, notamment Boshab, Mende, Atundu, etc. Il s’opère sous nos yeux la reconstitution de ce que fut le tableau politique en janvier 2019. Ils y rentrent petit à petit mais sûrement avec un plan très clair qui aboutira en décembre 2023.

La nomination de Bemba au ministère de la Défense pour combattre le Rwanda mais aussi le maître de l’Ouganda dont il est la création directe fait sourire plus d’un. Les conditions jamais élucidées de sa libération de la CPI auront indubitablement raison de sa capacité à venir à bout des milices financées par les mêmes réseaux transnationaux qui ont planifié sa sortie de prison. Bemba a la corde au cou et cela servira tous sauf lui-même et le Congo.

Malgré la consolidation progressive de sa base électorale, VITAL KAMERHE est d’office un candidat présidentiel déjà VAINCU par le lourd passif des accusations de détournements portées contre sa personne. Même son acquittement judiciaire ne réussit pas à le laver aux yeux de l’opinion publique. Ses ennuis sont donc une aubaine politique à Félix Tshisekedi qui selon l’accord de Nairobi, devrait céder dans le second mandat le poste présidentiel à son partenaire de CACH. La nomination de Kamerhe au ministère de l’Economie et non à la primature est un traquenard tendu contre lui.

Pourquoi? Parce que le ministère de l’économie est différent de celui des finances et cette différence est énorme en RDC. Secundo parce que Tshisekedi est le principal gagnant pour avoir réussi à ne pas le mettre à la tête du gouvernement comme prévu dans l’accord de Nairobi mais uniquement dans un ministère au gouvernement pour mieux le contrôler de l’intérieur et l’humilier aussi. Car chacun de ses discours de ministre de l’économie fera rappeler au peuple les millions volés du trésor public et crucifiera davantage le président de l’UNC qui se trouvera réduit à sa juste expression.

Ce gouvernement Sama II est visiblement un gouvernement monté avec un double objectif : l’un apparent et l’autre caché.

Dans l’apparence, ce gouvernement Sama II veut donner l’impression de vouloir s’attaquer avec fermeté au problème de la sécurité de l’Est en exploitant l’image d’un Bemba comme ancien maquisard. Mais ici encore l’on est curieux de voir ce que la “création” de Museveni peut faire contre son mentor. L’on est tout autant curieux de voir de quelle manière J.-P. Bemba va s’y prendre face au double jeu de son allié, le Chef de l’Etat congolais qui publiquement déclare avoir coupé le pont avec Kigali et fait le tour du monde pour exiger la condamnation du Rwanda mais qui secrètement sollicite la médiation de Nicolas Sarkozy pour la réconciliation avec Paul Kagame.

Dans sa face cachée, ce gouvernement Sama II a pour principal objectif de préparer les élections présidentielles, législatives et locales de 2023. Avec cette alliance, Tshisekedi est sûr de conquérir les voix de l’Est (Kamerhe) et de l’Ouest ( Bemba) et du centre ( lui-même). Le casier judiciaire de ces deux alliés tout en lui donnant une grande avance sur les autres, garantit la sauvegarde des intérêts des faiseurs des rois au Congo et, sur cet échiquier, le maintien de Gisaro permet la continuité du plan de contrôle de l’aménagement du territoire congolais pour des raisons que l’on sait.

Outre tous ces facteurs énumérés plus haut, ne perdons pas de vue qu’en RDC, depuis Mobutu jusqu’à ce jour, un gouvernement ne signifie RIEN. Il ne détient aucun pouvoir effectif pour faire évoluer les choses puisque chaque président a eu à plus recourir à un GOUVERNEMENT PARALLÈLE qui est la doublure du gouvernement connu mais qui détient l’effectivité du pouvoir de décision.

Comme nos analyses l’avaient annoncé à la sortie le 26 avril 2021 du gouvernement de Sama surnommé pompeusement gouvernement des WARRIORS, je sais que je vais une fois de plus décevoir mes lecteurs mais mieux vaut leur dire la vérité de ne s’attendre à aucun miracle dans la publication de ce nouveau gouvernement qui est plus politique que technique. Bemba, Kamerhe et Gisaro tout comme celui qui les a nommés se distinguent du reste de l’Executif comme des relais directs de ceux qui mettent la RDC à genoux et travaillent au chaos et au statu quo sécuritaire et politique de ce vaste pays.

Par Germain Nzinga

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