Les travailleurs de plus en plus exposés au stress thermique. Ouf ! Quelle chaleur !

Les travailleurs de plus en plus exposés au stress thermique. Ouf ! Quelle chaleur !

L’exposition à la chaleur excessive sur le lieu de travail dans les Etats arabes a affecté 83,6% de la main-d’œuvre, selon l’OIT Le stress thermique accable un nombre croissant de travailleurs dans le monde, constate l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un nouveau rapport mettant en garde contre l’augmentation du nombre d’employés exposés à la chaleur excessive. «La chaleur est un tueur silencieux qui menace la santé et la vie de plus en plus de travailleurs dans toutes les régions du monde», affirme l’agence spécialisée des Nations Unies s’occupant des questions relatives au travail, à l’emploi et aux normes sociales dans le monde entier. Selon le rapport intitulé «Heat at work: Implications for safety and health», (La chaleur au travail: Implications pour la sécurité et la santé), de nouvelles données montrent que les régions qui n’étaient pas habituées à des chaleurs extrêmes seront confrontées à des risques accrus, tandis que les travailleurs des climats déjà chauds seront confrontés à des conditions de plus en plus dangereuses. La crise du stress thermique s’accélère En effet, «le rapport indique que les travailleurs d’Afrique, des Etats arabes et d’Asie-Pacifique sont le plus souvent exposés à une chaleur excessive», comme le relève l’organisation internationale précisant que 92,9%, 83,6% et 74,7% de la main-d’œuvre respective sont concernés dans ces régions. L’analyse des données les plus récentes disponibles (2020) suggère que ces chiffres sont supérieurs à la moyenne mondiale de 71%, poursuit l’agence onusienne. D’après ledit document, les conditions de travail évoluent le plus rapidement en Europe et en Asie centrale où, entre 2000 et 2020, cette région a enregistré la plus forte augmentation de l’exposition à la chaleur excessive, la proportion de travailleurs concernés ayant augmenté de 17,3%. Ce qui correspond à près du double de la hausse moyenne mondiale. Les Amériques, l’Europe et l’Asie centrale enregistrent, de leur côté, la plus forte hausse des accidents du travail dus au stress thermique depuis l’an 2000, avec des augmentations respectives de 33,3% et 16,4%. Selon les explications de l’OIT, cela est peut-être dû à des températures plus élevées dans des régions où les travailleurs ne sont pas habitués à la chaleur. Tueur invisible et silencieux, le stress thermique «peut rapidement provoquer une maladie, un coup de chaleur ou même la mort. Avec le temps, il peut également entraîner de graves problèmes cardiaques, pulmonaires et rénaux chez les travailleurs», prévient l’organisation internationale rapportant qu’environ 4 200 travailleurs dans le monde ont perdu la vie à cause des vagues de chaleur en 2020. Au cours de cette même année, 231 millions de travailleurs ont été exposés aux vagues de chaleur, traduisant une augmentation de 66% par rapport à 2000. A noter toutefois que «neuf travailleurs sur dix dans le monde ont été exposés à une chaleur excessive en dehors d’une vague de chaleur et que huit accidents du travail sur dix dus à une chaleur extrême se sont produits en dehors des vagues de chaleur», comme le souligne le document. Quoi qu’il en soit, alors que le monde continue de lutter contre la hausse des températures, le directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo, estime que «nous devons protéger les travailleurs contre le stress thermique tout au long de l’année». Car, fait-il remarquer, « la chaleur excessive crée des défis sans précédent pour les travailleurs du monde entier tout au long de l’année, et pas seulement pendant les périodes de canicules intenses». Il est important de savoir qu’en plus de prévenir les blessures dues à la chaleur excessive sur le lieu de travail, l’amélioration des mesures de sécurité et de santé pourrait permettre d’économiser jusqu’à 361 milliards de dollars dans le monde – en perte de revenus et en frais de traitement médical. D’ailleurs, les estimations de l’OIT montrent à ce propos que « les économies à faibles et moyens revenus, en particulier, sont les plus touchées, car les coûts des blessures dues à une chaleur excessive sur le lieu de travail peuvent atteindre environ 1,5% du PIB national », souligne le rapport. Ce qu’il faut comprendre, c’est que le changement climatique a créé un «cocktail» de risques sanitaires graves pour environ 2,4 milliards de travailleurs exposés à une chaleur excessive, comme cela avait déjà été souligné dans un précédent rapport de l’OIT. Publié en avril de cette année, ledit rapport indiquait en outre que la chaleur excessive était à elle seule à l’origine de 22,85 millions d’accidents du travail et de la perte de 18.970 vies chaque année, rappelle l’OIT. Alain Bouithy

Les profits annuels tirés du travail forcé s’élèvent à 236 milliards de dollars, selon un rapport de l’OIT

Les profits annuels tirés du travail forcé s’élèvent à 236 milliards de dollars, selon un rapport de l’OIT

Le travail forcé dans l’économie privée génère 236 milliards de dollars de profits illégaux par an, selon un nouveau rapport de l’Organisation internationale du Travail (OIT). Le montant total des profits illégaux tirés du travail forcé a augmenté de 64 milliards de dollars (37 pour cent) depuis 2014, une hausse spectaculaire qui a été alimentée à la fois par une augmentation du nombre de personnes forcées à travailler et par des profits plus élevés générés par l’exploitation des victimes. Le rapport de l’OIT, Profits et pauvreté: La dimension économique du travail forcé  estime que les trafiquants et les criminels génèrent près de 10 000 dollars par victime, contre 8 269 dollars (ajusté après inflation) il y a dix ans. C’est en Europe et en Asie centrale que les profits illégaux annuels tirés du travail forcé sont les plus élevés (84 milliards de dollars), suivis par l’Asie et le Pacifique (62 milliards de dollars), les Amériques (52 milliards de dollars), l’Afrique (20 milliards de dollars) et les États arabes (18 milliards de dollars). Lorsque les profits illégaux sont exprimés par victime, les profits illégaux annuels sont les plus élevés en Europe et en Asie centrale, suivis par les États arabes, les Amériques, l’Afrique et l’Asie et le Pacifique. L’exploitation sexuelle commerciale forcée représente plus des deux tiers (73 pour cent) du total des profits illégaux, alors qu’elle ne représente que 27 pour cent du nombre total de victimes du travail forcé dans le secteur privé. Ces chiffres s’expliquent par l’énorme différence de profits par victime entre l’exploitation sexuelle commerciale forcée et les autres formes d’exploitation du travail forcé non étatique – 27 252 dollars de profits par victime pour la première contre 3 687 dollars de profits par victime pour la seconde. Après l’exploitation sexuelle commerciale forcée, le secteur où les profits illégaux annuels tirés du travail forcé sont les plus élevés est l’industrie, avec 35 milliards de dollars, suivie des services (20,8 milliards de dollars), de l’agriculture (5 milliards de dollars) et du travail domestique (2,6 milliards de dollars). Ces profits illégaux correspondent aux salaires qui reviennent de droit aux travailleurs, mais qui restent dans les mains de leurs exploiteurs, en raison de leurs pratiques coercitives. “Le travail forcé perpétue les cycles de pauvreté et d’exploitation et porte atteinte à la dignité humaine. Nous savons aujourd’hui que la situation n’a fait qu’empirer. La communauté internationale doit s’unir d’urgence pour prendre des mesures afin de mettre fin à cette injustice.»Gilbert F. Houngbo, Directeur général de l’OIT En 2021, 27,6 millions de personnes ont été soumises au travail forcé un jour donné. Ce chiffre correspond à 3,5 personnes pour mille habitants dans le monde. Entre 2016 et 2021, le nombre de personnes soumises au travail forcé a augmenté de 2,7 millions. «Les personnes soumises au travail forcé sont soumises à de multiples formes de coercition, la rétention délibérée et systématique des salaires étant l’une des plus courantes. Le travail forcé perpétue les cycles de pauvreté et d’exploitation et porte atteinte à la dignité humaine. Nous savons aujourd’hui que la situation n’a fait qu’empirer. La communauté internationale doit s’unir d’urgence pour prendre des mesures afin de mettre fin à cette injustice, protéger les droits des travailleurs et défendre les principes d’équité et d’égalité pour tous», a déclaré le Directeur général de l’OIT, Gilbert F. Houngbo. Le rapport souligne le besoin urgent d’investir dans des mesures d’application pour endiguer les flux de profits illégaux et tenir les auteurs pour responsables. Il recommande de renforcer les cadres juridiques, de former les responsables de l’application des lois, d’étendre l’inspection du travail aux secteurs à haut risque et d’améliorer la coordination entre l’application du droit du travail et du droit pénal. Le rapport souligne qu’il n’est pas possible de mettre fin au travail forcé uniquement par des mesures d’application de la loi et que ces mesures doivent s’inscrire dans le cadre d’une approche globale qui s’attaque en priorité aux causes profondes et protège les victimes. Le Protocole de 2014 à la convention sur le travail forcé, 1930 , et la recommandation (n° 203) sur le travail forcé (mesures complémentaires), 2014 , fournissent un cadre stratégique pour une action globale. OIT.

Mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique

Mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique

ECO. « Moins d’un enfant sur dix dans les pays à faible revenu a accès aux allocations familiales », constatent l’Organisation internationale du travail (OIT) Save the Children et le Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF), alors qu’elles constituent une forme essentielle de protection sociale, destinée à promouvoir le bien-être à long terme de ces enfants. D’après les nouvelles données publiées par ces trois organisations, « 1,4 milliard d’enfants, âgés de moins de 15 ans, ne bénéficient d’aucune forme de protection sociale ». La couverture des prestations pour enfants en Afrique du Nord est passée de 22,7% à 32,5%, entre 2009 et 2023 L’absence de protection sociale  est préoccupante dans ce sens que cela «les rend vulnérables aux maladies, aux lacunes en matière d’éducation, à une mauvaise alimentation, à la pauvreté et aux inégalités », ont indiqué les trois agences dans un récent rapport. Versées en espèces ou sous forme de crédits d’impôt, les allocations familiales   sont essentielles pour réduire la pauvreté et permettre aux enfants d’accéder aux soins de santé, à la nutrition, à une éducation de qualité, à l’eau et à l’assainissement. Cependant, il se trouve que « de nombreux enfants sont privés des ressources et des services de base dont ils ont besoin pour échapper à la pauvreté et sont donc exposés à l’impact durable de la faim, de la malnutrition et d’un potentiel non réalisé », soulignent les trois organisations rappelant que ces prestations soutiennent en outre le développement socioéconomique, en particulier en période de crise. Le document rendu public mercredi 14 février note toutefois une modeste augmentation globale de l’accès aux allocations familiales sur une période de 14 ans. En effet, les données montrent qu’elles sont passées de 20% en 2009 à 28,1% en 2023, mais que les progrès sont inégaux. Il est à noter que les taux de couverture restent extrêmement bas, aux alentours de 9%, dans les pays à faible revenu tandis que, dans le même temps, 84,6% des enfants des pays à revenu élevé sont couverts. Les données recueillies suggèrent aussi que les taux de couverture des enfants dans les pays très vulnérables à l’impact du changement climatique sont inférieurs d’un tiers à ceux des pays qui ne sont pas classés comme étant à haut risque, comme le rapportent les trois agences. Pour Natalia Winder Rossi, directrice de la politique sociale et de la protection sociale à l’UNICEF, « il est essentiel d’étendre la couverture de la protection sociale des enfants dans la lutte contre la pauvreté, notamment par la mise en place progressive d’allocations familiales universelles ». Trop d’enfants sont encore laissés pour compte De l’avis de cette dernière, «mettre fin à la pauvreté des enfants est un choix politique» et cela devient urgent d’autant plus que 333 millions d’enfants vivent dans l’extrême pauvreté dans le monde, « luttant pour survivre avec moins de 2,15 dollars par jour, et près d’un milliard d’enfants vivent dans une pauvreté multidimensionnelle ». C’est dire qu’« il est urgent d’élaborer des politiques efficaces pour nous aider à combler les lacunes en matière de protection », comme le suggère Shahra Razavi, directrice du département de la protection sociale de l’OIT, rappelant que « c’est une crise qui concerne près d’un milliard d’enfants qui ne sont pas couverts par des prestations et pour les pays dans lesquels ils vivent ». Les prestations pour enfants sont essentielles pour construire des économies inclusives et résilientes Si les prestations pour enfants permettent aux familles de mieux se nourrir, de mieux se soigner, de mieux s’éduquer et de mieux se protéger, et donc essentielles pour construire des économies inclusives et résilientes pour l’avenir, force est de constater que « de nombreux pays n’ont pas donné la priorité à l’investissement dans la protection sociale », déplore pour sa part David Lambert Tumwesigye, responsable mondial de la politique et du plaidoyer en matière de pauvreté infantile, Save the Children International. Face à cette situation, l’OIT, Save the Children et l’UNICEF exhortent les décideurs politiques et les donateurs à prendre des mesures décisives pour parvenir à une protection sociale universelle pour tous les enfants. Ces trois organisations appellent ainsi à construire des systèmes de protection sociale fondés sur les droits, sensibles au genre, inclusifs et réactifs aux chocs ; combler le « déficit de financement » ; fournir une gamme complète de prestations pour enfants par le biais de systèmes nationaux de protection sociale qui relient également les familles à des services sociaux et de santé essentiels ; garantir un financement durable des systèmes de protection sociale en mobilisant les ressources nationales et en augmentant les investissements publics en faveur des enfants ainsi qu’à renforcer la protection sociale des parents et des personnes qui s’occupent des enfants en garantissant l’accès à un travail décent et à des prestations adéquates. Alain Bouithy

