L’économie marocaine a progressé de 2,8% au troisième trimestre 2024
ECONOMIeE. «La croissance économique nationale aurait connu une légère accélération de son rythme d’évolution au troisième trimestre de 2024 », a annoncé le Haut-commissariat au plan (HCP). Selon une estimation de l’institution publique, l’économie nationale aurait progressé ainsi de +2,8%, en variation annuelle, au lieu de +2,4% en moyenne au premier semestre. Légère accélération du rythme d’évolution de la croissance économique L’évolution de l’économie nationale s’explique par « une poursuite de la reprise de la demande intérieure et une hausse plus soutenue des exportations qui auraient stimulé une amélioration de la valeur ajoutée de toutes les branches à l’exception de l’agriculture et la pêche », d’après le HCP. Dans le détail, la croissance hors agriculture aurait atteint 3,6%, en rythme annuel, a indiqué le Haut-commissariat dans son Point de conjoncture du troisième trimestre de 2024 et des perspectives pour le quatrième trimestre. D’après ce document, au troisième trimestre, l’ensemble des branches secondaires aurait connu un regain d’activité, avec une hausse de 4,4%, au lieu de 3,8% au trimestre précédent ; tandis que la relance des industries d’extraction se serait poursuivie au rythme de 15,4%, en variation annuelle, stimulée par un rebond des exportations des produits bruts et une demande encore vigoureuse des industries locales de transformation. Sur fond de poursuite du retrait de l’offre à l’export de la Chine pour le troisième trimestre consécutif et l’entrée en vigueur de nouvelles capacités productives en DAP et TSP, le raffermissement des exportations nationales en phosphate et dérivés aurait boosté la demande industrielle adressée au phosphate brut et stimulé un relèvement de sa production de 18,9%, en variation annuelle. La même source indique que les industries manufacturières auraient, également, été plus dynamiques au troisième trimestre de 2024, améliorant leur contribution à la croissance économique globale de 0,2 point. Grâce au retournement à la hausse de leurs ventes à l’extérieur, les branches du textile et certaines filières de l’agroalimentaire auraient connu une reprise significative, apprend-on. Dans un contexte de baisse des prix des matières premières importées, notamment ceux du souffre et de l’ammoniac, la croissance des industries chimiques se serait poursuivie, pour sa part, au rythme de 9,7%, alors que celles des industries de fabrication du matériel électrique et du transport se seraient ajustées à la faible dynamique de leurs ventes sur le marché européen. Toujours selon la même source, la valeur ajoutée dans la construction se serait améliorée au cours du même trimestre de 4,8%, en variation annuelle, après +3,6% au trimestre précédent. Selon le HCP, l’activité du bâtiment se serait redressée et celle des travaux publics se serait renforcée, dans un contexte de stabilité des prix à la production. Cette amélioration aurait été confirmée par les résultats de l’enquête de conjoncture réalisée par le HCP, faisant état d’une hausse de l’utilisation du ciment, de l’acier et de l’agglos et d’une amélioration des appréciations sur les carnets de commandes de 12 points, en variation annuelle. Le HCP constate en revanche que la modération du rythme de croissance des services, à l’œuvre depuis la mi-2023, se serait poursuivie au troisième trimestre de 2024. D’après l’institution, « en variation annuelle, la valeur ajoutée des branches tertiaires aurait crû de 3,4%, au lieu de +5,8%, en moyenne, entre 2022 et 2023 ». Il est à souligner qu’après le rattrapage post-Covid, tant en termes d’activité que d’emploi, les activités du tourisme et du transport auraient réalisé des performances entretenues, indique le document constatant cependant que celles du commerce, des services financiers et de la communication seraient entrées en 2024 dans une phase de ralentissement conjoncturel en raison de l’essoufflement de la demande qui leur est adressée. En ce qui concerne la valeur ajoutée agricole, il ressort dudit document qu’elle se serait infléchie de 4,1% au troisième trimestre de 2024, en variation annuelle, après s’être contractée de 4% au premier semestre. Selon le HCP, « cette contreperformance, ramenant l’activité agricole vers son niveau moyen trimestriel enregistré quatre années plus tôt, masquerait, toutefois, des évolutions contrastées des productions végétales et animales ». Par ailleurs, en dépit des conditions climatiques défavorables, le HCP estime que les récoltes des maraîchères de saison se seraient améliorées au troisième trimestre de 2024, entraînant une baisse des prix à la consommation des légumes et un retournement à la hausse des exportations de tomate, de la pomme de terre et des petits légumes. Ce qui n’est pas le