J’entends souvent cette prière « que Dieu t’envoie un homme de bonne famille pour y’satrak* » faite à l’égard d’une jeune fille ou d’une femme divorcée. Ce qui me dérange dans cette prière est « y’satrak* » ! Je me demande alors, par rapport à quoi l’homme doit-il la couvrir ?
Ceci me dérange car cela me fait penser à un conseil que l’on donnerait à un proche qui vient de commettre une grave erreur « couvre ce que Dieu a couvert». Je me demande donc, quelles erreurs a commis la femme pour prier le Ciel de sa couverture rapide par le mariage, en l’occurrence par un homme ?
L’analyse est composée de deux points, le premier concernant le délire masculin des déficiences de la femme, le deuxième, les réels défauts de l’homme couverts par la femme.
1- Les raisons délirantes des défauts de la femme
a- Parce qu’elle est femelle ?
Pour le mâle marocain et arabe, la femme est déficiente dans tous les domaines, ainsi ils répètent sans cesse « la femme manque de raison et de foi ». Donc, la femme est handicapée et a besoin d’un homme pour l’assister. Si la femme était réellement déficiente mentalement, tout ce qu’elle fait alors pour l’homme serait considéré comme un « abus de personne handicapée » et elle aurait donc besoin de protection juridique !
b-Parce qu’elle est «awra»** ?
La femme est considérée dans la culture arabe « awra »** et elle a besoin de celui qui la couvre. Pour cette raison, elle est obligée de se couvrir de vêtements bien précis pour ne pas provoquer sexuellement les hommes. Je me demande alors, comment une femme «awra»**, déficiente en tout et handicapée, peut représenter un danger pour la sureté spirituelle de l’homme ? Ce dernier est-il faible à ce point devant la femme et ses handicaps? Qui est véritablement déficient mentalement et spirituellement, l’homme ou la femme ? Qui doit couvrir ses faiblesses et ses défauts, l’homme ou la femme ?
Bien que la femme ait fait preuve dans le monde entier de sa supériorité, de ses capacités et compétences (femme ministre, professeur d’université, colonel, astronaute, chef d’état …), l’homme arabe continue de clamer haut et fort « la femme manque de raison et de foi» et la couvre d’un linceul noir durant sa vie avant de la couvrir d’un linceul blanc à sa mort.
c-Parce qu’elle a un hymen ?
Malgré le fait que 10 à 20% de filles naissent sans hymen, la mariée sans cette membrane est considérée comme une honte. Mais je me demande, si la femme est considérée comme déficiente mentale, pourquoi la juge-t-on alors injustement si elle a perdu son hymen ? Au contraire, ceci est preuve qu’elle a été victime d’abus sexuel par l’homme fort et sage, qui a exploité son manque de raison et de foi. En l’occurrence, c’est lui qui est une honte !
2- Les déficiences masculines
En réalité, la femme couvre bien les handicaps masculins et je vais en citer deux exemples.
a- L’impuissance sexuelle
Physiologiquement, la femme est plus puissante sexuellement que l’homme. Par exemple, suite à un rapport sexuel, l’homme a besoin d’une période de repos avant d’entreprendre un deuxième rapport. Ce temps varie d’un homme à un autre et peut aller de quelques minutes ou heures à quelques jours. Par contre la femme, peut avoir plusieurs rapports sexuels successifs sans nécessité de temps de repos. La femme est donc plus apte à se marier avec plusieurs hommes car elle peut les satisfaire l’un après l’autre dans la même soirée, contrairement à l’homme !
Aussi, avec l’âge l’homme perd ses performances sexuelles de façon plus rapide que la femme. Sans oublier que l’homme arabe souffre du complexe de la taille de sa verge.
Il est évident que la femme couvre les déficiences de l’homme sans le dénoncer, parce que sa vision du mariage et de la vie familiale est totalement plus évoluée et sa vie conjugale ne se limite par au sexe.
b-L’homme, totalement dépendant de la femme
La femme est beaucoup plus mature émotionnellement, intellectuellement et autonome par rapport à l’homme. Elle est capable de vivre sans homme et d’assurer facilement son équilibre émotionnel et même sexuel. A l’inverse, l’homme est incapable de vivre sans la femme et il se sent perdu comme un enfant sans sa mère. Evidemment, ceci est naturel. Par exemple, une veuve se remarie rarement et préfère veiller sur ses enfants jusqu’à sa mort. En revanche, le veuf se remarie rapidement et le plus souvent dans la même année de la perte de son épouse.
En réalité, la prière aurait pu être « que Dieu t’envoie, mon fils, une femme qui couvre tes faiblesses et tes défauts ».
*te couvrir
** « awra » désigne les parties intimes comme l’appareil génital. Dans la tradition arabe la totalité du corps de la femme (sauf visage, mains, pieds) est considérée une partie intime qui doit être couverte.
Docteur Jaouad MABROUKI
Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe