Le Réseau des Médias Africains pour la Promotion de la Santé et de l’Environnement (REMAPSEN) a organisé, le mercredi 17 juillet dernier, un webinaire sur l’autonomisation des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre (AOC), avec comme invitée Mme Arlette MVONDO, conseillère régionale Violences à l’égard des femmes et des filles, au Bureau régionale de l’ONU Femme pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre.
L’autonomisation des femmes et des filles en Afrique de l’Ouest et du Centre est un enjeu crucial pour le développement durable et la réduction de la pauvreté dans la région. Pour relever ce défi, l’accès à une éducation de qualité est fondamental. Cela inclut non seulement l’accès à l’école primaire et secondaire, mais aussi l’enseignement supérieur et la formation professionnelle.
« Si on insiste sur la question d’autonomisation des femmes, c’est parce que, de manière générale, lorsque vous regardez la population est à 52% de femmes dans le monde. Cela veut dire qu’on doit faire des investissements sur les femmes si on veut parvenir à un haut niveau de développement souhaité. D’où la prise en compte de ces questions de genre au niveau de l’élaboration des politiques de développement », a déclaré Mme Arlette Mvondo.
Des avancées significatives : contexte et incidences
Selon Mme Arlette Mvondo, avant de parler des incidences, il faut parler du contexte, parce que pour comprendre pourquoi on doit investir sur les questions de d’autonomisation des femmes, il faut comprendre le contexte.
« Depuis la première édition de la conférence de Beijing, Il y a eu énormément d’avancées sur tous les plans. Mais je pourrais dire qu’au niveau de notre région, Afrique de l’Ouest et du Centre, la principale avancée a été l’amélioration du cadre normatif, c’est-à-dire l’adoption des conventions internationales, régionales. Et au niveau pays, des lois qui ont donné un cadrage et ont permis de promouvoir, de respecter et de protéger les droits des femmes », soutient Mme Arlette Mvondo.
« Lorsque je parle des droits des femmes ici, c’est vraiment les droits fondamentaux, donc l’accès à l’éducation, à la santé, à l’emploi décent et à une rémunération au regard de ce que nous offrons en matière de droit de travail, dans ses droits fondamentaux, sont importants et ça a permis de revoir à la hausse, par exemple, l’âge du mariage, donc, ce n’est plus forcément douze ans dans certains pays. Ça permet de revoir l’accès, par exemple, aux offres de méthodes contraceptives » ajoute-t-elle.
A noter qu’en dépit d’une situation alarmante qui demeure dans notre région, il y a eu des avancées significatives sur les cas de violences faites aux femmes et aux filles au regard des défis que la région. L’on peut dire que ce cadre normatif a été très important. Au nombre des avancées figure aussi il y a des ministères qui sont dédiés spécifiquement pour travailler sur les questions d’égalité hommes-femmes et d’autonomisation des femmes.
Le financement, un goulot d’étranglement
Selon Arlette Mvondo, « les budgets alloués à ces différents ministères, cela ne permet pas d’avancer de manière significative tel qu’on le souhaite, mais n’oublions pas que nous travaillons sur des questions de changement social qui prennent du temps ». Elle a des problèmes structurels qui sont ancrés dans les normes sociales, dans les questions de tradition, dans les questions de culture. Mais ce n’est pas un obstacle, c’est juste pour dire que ça va prendre du temps, ça demande des investissements et ça demande une collaboration et une implication de tous.
L’éducation, l’élément central
« Lorsqu’on parle de questions d’incidence et d’impact véritable, j’ai envie de dire que l’éducation est la clé de tout ce que nous faisons », martèle Arlette Mvondo. Elle ajoute que « si nous avons des taux ou si nous arrivons à atteindre et surpasser même les minimums standards en matière qui sont requis en matière d’éducation, vous voyez déjà l’incidence…une forte représentation des femmes dans tous les secteurs de la vie et cela contribue immédiatement au relèvement du produit intérieur brut. Les dépenses que nous faisons sur le plan, par exemple, de la violence à l’égard des femmes sont énormes et je peux vous dire que ça représente 0,4% du PIB, dont vous voyez déjà l’impact. Donc, si on arrive à réduire les violences à l’égard des femmes qui sont faites dans notre région, on arrive à faire des gains au niveau du produit intérieur brut. Les questions de mortalité maternelle que nous avons et pour lesquelles les pays de l’Afrique Subsaharienne, notamment les pays de notre région, ont des taux également assez alarmants. Je bois ici le Nigéria et Tchad ».
« Donc, si nous investissons sur les femmes en matière d’éducation, de santé, au niveau économique, nous allons pouvoir récupérer toutes ces dividendes et donc travailler main dans la main. Mais avec les autres acteurs de la société, justement pour permettre à nos pays de se développer sur le plan économique, social, culturel, politique et technologique. Qu’elles puissent terminer l’enseignement primaire, terminer l’enseignement secondaire, aller à l’université, réaliser leur rêve de devenir médecin, magistrats, femmes d’affaires, etc. Dont c’est cette capacité dont nous parlons, qui permet donc, plus tard, de pouvoir faire des choix conséquents. Et ces choix qui permettent maintenant de contribuer à la vie économique et, pourquoi pas, de relever le produit intérieur brut », a conclu Arlette Mvondo.
Wilfrid Lawilla Diankabakana