RETRO. Tabu Ley, monstre sacré de la musique congolaise moderne. L’un des architectes de l’évolution de cette musique. S’étant rangé, parmi ceux qui ont, de manière significative, contribué à son essor, sur le plan mondial.
En 46 ans de carrière musicale, Tabu Ley Rocherau aura composé, près de 3000 chansons, et vendu des milliers de disques, sur tous les continents.
Pascal Sinamoyi Tabu Ley Rochereau qui s’est éteint le 30 novembre 2013, dans un hôpital de Bruxelles, en Belgique, était, tout aussi, un homme politique.
Traqué à Kinshasa par le régime confiscatoire des libertés individuelles du Président Joseph Mobutu, Tabu Ley s’est exilé aux USA, puis en Belgique où il prend parti contre la dictature de Mobutu. Ne regagnera le Congo Kinshasa qu’après la chute de ce dernier, avec la prise du pouvoir par Laurent Désiré Kabila.
« J’étais un défenseur des valeurs républicaines et démocratiques. Mes façons de voir les chansons que je produisais, défendaient ces aspirations, contraires à celles de Mobutu.
» Interpellé, maintes fois, par la la police de Mobutu, j’ai fait, à deux reprises, la prison politique. »
Ainsi s’exprimait Tabu Ley, à Kinshasa, de retour d’exil.
André Malraux, lors de l’inauguration de la Maison de la Culture de Bourges, en France, déclarait, il y a quelques années, que
« La seule force qui permette à l’homme d’être aussi puissant que les puissances de la nuit, c’est un ensemble d’oeuvres qui ont, en commun, le caractère à la fois stupéfiant et simple d’être les oeuvres qui ont échappé à la mort ».
C’est le cas des oeuvres artistiques de Tabu Ley.
Elles sont à jamais inaltérables.
Tabu Ley, mort, il ne s’est pas tu. Sa voix résonne.
Parce que si le chanteur se tait, la vie se tait.
Car la vie, la vie elle même, n’est qu’un chant.
Ouabari Mariotti
Paris 29 novembre 2021