cas des autres cultures, ainsi que de la plupart des productions animales, qui auraient fléchi au cours de cette période. Enfin, la filière avicole aurait connu, en particulier, un retournement à la baisse au troisième trimestre de 2024, avec une régression de 3,3% de la production de viande du poulet. Malgré la reprise des prix des aliments composés, elle « avait fait preuve de résilience pendant les cinq premiers mois de 2024, confortant la production animale, soumise depuis deux années au repli significatif de la production de viande rouge », a souligné l’institution ajoutant que la filière aurait été particulièrement affectée par le repli de l’offre de poussins à partir de juin 2024, sur fond de recul de la production nationale conjugué à une hausse des exportations de leurs effectifs d’un jour type chair. Ainsi, « les prix de vente moyens du poulet chair aurait connu une augmentation de 27,6%, en variation annuelle », a-t-elle précisé alors que ceux de la viande rouge se seraient également appréciés, en dépit d’un accroissement de plus de la moitié des effectifs importés d’animaux vivants au cours de la même période. Alain Bouithy
Maroc/Projections de croissance de l’économie nationale: Le ballet des pronostics des différentes institutions financières se poursuit de plus belle
Les prévisions de croissance de l’économie marocaine se succèdent mais ne se ressemblent pas. Comme chaque année, semaine après semaine, mois après mois, les institutions financières nationales et internationales se relaient pour livrer leurs pronostics de l’année en cours et à venir. Les unes prédisent un ralentissement de l’économie nationale pendant que d’autres s’attendent à une légère amélioration. Tour d’horizon des anticipations. S’il est encore très tôt pour se fier à l’une de ces prévisions, une chose est cependant certaine : ces anticipations restent largement dépendantes de l’évolution de l’inflation et de la sécheresse dont on sait qu’elles peuvent à tout moment changer le cours des pronostics. En revanche, toutes semblent s’accorder sur le fait que l’année 2025 sera meilleure que 2024. BERD. La dernière anticipation en date a été relevée par la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD). L’institution basée à Londres annonce que la croissance de l’économie marocaine devrait s’établir à 2,9% en 2024, grâce notamment au redressement des exportations et de la demande intérieure dans les secteurs manufacturier et touristique. Tel est le principal enseignement du dernier rapport sur les perspectives économiques régionales de cette institution, relevant la baisse continue de l’inflation qui a atteint 1,3% en juillet 2024, suite au recul des prix des denrées alimentaires et de l’énergie. BAM. Cette prévision est légèrement inférieure par rapport l’anticipation de Bank Al Maghrib (BAM) qui table sur un ralentissement de la croissance économique à 2,8% cette année, après une accélération à 3,4% en 2023, avant de rebondir à 4,4% en 2025. «Cette prévision recouvre une contraction de 6,9% de la valeur ajoutée agricole en 2024, puis une progression de 8,6% en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne de 55 millions de quintaux », a expliqué la Banque centrale à l’issue de la troisième réunion trimestrielle de son Conseil au titre de l’année 2024. D’après l’institution publique, la croissance non agricole devrait continuer à s’améliorer, passant de 3,6% en 2023 à 3,9% en 2024 et en 2025. Une performance liée principalement aux industries manufacturières et extractives ainsi qu’aux activités en relation avec le tourisme. Alors qu’elle évolue à des niveaux modérés depuis le début de l’année, reflétant essentiellement la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils et le ralentissement de sa composante sous-jacente, l’inflation globale devrait décélérer de 6,1% en 2023 à 1,3% cette année avant de s’accélérer à 2,5% en 2025. Comme l’a expliqué le Conseil de BAM, cette projection tient compte « notamment des changements annoncés concernant les subventions des prix des produits de base, et sous l’hypothèse d’une variation limitée à moyen terme des prix des produits alimentaires à prix volatils». HCP. Le Produit intérieur brut devrait afficher une croissance de 3% en 2024 au lieu de 3,4% en 2023, avait indiqué deux mois plus tôt le Haut-commissariat au plan (HCP). Tirant profit d’une consolidation des activités non agricoles et d’une reprise du secteur agricole sur la base d’un scénario moyen inférieur pour la production céréalière durant la campagne agricole 2024/2025, l’économie nationale devrait poursuivre son amélioration en 2025. Dans sa note sur le Budget économique 2025 publiée en juillet dernier, l’institution précise que « ces perspectives prennent en compte les tendances internationales, notamment la quasi-stabilisation