L’OIT appelle à mettre fin au travail des enfants d’ici 2025

La législation ne peut à elle seule éradiquer le travail des enfants mais il ne serait pas non plus possible de l’éliminer sans législation efficace, a affirmé l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un récent rapport.
« Mettre fin au travail des enfants d’ici à 2025: examen des politiques et des programmes » est l’intitulé de ce rapport, publié à l’occasion de la IVème Conférence mondiale sur l’élimination durable du travail des enfants, qui se tient du 14 au 16 novembre courant à Buenos Aires.
Dans ce document, l’OIT a appelé à redoubler d’efforts pour «reléguer le travail des enfants aux oubliettes de l’histoire», rappelant que les estimations mondiales publiées en septembre dernier établissent à 152 millions le nombre d’enfants âgés de 5 à 17 ans encore astreints au travail dans le monde. Ce qui correspond à près d’un enfant sur dix.
Si le travail des enfants a reculé depuis 2000, le rapport a toutefois noté un ralentissement du rythme entre 2012 et 2016 tel que le nombre d’enfants victimes de ce phénomène pourrait atteindre les 121 millions en 2025.
Pour mettre fin au travail des enfants, les auteurs dudit document exhortent les gouvernements du monde à renforcer les protections juridiques, améliorer la gouvernance des marchés du travail et des entreprises familiales, consolider la protection sociale et investir dans une éducation gratuite de qualité.
Concernant le premier pilier politique, à savoir la législation, le rapport a rappelé que plus de 99,9% des enfants du monde âgés de 5 à 17 ans sont couverts par la « Convention (n°182) sur les pires formes de travail des enfants » adoptée en juin 1999 à Genève et ratifiée par 181 pays.
Autre précieux document, la « Convention (n°138) concernant l’âge minimum d’admission à l’emploi » qui a été adoptée en 1973 et ratifiée par 170 pays.
A ce propos, précisons que la convention souligne en son article 3 que « l’âge minimum d’admission à tout type d’emploi ou de travail qui, par sa nature ou les conditions dans lesquelles il s’exerce, est susceptible de compromettre la santé, la sécurité ou la moralité des adolescents ne devra pas être inférieur à dix-huit ans ».
L’organisation a toutefois reconnu que « la transposition de ces normes dans les législations nationales demeure un immense défi, tout comme le contrôle et l’application effective des lois en vigueur relatives au travail des enfants. »
C’est notamment le cas au Maroc où le débat sur la question de l’âge légal du travail avait récemment donné lieu à une vague d’indignation parmi les organisations qui fustigent les décrets légalisant l’emploi dès 16-18 ans des employées de maison.
Il convient, par ailleurs, de rappeler que dans son rapport, l’OIT a estimé nécessaire de renforcer les systèmes d’inspection du travail qui, à ses yeux, « peinent à atteindre les lieux de travail de l’économie informelle, là où le travail des enfants est le plus présent ». Ce qui est le cas au Maroc et dans nombre d’autres pays en développement.
Sur le deuxième pilier évoqué dans ce document, à savoir la gouvernance des marchés du travail et des entreprises familiales, le rapport a soutenu qu’«un travail qui offre aux adultes et aux jeunes ayant l’âge légal de travailler un salaire convenable et la sécurité signifie que les ménages n’ont pas à recourir au travail des enfants ni à vivre dans l’incertitude économique ».
A en croire l’OIT, les politiques du marché du travail, bien conçues, orientées vers les secteurs où persiste l’essentiel du travail des enfants (dans l’économie rurale et informelle) peuvent contribuer à infléchir la demande de travail des enfants.
Parallèlement, elle a soutenu que « l’établissement de cadres réglementaires est fondamental pour s’attaquer au travail des enfants dans les chaînes d’approvisionnement ».
En ce qui concerne le troisième pilier, c’est-à-dire la protection sociale, le rapport a indiqué qu’il faut des politiques qui permettent d’atténuer la vulnérabilité économique des ménages si l’on veut continuer à progresser dans la lutte contre le travail des enfants.
Ainsi, elle a soutenu que « la progression accélérée vers la protection sociale universelle est essentielle parce que la protection sociale contribue à éviter que les ménages pauvres ne dépendent du travail des enfants pour leur subsistance ».
S’agissant du quatrième pilier, à savoir l’accès à une éducation de qualité, l’OIT a rappelé une vérité : c’est que le moyen le plus efficace pour endiguer le flux d’enfants d’âge scolaire vers le travail consiste à améliorer l’accès à un système scolaire de qualité.
«Permettre aux enfants de prendre un bon départ grâce au développement de la petite enfance, et à des programmes de garde et d’enseignement pré-primaire est l’une des stratégies les plus importantes pour assurer aux enfants un passage réussi de la prime enfance à l’école plutôt qu’au travail», a-t-elle soutenu.

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