Le taux de chômage mondial devrait remonter en 2024

Le taux de chômage mondial devrait remonter en 2024

Le taux de chômage mondial devrait augmenter en 2024, a annoncé l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un récent rapport. D’après le rapport, intitulé «Emploi et questions sociales dans le monde: Tendances 2024», les perspectives du marché du travail et le chômage mondial vont tous deux s’aggraver durant la nouvelle année. En 2024, précise le document rendu public récemment, deux millions de travailleurs supplémentaires devraient être à la recherche d’un emploi, ce qui ferait passer le taux de chômage mondial de 5,1 % en 2023 à 5,2 %. Selon une analyse de l’agence spécialisée de l’ONU, les revenus disponibles ont diminué dans la majorité des pays du G20 et, de manière générale, l’érosion du niveau de vie résultant de l’inflation «ne sera probablement pas compensée rapidement». Les prévisions pessimistes de l’OIT n’excusent en rien les difficultés qu’éprouve le gouvernement actuel à réduire ce phénomène Ces prévisions pessimistes n’excusent en rien les difficultés que connaît le gouvernement marocain à résoudre la question du chômage et améliorer la situation de l’emploi. Rappelons à ce propos que le marché de l’emploi continue d’éprouver des difficultés à surmonter les impacts d’une perte de près de 432 mille postes d’emplois sous le choc du Covid, comme l’a relevé le Haut-commissariat au plan (HCP) dans son Budget économique prévisionnel 2024. De l’avis de l’institution publique, « la croissance économique peine à soutenir efficacement la création de postes d’emploi permettant de revenir aux taux de chômage d’avant crise », notant que l’économie nationale est en perte nette annuelle moyenne de plus de 75 mille emplois durant les trois dernières années. L’accroissement des inégalités sociales suscite des inquiétudes Quoi qu’il en soit, les données recueillies montrent que le chômage et le déficit d’emplois sont tout de même tous deux tombés sous les niveaux d’avant-pandémie. En effet, d’après le rapport, le taux de chômage mondial s’élevait à 5,1 % en 2023, soit une légère amélioration par rapport à 2022, où il atteignait 5,3 %. Bien que l’accroissement des inégalités et la stagnation de la productivité restent des causes de préoccupation, l’agence onusienne relève en outre une amélioration du déficit d’emplois et des taux de participation au marché du travail au cours de l’année écoulée. Dans son rapport, l’OIT relève le fait que la reprise post-pandémie reste inégale alors que de nouvelles vulnérabilités et des crises multiples compromettent les perspectives d’une plus grande justice sociale. Selon l’agence onusienne, d’importantes différences persistent entre les pays à revenu élevé et les pays à faible revenu. « Alors que le taux de déficit d’emplois en 2023 était de 8,2% dans les pays à revenu élevé, il s’élevait à 20,5 % dans le groupe des pays à faible revenu. De même, alors que le taux de chômage en 2023 se maintient à 4,5% dans les pays à revenu élevé, il est de 5,7% dans les pays à faible revenu », fait-elle remarquer. Par ailleurs, et en dépit d’une diminution rapide observée après 2020, il ressort dudit rapport que le nombre de travailleurs vivant dans l’extrême pauvreté (gagnant moins de 2,15 dollars par personne et par jour en termes de parité de pouvoir d’achat) a augmenté d’environ 1 million en 2023. Quant au nombre de travailleurs vivant dans une pauvreté modérée (gagnant moins de 3,65 dollars par jour et par personne en termes de PPA), les chiffres suggèrent qu’il a connu une augmentation de 8,4 millions en 2023. Soulignons en outre  que les inégalités des revenus se sont également creusées, comme l’a souligné le rapport de l’OIT, ajoutant que l’érosion du revenu disponible réel «n’augure rien de bon pour la demande globale et une reprise économique plus soutenue». Quant aux taux de travail informel, l’organisation internationale prévoit qu’ils devraient rester stables, représentant environ 58% de la main-d’œuvre mondiale en 2024. Alain Bouithy