des prix des matières premières et l’accroissement de la demande mondiale adressée au Maroc, prévue à 3% en 2025 après 1,5% estimé en 2024 ». Et d’ajouter que ces prévisions considèrent également la reconduction de la politique budgétaire en vigueur durant l’année 2024. FMI. Dans la même période, le Fonds monétaire international (FMI) annonçait pour sa part que la croissance devrait s’établir à 3,1% cette année et 3,3% en 2025. D’après les projections de l’institution financière internationale, l’inflation devrait osciller autour de 2,2% en 2024 et 2,5% l’année d’après, tandis que le taux de chômage atteindrait 12% au terme de l’année 2024 avant de baisser légèrement à 11,5% en 2025. Bien que faisant preuve de résilience, l’économie marocaine verrait sa croissance ralentir à 2,9% en 2024, en raison d’un secteur agricole faible, mais le PIB non agricole devrait rester stable, selon le dernier rapport économique de la Banque mondiale pour le pays publié au cours du même mois de juillet. En dépit des vents économiques mondiaux contraires, une poussée inflationniste et le tremblement de terre d’Al Haouz, l’institution de Bretton Woods a noté une progression de l’économie marocaine de 3,4% au titre de l’année 2023. Selon les explications de la Banque mondiale, «les principaux moteurs de cette accélération ont été la reprise du secteur touristique, les niches manufacturières orientées vers l’exportation, notamment dans les secteurs automobile et aéronautique, ainsi que le redémarrage de la consommation privée». Cependant, la croissance économique du pays devrait ralentir à 2,9% en raison d’une mauvaise campagne agricole, quand bien même le PIB non agricole devrait rester stable, a-t-elle prévenu. BAD. Sous l’effet d’une hausse des investissements, « la croissance du PIB devrait modérément augmenter pour atteindre 3,5% en 2024 et se renforcer pour atteindre 3,8% en 2025 », selon les projections de la Banque africaine de développement (BAD). Dans son rapport sur les perspectives économiques en Afrique en 2024, publié en mai de cette année, la banque africaine annonce que «l’inflation devrait diminuer légèrement pour atteindre 4,1% en 2024 et 3,8% en 2025, en raison de la baisse des cours mondiaux des denrées alimentaires». Tout comme le déficit budgétaire pourrait diminuer progressivement pour atteindre 4,4% du PIB en 2024 et 4,2 % en 2025, grâce à la reprise économique et à la baisse des subventions sur les prix du butane». MEF. L’autre institution nationale et non des moindres à avoir rendu publiques ses prévisions, le ministère de l’Economie et des Finances qui s’attend à un taux de croissance de l’économie marocaine à 3,3% au terme de l’année 2024. Selon les projections de ce département, dirigé par Mme Nadia Fettah, la croissance économique nationale devrait s’améliorer à 4,6% en 2025. S’exprimant lors d’une réunion conjointe des Commissions des finances des deux Chambres du Parlement en juillet dernier, la ministre s‘est voulue prudente expliquant que «ces
Maroc. La croissance économique poursuit son ralentissement au deuxième trimestre de 2024
L’économie marocaine continue de montrer des signes de ralentissement au deuxième trimestre de 2024, les récentes données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP) indiquant une décélération de la croissance pour le deuxième trimestre consécutif de l’année. En effet, « selon l’arrêté des comptes nationaux du deuxième trimestre de 2024, la croissance de l’économie nationale s’est située à 2,4% au lieu de 2,5% durant le même trimestre de 2023 », a indiqué l’institution publique dans sa note d’information sur la situation économique nationale au deuxième trimestre de 2024. La croissance économique a ainsi évolué à un rythme en deçà de celui constaté au trimestre précédent où elle avait atteint 2,5% au lieu de 3,9% durant le même trimestre de l’année précédente. « Tirée par la demande intérieure, cette croissance a été réalisée dans un contexte d’une inflation maîtrisée et d’un besoin de financement de l’économie nationale représentant 1,1% du PIB », a fait savoir le Haut-commissariat dans sa note qui fait également état de la hausse des activités non agricoles et de la baisse de celles du secteur agricole, respectivement de 3,2% et de 4,5%. Ainsi, la valeur ajoutée du secteur primaire en volume (corrigée des variations saisonnières) s’est contractée de 5% au deuxième trimestre de 2024, après avoir enregistré un accroissement de 1,2% le même trimestre de l’année précédente. Selon le document, cette variation « s’explique par la baisse de la valeur ajoutée de l’agriculture de 4,5% au lieu d’une hausse de 1,5% et de la baisse de celle de la pêche de 14,7% au lieu d’une baisse de 4,5% ». En ce qui concerne l’évolution de la valeur ajoutée du secteur secondaire, les données montrent une