«Le Maroc devrait renouer avec une croissance de 4% en 2021 ». C’est ce qui ressort de la dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales de la Banque mondiale (BM).
La reprise de l’activité économique résulterait de l’accroissement de la production agricole à l’issue de la période de sécheresse et de l’allégement par l’Etat des mesures de confinement, a expliqué l’institution de Bretton Woods en évoquant les perspectives des pays de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA).
« Le Maroc devrait rebondir à 4% en 2021 à mesure que la production agricole se redressera de la sécheresse et les blocages domestiques se relâchent », a précisé la Banque mondiale. Selon les données recueillies par l’institution internationale, l’économie nationale devrait se contracter d’environ 6,3% en 2020, après avoir enregistré une croissance de 3,1% en 2018 et 2,5% en 2019.
Par comparaison avec les projections de juin 2020, la contraction de l’économie marocaine serait donc beaucoup plus importante que prévu. En effet, dans ses précédentes projections, l’institution internationale avait tablé sur un recul de l’économie marocaine de l’ordre de 2,3% en 2020 avant un léger rebondissement de 0,6% en 2021.
Pour comprendre cette différence, il est important de rappeler que « la production agricole a continué de se contracter au Maroc en 2020 en raison des effets de la sécheresse », comme l’a souligné la Banque mondiale dans son rapport.
Il est à noter qu’en 2022, les dernières estimations de la Banque mondiale situent l’économie marocaine autour de 3,7%. Mais comme elle l’a également rappelé, ses prévisions sont fréquemment actualisées en fonction de nouvelles données et de l’évolution de la conjoncture mondiale.
Dans son rapport, la BM a par ailleurs noté que la pandémie de Covid-19 a provoqué une contraction de la production estimée à 5 % en 2020 dans la région MENA, relevant que le nombre de personnes ayant perdu leur travail a fait un bond dans de nombreux pays et les niveaux d’emploi demeurent faibles.
Dans ce document rendu public récemment, il est aussi indiqué : « Les chocs exercés par la pandémie sur les revenus devraient plonger des dizaines de millions d’habitants supplémentaires sous le seuil de pauvreté de 5,50 dollars par jour ».
A propos des perspectives, il ressort dudit rapport que l’activité économique de la région devrait afficher une modeste reprise de 2,1% en 2021, en raison des dommages persistants provoqués par la pandémie et de la faiblesse des cours du pétrole.
Selon l’institution, « ces perspectives tablent sur la maîtrise de la pandémie, la stabilisation des prix pétroliers, l’absence de toute escalade des tensions géopolitiques et le déploiement de vaccins anti-Covid au deuxième semestre ».
La Banque mondiale a toutefois prévenu que la production économique sera encore inférieure de 8% au niveau indiqué par les estimations établies avant la pandémie, précisant que ces projections sont basées sur l’hypothèse d’une amélioration de la situation pendant une période de deux ans. Elle a en outre ajouté que les effets seront plus marqués pour les pays importateurs de pétrole que pour les pays exportateurs.
Concernant le taux de croissance des pays exportateurs de pétrole, les auteurs du rapport s’attendent à ce qu’il atteigne 1,8% cette année. Une évolution qui serait due « à la normalisation de la demande de pétrole, l’assouplissement escompté des quotas de production de pétrole de l’OPEP+, la poursuite de politiques d’accompagnement et l’élimination progressive des restrictions imposées par les pays en raison de la pandémie », a-t-on expliqué.
S’agissant du taux de croissance des pays importateurs de pétrole, l’institution internationale prévoit qu’il s’élève à 3,2% en 2021 en raison de l’allégement progressif des restrictions imposées aux déplacements et de la lente reprise de la demande intérieure.
Au niveau mondial, après la contraction de 4,3% enregistrée en 2020, l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021. Mais à condition que «le déploiement initial des vaccins contre la Covid-19 débouche sur des campagnes massives de vaccination tout au long de l’année », a soutenu l’institution de Bretton Wood dans sa dernière édition semestrielle des Perspectives économiques mondiales.
La reprise risque néanmoins de rester modeste si les responsables politiques ne passent pas résolument à l’action pour endiguer la pandémie et mettre en œuvre des réformes propices aux investissements, a fait savoir la Banque mondiale.
Persuadée que la pandémie a eu de lourds effets sur l’économie mondiale, la BM a estimé que l’activité économique risque d’être ralentie et les revenus considérablement réduits pendant encore de longs mois. Ainsi, « la priorité immédiate pour les responsables politiques consiste à contrôler la propagation du coronavirus et à organiser rapidement des campagnes massives de vaccination », a-t-elle défendu.
La Banque a, en outre, souligné que « pour soutenir la reprise, les autorités doivent aussi favoriser un cycle d’investissements porteur d’une croissance durable et moins tributaire de la dette publique ».
Alain Bouithy