RDC. Fally Ipupa et les « combattants » de la déraison

TRIBUNE. L’artiste Fally Ipupa s’apprête à livrer un concert à Paris La Défense Arena, ce samedi 25 novembre 2023. Et comme on le sait, les « combattants » promettent de perturber l’évènement. Au risque de me répéter et sans être pour ou contre le retour des concerts des artistes congolais en Europe, je ne peux m’empêcher de me poser des questions sur l’objectif poursuivi par les « combattants » aujourd’hui.

Au tout début du mouvement, en 2010, leurs revendications me paraissaient fondées. Mais aujourd’hui, elles me paraissent de plus en plus floues. Balingi nini ? Concert ebeta te. D’accord ! Et après ? Concert ebeta te.

En 2020, j’ai exhorté les « combattants » à adopter une approche intelligente pour faire avancer leur cause. Je leur ai suggéré d’ouvrir un canal de discussion avec certains artistes du pays, qui ne se sont pas compromis. Une discussion franche entre les deux groupes est nécessaire, et les « combattants » auraient pu faire de certains artistes des alliés dans le combat qu’ils mènent. Hélas ! On préfère la gesticulation à la raison. Portant la bêtise à un comble rarement atteint, on réduit les grands enjeux et maux auxquels la RDC est confrontée à une affaire de concert ! Ce n’est juste pas sérieux…

Les « combattants » ont reproché aux artistes congolais de glorifier les autorités du pays dans leurs chansons. Certains d’entre eux, dont Fally Ipupa, ont compris le message. Fally n’a jamais chanté pour un régime ou un président congolais en fonction; il s’est investi dans plusieurs causes sociales, reversant une partie des bénéfices de son concert de Bercy (2020) à la Fondation Denis Mukwege.

Sur France 24, il a même prôné le dialogue avec les « combattants ». On pourrait affirmer qu’il est l’un des rares artistes congolais à avoir respecté à la lettre l’injonction du mouvement « combattants ». Un mouvement qui, faut-il le dire, est un concentré des gens sérieux, des comiques et des délinquants.

Fally Ipupa s’est comporté de manière exemplaire depuis l’apparition du mouvement « combattants » dans le décor. Il a fait ce que nous attendons de nos artistes. À la différence des JB Mpiana de ce monde, il est l’un des rares artistes congolais à ne pas propager des anti-valeurs dans ce pays clochardisé par les politiques, les artistes et les églises. Qu’a-t-il récolté en retour ? Le mépris, l’intransigeance et surtout la bêtise de certains «combattants».

Quand on « corrige » ou on punit un enfant, on le fait avec tact. On évite d’adopter un comportement susceptible de provoquer toute forme de rébellion de la part de celui-ci. En outre, une punition doit servir à discipliner et à éduquer, et le moins que l’on puisse dire, c’est que les « combattants » ont manqué de tact et… d’intelligence dans leur rapport avec les artistes. L’usage de la déraison de manière disproportionnée a fini par produire une forme de résistance de la part de ceux-ci.

Fally Ipupa est déterminé à faire vibrer la salle de Paris La Défense Arena. Les « combattants » vont gesticuler avant de retourner dans leurs « ngandas » habituels… en attendant un prochain concert. L’heure est peut-être venue pour ces compatriotes de faire un bilan de leur soi-disant « combat ». Il est grand temps de se remettre en question et de changer d’approche…

Je bois mon lait nsambarisé…

Par Patrick Mbeko

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