amélioration de 3,8% au lieu d’une baisse de 2,4 durant le deuxième trimestre de l’année précédente. Pour le HCP, cette évolution est le résultat de l’amélioration des valeurs ajoutées de l’industrie d’extraction de 23,6% au lieu d’une baisse de 9,6%, du bâtiment et travaux publics de 3,6% au lieu d’une baisse de 2,4%, des industries de transformation de 2,9% au lieu d’une baisse de 1,6% et de la baisse de celle de l’électricité et eau de 6,3% au lieu d’une hausse de 0,8%. Analysant cette fois-ci l’évolution de la valeur ajoutée du secteur tertiaire, l’institution a noté un ralentissement de son taux d’accroissement qui est passé de 5% la même période de l’année précédente à 3,1% au deuxième trimestre de 2024. D’après les explications de l’organisme, cet essoufflement est lié au ralentissement des activités de l’hébergement et restauration à 9,3% au lieu de 32,8%, du transport et de l’entreposage à 5,1% au lieu de 6,9%, de la recherche et développement et services rendus aux entreprises à 3,8% au lieu de 4,4%. Cette décélération a été également constatée au niveau des activités des services de l’éducation, de la santé et action sociale (2,7% au lieu de 4,8%), des services immobiliers (2% au lieu de 3,2%), des services financiers et assurances (0,9% au lieu de 3,1%) ainsi que de l’information et communication (0,5% au lieu de 4,2%). Il est important de noter la hausse des activités des services rendus par l’administration publique générale et sécurité sociale de 3,6% au lieu de 3,3% et du commerce et réparation de véhicules de 1,9% au lieu de 0,9%. En conséquence, l’institution estime que « la valeur ajoutée du secteur non agricole a connu une augmentation de 3,2% durant le deuxième trimestre de 2024 au lieu de 2,5% une année auparavant », comme indiqué plus haut. Compte tenu de l’accroissement des impôts sur les produits nets des subventions de 3%, le HCP en arrive à la conclusion que « le produit Intérieur brut a affiché un accroissement de 2,4% en volume, au lieu de 2,5% le deuxième trimestre de l’année précédente », estimant en outre que le PIB a connu une hausse de 3,6% aux prix courants, dégageant une hausse du niveau général des prix de 1,2% au lieu de 7,3% le deuxième trimestre de l’année précédente. Alain Bouithy
L’économie marocaine a fait preuve de résilience mais le secteur privé est confronté à des défis
Malgré divers obstacles, tels que le ralentissement de l’économie mondiale, un choc inflationniste et le tremblement de terre d’Al Haouz, l’économie marocaine a fait preuve de résilience et s’est redressée, avec une production réelle augmentant de 3,4 % en 2023, selon le dernier rapport économique de la Banque mondiale pour le pays. Les principaux moteurs de cette accélération ont été la reprise du secteur touristique, les niches manufacturières orientées vers l’exportation, notamment dans les secteurs automobile et aéronautique, ainsi que le redémarrage de la consommation privée. Des politiques macroéconomiques favorables, telles que des stratégies d’expansion du secteur public et de consolidation budgétaire, ont également contribué à cette croissance économique. De plus, le Maroc a enregistré une augmentation substantielle des investissements directs étrangers, offrant d’importantes opportunités de développement, et une baisse du déficit du compte courant à son niveau le plus bas depuis 2007. Cependant, l’économie marocaine fait face à des défis alors que les entreprises et les ménages peinent à se remettre des récents chocs, comme en témoignent une augmentation des faillites d’entreprises et une perte de 200 000 emplois dans les zones rurales en 2023, et ce malgré l’accélération économique. La consommation par habitant a à peine retrouvé ses niveaux d’avant la pandémie, et un nouveau programme d’aide sociale viendra soutenir les ménages les plus vulnérables. En 2024, la croissance économique devrait ralentir à 2,9 % en raison d’une mauvaise campagne agricole, mais le PIB non agricole devrait rester stable. « Ce rapport démontre l’importance de la productivité dans l’amélioration de la croissance économique et du niveau de vie d’un pays. Cela s’inscrit dans le Nouveau Modèle de Développement (NDM) et la vision de développement inclusif à long terme du Maroc », a déclaré Ahmadou Moustapha Ndiaye, directeur pays de la Banque mondiale pour le Maghreb et Malte. « Le pays a récemment accompli des progrès significatifs, notamment en rendant opérationnel le Conseil de la concurrence, en modifiant la loi sur la concurrence, et en concluant un accord antitrust historique avec les distributeurs de carburant. Pour tirer parti de ces avancées, et comme le souligne le NDM, des efforts continus devront être déployés, en particulier pour soutenir les petites et moyennes entreprises ». Le rapport comprend un chapitre spécial consacré à