Rien n’est encore gagné. Malgré la dynamique désinflationniste ininterrompue depuis trois trimestres (et) qui s’est poursuivie au cours du quatrième trimestre 2023, l’inflation reste au centre des préoccupations.
En effet, d’après le Haut-commissariat au plan (HCP), «les prix seraient restés toujours supérieurs à ceux qui prévalaient avant la guerre en Ukraine, en dépit de l’atténuation des tensions sur les prix des matières premières». Au grand désespoir de nombreuses familles qui devront encore prendre leur mal en patience.
C’est notamment le cas des produits alimentaires dont les prix auraient continué à évoluer à des niveaux encore élevés, a indiqué l’organisme public chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc.
Les prix des produits alimentaires auraient continué à évoluer à des niveaux encore élevés
HCP
Ce constat est particulièrement vrai pour les prix des produits frais qui auraient affiché l’augmentation la plus élevée au quatrième trimestre (+17,3% sur un an), a fait remarquer le Haut-commissariat dans son point de conjoncture du quatrième trimestre 2023 et des perspectives pour le premier trimestre 2024.
L’une des explications de cette persistance est que « le déficit pluviométrique chronique depuis plus de deux années et les chaleurs exceptionnelles auraient eu un impact négatif sur les rendements des cultures, induisant un resserrement de l’offre de produits agricoles sur le marché local et des pressions sur la formation de leurs prix».
Il est important de noter que les données recueillies montrent que la progression annuelle de l’indice des prix à la consommation (IPC) aurait ralenti à +3,9% au dernier trimestre de l’année, après +4,9% au troisième trimestre et +6,8% au deuxième, a fait remarquer l’institution.
Ce recul limité s’explique par la « progression moins soutenue des prix des produits alimentaires, s’établissant à +8,1% sur un an, après avoir atteint +10,7% au troisième trimestre et une évolution des prix des produits non-alimentaires au même rythme que lors du trimestre précédent, soit +1%, en glissement annuel », a-t-elle relevé dans son point de conjoncture.
La bonne nouvelle, c’est l’apaisement de la hausse des prix qui aurait concerné toutes les composantes, à l’exception de l’énergie qui aurait affiché une baisse moins marquée que le trimestre précédent (-1,5%, après -5,1%).
Toujours selon le HCP, «l’effet de base baissier, lié aux prix très élevés des produits pétroliers à la même période en 2022, aurait été, en partie, compensé par le renchérissement des prix des carburants au mois d’octobre».
A souligner que l’inflation sous-jacente aurait poursuivi sa descente, passant de +5% au troisième trimestre à +3,6% au quatrième, profitant «de l’allègement des pressions inflationnistes sur les produits alimentaires, les produits manufacturés et les services, en lien avec le recul des prix de certaines matières premières importées ».
Il est à rappeler que cette tendance à la baisse est également observée au niveau mondial. En effet, d’après le Haut-commissariat, les tensions inflationnistes se seraient relativement apaisées dans la plupart des économies avancées au quatrième trimestre de l’année écoulée.
«Les taux d’inflation se seraient établis à 3,1% et 2,6% respectivement aux Etats-Unis et en zone Euro, au lieu de +3,5% et +5% au trimestre précédent», a-t-il rapporté dans sa note.
Ainsi que le relève le HCP, en dépit du resserrement de l’offre mondiale pétrolière, suite à la décision de l’OPEP+ de prolonger les réductions de quotas de production jusqu’à la fin de l’année et à la guerre au Moyen-Orient, « le cours du pétrole brut aurait atteint 84 dollars le baril, en moyenne, au quatrième trimestre 2023, au lieu de 86,8 dollars un trimestre plus tôt».
La note poursuit en ajoutant : «Hors énergie, les cours des produits agricoles auraient connu des évolutions contrastées. Ceux du blé et de l’huile de tournesol se seraient repliés de 30% et 29% respectivement, alors que ceux du sucre et du riz auraient augmenté de 33,7% et 36,9%, en variations annuelles».
Soulignons enfin que sur l’ensemble de l’année 2023, l’inflation aurait atteint +6,1%, après +6,6% en 2022.
Pour le Haut-commissariat, cela traduit «principalement le reflux des pressions inflationnistes importées et le maintien des tensions sur les prix des produits alimentaires locaux (produits frais, viandes, huile d’olive, etc.), sur fond du renchérissement des coûts de production (irrigation, engrais, aliments de bétail, etc)».
En lien avec la progression plus soutenue des prix des services, l’inflation sous-jacente serait quant à elle passée de +5,8% en 2022 à +5,9% en 2023.
Alain Bouithy