Maroc/ Technologies de l’intelligence artificielle : Les secteurs technologique et de la gouvernance accusent un retard par rapport à la dynamique globale 

Maroc/ Technologies de l’intelligence artificielle : Les secteurs technologique et de la gouvernance accusent un retard par rapport à la dynamique globale 

Les évaluations internationales effectuées au sujet des technologies de l’intelligence artificielle « placent actuellement le Maroc dans des positions relativement avancées parmi les pays à revenu comparable », selon le Centre marocain de conjoncture (CMC). Le Maroc ne dispose pas actuellement d’une loi dédiée à l’encadrement de l’IA Cependant, si les progrès enregistrés jusqu’à présent semblent porter essentiellement sur les infrastructures et les données, avec un score atteignant 56,79 sur 100 en 2023, force est de constater que « les segments relatifs au secteur technologique et à la gouvernance restent, en revanche, bien en retrait par rapport à la dynamique d’ensemble », constate l’Observatoire privé de l’économie marocaine. Le Centre préconise donc  « le déploiement d’efforts plus soutenus pour garantir un développement plus équilibré de l’écosystème et le prémunir contre les facteurs de risque ». Quoi qu’il en soit, « au Maroc, l’usage des technologies de l’intelligence artificielle connaît depuis quelque temps un développement soutenu avec des applications qui s’étendent à différents domaines», observe le CMC dans son Bulletin annuel intitulé « Thématique » du mois de décembre 2024. Dans ce spécial portant sur la « Cybersecurity. Digitalisation et transformations numérique – Vecteur de modernisation économique », le CMC précise que ces applications concernent en particulier le traitement des images, la reconnaissance vocale automatique, l’apprentissage et la compréhension du langage naturel. Pour ce qui est du traitement des images, les applications usuelles « portent notamment sur la surveillance du trafic urbain au moyen des systèmes de radar, l’organisation du transport en commun dans les grandes métropoles à travers des caméras installées dans les principales artères et le suivi des activités agricoles sur la base des images satellitaires renseignant sur l’état des cultures, du couvert végétal et de la situation hydrique », cite-t-il. Concernant la reconnaissance vocale automatique, l’observateur explique que cette technologie avancée « permet aux entreprises un gain de temps et de productivité dans l’accomplissement de certaines tâches importantes à travers le « Machine Learning » (apprentissage automatique)». Toujours selon l’Observatoire privé, « les techniques de compréhension du langage naturel appliquées aux documents écrits offre également de nombreuses possibilités aux entreprises pour la collecte et le traitement de l’information et la documentation nécessaires au développement de leurs activités ». Elles permettent également aux services publics de mieux organiser leurs activités et de prévenir les risques inhérents à travers l’analyse de documents et signaux appropriés. Pour le CMC, il ne fait aucun doute que les nouvelles technologies de l’intelligence artificielle offre au Maroc de multiples possibilités de développement dans de nombreux secteurs d’activité. Bien maîtrisées, elles peuvent être mises à contribution dans le secteur industriel pour renforcer la compétitivité sur les marchés d’exportation les plus concurrentiels. Dans le secteur primaire, de plus en plus soumis au stress hydrique, l’IA permettrait de « gagner en efficience à travers une meilleure programmation des activités agricoles et une optimisation des ressources en eau ». Le Centre indique par ailleurs que l’IA pourrait jouer un rôle crucial dans « l’opérationnalisation du système de protection sociale » en garantissant son accessibilité dans les meilleures conditions de qualité et de coût ; et l’éducation, en contribuant à la réalisation des objectifs stratégiques du secteur. Anticiper les risques majeurs Le développement spectaculaire des technologies et leur dissémination dans toutes les sphères de l’activité humaine comportent des risques majeurs qu’il importe d’anticiper, prévient le CMC qui cite la perte de contrôle des systèmes générés par l’IA comme l’un des principaux risques les plus évoqués. « En l’absence d’anticipation ou de contrôle, on ne peut a priori exclure les scénarios où les développements malveillants de l’intelligence artificielle pourraient être utilisés à des fins de déstabilisation et même de destruction ». Autres risques encourus à travers l’IA : la confidentialité des données et le risque de substitution massive d’emploi par des « machines intelligence » pouvant conduire à des perturbations majeures sur le marché du travail. Pour faire face à ces risques et à bien d’autres, le Centre estime « indispensable de mettre en place les règlements, les normes éthiques et les mécanismes de contrôle appropriés pour encadrer les activités de l’intelligence artificielle et garantir une contribution positive de ces nouvelles technologies au développement de l’humanité ». Rappelons qu’en dépit du fait qu’il ne dispose actuellement d’aucune loi spécifique à l’encadrement de l’IA, le Maroc a adopté différents textes fondamentaux visant la régularisation des activités cybernétiques. Alain Bouithy

