Élection de D. Trump : quand le peuple américain déjoue le cartel médiatique… encore une fois.
TRIBUNE. Réélu officiellement pour un deuxième mandat, Donald Trump a, encore une fois, comme en 2016, déjoué tous les sondages des grands médias. Dans les sondages réalisés depuis que Kamala Harris a succédé à Joe Biden comme candidate du Parti démocrate, elle faisait la course en tête, avec un écart allant de 0,2 point au début de l’annonce de sa candidature à 3,7 points à la fin du mois d’août. Si l’on se fie à ces sondages, en aucun moment Donald Trump n’a réussi à se placer en tête en dépit de sa progression observée à la fin octobre avec un score de 46,8%, son plus haut score de la campagne. Comment comprendre la raclée infligée au camp démocrate ? Comme en 2016, les grands médias et leurs experts maison ont refusé de voir la réalité en face. Enfoncés dans une logique dogmatique apparemment irréversible, ils ont pris leur désir pour la réalité, avant de se heurter brutalement au choix du peuple américain qui a décidé de jeter son dévolu sur le candidat milliardaire républicain. Certains reporters ont même reconnu, après l’annonce des premiers résultats, que cela était conforme à ce qu’ils avaient pu observer sur le terrain pendant la campagne américaine. Le plébiscite est tel que les médias se sont bien gardés de parler « d’ingérence russe », au risque d’énerver la raison. La désinformation ne marche pas toujours à tous les coups. Ce que l’élection de Donald Trump met en exergue, c’est aussi le fossé qui existe et qui se creuse, année après année, entre une bonne partie de l’establishment médiatique et intellectuel américain et de plus en plus d’Américains de la classe moyenne de l’arrière-pays, voire même, dans certains cas, de grandes villes. Comme je l’écrivais en 2016, ce n’est pas Donald Trump qui a déjoué les pronostics du cartel médiatique, mais bien le peuple américain qui a refusé de suivre l’arnaque des sondages… Patrick Mbeko
Etats-Unis. Donald Trump remporte l’élection présidentielle
Donald Trump entame un second mandat présidentiel après avoir obtenu 277 votes de grands électeurs, contre 224 pour Kamala Harris. À 78 ans, il devient le président le plus âgé élu aux États-Unis et le second à remporter un deuxième mandat non consécutif. Cette élection a été marquée par de nombreux défis. L’ancien président Trump est annoncé gagnant de la présidence américaine. Il s’assure ainsi un second mandat, près de quatre ans après avoir quitté la Maison Blanche. À l’heure actuelle, Donald Trump a recueilli 277 votes de grands électeurs, dépassant le seuil de 270 pour remporter la victoire, tandis que Kamala Harris en a obtenu 224. En termes de votes populaires, ce sont près de 71 millions d’électeurs qui ont choisi Donald Trump, alors que Kamala Harris a recueilli environ 66 millions de voix, selon l’agence de presse américaine, The Associated Press. En savoir plus sur RT en français
ZOOM AFRIQUE : Pourquoi les Etats-Unis souffrent d’un « déficit de crédibilité » en Afrique
En août, l’armée américaine a fermé sa dernière base militaire au Niger, qui a jugé « illégal » son accord de coopération militaire avec les Etats-Unis. En mai, l’Ethiopie a qualifié de « conseil non sollicité » le discours de l’ambassadeur américain sur ses affaires intérieures… le mécontentement et la méfiance des pays africains à l’égard des Etats-Unis vont bien au-delà de cas isolés. La perte de crédibilité de Washington se manifeste par une diminution de la perception positive du leadership américain sur le continent. Selon le dernier sondage Gallup sur la perception du leadership global, le taux médian d’approbation des Etats-Unis en Afrique, indicateur du soft-power du pays, est passé de 59% en 2022 à 56% en 2023. Parmi les quatre grand pays interrogés, les Etats-Unis sont les seuls à ne pas avoir vu leur image s’améliorer en Afrique en 2023. Malgré le rôle de premier plan joué par les Etats-Unis dans les affaires africaines, le déficit de crédibilité de Washington sur le continent persiste et même risque de s’accentuer dans certains cas. PROMESSES NON-TENUES Depuis le premier sommet