Le lundi 28 novembre 2022, le président de la République s’est adressé aux Congolaises et aux Congolais par un discours sur l’état du Congo-Brazzaville en 2022, discours que le chef de l’Etat délivre habituellement au mois de décembre, à la veille des fêtes de fin d’année.
De fait, il ne s’est pas agi d’un discours sur l’état de la nation, dont la vocation traditionnelle est de présenter avec objectivité et rigueur, la situation générale et réelle d’un pays pour l’année en cours, en indiquant avec précision et concision, les réalisations physiques des actions programmées pour l’année, les ressources financières engagées, ainsi que les faiblesses de l’action gouvernementale, les défis à relever et les réponses appropriées à apporter.
En lieu et place d’un état de la nation, tel que défini ci-dessus, le chef de l’Etat congolais a prononcé un discours de campagne électorale dans lequel, tordant le cou à la vérité des faits sur le terrain, il a présenté un bilan largement positif de l’action gouvernementale pour l’année 2022. Ce discours a été émaillé de nombreuses promesses et a fait l’impasse totale sur la situation sociale très préoccupante des couches populaires, alors que les populations attendaient du président de la République, l’annonce d’actions concrètes, appropriées et fortes, visant l’amélioration de leur pouvoir d’achat gravement érodé par les hausses abusives des prix des denrées alimentaires de première nécessité. Il s’est agi, non pas d’un état du Congo en 2022, mais d’un discours électoral lénifiant, ayant pour but de magnifier l’action gouvernementale, aux fins de faire croire à l’opinion nationale et internationale que le bilan de l’Etat/PCT est largement positif, et ainsi, tromper les consciences insuffisamment averties.
Dans son adresse à la nation, le président de la République s’est employé à faire croire que contrairement aux affirmations de l’opposition, le Congo est bel et bien gouverné, qu’il n’a pas reculé d’un pouce, loin s’en faut, mais qu’il a, au contraire, fait un bond remarquable en avant dans tous les secteurs de la vie nationale, comme en témoignent les avancées significatives réalisées dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des infrastructures de base, de l’agriculture avec les zones agricoles protégées, de l’économie avec le lancement du processus de déploiement des zones économiques spéciales et surtout, avec la stratégie du partenariat public/privé, qui va booster les investissements privés.
Toutes ces affirmations du chef de l’Etat sont démenties par la réalité sur le terrain, réalité marquée entre autres, par :
– l’effondrement de l’économie nationale ;
– la faillite des systèmes d’enseignement, de santé, de recherche scientifique et d’innovation technologique ;
– la dette publique abyssale (116% du PIB) ;
– la très grande dépendance alimentaire du pays par rapport à l’étranger (le Congo dépense chaque année plus de 700 milliards de francs CFA, au titre des importations des produits alimentaires et agricoles) ;
– l’épuisement des réserves internationales de change (aujourd’hui le Congo n’importe les produits qu’il consomme que grâce à la gestion commune des réserves de change de l’ensemble des pays de la CEMAC) ;
– l’illiquidité générale de l’économie ;
– l’illiquidité de l’Etat ;
– l’incapacité du gouvernement à assurer les paiements courants (salaires, pensions, bourses, service de la dette) ;
– l’extrême pauvreté des populations ;
– l’explosion de la morbidité et de la mortalité dans toutes les familles congolaises ;
– les inégalités et injustices sociales criardes;
– le délitement de l’unité et de la concorde nationales ;
– la montée en flèche des comportements déviants, notamment l’exacerbation des crispations géo-ethniques, le népotisme, l’ethnocentrisme, le régionalisme, la préférence ethno-régionale, la corruption, la concussion, l’appropriation personnelle des biens de l’Etat, le détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite, les violences urbaines, les violences en milieu scolaire, les violences faites aux femmes, etc. Telle est, sans addition étrangère, la réalité congolaise en 2022. Toute autre façon de la présenter relève du travestissement.
Abordant les questions économiques et financières, le président de la République a indiqué que l’économie congolaise se redresse et qu’en 2022, le taux de croissance est évalué à 2,6%. Cependant, le chef de l’Etat a oublié de nous dire deux choses : d’une part, que le taux de croissance évoqué est dû, non pas aux performances économiques de notre pays, mais tout simplement, à la hausse du prix du baril de pétrole sur le marché mondial à la suite de la guerre d’Ukraine (le renchérissement du pétrole a rapporté au Congo, une cagnotte, évaluée par le gouvernement lui-même, dans le collectif budgétaire, à près de 800 milliards de francs CFA) ; d’autre part, que la croissance dont il parle n’induit pas une amélioration du vécu quotidien des populations et ne s’accompagne pas de l’élévation du pouvoir d’achat du plus grand nombre. Elle est une croissance creuse, c’est-à-dire, non inclusive. Malgré les 2,6% du taux de croissance, 95% des Congolais continuent de vivre en dessous du seuil de pauvreté.