L’adaptabilité des entreprises en période d’incertitude essentielle dans la préservation de l’emploi et le soutien à la croissance économique

L’adaptabilité des entreprises en période d’incertitude essentielle dans la préservation de l’emploi et le soutien à la croissance économique

L’adaptabilité et la planification stratégique des entreprises en période d’incertitude sont essentielles dans la préservation de l’emploi et le renforcement de l’expansion économique, souligne l’Organisation internationale du travail (OIT) dans un nouveau rapport. Selon le doucement rendu public récemment, « face aux multiples crises, la capacité d’adaptation des entreprises joue un rôle clé dans la sauvegarde de l’emploi et le soutien à la croissance économique ». « Dans une économie mondiale interconnectée, la robustesse des entreprises individuelles est directement corrélée à une croissance économique plus large et la reprise de l’emploi est grandement déterminée par l’environnement des affaires entourant les entreprises », écrit l’agence spécialisée des Nations unies dans l’avant-propos de son rapport intitulé « La résilience des entreprises avec le recul: les leçons de la pandémie de Covid-19 ». A ce propos,  fait remarquer l’OIT, pendant la pandémie, les entreprises ont réalisé qu’elles étaient plus connectées que jamais, parfois d’une manière dont elles n’avaient même pas conscience. D’après le document, qui présente les expériences de chefs d’entreprise de divers secteurs et régions pendant la pandémie de COVID-19 afin de comprendre les stratégies qu’ils ont utilisées pour faire face à des défis sans précédent, les entreprises doivent se concentrer sur des aspects clés de leurs activités en temps de crise. « Il s’agit notamment de comprendre et de renforcer leurs chaînes d’approvisionnement mondiales, de travailler ensemble, de donner la priorité aux valeurs, d’utiliser la technologie à bon escient et de prendre des décisions rapides », selon les auteurs du rapport soutenant en outre que les entreprises qui ont adhéré à ces principes ont fait preuve de résilience et d’adaptabilité face aux défis auxquels elles ont été confrontées. Il faut dire que la capacité d’une entreprise à s’adapter, à se redresser et à prospérer après la crise n’a pas seulement un impact sur ses résultats, mais aussi sur le tissu socioéconomique au sens large, comme le relève le rapport. Ainsi que le souligne l’organisation internationale dans son avant-propos, « pour les nations et les économies, favoriser la résilience au sein de leurs communautés d’affaires est essentiel », et les leçons pratiques et les expériences du monde réel jouent un rôle déterminant à cet égard. Dans ce sens, elles permettent « aux chefs d’entreprise d’élaborer des stratégies de résilience commerciale qui garantissent que les entreprises ne sont pas de simples survivants, mais en ressortent mieux préparés aux crises futures ». Dans son rapport, l’agence onusienne insiste par ailleurs sur « l’importance de l’agilité des autorités publiques dans l’identification et l’atténuation des risques économiques systémiques, en particulier dans le contexte des perturbations de la chaîne d’approvisionnement », estimant que cette réactivité contraste fortement avec celle des crises précédentes. L’organisation consacrée à la promotion de la justice sociale et des droits du travail plaide ainsi pour une réglementation adaptative et une coopération internationale pour maintenir les frontières ouvertes et faciliter la poursuite des activités des entreprises. Mais avant de conclure, l’OIT prend la peine de rappeler que les personnes restent au cœur des entreprises, affirmant que « des valeurs telles que la confiance, l’équité et le bien-être mental ont joué un rôle clé dans la manière dont les entreprises ont été gérées pendant la pandémie ». Alain Bouithy