Etats-Unis-Afrique sous l’administration Obama en 2014, les pays africains nourrissaient de grands espoirs quant aux promesses d’investissements américains. Pourtant, au lieu d’augmenter, les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique ont considérablement diminué depuis lors. Selon le Bureau du recensement des Etats-Unis, le commerce entre le pays et l’Afrique, qui s’élevait à 113 milliards de dollars en 2010, s’est contracté à 67,4 milliards en 2023. Selon « Statista », une plateforme mondiale de données et d’intelligence économique, après un pic en 2014, soit 69 milliards de dollars, les investissements directs étrangers (IDE) en Afrique en provenance des Etats-Unis ont chuté à 44,81 milliards de dollars en 2020 avant d’atteindre 56,29 milliards en 2023. En 2018, l’administration Trump avait lancé le programme « Prospective Afrique », qui visait à stimuler la croissance africaine via le commerce et l’investissement. Cependant, M. Trump, qui n’a jamais visité le continent pendant son mandat, a réduit le budget de l’Agence américaine pour le développement international (USAID). En outre, l’aide américaine, souvent conditionnée aux soi-disants droits de l’homme, est pleine d’incertitude. « Alors que la réponse dirigée par les Etats-Unis au changement climatique, au financement du développement et à la compétition des grandes puissances semble continuer à favoriser le Nord mondial (…), cette promesse excessive et ce manque de résultats n’ont fait que renforcer la réputation bien établie selon laquelle Washington est un partenaire intrinsèquement peu fiable, voire hypocrite », a déclaré Cameron Hudson, Senior Fellow du programme Afrique au CSIS (Center for Strategic and International Studies), dans un rapport du CSIS. ARROGANCE ET DECONNEXION DES REALITES AFRICAINES Un épisode marquant du sommet Etats-Unis-Afrique de 2022 a été largement relayé : plus de 50 dirigeants africains ont été transportés en bus vers le lieu de la rencontre. Le président kényan, William Ruto, qui s’est indigné de cette réception peu protocolaire, a dénoncé l’incorrection consistant à « nous entasser dans des bus comme des écoliers ». « Le sommet Etats-Unis-Afrique (sera) un échec si les Américains ne traitent pas les Africains sur un pied d’égalité », selon Arikana Chihombori-Quao, ancienne représentante de l’Union africaine aux Etats-Unis, « historiquement, les Etats-Unis ont considéré l’Afrique comme leur ‘arrière-cour’ et ont pratiqué une discrimination raciale à l’encontre des Africains ». Outre l’arrogance affichée, l’approche américaine envers l’Afrique est caractérisée par une déconnexion profonde d’avec les réalités africaines. Selon le politologue bissau-guinéen Seco Cassama, les Etats-Unis ignorent complètement la réalité africaine : « ses traditions, ses civilisations imposent toujours leurs intérêts au-dessus de ceux des Africains ». M. Cassama a affirmé que l’initiative américaine est souvent une imposition qui ne respecte pas la réalité africaine. Prenons comme exemple la présence militaire des Etats-Unis au Niger. Selon l’analyse de données d’Olayinka Ajala, maître de conférences en politique et relations internationales à l’Université de Leeds Beckett au Royaume-Uni, en dépit de l’opération américaine qui a débuté en 2013, les activités terroristes et les décès n’ont cessé d’augmenter depuis 2014. En fait, le nombre d’attaques a augmenté de manière significative depuis 2018, lorsque les Etats-Unis ont ouvert la base aérienne 201 à Agadez, mettant en avant l’inefficacité des stratégies américaines, qui ne tiennent pas compte des réalités locales ni des sentiments des populations. INGERENCE ET IMPOSITION En septembre, trois citoyens américains impliqués dans une tentative de coup d’Etat en République démocratique du Congo ont été condamnés à mort par un tribunal militaire congolais. Un autre cas d’ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures africaines. En mars 2023, lors de la visite de la vice-présidente américaine Kamala Harris en Afrique, Fred M’membe, président du Parti socialiste de Zambie, a accusé les Etats-Unis d’avoir orchestré des