Par ailleurs, portés uniquement par la volonté de s’enrichir à des fins personnelles, les tenants du pouvoir passent le plus clair de leur temps à réfléchir sur les stratégies à mettre en œuvre pour grossir leurs comptes bancaires dans les paradis fiscaux. Ainsi, après la stratégie « des municipalisations accélérées » des années 2004-2016, qui leur avait permis de s’octroyer tous les marchés publics juteux et qui a fait de plusieurs d’entre eux des multimilliardaires, ils viennent d’inventer une nouvelle stratégie leur permettant de blanchir les fortunes colossales qu’ils ont amassées et cachées, soit dans des domiciles privés, soit dans des cimetières ou placées dans les paradis fiscaux.
Aux fins de recycler l’argent public qu’ils ont détourné, plusieurs tenants du pouvoir ont, en violation des articles 81 et 106 de la Constitution, créé par des intermédiaires (Libanais, Chinois, Indiens, Rwandais, membres des entourages immédiats), des entreprises privées, candidates au partenariat public/privé. Astucieux, ils ont habillé cette stratégie de blanchiment de l’argent public détourné, du nom pudique de : « partenariat public privé». Or, au Congo, il n’y a pas d’opérateurs économiques nationaux ayant une surface financière suffisante pour participer au financement de l’économie nationale.
De ce fait, le privé national qui est interpelé pour prendre des participations dans des entreprises mixtes avec l’Etat, ne sera constitué pour l’essentiel, que par des entreprises appartenant aux tenants du pouvoir ou à leurs entourages immédiats, c’est-à-dire, leurs propres entreprises. Cette stratégie est une ruse politique destinée à bluffer l’opinion nationale. Elle réfère au délit de conflit d’intérêt. La Constitution en vigueur interdit strictement au président de la République, au Premier ministre et aux membres du gouvernement, par eux-mêmes ou par intermédiaire, d’acheter ou de prendre en bail, les biens appartenant aux domaines de l’Etat et des collectivités locales.
Le chef de l’Etat s’est en outre appesanti sur la crise alimentaire actuelle et l’inflation galopante qu’elle génère. Il a repris à son compte et égrené les promesses ronflantes contenues dans le plan de résilience du gouvernement. Comme nous l’avons montré dans notre Tribune, publiée sur les réseaux sociaux, le dimanche 27 novembre 2022 et intitulée :
« L’inflation galopante étale au grand jour l’incapacité de l’Etat/PCT de gouverner », il y a un fossé abyssal entre les proclamations tapageuses contenues dans ce plan du gouvernement et la réalité sur le terrain. En effet, dans ce plan, le gouvernement prétend avoir mis en œuvre une batterie de mesures destines à garantir dans l’immédiat et à court terme, les approvisionnements en biens alimentaires, stabiliser les prix des produits alimentaires de base, renforcer la production nationale en matière alimentaire. Ces mesures sont les suivantes :
1- Promouvoir une politique de substitution aux importations en encourageant le développement de la production locale par les produits de base (huile végétale, farine, volaille, viande bovine et porcine, développement des intrants agricoles, etc.) ;
2- Faciliter le transport des produits agricoles depuis leur bassin de production vers les centres de consommation, grâce à la réhabilitation des voies de transport routier, du transport ferroviaire, par la réhabilitation de la voie ferrée et l’amélioration de la capacité de traction du CFCO, ainsi qu’une facilitation du transport fluvial, par l’amélioration de la navigabilité permanente des cours d’eau et celle des capacités des unités navigantes et des infrastructures portuaires ;
3- Fixer par voie réglementaire une liste des produits alimentaires et agricoles essentiels qui devraient faire l’objet du soutien de l’Etat ;
4- Mobiliser les banques locales qui seront appelées à échanger avec le gouvernement lors d’une table-ronde dédiée, afin de mettre en place un système de facilitation d’octroi de crédits bonifiés aux producteurs, avec l’aide et le soutien de l’Etat ;
5- Mettre en place dans les meilleurs délais un guichet en faveur des producteurs agricoles concernés, afin de les identifier et de faciliter leur soutien ;
6- Appliquer avec énergie et pragmatisme, toutes les mesures administratives, fiscales et parafiscales existantes, afin de faciliter la politique nationale de dynamisation de l’offre alimentaire et agricole nationale ;
7- Supprimer, pendant douze mois, les droits de douane des produits alimentaires de base et intrants agro-pastoraux et halieutiques ;
8- Bloquer de manière temporaire, les prix des produits de première nécessité et interdire l’exportation de certains poissons issus de la capture faite dans les eaux territoriales congolaises.