la dynamique du secteur privé marocain, soulignant ses performances en matière de productivité et la nécessité de surmonter les obstacles pour améliorer la création d’emplois. Cette analyse repose sur une étude menée conjointement avec l’Observatoire Marocain des Petites et Moyennes Entreprises, utilisant une base de données exhaustive des entreprises du secteur formel. Le rapport, intitulé « Libérer le potentiel du secteur privé pour stimuler la croissance et la création d’emplois », met en avant l’importance des données microéconomiques pour comprendre les tendances de la productivité et élaborer des politiques visant à améliorer la performance du secteur privé. Il souligne la nécessité d’un environnement commercial dynamique, favorisant l’innovation et la réaffectation des ressources vers des entreprises plus productives pour stimuler la croissance de la productivité. De plus, le rapport note que la prédominance des petites entreprises et des micro-entreprises au Maroc, qui peinent à se développer, contribue à l’insuffisance de la création d’emplois dans un pays à la main-d’œuvre en expansion. Enfin, il met en lumière les défis et les mesures nécessaires pour améliorer la productivité et la croissance dans le secteur privé formel.
Maroc. La croissance économique nationale s’accélère à 2,9% au deuxième trimestre 2024
La croissance économique s’est légèrement accélérée au deuxième trimestre 2024, indique le Haut-commissariat au plan (HCP) dans son point de conjoncture du deuxième trimestre 2024. Après un début d’année au ralenti, «l’économie nationale aurait progressé de 2,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de +2,5% au premier trimestre », souligne l’institution dans ce document qui relate par ailleurs les prévisions pour le troisième trimestre 2024. Une progression attendue à +3,2% au troisième trimestre, selon le HCP «Cette expansion aurait été impulsée par une amélioration plus soutenue de la demande intérieure, sous-tendue par un effet positif du calendrier sur les dépenses de consommation», poursuit le Haut-commissariat estimant que la croissance économique devrait s’établir à +3,2% au troisième trimestre 2024. Ce qui traduirait un renforcement de l’appui de la demande aux industries manufacturières et aux services de l’hébergement. Dans le détail, l’organisme public note que la dynamique de la croissance du PIB national au deuxième trimestre dernier aurait été principalement le fait des branches secondaires et tertiaires. Rappelons que « le début d’année avait été caractérisé par un sensible ralentissement des industries manufacturières qui avait installé l’activité hors agriculture dans son ensemble dans un sentier de croissance modérée», comme le relève le HCP dans sa note. L’institution estime cependant que «la relance de la production des autres filières secondaires et l’affermissement des services marchands au deuxième trimestre 2024 auraient de nouveau placé la croissance de l’activité hors agriculture à des rythmes comparables à sa dynamique d’avant la crise du Covid (+3,7%)». Dopée par une nette progression des ventes extérieures des minerais non métalliques et par une relance de la demande des industries locales de transformation, la valeur ajoutée des industries extractives aurait progressé de 15,6% au titre du deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, selon le HCP. Avec une hausse de 3% au deuxième trimestre 2024, après +2,5% au premier trimestre, l’activité dans le domaine de la construction aurait confirmé sa reprise tirée par la dynamique des travaux publics. Dans un contexte de poursuite de mise en œuvre du programme d’aide à l’acquisition des logements et du redressement des crédits destinés aux promoteurs immobiliers, les chiffres du Haut-commissariat montrent que l’activité du bâtiment se serait, également, améliorée, avec une reprise de la production du logement et une hausse de 20% des ventes de ciment. En ce qui concerne l’activité des industries manufacturières, elle aurait, également, retrouvé, au deuxième trimestre 2024, un rythme de croissance plus soutenu, intégrant en partie un effet de base favorable, fait savoir l’institution indiquant qu’en variation annuelle, sa valeur ajoutée aurait augmenté de 3,5%, au lieu de +2,1% au premier trimestre. Quant aux branches tertiaires, qui représentent plus de la moitié de l’activité des branches, elles auraient profité de la relance de la demande intérieure, fait remarquer le Haut-commissariat relevant que l’activité du transport et de l’hébergement aurait gagné plus de vigueur au cours de ce même trimestre, après avoir profité notamment de la conjonction de fêtes religieuses étrangères et nationales. Soulignons enfin que la valeur ajoutée agricole se serait pour sa part infléchie de 4,9% au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 1,5% une année plus tôt. Selon les explications du HCP, cette contreperformance est « principalement due aux impacts de la sécheresse sévère sur les grandes cultures ». Alain Bouithy