coups d’Etat, renversé plusieurs gouvernements et assassiné des dirigeants africains. « Aujourd’hui, un tel pays vient nous enseigner ce qu’est la démocratie ». Selon Ibrahima Diao, universitaire sénégalais sur les relations internationales, « dans la plupart de leurs projets d’infrastructure dans les pays en développement, les Etats-Unis imposent leurs valeurs démocratiques ». L’ingérence politique, un grand obstacle dans les relations entre les Etats-Unis et l’Afrique, se manifeste par des moyens économiques. L’AGOA (Africa Growth and Opportunity Act), en tant que politique préférentielle unilatérale, est la pierre angulaire des échanges économiques des Etats-Unis avec l’Afrique. Les pays bénéficiaires doivent répondre à de nombreuses normes non économiques, telles que les réformes démocratiques, l’Etat de droit et la protection des droits de l’homme. Si un pays perd son éligibilité, il n’a recours à aucune procédure de règlement des différends. L’AGOA est ainsi devenue un outil important de l’intervention des Etats-Unis dans les affaires des pays africains. Le 1er janvier 2022, les Etats-Unis ont annulé les privilèges de l’Ethiopie dans le cadre de l’AGOA. En octobre 2023, les Etats-Unis ont soudainement annoncé que, en raison de problèmes liés aux droits de l’homme et à la démocratie, le Gabon, le Niger, l’Ouganda et la République centrafricaine seraient exclus de l’AGOA à partir du 1er janvier 2024. Les Etats-Unis utilisent leur statut de superpuissance et leur pouvoir économique pour intimider d’autres pays, dans un étalage d’autorité et d’arrogance qui offense l’Afrique, pointe le journal Herald du Zimbabwe,
Lutte contre l’insécurité et le terrorisme : Les États-Unis équipent les Forces Armées Béninoises
Le nouveau geste de l’Ambassade des États-Unis près le Bénin à l’endroit des Forces Armées Béninoises le mercredi 14 août 2024 est symbolique. Il s’agit d’un don d’équipement de protection individuelle composé de casques, de housses balistiques, de plaques balistiques et de vestes de portage, le tout d’une valeur de 840 millions de franc CFA. À la cérémonie de remise, l’Ambassadeur Brian SHUKAN et le Général de division Fructueux GBAGUIDI, Chef d’État-Major Général des Forces Armées Béninoises ont eu des mots assez forts pour traduire l’excellence de la coopération entre les armées américaine et béninoise. Une occasion ppur réaffirmer la détermination des deux armées à s’investir dans la lutte contre l’extrémisme violent et au-delà les bonnes relations d’entente que partagent le Bénin et les États-Unis d’Amérique. « Les États-Unis sont fiers de s’associer au Bénin pour protéger les Forces Armées Béninoises (FAB) qui, à leur tour, protègent la population civile contre l’extrémisme violent afin de promouvoir la stabilité au Bénin », a souligné l’Ambassadeur Brian SHUKAN. Devant le Haut Commandement militaire réuni pour l’occasion, il a ajouté : « l’équipement seul ne suffit pas pour lutter efficacement contre l’extrémisme violent. La lutte doit être soutenue par une approche globale qui soutient les populations vulnérables. Elle nécessite également une coopération étroite, une formation spécialisée et un engagement indéfectible à s’attaquer aux causes profondes du terrorisme ». Ces dernières années, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, les États-Unis ont soutenu financièrement plusieurs programmes au titre desquels des formations au profit des FAB dans différents domaines dont la sécurisation des frontières, la cession d’équipements, le renforcement des capacités de certains personnels des FAB aux États-Unis ou des opportunités économiques pour la résistance au recrutement des extrémistes. Le Haut Commandement militaire reconnait que depuis les premières attaques terroristes, les États-Unis sont restés aux côtés du Bénin et de son armée. Pour le Chef d’État-Major Général des Forces Armées Béninoises, « les États-Unis sont des amis, mieux un pays frère ». Il a rassuré les donateurs que les équipements reçus seront utilisés à bon escient car l’objectif final, c’est de défaire le terrorisme pour permettre aux Béninois de vivre en paix.
