La résidence du Pasteur Ngoy Mulunda située sur l’avenue Kilwa dans la ville cuprifère s’est vue assiégée par la police congolaise qui en a cassé les portes pour pouvoir arrêter l’ancien président du Bureau de la CENI.
Un grand remue-ménage s’en est suivi sur place. Deux pasteurs adjoints de Ngoy Mulunda arrivés sur les lieux ont été à leur tour appréhendés, tabassés et déshabillés. Ils ont quitté le lieu en tenue d’Adam. » précise écœurée, une même source qui a assisté à la scène de l’arrestation.
Ces policiers ont déclaré agir en mission commandée et sous les ordres du Redoc/Lubumbashi au motif du reproche fait sur le contenu de sa prédication au culte du 16 janvier 2021, à l’occasion de la commémoration des 20 ans de la mort de Mzee Laurent Désiré Kabila. Prédication au cours de laquelle le pasteur Ngoy Mulunda a vivement condamné le tribalisme qui a élu domicile dans la marche des affaires de l’état congolais et le début de l’installation, sous Félix Tshisekedi, d’une dictature contre laquelle avait lutté Mzee L.-D. Kabila.
En visionnant personnellement la vidéo de son homélie, il importe de relever des griefs supplémentaires à mettre à la charge de ce Ngoy Mulunda qui secoue l’épouvantail du séparatisme provincial pour menacer les adversaires de son leader politique. Propos très irresponsables surtout quand ils sortent de la bouche d’un ancien président de la Ceni. Mais qu’à cela ne tienne! De ces paroles tenues lors d’une assemblée de prière où il n’y avait ni char ni bataillon militaire, le fait de décider d’utiliser des méthodes fortes comme celles que j’ai pu observer dans la vidéo finit par écorner l’image de l’état de droit en RDC.
Et à ce sujet, qu’on se souvienne du récent Rapport que venait de publier début janvier 2021 le Bureau des Nations Unies pour le Droit de l’Homme ayant eu à documenter pour l’année 2020, 4113 cas de violations et d’atteintes aux droits de l’homme, soit l’augmentation exponentielle de 35% par rapport à l’an 2019 sur l’ensemble du territoire de la Rd Congo. Après la récente arrestation des jeunes de Lucha marchant pacifiquement pour la paix à Béni, ce énième épisode de Lumbumbashi ne va pas dans le sens de « dédouaner » la responsabilité du pouvoir actuel qui dans plusieurs cas similaires, se montre de plus en plus intolérant à toutes voix discordantes et à l’exercice de la liberté d’expression qui est un droit fondamental inscrit dans la constitution.
A regarder de près le cas du gouvernement congolais qui vient de totaliser trois mois sans tenir aucun Conseil des Ministres, laissant ainsi au seul Chef de l’état le droit ABSOLU de décider à sa guise sur tout ce qui touche à l’Exécutif, après les méthodes sui generis utilisées pour renouveler la Cour constitutionnelle et celles présentement en cours à l’Assemblée nationale pour arracher la majorité parlementaire, tout congolais a le plein droit de se poser cette douloureuse question : de cet état de droit tant vanté dans les discours officiels, ne se dirige-t-on pas plutôt vers la pensée unique et une dérive totalitaire ?
Par Germain Nzinga (Chercheur indépendant)