Maroc. Le CMC plaide pour des solutions alternatives durables

Maroc. Le CMC plaide pour des solutions alternatives durables

Les importations marocaines pèsent lourdement sur les comptes extérieurs, souligne le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans sa dernière publication mensuelle « Maroc Conjoncture » (N° 368). En effet, d’après l’Observatoire privé, « les données relatives au commerce extérieur montrent que l’économie marocaine est très intégrée à l’économie mondiale davantage par les importations que par les exportations ». Les importations d’énergie constituent un lourd fardeau financier pour les comptes extérieurs, selon l’Observatoire privé  Précisons à ce propos que les importations et les exportations marocaines représentent respectivement 53% et 31% du produit intérieur brut (PIB), comme le rapporte ce Centre spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact.Pour les experts du CMC, le déficit commercial chronique du Maroc qui en résulte s’explique par la prépondérance des importations des produits énergétiques, du « souffre brut non raffiné » et de « l’ammoniac ». Il faut dire qu’en dépit de son allègement de 14,6% à 61,9 milliards de dirhams (MMDH) au titre des trois premiers mois de l’année 2024, le déficit commercial du pays demeure préoccupant à bien des égards. Il reste une des grandes faiblesses de l’économie marocaine. Dans son bulletin des indicateurs mensuels des échanges extérieurs, l’Office des  changes précise que les importations de biens se sont situées à 175,47 MMDH en mars 2024, au lieu de 182,71MMDH une année auparavant ; tandis que les exportations se sont chiffrées à 113,56 MMDH au lieu de 110,2 MMDH à fin mars 2023. La chronicité de l’écart entre les exportations et les importations a également été observée en 2023 au terme de laquelle les importations avaient atteint une valeur de 715,8 Mds DH contre 737,4 Mds DH une année auparavant. De leur côté, les exportations étaient passées de 428,6 Mds DH à fin 2022 à 430,2 Mds DH au terme de la même année. Pour bien apprécier le poids des produits énergétiques, du «souffre brut non raffiné» et de «l’ammoniac» sur les comptes extérieurs, l’Observatoire a jugé bon de rappeler que: «les produits relevant de la rubrique «Energie et lubrifiants» représentent environ 20% des importations totales pour une valeur moyenne dépassant les 137 MMdhs sur la biennale 2022-2023». Outre leur caractère coûteux, il est important également de savoir que « ces importations  notamment du charbon sont sources d’émission de fortes quantités de gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique », comme l’a relevé le CMC dans sa publication mensuelle. S’agissant des importations du « souffre brut non raffiné » et surtout de « l’ammoniac », il est important de noter que les chiffres les concernant suggèrent qu’elles ont représenté sur la biennale 2022-2023 environ 4,5% pour une valeur de 28,9MMdhs. Nul besoin de souligner que ces importations constituent des intrants importants pour la transformation des phosphates en engrais chimiques et/ou en acide phosphorique. C’est d’ailleurs pour être en mesure de substituer la production locale aux importations de l’ammoniac que le Groupe OCP a prévu des investissements de l’ordre de 130 MMdhs. Lesquels s’inscrivent dans le cadre de sa stratégie de développement sur la période quinquennale 2023-2027. Au regard du poids des importations d’énergie dont le coût élevé constitue un lourd fardeau financier pour les comptes extérieurs, l’Observatoire privé plaide pour des solutions alternatives durables  afin de réduire un tant soi peu la facture. Pour comprendre cette logique, rappelons que le déficit commercial s’est allégé de 61,91MMDH à fin mars 2024 grâce en partie à la légère baisse de 13,6% de la facture énergétique à 28 MMDH au lieu de 32,4 MMDH il y a un an. «Cette  évolution fait suite, essentiellement, à la baisse des approvisionnements en gaz de pétrole et autres hydrocarbures de -33% sous l’effet prix en recul de -33,5% », a fait savoir le CMC signalant toutefois que les quantités importées ont augmenté légèrement de +0,7%.A cela s’ajoute la baisse de 22,3% (-2,06 MMDH) à 7,19 MMDH des importations des soufres bruts et non raffinés au lieu de 9,26 MMDH durant la même période de l’année écoulée. Dans cette perspective, le Centre estime que le programme des énergies propres et renouvelables lancé en 2009, devrait permettre au Maroc de couvrir 52% du mix énergétique du pays à l’horizon 2030. «En considérant ce projet dans un cadre plus global,  il ressort clairement que le Maroc va au-delà de la satisfaction de ses propres besoins énergétiques pour se positionner en exemple pour d’autres pays en matière de transition énergétique», a-t-il apprécié. Tout comme le projet ambitieux d’autoroutes électriques, piloté par l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE), qui prévoit de transférer plus de 3 Gigawatts d’électricité propre de la future centrale de Dakhla vers Casablanca. Pour le CMC, il est évident que les ambitions de développement du Maroc sont tributaires de l’accélération de la mise en œuvre de son programme des énergies renouvelables. Et, surtout, de leur substitution aux importations d’énergie qui pèsent lourdement sur les comptes extérieurs.  Dans la perspective toujours de réduire le coût des importations marocaines, l’Observatoire note également que « le développement de la filière d’hydrogène vert devrait aider l’OCP à substituer de l’ammoniac produit localement aux importations ». Alain Bouithy

