
TRIBUNE. À la veille du déclenchement de la campagne électorale en RD Congo, les États-Unis ont publié une déclaration sur le processus électoral, qui mérite une attention particulière.
Dans ce communiqué, Washington exhorte les autorités congolaises à s’assurer que la campagne et l’élection présidentielle (mais aussi législative) se déroulent dans la sérénité. Les maîtres mots ici sont égalité, équité, transparence, sécurité et liberté.
En gros, l’Oncle Sam demande à Félix Tshisekedi et à son gouvernent de prendre leur responsabilité en organisant des élections inclusives, transparentes et paisibles « reflétant la volonté du peuple congolais » dixit la déclaration.
En apparence bienveillant, ce communiqué est en réalité une véritable mise en garde adressée au régime de Félix Tshisekedi. Le dernier paragraphe de la déclaration ne fait aucun doute à ce propos. Les États-Unis envisagent en effet « l’adoption de mesures… à l’encontre des personnes portant atteinte à la démocratie en RDC. » En français facile, les Américains disent exactement ceci : nous allons sanctionner les autorités si elles s’aventurent à compromettre le processus électoral.
Même si le communiqué souligne le fait que « la responsabilité d’assurer des élections libres et équitables n’incombe pas seulement aux autorités », même s’il appelle « les acteurs de tous les horizons politiques à apaiser les tensions de façon proactive et à promouvoir un processus électoral paisible », il n’en demeure pas moins pas que le destinataire principal de cette missive est le pouvoir de Kinshasa. Le message sous-jacent de l’ambassade américaine est clair : Washington suit de près le processus électoral et la situation politique en RDC et n’hésitera pas à agir s’il le faut.
À l’instar des élections de 2006, 2011 et 2018, celle de 2023 n’échappera pas aux ingérences des grandes et moyennes puissances ainsi que des puissances régionales.
Les Congolais ne le réalisent pas toujours, mais les élections en RDC ont toujours été un enjeu à la fois congolais et international. Elles revêtent une dimension géopolitique non négligeable en raison de l’importance stratégique du pays. En décembre 2018, la Russie et la Chine s’étaient opposées au P3 (États-Unis, Grande-Bretagne, France) au Conseil de sécurité au sujet de la présidentielle. Ce qui avait d’ailleurs facilité la matérialisation du « deal » entre Joseph Kabila et Félix Tshisekedi.
Selon des informations et certaines indiscrétions, les enjeux risquent d’être différents cette année. Un certain consensus semble se dessiner sur le plan international et régional à propos du pouvoir de Félix Tshisekedi, qui est de plus en plus esseulé au niveau sous-régional, continental et international. Celui-ci devra donc faire très attention, car le communiqué de l’ambassade américaine n’est qu’un avant-goût de ce qui se trame dans les coulisses de la diplomatie régionale et internationale.
Pour celles et ceux qui l’auraient peut-être oublié, ce sont les démocrates au pouvoir à Washington qui ont renversé le président Mobutu avant de mettre le Congo à feu à sang en soutenant le Rwanda et l’Ouganda, deux pays qui n’hésiteront pas à bondir… sur Félix Tshisekedi si l’occasion se présentait.
Scrutin de décembre 2023 ou la présidentielle de tous les dangers…
À bon entendeur, je bois mon lait nsambarisé.
Par Patrick Mbeko