De toutes ces mesures, seule, la suppression de la taxe d’importation a été exécutée. Pour le reste, rien, absolument rien n’a été fait. L’exécution physique des mesures annoncées n’a pas été réalisée. Les actions et les financements n’ont pas suivi les promesses. Face à cette situation, les populations se demandent quel usage est donc fait des 128 milliards 300 millions de francs CFA, inscrits dans le collectif budgétaire, pour financer le plan de résilience ?
Par ailleurs, le président de la République a fait une impasse totale sur la situation sociale tragique des populations. Il n’a soufflé aucun mot sur l’enfer terrestre que vivent les fonctionnaires des mairies du Congo (Dolisie, Mossendjo, 68 mois d’arriérés de salaire ; Nkayi, Ouesso, 64 mois ; Pointe-Noire, 10 mois), les retraités de la CRF (3 ans et 3 mois d’arriérés de pension) ; les étudiants au Congo et à l’étranger (de 3 à 5 ans d’arriérés de bourse selon les cas) ; les anciens travailleurs des entreprises publiques liquidées ( plus de 10 ans de non-paiement des droits sociaux). Le peuple congolais meurt de faim au milieu de son pétrole. La misère des Congolais n’émeut nullement le chef de l’Etat congolais qui n’est préoccupé que par deux choses : la préservation du pouvoir par la force et sa succession par son fils,
Pourtant, comme l’écrivait François Guizot dans son ouvrage, Des moyens de gouvernement et d’opposition dans l’état actuel de la France (1821) : « Tout gouvernement, pour assurer sa survie, doit satisfaire aux besoins de la société qu’il régit et chercher ses racines dans les intérêts moraux et matériels de son peuple ». L’exercice du pouvoir et l’écoute de la société sont indissociables. Conscient de cette exigence, le chef de l’Etat a égrené comme à son habitude, de nombreuses promesses. Il s’agit notamment de :
• la mise en place en 2023, d’une caisse d’assurance-maladie universelle (projet dont le pouvoir nous rebat les oreilles depuis plus de 10 ans) ;
• l’apurement de la dette intérieure, sociale et commerciale ;
• le paiement régulier des salaires et des pensions ;
• la modernisation des systèmes d’enseignement et de santé ;
• la restauration et la modernisation des cités universitaires à l’Université Marien Ngouabi ;
• le recrutement de près de douze mille jeunes ;
• la mécanisation de l’agriculture et le développement des zones agricoles protégées ;
• la promotion des structures de production d’aliments de bétail et du poisson ;
• l’amélioration du climat des affaires ;
• la promotion des industries minières et chimiques ;
• la lutte contre les antivaleurs ;
• la réhabilitation de la culture de la sanction ;
• la mise en œuvre sans délai de la décentralisation ;
• la lutte contre les violences urbaines, les violences en milieu scolaire, les violences faites aux femmes ;
• la consolidation de la paix.
Il va sans dire que toutes ces promesses connaîtront le même sort que celles proférées par le passé qui n’ont jamais été tenues et qui ont été renvoyées aux calendes grecques.
Le président de la République a aussi insisté sur la transparence dans la gestion des affaires publiques et l’impérieuse nécessité de lutter contre les antivaleurs, c’est-à-dire, le vol, la corruption, la concussion, le détournement des deniers publics, l’enrichissement illicite. Sur ce sujet, il s’est défaussé sur la justice et le parlement, accusés par lui de ne pas remplir leur office. Pour rappel, d’après la Constitution, le pouvoir de sanctionner appartient en premier lieu au président de la République, car, c’est lui qui nomme le Premier ministre et les autres membres du gouvernement. C’est encore lui qui nomme en Conseil de ministres, aux hautes fonctions civiles et militaires.
En vertu du principe du parallélisme des formes, c’est l’instance qui nomme qui a le pouvoir de sanctionner. En se défaussant sur la justice et le parlement, le chef de l’Etat refuse d’assumer son impuissance à sanctionner les tenants du pouvoir, coupables de scandales économiques et de corruption, documentés par les Panamas Papers, les Pandoras Papers, Médiapart, Publiez ce que vous payez, Global Whiness. Sous son règne, l’impunité est érigée en méthodes de gouvernement. Les délinquants en col blanc sont assurés d’une totale immunité.
Il faut enfin souligner que l’appel à la paix lancé par le président de la République sonne faux, car, on ne peut pas vouloir dans le même temps, une chose et son contraire. En effet, au même moment où il appelle à l’unité nationale et à la paix, le chef de l’Etat congolais prépare la guerre, en vue de sa succession par son fils. Dans ce cadre, il a recruté de nombreux mercenaires de diverses nationalités (Rwandais, Tchadiens, Centrafricains, Russes, positionnés à Mindouli dans le département du Pool, à Oyo et Obouya dans le département de la Cuvette, à Ewo dans le département de la Cuvette-Ouest et entre Gamboma et Ollombo, dans le département des Plateaux).