La présence de grandes entreprises marocaines contribue à la construction d’une Afrique prospère

La présence de grandes entreprises marocaines contribue à la construction d’une Afrique prospère

Les investissements directs étrangers du Maroc (IDE) en Afrique ont enregistré une évolution remarquable, malgré un contexte difficile qui a caractérisé ces dix dernières années, affirme le Centre marocain de conjoncture (CMC). Entre 2010 et 2023, les IDE du Maroc « se sont développés d’une manière significative », couvrant une variété de secteurs comme l’énergie, l’immobilier, le bâtiment, les télécommunications et l’agriculture. Outre ces secteurs traditionnels, « le pays explore des opportunités dans les nouvelles technologies, les services financiers, l’éducation et le tourisme », relève l’Observatoire privé dans sa récente publication mensuelle « Maroc Conjoncture » (N°363 – Décembre 2023). La Côte d’Ivoire s’accapare plus de 57% des investissements marocains en Afrique Bien qu’en baisse de 45,5% par rapport à l’année précédente, les investissements directs étrangers vers les pays africains ont atteint en 2022, en dépit du contexte difficile, presque 45 milliards de dollars après un record, de plus de 79 milliards, réalisé en 2021. Il est important de préciser que « ce recul intervient après l’importante hausse de 103% due essentiellement à l’atténuation des effets de la Covid-19 qui ont fortement réduit les flux d’investissement entre pays un peu partout dans le monde », comme l’a souligné le Centre rappelant que ces investissements vers le continent ont connu des fluctuations entre 2017 et 2022, consécutives aux nombreux facteurs ayant impacté négativement l’économie mondiale dans son ensemble. Parmi ces facteurs, le CMC cite les catastrophes naturelles qui ont impacté fortement l’activité agricole, les tensions géopolitiques qui nourrissent le sentiment d’incertitude chez les opérateurs économiques et plus récemment la pandémie de Covid-19. Du fait de toutes ces perturbations, « les flux des investissements vers l’Afrique n’ont pas connu une dynamique particulière en 2022 », constate le Centre rapportant que « leur part dans l’ensemble des flux mondiaux a chuté pour s’établir autour de 3,5% contre 5,4% un an plus tôt et 4,1% en 2020 après 2,7% en 2019 ». D’après l’Observatoire, la plus importante part de ce flux d’investissement a été destinée aux économies de l’Afrique du Nord (33,5%) suivie des pays de l’Afrique de l’Est (19,4%) et de sous-région de l’Ouest (18,8%), tandis que les pays du Sud de l’Afrique et du Centre ont accueilli respectivement 14,9% et 13,4% du total de ces flux. Toujours selon le Centre, en 2022, la Côte d’Ivoire se positionne au premier rang des destinations des investissements marocains en Afrique avec plus de 57% contre 15% une année auparavant, suivi du Sénégal avec des flux de l’ordre de  18% au lieu de 4,2% en 2021. « Sur les dix dernières années, ces deux pays ont reçu en moyenne un volume d’investissement respectivement de l’ordre de 27% et 8% », a-t-il indiqué relevant que l’Egypte, qui en 2007 s’accaparait 61% des investissements directs du Maroc, n’en a reçu en 2022 que 5% sur un total de 4,5 milliards de dirhams investis en Afrique. Et d’ajouter : ce montant n’était que d’un peu plus de 2 milliards en 2013 et il a dépassé les 8 milliards en 2017 et 2021. Concentrant l’essentiel des montants investis par le Maroc en Afrique, les banques, les télécommunications et les industries disposent à elles seules des trois quarts des investissements marocains réalisés sur le territoire africain. Précisons que la part du secteur bancaire s’élève à 39%, celle de l’activité des télécommunications avoisine 21,4% et que celle du secteur industriel s’est renforcée  significativement  au cours du temps pour atteindre presque 13,5%. Quoi qu’il en soit, pour le CMC, « la présence accrue de grandes entreprises marocaines en Afrique, comme la Banque of Africa, Maroc Telecom, le groupe Addoha ou encore l’Office chérifien de phosphate, témoigne de la volonté du Maroc à participer activement à la construction d’une Afrique prospère et résiliente aux différents changements qui s’opèrent dans son environnement », rappelant que le pays a développé une stratégie de coopération dans de nombreux domaines avec les pays africains. Aussi, souligne-t-il, le développement  des IDE du Maroc en Afrique a été réalisé grâce à la politique d’ouverture de l’économie marocaine sur ce continent adoptée depuis 2008 et qui « s’est concrétisée par la signature de plusieurs accords commerciaux ou d’association avec de nombreux pays africains ». Alain Bouithy

