Gouvernance économique, judiciaire, socio-sanitaire et éducatif : sursaut pour corriger une trajectoire mal engagée ?

TRIBUNE. La deuxième quinzaine du mois de janvier 2025 est marquée par l’affaire Okombi Salissa et le premier conseil des ministres . Des faits parmi tant d’autres qui interrogent sur la qualité de la gouvernance au Congo.

Sur les fonds baptismaux du PCT, le 25 mars 2025, Denis Sassou Nguesso va se positionner pour l’élection présidentielle de 2026. Certes, pipé d’avance, mais il redoute le printemps noir qui a emporté Ali Bongo Ondimba qui avait pourtant toutes les cartes de la tricherie en mains. Ainsi, face à la pression continue sur les besoins essentiels de la population dont le grondement de l’insatisfaction s’amplifie, le 18 janvier 2025, lors du 1er conseil des ministres du gouvernement Makosso III, M. Sassou a tancé ses ministres. L’élection présidentielle de 2026 s’annonce grave, sans résultats dans l’électricité, l’eau, les routes, les hôpitaux, les universités, les infrastructures agricoles et énergétiques, qui sont des priorités absolues connues et reconnues par lui-même depuis 30 ans qu’il est avec nombre de ces incompétents au gouvernement. Espérer un changement maintenant est simplement de la folie ! Le Congo est passé du rouge au noir : rien ne va plus et tout va à rebours.

Mobiliser les ressources financières et humaines comme unique réponse ?

C’est la solution dictée par M. Sassou. On peut se demander par ailleurs si c’est possible de faire du nouveau avec du vieux ? C’est un monumental et éternel coup d’épée dans l’eau !
Un regard évasif nous emmène dans l’Électricité et l’Eau, des secteurs clés d’une nation qui sont en réalité des domaines de souveraineté patriotique de l’État. Mais par incompétence et ignorance, ils ont été privatisés. Cette privatisation appropriative de E2C et LCDE par Gilbert Ondongo et Jean jacques Bouya (JJB) explique leur affaissement. Mais tout peut être rattrapé si les dignitaires mettent leurs intérêts de côté et associent toutes les intelligences. En fait, il suffit : de revenir sur les deux statuts juridiques et de remettre ces sociétés d’États dans le giron du portefeuille public en éliminant la chaîne des fournisseurs véreux (type ENCO dirigé par Roger Kwama Matiti avec comme PCA, Jean-Marc Boukoro Nkombo, époux de la nièce de M.Sassou, Mwabé Ndinga Oba) et le groupe banque mondiale à travers IFC fournira la recapitalisation et le monitoring nécessaire. Délais pour arriver aux résultats : 7 mois !

-pour les routes, il faut se tourner encore une fois vers monsieur 21.000 milliards, JJB qui doit rapatrier les fonds cachés à Hong-Kong, Macau, etc ! Des chaussées en mix terre battue et briques rouges ou pavés seront de la partie avec la méthode HIMO. Des contrats aidés financés par la convention France-Congo appelée C2D que Christian Yoka connaît bien ferons l’affaire pour payer les cantonniers : délais de résultats : 9 mois !

Que dire des Hôpitaux et des évacuations sanitaires, des université etc. ?

Dans la loi de finances 2025, le budget de la santé représente 8,29% (211 milliards de francs CFA), très loin des 15% recommandés par l’OMS ou les 18,2% pratiqués par les USA. Rappelons qu’en 2020 seulement, ce budget était de 4,4%… en étant réputé être consacré à la construction de nouveaux hôpitaux généraux ou la réhabilitation des plateaux techniques anciens en version modernes. Mais depuis 25 ans de sulfureuse politique de grands travaux rien n’a été réalisé. Bien au contraire tout est détruit. Et les morts se comptent en centaines de milliers par an. La carte sanitaire montre dans le secteur public un total de 8 Hôpitaux Généraux, 31 hôpitaux de base/districts, 320 Centres de Santé Intégrés (CSI) dont 224 à Paquet Minimum d’Activités Santards (PMAS) et 96 à Paquet Minimum d’Activités Élargies (PMAE) et 232 dispensaires.

Dans le secteur privé, ce sont 54 cliniques, 71 centres médico-sociaux, 167 cabinets médicaux, 19 cabinets dentaires, 11 cabinets de kinésithérapie et 499 cabinets de soins infirmiers. À côté, les dignitaires et leurs parents sont évacués en Europe à coups de centaines de milliards de FCFA, consacrant une véritable république à deux vitesses. Les évacuations, la corruption et la mauvaise gestion sont l’apanage des dirigeants. En 2019, le coût des évacuations sanitaires à l’étranger a représenté quasiment 100% du budget de la santé de l’exercice (soit 157,48 milliards de FCFA). Les critères objectifs de ces prises en charge tous azimuts par l’État sont impossibles à connaître en l’état actuel des choses.

