Comme le suggèrent les données actuellement disponibles, il faut se rendre compte que «le profil de l’activité économique s’apparente à celui de l’économie mondiale dans son ensemble», selon le Centre marocain de conjoncture (CMC).
Quand bien même la croissance ne fléchit véritablement pas, force est de constater qu’elle « baisse de rythme », note l’Observatoire privé de l’économie marocaine dans sa dernière publication trimestrielle, «Maroc Entreprise» (N° 110, décembre 2023), soulignant un contexte conjoncturel plutôt hésitant.
De son point de vue, la reprise est difficile. « Le marché de l’emploi manque de dynamisme et la confiance des ménages est en net repli comparativement à l’exercice précédent, même si l’inflation commence à reculer depuis quelques mois », fait-il remarquer.
Cela n’augure rien de bon d’autant plus que les différentes branches d’activité affichent pour leur part des tendances conjoncturelles assez contrastées, poursuit la publication du Centre.
Si plusieurs secteurs d’activité ont connu des évolutions très positives au terme des neufs premiers mois de l’année qui vient de s’achever, les données montrent que d’autres évoluent de façon inverse.
En effet, d’après l’institution spécialisée dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, bien d’autres secteurs « continuent de subir de fortes contractions de la demande, les forçant à réajuster leur cycle de production », citant le cas du secteur industriel dans son ensemble.
Il faut dire qu’en dépit des accélérations enregistrées par certaines composantes à fin septembre 2023, comme les industries pharmaceutiques (28,5%), celles de la fabrication de matériels de transport (16,6%) et de la fabrication des boissons (11,8%), la production du secteur industriel a enregistré une chute de 3,5%.
Citant des chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP) relatifs à l’indice de la production industrielle, l’Observatoire rappelle que l’activité des industries manufacturières hors raffinage de pétrole a enregistré une baisse de cet ordre au cours du deuxième trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022.
Il est important de souligner qu’à la faveur, notamment, du redressement du secteur du tourisme qui a affiché des résultats exceptionnels, après la forte contraction causée par la crise sanitaire, les activités de services ont également connu une forte reprise.
Soulignant une reprise vigoureuse du tourisme, le CMC note que la destination Maroc a retrouvé ses clients en 2023. Ainsi que l’attestent les données actuellement disponibles, « l’évolution des arrivées touristiques connaît un essor remarquable en ce début d’année ». Pour preuve, un peu plus de 11 millions de touristes ont été recensés au terme des neuf premiers mois de l’année écoulée, soit une hausse de 44% en comparaison avec la même période de l’année précédente.
En revanche, le secteur agricole continue de traverser une période difficile, constate l’Observatoire rappelant qu’il s’agit d’un des principaux moteurs de la croissance de l’économie marocaine.
Selon la publication trimestrielle, cette situation s’explique par « la persistance de conditions climatiques très contraignantes mais aussi d’incertitudes qui planent sur l’économie dans son ensemble ».
Malgré tout, et quoi qu’en disent les chiffres, le Centre estime que l’économie marocaine devrait continuer de croitre en 2023. Et ce en dépit du séisme d’Al Haouz et des contraintes liées au ralentissement de l’économie mondiale ainsi que des conditions climatiques peu clémentes.
D’après ses prévisions, le taux de croissance prévu est de 2,8% après 1,3% enregistré une année plus tôt. « Cette reprise devrait se confirmer en 2024 et 2025 pour atteindre respectivement 3,1% et 3,3% suite au comportement prévisible de la demande intérieure qui se remet progressivement des chocs récents ».
Alain Bouithy