Maroc. La difficile reprise de l’économie nationale

Maroc. La difficile reprise de l’économie nationale

Comme le suggèrent les données actuellement disponibles, il faut se rendre compte que «le profil de l’activité économique s’apparente à celui de l’économie mondiale dans son ensemble», selon le Centre marocain de conjoncture (CMC). Quand bien même la croissance ne fléchit véritablement pas, force est de constater qu’elle « baisse de rythme », note l’Observatoire privé de l’économie marocaine dans sa dernière publication trimestrielle, «Maroc Entreprise» (N° 110, décembre 2023), soulignant un contexte conjoncturel plutôt hésitant. De son point de vue, la reprise est difficile. « Le marché de l’emploi manque de dynamisme et la confiance des ménages est en net repli comparativement à l’exercice précédent, même si l’inflation commence à reculer depuis quelques mois », fait-il remarquer. Cela n’augure rien de bon d’autant plus que les différentes branches d’activité affichent pour leur part des tendances conjoncturelles assez contrastées, poursuit la publication du Centre. Si plusieurs secteurs d’activité ont connu des évolutions très positives au terme des neufs premiers mois de l’année qui vient de s’achever, les données montrent que d’autres évoluent de façon inverse. En effet, d’après l’institution spécialisée dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, bien d’autres secteurs « continuent de subir de fortes contractions de la demande, les forçant à réajuster leur cycle de production »,  citant le cas du secteur industriel dans son ensemble. Il faut dire qu’en dépit des accélérations enregistrées par certaines composantes à fin septembre 2023, comme les industries pharmaceutiques (28,5%), celles de la fabrication de matériels de transport (16,6%) et de la fabrication des boissons (11,8%), la production du secteur industriel a enregistré une chute de 3,5%. Citant des chiffres du Haut-Commissariat au plan (HCP) relatifs à l’indice de la production industrielle, l’Observatoire rappelle que l’activité des industries manufacturières hors raffinage de pétrole a enregistré une baisse de cet ordre  au cours du deuxième trimestre 2023 par rapport à la même période de 2022. Il est important de souligner qu’à la faveur, notamment, du redressement du secteur du tourisme qui a affiché des résultats exceptionnels, après la forte contraction causée par la crise sanitaire, les activités de services ont également connu une forte reprise. Soulignant une reprise vigoureuse du tourisme, le CMC note que la destination Maroc a retrouvé ses clients en 2023. Ainsi que l’attestent les données actuellement disponibles, « l’évolution des arrivées touristiques connaît un essor remarquable en ce début d’année ». Pour preuve, un peu plus de 11 millions de touristes ont été recensés au terme des neuf premiers mois de l’année écoulée, soit une hausse de 44% en comparaison avec la même période de l’année précédente. En revanche, le secteur agricole continue de traverser une période difficile, constate l’Observatoire rappelant qu’il s’agit d’un des principaux moteurs de la croissance  de l’économie marocaine. Selon la publication trimestrielle, cette situation s’explique par « la persistance de conditions climatiques très contraignantes mais aussi d’incertitudes qui planent sur l’économie dans son ensemble ». Malgré tout, et quoi qu’en disent les chiffres, le Centre estime que l’économie marocaine devrait continuer de croitre en 2023. Et ce en dépit du séisme d’Al Haouz et des contraintes liées au ralentissement de l’économie mondiale ainsi que des conditions climatiques peu clémentes. D’après ses prévisions, le taux de croissance prévu est de 2,8% après 1,3% enregistré une année plus tôt. « Cette reprise devrait se confirmer en 2024 et 2025 pour atteindre respectivement 3,1% et 3,3% suite au comportement prévisible de la demande intérieure qui se remet progressivement des chocs récents ». Alain Bouithy

