RDC. Gén. Christian TSHIWEWE vs Joseph KABILA

TRIBUNE. Lorsque le 16 juin 2023 dernier, le CEM Christian Tshiwewe réunit toutes les garnisons au camp Kokolo pour une causerie morale et assène publiquement devant les médias du monde, de grandes révélations, en l’occurrence : l’armée qui n’est plus apolitique parce qu’instrumentalisée par des forces politiques obscures ou encore la vérité d’après laquelle l’armée nationale est massivement infiltrée par des espions dans toute sa chaîne de commandement, le bons sens exigerait que le gouvernement de par les prérogatives régaliennes qui sont les siennes, puisse agir immédiatement pour nettoyer les écuries d’Augias et extirper tous ceux qui portent l’uniforme congolais mais travaillent pour le camp ennemi. Et ce, d’autant plus que la liste des noms de ces traîtres est connue de tous puisqu’elle circule régulièrement sur la toile.

Pourtant cela fait bientôt une semaine que le chef d’état-major a dénoncé ces infiltrations massives des FARDC mais aucune réaction forte de la part de l’exécutif ni de l’assemblée nationale. Étrange!

D’autre part, le peuple congolais a été très distrait sur un petit détail non moins important : le même vendredi 16 juin 2023, est réapparu le président congolais honoraire, Joseph Kabila, tenant un speech devant une cinquantaine de membres de FCC comme pour annoncer à l’opinion publique qu’il est encore vivant et que les autres qui s’agitent n’ont qu’à bien se tenir.

Lui qui de nature est peu disert, s’est présenté en leader de sa famille politique, affirmant urbi et orbi qu’il n’a pas pris sa retraite et n’a jamais abandonné la politique. « La passion que j’ai pour ce pays n’a jamais faibli » a-t-il martelé devant les caméras de télévision et il s’est dit prêt à jouer un rôle politique et à l’assumer pleinement face aux enjeux liés à la survie de la nation.

Simple coïncidence d’agendas que les deux discours se soient tenus le même jour? Difficile à le croire dans un contexte où le régime en place tente d’écarter, les unes après les autres, les personnes qui assurent la sécurité rapprochée de Joseph Kabila avec le principal objectif d’isoler l’ancien président avant de démanteler Kingataki et tous ses secrets militaires et sécuritaires.

Quoi qu’il en soit, si les autorités congolaises sachant par la bouche du Chef d’état-major des FARDC que l’armée nationale est infiltrée refusent jusqu’à ce jour de prendre leurs responsabilités pour écarter les vers du fruit, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche. Durant le cinq années de l’actuel mandat qui touche à sa fin, Kinshasa donne ainsi la nette impression d’être dans l’impuissance de mettre de l’ordre dans la boîte parce qu’il existe un pouvoir au-dessus du pouvoir de Kinshasa, une face cachée dont le speech de Kabila a voulu dévoiler une partie de vérité.

Chercher, au-delà de leur coïncidence d’agendas, des corrélations entre le speech de Tshiwewe qui a dévoilé le visage d’une armée « impuissante » à concocter un plan offensif sans que le camp ennemi n’en prenne connaissance et la sortie médiatique de Kabila qui appelle sa base politique à résister, à se mobiliser et à mobiliser la population contre ce qu’il a nommé « la dictature qui s’installe », c’est commencer à toucher du doigt ce qui nous attend les mois qui précéderont les élections.

Personne ne sait vraiment estimer ce que seront les conséquences sécuritaires et politiques de la rupture du deal secret entre ces deux usurpateurs des élections de 2018. Une chose est sûre : c’est à la queue du scorpion que se trouve le venin, cela va sans dire. Dans cette trame préélectorale, le pire risque de se positionner au dernier moment et, au sprint final, pourra se révéler le moment le plus dangereux pour le destin du peuple congolais.

Par Germain Nzinga

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