TRIBUNE. La situation juridique du prisonniers politique Paulin Makaya se trouve dans une impasse telle que l’on peut se permettre d’affirmer, sans coup férir, que le pouvoir aurait commué une peine de deux ans totalement purgée en une peine de prison à perpétuité.
Alors qu’il aurait pu être libéré depuis le 1er décembre dernier, le leader de l’UPC est l’objet d’un acharnement judiciaire de la part du pouvoir qui continue à le maintenir illégalement en prison, au mépris de ses droits et en violation des règles du droit de la république.
D’autre part, il convient de signaler que Boukadia et le colonel Mpika ont été libéré grâce à l’intervention des gouvernements français et américains auprès des autorités congolaises; et ce, au regard de leur double nationalité.
Paulin Makaya, qui jouit également de la double nationalité, du fait d’être un sujet de la reine d’Angleterre, subit cependant l’arbitraire sinon l’injustice. Est-ce que les anglais n’exerceraient pas assez de pression ou c’est leur action diplomatique qui est simplement ignorée par les autorités de Brazzaville?
En effet, selon maître Yvon-Eric Ibouanga, le conseil de Paulin Makaya, le juge d’application des peines, qui doit statuer sur la libération du leader de l’UPC, est introuvable dans Brazzaville. A l’en croire, ce juge attendrait des instructions de Sassou Nguesso et des membres de son clan pour une quelconque action.
Comment alors comprendre que des magistrats soient sous influence des politiques au point où ils ne peuvent plus librement rendre la justice encore moins appliquer le code de procédure judiciaire. Dans le meilleur des mondes et de surcroît dans un Etat de droit digne de ce nom où s’appliquerait le principe de la séparation des pouvoirs les choses ne pourraient se passer de la sorte!
Tout ceci prouve à suffisance que la justice, ayant perdu son indépendance, donc de sa superbe, est devenue un instrument téléguidé par l’exécutif. On est en droit de se poser la question de savoir ce qu’est donc devenu le rôle de magistrat gardien des libertés publiques tel que le prévoit la Constitution?
Cette intrusion de l’exécutif dans les fonctions judiciaires n’est rien d’autre qu’une atteinte grave à l’indépendance de la justice. Il est navrant de constater que les autorités de la république, au plus haut sommet de l’Etat, polluent l’équilibre des pouvoirs en intervenant à tout bout de champ dans la sphère judiciaire. Un pouvoir exécutif qui se serait arrogé comme jamais la concentration dans ses mains de tous les pouvoirs de l’Etat par l’intermédiaire de ses affidés.
Hélas, cette situation ubuesque est symptomatique de la dérive totalitaire du pouvoir de Sassou Nguesso qui fait du Congo-Brazzaville une république bananière. Bien évidemment cette dérive totalitaire se caractérise par une situation de non-droit qui, en conséquence, consacre le règne de l’anarchie quand ce n’est de la chienlit.
Le pouvoir verrait même d’un très mauvais œil l’activisme exacerbé et l’engagement professionnel de maître Ibouanga à suivre le dossier de son infortuné client. C’est ainsi qu’il a dû subir des menaces de la part du bâtonnier. Et connaissant les méthodes barbares et cavalières de ce pouvoir, il ne serait donc pas surprenant que ce dernier connaisse le même sort que maître Steve Bagne Botongo son collègue du même barreau de Brazzaville. Celui-ci avait été arrêté manu militari, brutalisé à son cabinet, le 27 novembre et embastillé depuis lors.
Signalons que cette arrestation s’est faite au mépris des règles régissant la protection du domicile professionnel des avocats. De tout ceci, il sied d’affirmer que quand des crétins-barbares doublés de criminels s’accaparent du pouvoir des innocents citoyens empâtissent!
René MAVOUNGOU PAMBOU
Activiste politique et combattant de la liberté.