Le Maroc assigné à poursuivre sa diversification économique

Le Maroc assigné à poursuivre sa diversification économique

ECONOMIE. « Le Maroc est assigné à poursuivre sa diversification économique pour réduire sa dépendance aux secteurs traditionnels comme l’agriculture et l’industrie textile », a souligné le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans son dernier rapport annuel n°57 dédié à la croissance disruptive, persuadé que de meilleures opportunités s’offrent au pays. De meilleures opportunités s’offrent au pays pour y parvenir En ce qui concerne le Maroc, force est de constater que les perspectives économiques et les opportunités de croissance et d’investissement ne sortent pas du cadre habituellement évoqué, comme l’a fait remarquer l’Observatoire privé et indépendant de l’économie marocaine. Qu’à cela ne tienne, le Centre constate pourtant que « de meilleures opportunités s’offrent au pays, à travers des secteurs émergents tels que l’automobile, l’aéronautique, les énergies renouvelables, le tourisme et les technologies de l’information et de la communication ». Dans son rapport, qui traite de plusieurs axes dont celui du « Climat des affaires : état des lieux et perspectives d’évolution », le CMC assure que « l’amélioration des infrastructures et de la logistique continuera à jouer un rôle prépondérant dans le renforcement de la connectivité et la facilitation du commerce ». Pour cet organisme spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact, tout indique que « les énergies renouvelables occuperont un espace central, grâce aux vastes ressources solaires et éoliennes à exploiter pour renforcer les projets d’énergie propre, en produisant de l’électricité et en créant de nouveaux emplois dans le secteur ». Evoquant le cas du tourisme, le Centre plaide pour la mise à profit du riche patrimoine culturel, des paysages variés et de la longue expérience de l’industrie touristique, « pour continuer à promouvoir la destination Maroc, en améliorant l’offre hôtelière, en développant l’animation et en élargissant la gamme des produits touristiques ».   Mais attention, prévient le CMC ! Pour faire aboutir ces perspectives, le CMC estime qu’il ne faut surtout pas occulter les nombreux défis à relever dont « le plus important consisterait à réduire le taux de chômage ».  A ce titre, et dans le but de mieux répondre aux besoins du marché du travail et favoriser l’innovation, l’Observatoire privé estime qu’« il est important d’améliorer la qualité de l’éducation et de renforcer les compétences des travailleurs, en mettant l’accent sur l’éducation technique et professionnelle ». Par ailleurs, le Centre estime qu’au niveau de l’inclusion sociale et dans le sillage des progrès réalisés ou en cours, « le Maroc se doit de continuer, entre autres, à lutter contre les inégalités socio-économiques et à encourager une croissance inclusive ».Le CMC poursuit en rappelant que les défis, qu’ils soient émergents ou persistants, sont de nature à affecter le climat des affaires. Parmi ceux-ci, la concurrence régionale croissante de la part d’autres pays de la région MENA qui cherchent à attirer des investissements étrangers et à développer leurs propres secteurs économiques.Autre défi majeur : les enjeux environnementaux importants dans la transition vers une économie verte et durable. Dans son rapport, le CMC traite également d’autres axes, outre celui portant sur le « Climat des affaires : état des lieux et perspectives d’évolution ». A savoir : « Le commerce international dans le contexte d’une crise mondialisée : impacts multiformes sur le Maroc », « Equilibre du commerce extérieur : expansion des flux, hausse du déficit et tension sur la position financière extérieure », « Politique économique : le policy-mix dans le contexte de stagflation. Quels arbitrages ? », « Marché du travail : constat et thérapies de rétablissement à terme », « Secteur productif : un contexte global contraignant », « Crédit bancaire en 2023 : une progression soutenue malgré le contexte inflationniste », « Notation de l’économie marocaine : un modèle de croissance qui peine à trouver ses marques », « Perspectives économiques 2023 : croissance anticipée de 4,4% », et « Cadrage macroéconomique 2024 : croissance attendue de 4,7% ». Alain Bouithy