Dans la même optique, il a acheté une quantité énorme d’armes et de munitions de guerre, gardées, non pas dans les camps militaires habilités, mais, dans des sites secrets, connus delui seul et des membres rapprochés de sa famille. De même, il continue de garder dans ses geôles, des responsables de l’opposition, tels, le général Jean-Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa, qui n’ont commis d’autres crimes que de s’être portés candidats contre lui à l’élection présidentielle de 2016, et surtout, d’avoir refusé de reconnaître sa victoire usurpée. Récemment, Destin Gavet, acteur politique congolais a été arrêté et incarcéré à Pointe-Noire, pour avoir donné son opinion sur le discours à la nation, délivré par le chef de l’Etat, le 28 novembre 2022. Alors, de quelle paix parle le chef de l’Etat congolais ?
Au total, la manœuvre visant à présenter le bilan de l’Etat/PCT comme un bilan largement positif a échoué, car, comme le déclarait un acteur politique contemporain : « On peut tromper une partie du peuple pendant une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple, pendant tout le temps ». Le peuple congolais, qui vit au quotidien les conséquences dramatiques de la politique prédatrice, antisociale et néfaste de l’Etat/PCT n’est pas dupe. Il sait que la société congolaise d’aujourd’hui est une société fracturée dans laquelle, les tenants du pouvoir se sont construit des fortunes colossales au moyen des rapines, tandis que le peuple croupit dans l’extrême pauvreté. En effet, sous le long règne du président Denis Sassou Nguesso, les tenants du pouvoir et leurs entourages immédiats se vautrent dans l’opulence et un luxe insolent, tandis que les populations broient du noir chaque jour qui passe. Le Congo est riche, mais les Congolais sont pauvres.
Depuis les années 1980, le président de la République répète le même discours dans lequel il promet chaque année, monts et merveilles aux Congolais. Dans la pratique cependant, les promesses mielleuses ne sont jamais tenues. Ainsi, l’autosuffisance alimentaire et la santé pour tous, promises pour l’an 2000, n’ont pas été réalisées jusqu’à ce jour, c’est-à-dire, après près de 40 ans. Il en va de même de la création de 40 000 emplois par an, inscrite dans le programme « la Nouvelle Espérance », du traitement automatique des dossiers de retraite, de la gratuité de la césarienne pour les femmes enceintes, de la gratuité des soins de santé contre le paludisme pour les enfants de 0 à 15 ans et pour les femmes enceintes, de la gratuité de l’école, de la gratuité de la délivrance des pièces d’état civil, tels, le certificat de nationalité, le casier judiciaire, la carte nationale d’identité, de l’instauration de l’assurance maladie universelle, de la lutte contre les antivaleurs, de la gouvernance sociale et solidaire, de la paix.
Ces promesses mirobolantes n’ont pas été tenues et ne le seront jamais sous l’ère de l’Etat/PCT. Aujourd’hui, aucun Congolais ne croit plus aux promesses du président de la
République en exercice. Il est au pouvoir depuis près de 40 ans. Il a eu beaucoup d’argent public pour réaliser ce qu’il promettait chaque année. Comme chaque Congolais le sait, de 2003 à 2014, le budget de l’Etat variait entre 3 et 4 mille milliards de FCFA. Pendant cette période faste, le Congo a engrangé des excédents budgétaires d’un montant de 14 mille milliards de FCFA, qui seraient placés selon le pouvoir dans un compte de réserve pour générations futures, mais en réalité, enfouis dans les paradis fiscaux. Plus près de nous, les excédents budgétaires dégagés en 2021 et 2022 ne ressortent pas dans les ressources des budgets de 2022 et de 2003.
Ce n’est pas dans la conjoncture économique difficile actuelle, marquée entre autres, par l’effondrement de l’économie nationale, l’illiquidité de l’Etat et son surendettement que le président de la République pourra réaliser ce qu’il n’a pas pu faire en 40 ans, alors qu’il en avait très largement les moyens. Le message à la nation, délivré par le chef de l’Etat, le lundi 28 novembre 2022 est une nouvelle imposture de l’Etat/PCT. Ce dernier n’a plus rien à proposer au pays. Il a fini son cycle.
Nous exigeons la libération immédiate et sans conditions de tous les prisonniers d’opinion, dont le général Jean-Marie Michel Mokoko, André Okombi Salissa, Destin Gavet.
Le Congo Brazzaville est un grand malade qu’il nous faut soigner. Si nous n’y prenons garde, ce sera trop tard et immensément regrettable. Le sursaut, c’est maintenant. Unissons-nous. Oublions ce qui nous divise.
Fait à Brazzaville, le 2 décembre 2022
La Conférence des présidents