TRIBUNE. En suivant attentivement le discours à la nation du président de la République, j’ai retenu deux choses essentielles.
1. Le fait qu’il a épuisé toutes les cartouches de l’option diplomatique et qu’il s’est engagé dans la solution militaire en mobilisant le peuple congolais et en appelant la jeunesse à s’enrôler pour défendre la patrie.
L’ANNONCE de l’option militaire est donc bien claire, mais c’est désormais à l’OEUVRE qu’elle sera jugée. Elle deviendra crédible si et seulement si Bunagana et Rutsuru sont libérés et restitués à leurs habitants. L’avenir nous le dira.
2. La deuxième chose que j’ai retenue de ce speech, c’est la confirmation de l’existence des accords que nous avions longtemps dénoncés malgré le déni qu’en faisaient les talibans. De la bouche même du chef de l’Etat, nous avons eu la confirmation qu’avec le Rwanda, Tshisekedi dit avoir signé :
● Un mémorandum d’entente dans le commerce de l’or avec une entreprise nationale
● une ligne aérienne ouverte à la Compagnie Nationale Rwandaise dans notre pays
● Un accord de non double taxation
Et cette liste n’est pas exhaustive.
Le président a omis de stigmatiser l’Ouganda avec qui il a signé un contrat de mutualisation des forces de sécurité et pourtant qui a été la cheville ouvrière de la chute du poste frontalier de Kitagoma pendant que le Rwanda prenait Rutsuru.
Le président a également omis de faire mention des accords militaires signés avec le Rwanda et autorisant ses bataillons d’entrer sur le sol congolais non pour sécuriser le territoire mais pour équiper ses rebelles en hommes et en logistique.
Le président congolais a aussi manqué d’éclairer l’opinion de son peuple sur ses rapports avec le M23 ( membre effectif de l’Union Sacrée Nationale) avec qui il a signé un accord important en mars 2019 et promettant aux membres de ce dernier de réintégrer l’armée et les postes politiques. Sans l’éclairage de ces éléments trop sensibles, les congolais sont loin de comprendre les racines profondes de cette guerre et donc loin de trouver une solution adéquate.
Quoi qu’il en soit, avec le minimum énuméré dans son discours, il n’y a plus de doute là-dessus : le président congolais a signé des accords d’une si grande importance stratégique sans l’avis de son peuple ni de son parlement. Le problème est que son partenaire rwandais ( qu’il considère lui-même comme un partenaire fiable et nécessaire) ne se contente plus d’un bras mais de tout le corps. L’appétit venant en mangeant, il réclame encore et encore plus.
Il revient donc au président congolais de remettre de l’ordre dans la boîte. Comment ? En sortant définitivement de cette organisation sous-régionale dont la plupart des membres louvoient les richesses du Congo; en annulant définitivement tous ces accords ( cités et non énumérés) qui sont la principale racine de tout le désordre sécuritaire actuel et au final de prendre la ligne dure du général Canton l’Ancien qui avait levé l’option “ Delenda Cartago” pour ramener la guerre là d’où elle venait avec la nécessité de détruire de l’intérieur ce système belliciste devenu nuisible dans la durée.
Par Germain Nzinga