Le Maroc en stress hydrique. Durablement structurel

Le Maroc en stress hydrique. Durablement structurel

ECONOMIE. « Le stress hydrique est durablement structurel au Maroc », affirme le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans sa récente publication mensuelle « Maroc conjoncture (N°358, juin 2023). Ce phénomène d’ampleur planétaire demeure préoccupant au Maroc, en dépit de la stratégie mise en place et des efforts fournis en vue de trouver des solutions immédiates et à moyen et long termes pour renforcer la sécurité hydrique du pays, constate l’observatoire privé. Il faut dire que le Royaume s’est efforcé depuis de nombreuses années de renforcer la sécurité hydrique du pays à travers la politique des barrages initiés dès le début des années 60. S’il est vrai que « cette stratégie de long terme a contribué à mobiliser les ressources en eau nécessaire au développement de son agriculture, à son industrie, à l’approvisionnement des ménages en eau potable et à faire face aux différentes stress hydriques qui l’ont traversé », force est de constater qu’il « demeure un pays classé en stress hydrique », fait remarquer le CMC dans sa publication. Le Maroc demeure un pays classé en stress hydrique Pour preuve, l’indicateur de la rareté de l’eau est passé de 2500m3 par habitant et par an en 1960 à 1200m3 au début des années 90 puis à 950 m3 en 2000 avant de s’établir à  800 m3 en 2010 et à 632 m3 actuellement. Mais il y a plus grave : « Ce ratio va encore poursuivre sa tendance baissière au cours des prochaines années pour atteindre 500 m3 en 2030 », prévient le Centre précisant que ce niveau est nettement inférieur au seuil de 1000 m3 au-dessus duquel tout pays est considéré en situation de stress hydrique. Il faut tout de même indique que ce profil d’évolution aurait pu être beaucoup plus défavorable si le Maroc n’avait pas développé très tôt ses capacités de stockage, comme le fait remarquer l’observatoire privé. Quoi qu’il en soit, et bien que disposant actuellement de 149 ouvrages d’une capacité globale de 19 milliards de m3 et plus d’une centaine de petits barrages et lacs colinéaires, relever le défi du stress hydrique est désormais une priorité pour le Maroc, ajoute-t-il. Certes des actions pour économiser la ressource sont engagées, le CMC estime toutefois que la situation que connaît actuellement le Maroc doit inciter les pouvoirs publics « à réfléchir et à proposer de nouveaux procédés de production d’eau douce non seulement pour sécuriser l’approvisionnement des différents acteurs de l’activité économique mais aussi et surtout pour accommoder l’approche de l’eau avec la réalité du terrain, face à la fois à la pression de l’activité humaine et du dérèglement climatique ». Soulignons que deux approches sont actuellement envisagées, comme le relève le Centre. L’une promeut le dessalement de l’eau de mer et l’autre suggère la réutilisation des eaux usées. Pour le CMC, « ces deux alternatives semblent être appropriées pour résoudre le problème de pénurie d’eau et accéder à des sources d’eau non conventionnelles ». Le Centre estime cependant que la première solution est de plus en plus perçue comme trop énergivore et son impact environnemental peut être discuté. Il est à noter que le Maroc dispose actuellement de 9 stations de dessalement permettant de produire 147 millions de m3 d’eau par an et 4 seront réalisées dans un proche avenir dans les villes de Casablanca, Dakhla, Safi et Nador. La pression démographique participe également à l’aggravation du déficit hydrique Précisons par ailleurs que vingt autres stations seront réalisées à l’horizon 2050 pour atteindre la capacité de production annuelle de plus d’un milliard de m3 par an en eau. En ce qui concerne la seconde solution, l’observatoire affirme qu’elle est considérée comme  une « voie d’avenir  puisqu’une fois traitées, les eaux usées peuvent être destinées à différents usages : l’irrigation des espaces verts ou des cultures, la lutte contre les incendies, le lavage des voiries ou encore la recharge des nappes phréatiques. » Il est important de relever que seuls 35% des eaux usées produites au Maroc étaient traitées, le reste est déversé dans l’environnement. Ce qui augmente  les risques de pollution de l’eau et de propagation des maladies. Quoi qu’il en soit, dès lors qu’elles seront généralisées, « ces deux alternatives peuvent contribuer efficacement à atténuer les effets du stress hydrique, à préserver la production alimentaire et à garantir une utilisation efficace et durable de l’eau », conclut l’observatoire.  A titre de rappel, pour économiser cette précieuse ressource, un programme d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation s’étalant sur six ans a été mis en place. Ledit programme « vise d’une part à développer l’offre en eau conventionnelle et non conventionnelle et de l’autre à améliorer la gestion de la demande  et à rationaliser l’utilisation de l’eau tout en satisfaisant non seulement les besoins du milieu urbain mais aussi ceux du monde rural », assurer le CMC expliquant que le plan national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027 et le plan national de l’eau 2020-2050 s’inscrivent dans cette optique. Rappelons également que des mesures proactives et urgentes ont été prises en pour faire face à crise du stress hydrique que connait le pays durant les trois dernières années. Alain Bouithy