En réponse à la crise du coût de la vie. L’OIT plaide pour une protection sociale et des hausses de salaires appropriées

En réponse à la crise du coût de la vie. L’OIT plaide pour une protection sociale et des hausses de salaires appropriées

Garantir les prestations de protection sociale et augmenter le salaire minimum constituent des réponses prioritaires à la crise du coût de la vie, a plaidé l’Organisation internationale du Travail (OIT). L’objectif étant de réduire un tant soi peu les inégalités et favoriser la durabilité, a soutenu le Directeur général de l’agence onusienne, Gilbert F. Houngbo, lors des Assemblées annuelles du Fonds monétaire internationale (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale tenues du 10 au 16 octobre 2022 à Washington. « Eviter les séquelles et protéger les personnes plus vulnérables en augmentant le salaire minimum et en garantissant des prestations de protection sociale devraient compter parmi les réponses prioritaires à la crise économique et sociale actuelle », a-t-il estimé ajoutant à ces arguments la nécessité d’un grand soutien aux économies vulnérables et le respect des droits des travailleurs. Sur ces deux derniers points, le DG de l’OIT s’est expliqué en ces termes : un plus grand respect des droits des travailleurs et la promotion d’entreprises durables et de meilleures conditions de travail dans les chaînes d’approvisionnement pourraient favoriser le développement économique, la réduction de la pauvreté et une plus grande égalité de revenus entre les pays. Dans son plaidoyer, Gilbert F. Houngbo a également évoqué la nécessité de promouvoir les autres priorités économiques et socialistes telles que les investissements dans la protection sociale et l’emploi productif grâce à l’Accélérateur mondial pour l’emploi et la protection sociale pour des transitions justes. Ce qui, a estimé l’OIT, favoriserait le passage à une approche proactive de la gestion des crises économique, sociale et environnementale, ainsi que la transition juste nécessaire pour lutter contre le changement climatique, a rapporté l’OIT dans un communiqué. Le DG de l’OIT soutient qu’il est indispensable d’augmenter l’emploi productif pour réduire les inégalités et de mieux formaliser l’emploi afin d’améliorer la productivité et la pérennité des entreprises, de promouvoir le travail décent et de donner aux États davantage de ressources financières pour qu’ils puissent lutter contre la pauvreté et les inégalités. Afin de combler les écarts importants qui perdurent entre les hommes et les femmes, notamment en matière de salaires, de retraites et de qualité du travail, Gilbert F. Houngbo a par ailleurs plaidé pour des politiques à long terme. Pour  mieux gérer et sortir les gouvernements du monde des crises actuelles et prévenir de futures crises, ce dernier suggère un effort collectif consistant notamment à augmenter les dépenses sociales en matière de soins et de développement des compétences, à résorber les inégalités sur le marché du travail et à accroître les niveaux de protection sociale et de salaire afin de maintenir le niveau de vie face à l’inflation – ce qui est possible sans enclencher une spirale prix-salaires. Il faut indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation Olivier De Schutter Face à l’inflation mondiale, qui ne cesse de s’accentuer et aux  prix des produits de première nécessité de plus en plus élevés, Olivier De Schutter, Rapporteur spécial des Nations Unies sur l’extrême pauvreté et les droits de l’homme, a exhorté les gouvernements à indexer les prestations sociales et les salaires sur l’inflation. Pour cet expert indépendant des Nations Unies, «ce n’est pas une hyperbole de dire que si les gouvernements n’augmentent pas les prestations et les salaires en fonction de l’inflation, des vies seront perdues». Il a par ailleurs a appelé les gouvernements à impliquer les personnes en situation de pauvreté dans l’élaboration des politiques visant à lutter contre la flambée du coût de la vie, a-t-on souligné sur le site Onu Info. Alain Bouithy