Maroc. La croissance de l’économie nationale ralentit à 2,5% au premier trimestre
Selon les premières estimations du Haut-Commissariat au plan (HCP) publiées lundi 1 juillet, la croissance de l’économie nationale a nettement ralenti au titre du premier trimestre 2024. Tirée par la demande intérieure, elle s’est située « à 2,5% au lieu de 3,9% durant le même trimestre de l’année précédente », a-t-il indiqué dans une note d’information sur la situation économique nationale au premier trimestre 2024. « Cette croissance a été réalisée dans un contexte marqué par une inflation maîtrisée et une amélioration de la capacité de financement de l’économie nationale », a toutefois fait savoir l’organisme public notant que les activités non agricoles sont ressorties en hausse de 3,2% tandis que celles du secteur agricole ont accusé un recul de 5%. Dans le détail, les données recueillies montrent que la valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 4,3% au premier trimestre 2024. Cette baisse, qui intervient après un accroissement de 1,7% enregistré durant le même trimestre de l’année précédente, s’explique par le « fort repli de la valeur ajoutée de l’agriculture de 5% au lieu d’une hausse de 2,1% et de la hausse de celle de la pêche de 10% au lieu d’une baisse de 4,8% », a indiqué le Haut-Commissariat. Dans sa note, l’institution note également que la valeur ajoutée du secteur secondaire a, pour sa part, réalisé une hausse de 3,6% au lieu d’une baisse de 0,4% lors de la même période de l’année passée. Pour l’organisme chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, « cela a été le résultat du ralentissement des activités de l’industrie manufacturière à 2,1% au lieu d’une hausse de 3% et de la hausse des valeurs ajoutées de l’industrie d’extraction de 17,7% au lieu d’une baisse de 12,1%; de l’électricité, gaz, eau, assainissement et déchets de 3% au lieu d’une baisse de 3% ainsi que du bâtiment et travaux publics de 2,5% au lieu d’une baisse de 3%. L’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami a, par ailleurs, indiqué que la valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 6% lors de la même période de l’année précédente à 3% au premier trimestre 2024. Les données montrent qu’elle a été marquée par le ralentissement des activités de services financiers et assurances à 3,9% au lieu de 7,3%; de la recherche et développement et les services rendus aux entreprises (3,6% au lieu de 4,3%), du transport et de l’entreposage (3,4% au lieu de 8,7%), des services de l’éducation, de la santé et action sociale (2,9% au lieu de 4,2%), des services immobiliers (2,1% au lieu de 2,7%), de l’hébergement et restauration (1,9% au lieu de 55,8%) et de l’information et communication (1,3% au lieu de 3,1%). Selon le HCP, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a également été marquée par la hausse des activités des services rendus par l’administration publique générale et sécurité sociale (3,4% au lieu de 3,1%) et du commerce et réparation de véhicules (2,7% au lieu de 1,4%). En somme, « la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 3,9% le même trimestre de l’année passée à 3,2% », a souligné le HCP concluant ainsi que « le Produit Intérieur Brut (PIB) en volume a enregistré une croissance de 2,5% au premier trimestre de l’année 2024 au lieu de 3,9% une année auparavant », compte tenu de la hausse de 5,5% du volume des impôts nets des subventions sur les produits. Et qu’aux prix courants, il a progressé de 3,8%, dégageant une hausse du niveau général des prix de 1,3%. Alain Bouithy
Maroc. La difficile reprise de l’économie nationale
Comme le suggèrent les données actuellement disponibles, il faut se rendre compte que «le profil de l’activité économique s’apparente à celui de l’économie mondiale dans son ensemble», selon le Centre marocain de conjoncture (CMC). Quand bien même la croissance ne fléchit véritablement pas, force est de constater qu’elle « baisse de rythme », note l’Observatoire privé de l’économie marocaine dans sa dernière publication trimestrielle, «Maroc Entreprise» (N° 110, décembre 2023), soulignant un contexte conjoncturel plutôt hésitant. De son point de vue, la reprise est difficile. « Le marché de l’emploi manque de dynamisme et la confiance des ménages est en net repli comparativement à l’exercice précédent, même si l’inflation commence à reculer depuis quelques mois », fait-il remarquer. Cela n’augure rien de bon d’autant plus que les différentes branches d’activité affichent pour leur part des tendances conjoncturelles assez contrastées, poursuit la publication du Centre. Si plusieurs