Maroc. Des défis restent à relever dans le secteur industriel automobile

Maroc. Des défis restent à relever dans le secteur industriel automobile

Les écosystèmes industriels, la restructuration du secteur et la contribution aux travaux sectoriels et approches multidisciplinaires dans l’industrie automobile au Maroc ont connu des succès, selon le Centre marocain de conjoncture (CMC). Mais en dépit des perspectives de développement prometteuses qu’offre ce secteur, l’observatoire privé et indépendant de l’économie marocaine estime dans sa récente publication mensuelle « Maroc Conjoncture » que des défis restent encore à relever. « Certaines mises en garde restent de mise », constate le CMC dans ce spécial intitulé « Les investissements étrangers au Maroc: Atouts et mesures incitatives » soulignant d’emblée les risques liés à la dépendance vis-à-vis des acteurs internationaux. « Les décisions et les orientations stratégiques peuvent être influencées par les politiques et les priorités des entreprises étrangères », indique le Centre dans sa publication. Ce qui, à son entendement, « limite la souveraineté et l’autonomie du secteur ». Dans un second temps, l’observateur spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture, la prévision et l’évaluation d’impact souligne le besoin pressant d’une grande diversification de la chaîne de valeur. A ce propos, et dans le souci d’assurer la résilience  et la pérennité du secteur automobile au Maroc, le Centre préconise de « développer davantage de capacité de conception, d’ingénierie et de recherche et développement (R&D) au sein du pays, pour surpasser la concentration actuelle des activités autour de l’assemblage et la production de composants spécifiques ». L’autre recommandation contenue dans sa publication est liée à l’impact environnemental pour lequel des efforts supplémentaires doivent être fournis afin de réduire davantage l’impact des nuisances du milieu. Le CMC propose ainsi, entre autres : l’adoption de véhicules électriques, le développement d’une infrastructure de recharge adéquate, la promotion de l’utilisation de sources d’énergie renouvelable ainsi que l’encouragement à des pratiques de fabrication plus respectueuses de l’environnement. Le Centre marocain de conjoncture estime, par ailleurs, que « la coordination doit être améliorée, dans le sens d’un renforcement de la gouvernance des écosystèmes industriels ». Pour y parvenir, il préconise une meilleure collaboration entre les acteurs publics et privés, une communication plus fluide et une prise de décisions plus efficace. Une autre recommandation tout aussi importante consiste à améliorer la formation et les compétences qui restent des points clés de la réussite dans ce secteur. Afin de répondre aux besoins évolutifs de l’industrie automobile au Maroc, d’encourager l’innovation et de garantir une main-d’œuvre qualifiée et adaptable, le CMC estime qu’« il est impératif de continuer à investir dans la formation et le développement des talents ». Il est à souligner qu’en dépit des perspectives positives, le passage à l’électrification et à la décarbonation exige que des défis soient relevés. Le Centre préconise ainsi « de développer davantage l’autonomie des véhicules électriques, de réduire les coûts des batteries, de renforcer l’infrastructure de recharge  et de promouvoir une utilisation plus large des énergies renouvelables pour alimenter les véhicules électriques ». Sur ce sujet, le Centre constate que le Maroc a déployé des efforts notamment dans le développement de l’infrastructure de recharge, mis en place des incitations gouvernementales, encouragé les investissements dans la production de véhicules électriques et la sensibilisation du public. Ce qui ne peut que contribuer à « créer les conditions nécessaires pour réussir cette transition vers une mobilité plus propre et plus durable », a-t-il conclu. Pour rappel, le Maroc a déployé depuis quelques années des actions combinées pour traiter son secteur industriel automobile de manière significative et attirer des investissements substantiels. Comme le souligne le CMC dans sa publication, ces actions se résument dans six axes stratégiques principaux à savoir  le Plan d’accélération industrielle (PAI), la création d’écosystèmes industriels, les partenariats avec les constructeurs automobiles et les équipementiers, la formation de main-d’œuvre qualifiée, les incitations fiscales et les avantages compétitifs ainsi que le développement des infrastructures. Alain Bouithy

Maroc. Les initiatives prises pour stimuler l’essor des start-up n’ont eu que des impacts limités

Maroc. Les initiatives prises pour stimuler l’essor des start-up n’ont eu que des impacts limités