Jean Rosaire Ibara n’inspire d’ailleurs aucune confiance pour gérer les structures sanitaires, y compris de la part des anciens prestigieux tels le Pr Assori Itoua Ngaporo ou Christophe Mbouramoué ayant créé et dirigé l’INSSA. Accusé de détournements massifs de fonds à l’université Marien Ngouabi pour monter ses deux cliniques, ce gastroentérologue réputé pour ses perforations endoscopiques stomachales dans les années 90 a laissé des cicatrices très profondes et douloureuses partout où il est passé. La vraie clé dans ce secteur est la qualité de la formation qui s’est affaissée, notamment à la FSSA, … ! En effet, la formation des médecins est tellement au rabais qu’on a aujourd’hui des équivalents de garçons de salle/infirmiers qui ont été hissés au rang de docteurs au CHU grâce à un circuit de tricherie internationalement dénoncé au niveau du concours d’agrégation de médecine du CAMES. Demandez au Pr Hervé Iloki qui y a contribué pour des raisons d’hégémonie tribale depuis 2001 si dans les REHFRAM c’est le même chaos depuis 2023 !

Pour remediez à ces chaos, Il faut entre autres :

* exiger un retour au recrutement sérieux en première année et sélectionner une cohorte expresse et spéciale d’au moins 350 jeunes, bacs scientifiques exclusivement (et non littéraires ou techniques comme c’est devenu le cas) pour une formation d’urgence financée par l’état.
* 10 professeurs expatriés devront venir, c’est plus simple et plus efficace.
* structurer le système d’évacuation
• limoger les directeurs généraux incompétents, à l’instar de celui du CHU de brazzaville, dont les résultats sont médiocres etc. Délais des résultats : 6 ans !

-Les questions dans le secteur de la pharmacie sont toutes aussi graves : on y trouve des pharmacies parallèle à côté de 192 officines et 155 dépôts pharmaceutiques caporalisés par une poignée de sept organisations grossistes du pouvoir : SEP (Société équatoriale pharmaceutique) de Nicole Evelyne Mavré-Gigault fille héritière de son père, Robert-Léon Mavré-Gigault et de sa mère, Simone Patard ; LABOREX (affilié à CFAO Healthcare est dirigé par Ndoye Moustapha, Didier Tsomambet et Lise Dossot) ; UBIPHARMCONGO (avec Hyacinthe Ingani en qualité de PCA, elle est dirigée par le réseau UBI Pharm dont le DG est David Appolinaire Bemba et les administrateurs Jagger Mpandzo, Jean-Charles Claude Ongoli et Philippe Ludovic Ambeto).

-Pour les universités, le problème est le même que la FSSA. Trop de tricheurs promus Professeurs grâce au vol et à la corruption. Au-delà des structures, se pose l’épineux problème du personnel médical qui est très mal rémunéré. Le département de philosophie par exemple crée des docteurs en philosophie chaque année alors qu’ils sont inutiles au processus de production. Le système éducatif bien que nous y reviendrons, est relégué au plus bas niveau témoins, le budget alloué à l’éducation et des enseignants maltraités. Les enseignants sont obligés de grever pour prétendre percevoir leurs émoluments.

Les infrastructures agricoles et énergétiques dépendent de la réponse du Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public en termes de financement structurés et à taux confessionnels rendus disponibles. Délais de résultats : 7 mois ! Les mécanismes des finances publiques peuvent-ils être réformés ? Parler de ce sujet et du climat des affaires, requiert d’abord une justice. Mais au Congo, elle est à deux vitesses témoins, l’affaire Okombi et bien d’autres.

Le scandale judiciaire sur l’affaire Okombi Salissa

Le 16 janvier 2025, l’épouse d’André Okombi Salissa et ses enfants ont été expulsés de leur résidence par la gendarmerie nationale commis par l’huissier de justice qui exécutait une décision judiciaire rendue par Jean Ngombo, président de la chambre civile de la Cour d’Appel. Cette décision stipule : « …la République de Bulgarie, représentée par son ambassadeur auprès de la République du Congo, seule et légitime propriétaire du terrain cadastré parcelle n 97, section 0, d’une superficie de 982m2, sise au quartier dit « La Poste », objet du titre foncier n°1571… ».

Par ailleurs, la famille Okombi évoque des faits erronés parce qu’elle détient un titre foncier, n°1930 délivrée en bonne et due forme par le Conservateur. Pire, cette propriété n’appartient pas à Gisèle Ngoma mais plutôt à la fille d’Okombi Salissa, Kidzié Cindy Victoria. Cette dernière vient de lancer une procédure pour rentrer dans ses droits. Questions :
– comment le président Jean Ngombo n’a – t – il pas ordonné, un transport sur les lieux ( à la résidence querellée) et à la Conservation pour vérifier l’authenticité du titre ?
– cette décision ne ressemble pas à un arbre qui cache la forêt ?
– veut-on ébranler le moral et précipiter la mort d’Okombi Salissa comme ce fut le cas du colonel Marcel Ntsourou ?
– veut-on pousser le peuple à se rebeller ou c’est un ballon d’essai pour voir comment il va réagir face à la tricherie de M. Sassou en 2026 ?
– Anatole Collinet Makosso serait il lié à ce qui ressemble à un complot contre Okombi Salissa jusqu’à ce que les deux maisons de son fils entrepreneur depuis des années soient visés ? Nous ne croyons pas que MM. Sassou et ACM soient mêlés dans cette affaire sauf s’ils laissent l’arbitraire.

En conclusion, les Congolais du nord au sud doivent bannir, la jalousie, le tribalisme, pour prétendre former un État fort et faire les choses selon les règles de l’art. Ceux qui sont en Occident doivent se former pour sortir le pays qui se trouve dans la gadoue. Les opposants doivent bâtir de vraies stratégies pour renverser la vapeur.

Ghys Fortune BEMBA DOMBE

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