RDC : Le paradoxe des sanctions américaines…
TRIBUNE. « L’AFC perpétue l’instabilité politique et un conflit meurtrier en exacerbant une crise humanitaire dans l’est de la RDC. Les États-Unis s’engagent à tenir pour responsables ceux qui menacent la paix, la sécurité ou la stabilité de la RDC » annonce un communiqué du Département du Trésor américain. Ça parait si beau et si encourageant pour le pouvoir de Kinshasa et pour de nombreux internautes qui jubilent en prenant ces sanctions comme une victoire diplomatique mais moi personnellement je n’en suis pas convaincu. Pourquoi ? Toutes les analyses menées par de meilleurs spécialistes du conflit de la région des grands lacs tombent d’accord sur deux vérités de base. La première est que toutes ces rebellions de M23, AFC et Twiraneho etc. sont des simples prête-noms de l’armée patriotique rwandaise aux différents mouvements rebelles. Ces derniers sont armés, financés et téléguidés directement à partir de Kigali. La preuve? À chaque pourparler de paix de Luanda, Nairobi et tout dernièrement à Zanzibar ou à Kampala, ce n’est point Bertrand Bisimwa ni Corneille Nangaa qui se présentent autour de la table de négociation avec la RDC mais bel et bien les officiels du gouvernement rwandais. Bref, condamner M23 ou AFC qui sont des simples marionnettes ou des minables laquais aux ordres de Kigali, ça ressemble à s’attaquer aux lieutenants et aux exécutants sans vouloir toucher à leurs commanditaires qui sont connus de tous, notamment Paul Kagame et ses comparses qui tuent et opèrent des massacres de masse en RDC sans que le Département d’Etat américain ne lève le petit doigt. La deuxième vérité est plus douloureuse à accepter. Lorsque le département américain du Trésor a annoncé jeudi 25 juillet une série de sanctions visant une coalition de groupes rebelles congolais, il n’a pas été difficile de comprendre leur volonté de manipuler la vérité historique et de faire croire à l’opinion internationale que la guerre qui se déroule en RDC est un conflit congolo-congolais. Nous sommes en face d’une guerre de mots et d’une manipulation des faits qui vise à masquer la vérité profonde de cette guerre devenue pourtant une guerre INTERNATIONALE dans laquelle sont impliqués plusieurs pays et puissances occidentales. Le détail important qui a échappé aux yeux du citoyen lambda, c’est le fait que ces sanctions ne sont prononcées ni par le département d’état américain ni par la Maison Blanche mais bien par le Département du TRÉSOR américain dont la principale mission dans ses relations extérieures, est de diriger la politique économique et l’évolution de la situation économique nationale et internationale en élaborant des mesures nécessaires pour faire face aux événements touchant les marchés financiers. Ces sanctions sont à percevoir comme une proclamation de STATU QUO de la politique de prédation instaurée en RDC depuis 1996 via des pays sous-traitants dans la région des grands lacs. Déjà des chercheurs de renom notamment Honoré Ngbanda, Charles Onana, Pierre Péan et Patrick Mbeko nous ont éclairé la lanterne sur la guerre du Congo qui se veut un arbre qui cache la forêt. Quelle forêt? Il s’agit de la nébuleuse militaro-politique derrière le Rwanda dont les leviers de commande sont actionnés à partir de Washington. Le pyromane peut-il espérer éteindre le feu? Le coupable peut-il s’arroger le privilège d’être juge et partie? Je me le demande sincèrement… Mon avis est que ces sanctions sont un enfumage, un scénario par lequel Pilate se lave les mains pourtant ses ablutions politiques ne suffiront pas pour dissuader la condamnation à mort d’un peuple innocent. Ni la récente trêve humanitaire décidée unilatéralement par qui l’on sait, ni les soi-disant sanctions contre les petits fretins ne pourront améliorer le climat sécuritaire au Congo-Kinshasa. Rien de bon et d’efficace n’en sortira. Laissons cela aux rêveurs impénitents. Prenons-nous en charge nous congolaises et congolais pour pouvoir inventer résolument d’autres voies de pacification et de sécurisation de notre territoire national… Qu’on se le tienne pour dit! Par Germain Nzinga
Une délégation du Pentagone au Niger pour discuter du retrait des troupes
Une « petite délégation » du Pentagone est arrivée au Niger « pour discuter du retrait ordonné des troupes américaines », a appris Sputnik d’un haut responsable américain. Le Pentagone et le Commandement des États-Unis pour l’Afrique (Africom) ont envoyé une délégation au Niger pour étudier les modalités du retrait des soldats américains de ce pays, a annoncé ce mardi 22 avril à Sputnik un haut responsable américain. « Nous pouvons confirmer qu’une petite délégation du ministère de la Défense et d’Africom se trouve au Niger en vue de discuter du départ ordonné des troupes des Etats-Unis du Niger », a indiqué le responsable. En mars, Niamey avait dénoncé « avec effet immédiat » l’accord militaire avec les États-Unis qui disposent d’un millier de soldats au Niger, ainsi que d’une importante base de drones à Agadez. Selon le Washington Post, le numéro deux de la diplomatie américaine, Kurt Campbell, avait accepté le 19 avril le retrait des troupes lors d’une rencontre à Washington avec le Premier ministre nigérien. Retrouvez cet article sur Sputniknews
Niger. Les États-Unis priés de plier bagage et de fixer un calendrier de retrait !
