TRIBUNE. N’eût été l’excès de zèle de Peter Kazadi au micro de Top Congo, le billet d’invitation ci-dessous au dernier jour de consultations aurait eu une réponse positive de la part de Fcc car son autorité morale avait déjà donné son quitus sur la participation aux consultations en vue de donner forme à une coalition élargie pouvant aboutir à un gouvernement d’union sacrée composée de Fcc- Cach-Consultés.
Le communiqué de Fcc de ce mercredi disant NON aux consultations du palais de la Nation mais OUI au seul respect de l’Accord est une brusque volte-face de dernière minute mais qui s’avère au fond comme un simple acte de langage pour sauver la face. Côté jardin, ils refusent de venir au palais du peuple mais côté cours, les contacts se sont déjà rétablis entre Fatshi et Kabila.
À la suite du tout recent échange de vues entre Mike Pompéo et Emmanuel Macron à Paris sur la situation en RDC sans être tous deux parvenus à se mettre d’accord, Félix Tshisekedi qui a tenu tout un peuple en haleine pendant un mois et deux jours est placé devant deux options : celle américaine qui lui demande une rupture totale d’avec son prédécesseur et celle française qui, de concert avec la diplomatie kenyane et égyptienne, demande à Fatshi d’exiger un réaménagement de l’Accord où il verrait sa représentation légèrement accrue mais avec un Fcc toujours en majorité.
L’adresse post-consultation de la part d’un Félix Tshisekedi qui n’a pas pu réunir une majorité parlementaire tournera de toute évidence autour de ces deux options. La donne peut toujours changer devant l’énorme pression qu’il reçoit tant de l’extérieur que de l’intérieur du pays mais à l’heure actuelle, c’est le plan de sortie de crise de la diplomatie française qui semble prendre forme au palais de la Nation.
Si ce schéma venait d’être appliqué, les grands perdants resteront tous les consultés qui ont accepté de jouer ce vaste théâtre tragi-comique et qui entreront au gouvernement comme dans un processus de phagocytage et d’autodestruction personnelle avant les échéances de 2023.
Par ailleurs, dès lors que le peuple s’apercevra qu’il a été le dindon de la farce des promesses mirobolantes du 23 octobre dernier et que finalement le fameux deal se place bien au-dessus des fondamentaux de sa Constitution, il pourra devenir incontrôlable. Et le fait de tourner le dos à son immense aspiration au changement du système en place et de le contraindre à procrastiner son rêve de liberté pourra devenir une véritable épée de Damoclès sur la tête de la coalition élargie.
Il suffira à la partie américaine déçue et humiliée par la nouvelle tournure que prennent des événements en RDC de se décider à débaucher et à retourner des généraux contre la coalition élargie pour que nous revivions l’événement du Haut- Commandement du 24 novembre 1965. Le sévère avertissement de FARDC dans le tout récent manifeste adressé en cette même date anniversaire au Chef de l’Etat Congolais peut sonner comme un signal fort de l’éventuel basculement de la situation…
Et pour une armée infiltrée jusqu’au sommet et téléguidée à distance, il n’est pas dit qu’un coup de force de la grande muette profitera nécessairement à l’avenir du pays. Au contraire, nous risquons d’entamer alors notre entrée dans un cul-de-sac sans issue, car au bout du compte c’est l’AFDL contrôlant encore toute l’armée congolaise qui se présentera pour la énième fois dans un nouveau format comme le nouveau libérateur d’un Congo pourtant longtemps asphyxié par ses propres sbires… Qu’on se le dise!
Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)