Les nombreuses initiatives annoncées pour accompagner le développement des start-up n’auraient eu qu’un effet limité, si l’on en croit le Centre marocain de conjoncture (CMC). «Même conçues déjà pour stimuler l’essor des start-up», toutes ces initiatives dont certaines ont même été mises en place «n’ont eu que des impacts limités», a estimé l’observateur privé de l’économie marocaine dans sa dernière publication mensuelle «Maroc conjoncture» (mars, N°344). Pour le Centre spécialisé dans l’analyse et le suivi de la conjoncture au Maroc, le problème trouve sa source dans la frilosité des parties prenantes et l’amalgame encore persistant entre une entreprise classique et une start-up. La confusion est telle que la start-up fait aujourd’hui face à une pluralité des difficultés que le CMC relève dans un article intitulé «La start-up au Maroc. Quelle politique de développement». Sur le plan juridique et fiscal, le centre note l’«absence  d’une définition juridique de la start-up ; lourdeur de la procédure de la loi sur les OPCC pour les fonds dédiés à l’amorçage». Autre difficulté importante : le financement limité dû à l’aversion au risque des bailleurs de fonds. Outre l’insuffisance de la culture entrepreneuriale, le Centre constate également que le capital humain manque des softs skills nécessaires au développement des projets. Sans oublier  la problématique de l’accès aux marchés national et international. Pour corriger les insuffisances des politiques et stratégies mises en place pour ce segment d’avenir de la TPME, le CMC note tout de même que le gouvernement a récemment mis en place un ambitieux programme de promotion de l’entrepreneuriat innovant, FORSA. Comme le rappelle le Centre dans sa publication, ce programme, doté d’une enveloppe budgétaire de 1,25 milliard de DH au titre de l’année 2022, cible l’accompagnement de 10.000 porteurs de projets incluant tous les secteurs de l’économie, tout en assurant les principes d’équité régionale et de genre». Le CMC estime que dans la continuité du programme FORSA, il serait souhaitable que soit mise en place une politique spécifique à la TPE et à la start-up. Sous la forme d’un  «Start-up Innovant Act», cette politique devrait englober cinq principaux axes. Dans le premier axe, qui porte sur le juridique, il sera question de rédiger un cadre juridique spécifique aux start-up, y compris les dispositions relatives à la liquidation de celles-ci, réglementer le statut des incubateurs, adapter la réglementation des changes et de l’export pour l’internationalisation des start-up et adapter le système fiscal à la start-up et au fondateur. Le deuxième axe porte sur l’amélioration de l’accès aux marchés. Dans ce cas, il s’agit de créer un Label start-up, accordé par un comité composé de représentants de fonds, des pouvoirs publics et d’experts ; intégrer les start-up au quota des appels d’offres publics et alléger les conditions d’accès des start-up aux marchés stratégiques (banque, assurances, services financiers). Cet axe prévoit aussi d’inciter les grandes entreprises marocaines ou les multinationales locales à accompagner les start-up dans l’accès aux marchés internationaux sous forme de contrats de sous-traitance à titre d’exemple et mettre en place un système de certification des mentors et experts dans l’accompagnement des start-up. Le troisième axe concerne la promotion de l’investissement.  Il est question dans cet axe de considérer les start-up comme des «opérateurs économiques agréés» au sens douanier et les exempter des procédures d’homologation à l’import ; créer une charte autour de la start-up marocaine pour lui permettre d’une part de bénéficier d’aides, de subventions, et d’avantages fiscaux mais également pour faire profiter l’écosystème des synergies de groupes ainsi que réformer la SAS, statut OPCC (conditions, flexibilité, capital, procédure et autres) et/ou créer des véhicules dédiés Concernant le quatrième axe, qui vise à faciliter l’accès au financement, le Centre souligne l’importance de mettre en place des financements bancaires pour l’exportation des start-up et un système d’encouragement financier des chercheurs sur la base du nombre de publications et de dépôts de brevet (subvention des coûts de dépôts de brevets) Enfin, le cinquième axe consiste à mettre en place un accompagnement spécifique de l’Etat aux start-up. Ce qui nécessite de renforcer le soutien public aux structures d’accompagnement et d’accélération des porteurs de projets (financier, technique, mise en  relation et autres), et centraliser l’information relative aux aides publiques adressées aux porteurs de projets innovants. Dans le cadre de cet accompagnement, il sera aussi question d’élaborer un programme national pour le développement de l’esprit entrepreneurial dans les établissements d’enseignement et de réformer l’éducation nationale et introduire le statut de «chercheur» pour promouvoir l’innovation. Alain Bouithy