secteurs d’activité ont connu des évolutions très positives au terme des neufs premiers mois de l’année qui vient de s’achever, les données montrent que d’autres évoluent de façon inverse. En effet, d’après l’institution spécialisée dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, bien d’autres secteurs « continuent de subir de fortes contractions de la demande, les forçant à réajuster leur cycle de production », citant le cas du secteur industriel dans son ensemble. Il faut dire qu’en dépit des accélérations enregistrées par certaines composantes à fin septembre 2023, comme les industries pharmaceutiques (28,5%), celles de la fabrication de matériels de transport (16,6%) et de la fabrication des boissons (11,8%), la production du secteur industriel a enregistré une chute de 3,5%. Citant des chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP) relatifs à l’indice de la production industrielle, l’Observatoire rappelle que l’activité des industries manufacturières hors raffinage de pétrole a enregistré une baisse de cet ordre au cours du deuxième trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022. Il est important de souligner qu’à la faveur, notamment, du redressement du secteur du tourisme qui a affiché des résultats exceptionnels, après la forte contraction causée par la crise sanitaire, les activités de services ont également connu une forte reprise. Soulignant une reprise vigoureuse du tourisme, le CMC note que la destination Maroc a retrouvé ses clients en 2023. Ainsi que l’attestent les données actuellement disponibles, « l’évolution des arrivées touristiques connaît un essor remarquable en ce début d’année ». Pour preuve, un peu plus de 11 millions de touristes ont été recensés au terme des neuf premiers mois de l’année écoulée, soit une hausse de 44% en comparaison avec la même période de l’année précédente. En revanche, le secteur agricole continue de traverser une période difficile, constate l’Observatoire rappelant qu’il s’agit d’un des principaux moteurs de la croissance de l’économie marocaine. Selon la publication trimestrielle, cette situation s’explique par « la persistance de conditions climatiques très contraignantes mais aussi d’incertitudes qui planent sur l’économie dans son ensemble ». Malgré tout, et quoi qu’en disent les chiffres, le Centre estime que l’économie marocaine devrait continuer de croitre en 2023. Et ce en dépit du séisme d’Al Haouz et des contraintes liées au ralentissement de l’économie mondiale ainsi que des conditions climatiques peu clémentes. D’après ses prévisions, le taux de croissance prévu est de 2,8% après 1,3% enregistré une année plus tôt. « Cette reprise devrait se confirmer en 2024 et 2025 pour atteindre respectivement 3,1% et 3,3% suite au comportement prévisible de la demande intérieure qui se remet progressivement des chocs récents ». Alain Bouithy
Nouvelles perspectives sur l’économie marocaine pour libérer le potentiel de croissance
Les cinq plus grandes économies de l’Afrique – l’Algérie, l’Égypte et le Maroc, figures de proue de l’Afrique du Nord, ainsi que le Nigeria et l’Afrique du Sud en Afrique subsaharienne, ont enregistré une croissance consolidée plus lente que le reste du continent, rendant ainsi plus difficile l’amélioration des conditions de vie pour 400 millions de personnes qui vivent en dessous du seuil de pauvreté en Afrique. Cette étude approfondie de McKinsey, intitulée « Réimaginer la croissance économique en Afrique : transformer la diversité en opportunités », examine minutieusement la performance économique de chaque pays africain ainsi que celle les secteurs économiques clés. Elle met en évidence les succès enregistrés par certains pays du continent tout en identifiant les nombreux obstacles à la croissance et en proposant diverses solutions capables de permettre à l’Afrique d’exploiter pleinement sa grande diversité et de relancer sa croissance, et ce après une décennie entière de ralentissement. L’étude révèle que ces cinq principales économies africaines ont engendré à elles seules près des trois quarts du PIB de l’Afrique en 2019. Malgré un début de décennie marqué par une hausse significative des investissements et des exportations, leur croissance ultérieure a rapidement été freinée par de nombreux facteurs. A titre d’exemple, le Maroc figure parmi les 13 pays africains que l’étude regroupe sous l’appellation « ralentissements récents », à savoir, ces économies qui constituent plus de la moitié des exportations de matières premières du continent, et qui ont affiché une croissance économique supérieure à la moyenne continentale durant la première décennie du nouveau millénaire, mais dont la croissance s’est essoufflée entre 2010 et 2019. L’Algérie, quant à elle, est considérée par l’étude comme étant un pays à « croissance lente », avec