
LIBRES PROPOS. Les relations entre Brazzaville et Paris traversent actuellement une zone de turbulences. Depuis que la justice française a émis un mandat d’amener contre la Première Dame du Congo dans le cadre de l’affaire des « biens mal acquis », la tension est montée d’un cran entre les deux capitales.
Fin février, la police française a perquisitionné le domicile parisien de la Première Dame, situé avenue Rapp, dans le cadre de cette enquête. À la suite de cette opération, la visite officielle du Président Denis Sassou Nguesso en France a été reportée in extremis.
Face à cette situation, le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean-Claude Gakosso, a convoqué l’ambassadeur de France à Brazzaville pour exiger des explications et exprimer le mécontentement du gouvernement congolais. Par ailleurs, le Premier ministre Anatole Collinet Makosso s’est exprimé dans Jeune Afrique, dénonçant la précipitation avec laquelle la Première Dame a dû regagner Brazzaville, alors qu’elle bénéficie, selon lui, d’une immunité diplomatique en vertu de la Convention de Vienne. Toutefois, en droit, un passeport diplomatique ne confère pas d’immunité judiciaire, mais seulement des facilités de passage aux frontières.
Dans un article du Canard Enchaîné, il est révélé que le Président Denis Sassou Nguesso a adressé une missive pour protester contre le juge d’instruction ayant émis le mandat contre son épouse. Le chef de l’État congolais juge cette convocation injuste et considère cet acte comme une marque d’hostilité de la part de la justice française.
En guise de réponse, la présidence congolaise a officiellement annulé la visite du chef de l’État à Paris, probablement pour signifier son indignation face à ce qu’elle considère comme un acharnement judiciaire. La France, désormais affranchie des mécanismes de la Françafrique, laisse sa justice agir librement, comme l’illustre la condamnation de l’ancien président Nicolas Sarkozy dans les affaires du financement libyen et des écoutes téléphoniques illégales. Cet épisode démontre une fois de plus que, dans l’Hexagone, la politique ne doit plus interférer avec le judiciaire.
Le dossier des « biens mal acquis » apparaît ainsi comme un levier de pression de la France sur les dirigeants africains, et particulièrement sur Denis Sassou Nguesso, à l’approche de l’élection présidentielle de 2026. Paris pourrait s’en servir pour influencer la scène politique en Afrique centrale et au Congo.
Du côté de l’opposition congolaise, certains voient dans cette situation une opportunité. Ils espèrent que le Président Emmanuel Macron saura contraindre Denis Sassou Nguesso à quitter le pouvoir avant 2026, en utilisant ce dossier brûlant comme moyen de pression.
Seul l’avenir nous dira quelle tournure prendra cette affaire.
> « Il n’existe point de rapports entre les nations ; elles n’ont que des intérêts respectifs, et la force fait le droit entre elles. » – Saint-Just.
> “La pression consiste à devoir faire une chose pour laquelle vous n’êtes pas vraiment préparé.” – Harvey Mackay.
Fait à Montréal, le 26 mars 2025.
Evrard NANGHO
Le Patriote.