La reprise du marché du travail ralentit à l’échelle mondiale

La reprise du marché du travail ralentit à l’échelle mondiale

Menacée par de multiples crises mondiales interdépendantes, ainsi que par la montée des inégalités, la reprise du marché du travail à l’échelle mondiale marque de toute évidence le pas. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), qui en fait état dans un récent rapport, «les crises mondiales multiples entraînent une nette détérioration de la reprise du marché du travail mondial, avec une augmentation des inégalités entre, et au sein des pays». Après avoir enregistré des gains significatifs au quatrième trimestre 2021, le niveau des heures travaillées affiche une nette détérioration au premier trimestre 2022,  constate l’agence onusienne. Les données recueillies montrent qu’il demeure 3,8% au-dessous de son niveau au quatrième trimestre 2019, considéré comme le point de repère d’avant-crise, souligne la 9e édition de l’Observatoire de l’OIT sur le monde du travail. Pour bien comprendre et apprécier la gravité de la situation, les auteurs du rapport expliquent que le recul du nombre d’heures travaillées équivaut à un déficit de 112 millions d’emplois à temps plein et signale un sérieux revers dans le processus de reprise. Ainsi qu’ils le relèvent dans le document, « cela constitue un revers au sein du processus de reprise depuis le dernier trimestre 2021 pendant lequel le déficit du nombre global d’heures travaillées était plus faible, à 3,2% ». Selon les explications de l’OIT, les dernières mesures de confinement en Chine comptent pour l’essentiel (86%) dans la baisse constatée au niveau mondial au deuxième trimestre 2022. Ainsi, « pour le premier trimestre 2022, ces estimations font état d’une nette détérioration en comparaison avec les prévisions précédentes de l’OIT publiées en janvier 2022 (2,4% au-dessous du niveau d’avant-crise, ce qui équivaut à 70 millions d’emplois à temps plein) », précise-t-on dans ce rapport. Pour l’OIT, il ne fait aucun doute que la multiplication des situations de crise internationale, notamment l’inflation (en particulier des prix de l’énergie et des denrées alimentaires), les turbulences financières, une éventuelle crise de la dette et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales – exacerbées par la guerre en Ukraine – accroît le risque que le nombre d’heures travaillées baisse à nouveau en 2022. Ce qui devrait avoir des répercussions plus larges sur les marchés du travail mondiaux dans les mois à venir. Autres enseignements contenus dans ce rapport : la reprise est très contrastée, et la divergence s’accentue entre les économies des pays riches et celles des pays pauvres. En effet, selon l’Observatoire de l’OIT, «si les pays à revenu élevé ont enregistré une reprise des heures travaillées, les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur ont subi des revers au premier trimestre de cette année, avec un écart respectif de 3,6 et 5,7% par rapport à la période de référence d’avant-crise». La crainte des auteurs du rapport est que ces tendances divergentes soient susceptibles de s’aggraver au deuxième trimestre 2022. Pour le directeur général de l’OIT, Guy Ryder,  en plus de marquer le pas, la reprise, inégale et fragile, du marché du travail à l’échelle mondiale « est rendue encore plus incertaine par une combinaison de crises qui se renforcent mutuellement ». Ainsi, craint-il, « l’impact sur les travailleurs et leurs familles, notamment dans les pays en développement, sera dévastateur et pourrait se traduire par des bouleversements sociaux et politiques». D’où son appel : «Il est désormais plus essentiel que jamais de travailler ensemble et de privilégier la création d’une reprise centrée sur l’humain». A noter que plus de deux ans après le début de la pandémie, force est de constater que les revenus du travail n’ont pas encore retrouvé leur niveau initial pour la majorité des travailleurs, l’écart entre hommes et femmes en matière d’heures travaillées a également augmenté pendant la pandémie et la hausse sensible des offres d’emploi dans les économies avancées à fin 2021 et au début 2022 a entraîné une tension sur les marchés du travail avec un nombre d’emplois disponibles grandissant par rapport à celui des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, «alimentée par les perturbations de la production et du commerce exacerbées par la crise en Ukraine, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des matières premières frappe de plein fouet les ménages pauvres et les petites entreprises, en particulier celles de l’économie informelle», note l’OIT. Alain Bouithy