une économie qui croit faiblement depuis 2000. Toutefois, cette tendance au ralentissement n’est pas représentative de l’ensemble du continent. En effet, l’étude réalisée par McKinsey insiste sur la pluralité africaine et met en lumière que près de la moitié de la population du continent réside dans des pays ayant connu une croissance économique soutenue ces vingt dernières décennies. Ces économies, en majorité de taille moyenne et situées en Afrique de l’Est et de l’Ouest, ont enregistré en moyenne une croissance annuelle du PIB de plus de 4 %. Selon Mehdi Lahrichi, directeur associé du bureau de McKinsey à Casablanca : « il n’y a pas « une seule Afrique« , car les niveaux de progrès économique, de croissance démographique, de taux d’urbanisation et de productivité diffèrent considérablement à travers le continent. Ainsi, alors que des pays comme le Maroc, l’Égypte et la Tunisie ont atteint une électrification urbaine quasi-totale, une centaine de millions de citadins africains restent privés d’électricité ». Tirer pleinement parti du potentiel d’augmentation de la productivité Avec un rythme d’urbanisation parmi les plus rapides de la planète et une population active et consommatrice en plein essor, l’Afrique, malgré une performance décevante au cours de la dernière décennie, est désignée par le rapport comme un marché émergent prometteur, appelé à prospérer de manière exponentielle dans les années à venir. La transformation structurelle vers les services qu’a connue l’économie africaine ces deux dernières décennies, avec des travailleurs qui délaissent les champs pour se tourner vers le commerce et d’autres services urbains, est l’une des grandes tendances qui suscitent cet optimisme. L’emploi dans le secteur des services a grimpé de 30 à 39 % durant cette période et on s’attend à ce que le secteur accueille presque la moitié des nouveaux venus sur le marché du travail d’ici 2030. Cependant, bien que les services présentent d’immenses opportunités pour stimuler la production économique et la création d’emplois en Afrique, cela ne sera réalisable que si la productivité du secteur s’accroît. En 2019, la productivité des services en Afrique était la plus basse de toutes les régions du monde, et le secteur a connu une baisse de productivité de 0,1 % durant la décennie 2010-2019. Cette situation est en partie due à un déplacement disproportionné vers certains sous-secteurs, comme le commerce, dont la productivité est freinée par un niveau élevé d’informalité et de fragmentation. À l’inverse, les secteurs à forte productivité, comme les services financiers et les services aux entreprises, ne représentent aujourd’hui que moins d’un cinquième de la valeur ajoutée brute de l’Afrique. Des mesures ciblées visant à améliorer la productivité dans les services incluent l’augmentation de la numérisation et le développement des compétences. L’étude a révélé qu’en atteignant le même taux de croissance de la productivité que les principaux centres de services en Asie, l’Afrique pourrait ajouter 1 400 milliards de dollars à l’économie du continent d’ici 2030, permettant ainsi de créer 225 millions d’emplois, un enjeu crucial au vu de la croissance rapide de la population active africaine. D’autres possibilités pour une croissance basée sur la productivité résident dans l’augmentation de la production domestique et des exportations pour satisfaire une demande locale en forte croissance, le renforcement des liens régionaux, des investissements visant à améliorer la productivité des ressources pour soutenir la transition énergétique mondiale et l’amélioration de la productivité de l’agriculture. L’agriculture, qui assure près de la moitié des emplois en Afrique et est vitale pour la sécurité alimentaire du continent, doit donc augmenter sa productivité, particulièrement face aux défis croissants du changement climatique et de l’urbanisation rapide. « Alors que des pays comme le Maroc, l’Éthiopie et le Rwanda ont réussi à stimuler rapidement leur production agricole, d’autres nations africaines demeurent à la traîne en termes de productivité. Nos analyses indiquent que si les pays africains parvenaient à égaler la croissance de la productivité de l’agriculture indienne entre 1980 et 1990, ils pourraient collectivement ajouter 200 milliards de dollars à leurs économies d’ici 2030, soit 40 milliards de dollars de plus que ce qui est prévu aux niveaux de productivité actuels. Les retombées sur la production et la sécurité alimentaires pourraient être significatives », souligne Mehdi Lahrichi, directeur associé du bureau McKinsey à Casablanca et directeur associé de McKinsey au Maroc. Des réussites majeures Les nations africaines pourraient miser sur l’amélioration des infrastructures urbaines pour booster la productivité des individus et des entreprises,