Le gouvernement nigérien a officiellement demandé aux États-Unis de fournir un calendrier pour le retrait de leurs troupes du pays. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes entre les deux pays sur la question de la présence militaire américaine. Le 16 mars dernier, le porte-parole du Conseil National pour la Sauvegarde de la Patrie (CNSP) a publié un communiqué dénonçant l’accord sur le statut des forces américaines au Niger. La présence de 1000 soldats américains, principalement basés à la base de drones 201 d’Agadez, est désormais jugée indésirable. Suite à la demande de clarification de l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, le gouvernement nigérien a confirmé son souhait de voir les troupes américaines quitter le pays. Une lettre officielle a été transmise à Washington pour exiger un calendrier de retrait concret. La demande de retrait des troupes américaines marque un tournant dans les relations entre le Niger et les États-Unis. Le pays sahélien entend désormais affirmer sa souveraineté et prendre en main sa propre sécurité.
RDC. Guerre du M23 : les États-Unis n’ont rien à voir
TRIBUNE. Plusieurs compatriotes (y compris des responsables politiques et militaires) m’ont envoyé une vidéo dans laquelle on parle du rôle supposé des États-Unis dans la guerre menée contre la RD Congo par le mouvement terroriste du M23 créé et soutenu par le Rwanda. Il y a quelques jours, des Congolais ont manifesté devant l’ambassade américaine à Kinshasa pour dénoncer le soutien des États-Unis au régime de Kigali. Le fait est que les États-Unis n’ont rien à voir dans cette histoire du M23. Ils ne sont pas directement impliqués dans la guerre que mènent ces supplétifs du Rwanda, excroissances des Forces de défense rwandaises (RDF), comme l’affirment certains. La résurgence de ce groupe terroriste est le résultat d’une politique étrangère (sous-régionale) congolaise totalement déconnectée de la réalité. En invitant les voyous du M23 à Kinshasa et en déclarant devant Paul Kagame et certains chefs d’État africains qu’ils sont Congolais, Félix Tshisekedi les a légitimés aux yeux de ses interlocuteurs et du monde. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Paul Kagame rappelle constamment cela lors de ses interventions publiques, soulignant récemment que Félix avait déclaré à Londres que « les Banyamulenge sont des Congolais ». En vérité, le gouvernement congolais est pris dans le piège de ses propres erreurs diplomatiques et militaires. Il est pris dans le piège des déclarations intempestives et parfois irréfléchies de Félix Tshisekedi sur la question du Kivu. C’est ce qui ressort souvent des discussions et des échanges avec les diplomates et observateurs étrangers. En lieu et place de faire des déclarations à l’emporte-pièce contre le Rwanda et Paul Kagame, disqualifiant au passage, sans le réaliser sûrement, la parole de la RDC sur la scène régionale et internationale, Félix Tshisekedi ferait mieux de changer d’approche diplomatique. La décision de ne pas négocier avec le M23 est une très bonne chose, mais ce n’est pas suffisant. Il faut également neutraliser le narratif sur les soi-disant «Banyamulenge» et les FDLR. Aussi, le gouvernement congolais doit faire montre d’un minimum de sérieux dans la gestion de la crise sécuritaire que connaît le Nord-Kivu. La posture publique des autorités doit être en adéquation avec la situation que traverse le pays. On ne peut pas prétendre défendre la patrie et passer son temps à critiquer le Rwanda alors qu’on affiche une posture désinvolte à Kinshasa. Voir les images du président ou des autorités d’un pays occupé et en guerre fêter ou célébrer bruyamment la victoire d’une équipe nationale interroge toujours… Les États sont aussi et souvent jugés en fonction de la posture et du comportement de leurs dirigeants. Pour l’heure, plusieurs capitales estiment, à tort ou à raison, que Paul Kagame paraît plus sérieux et plus cohérent que Félix Tshisekedi, dont les propos laissent souvent les autres dirigeants étrangers sans voix. Félix doit donc changer de posture et d’approche pour que la voix du Congo soit prise au sérieux sur la scène régionale, continentale et internationale. Son intransigeance dans le dossier du M23 est une très bonne chose, mais ça prend plus pour renverser le rapport de force sur le terrain diplomatique et militaire. Je reviendrai prochainement sur la stratégie militaire du M23 et et le rôle des États-Unis dans la gestion de la crise RDC-Rwanda. Je bois mon lait nsambarisé Par Patrick Mbeko