Le Mouvement pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC), le Centre d’études et de promotion de la culture et de la communication en Afrique (CEPROCOM) et la Coalition pour le Changement en République Démocratique du Congo (3C-RDC) rendent hommage à Jean KALAMA ILUNGA, « KALAMA Soul », artiste musicien, chercheur et Résistant congolais.
La République Démocratique du Congo vient une fois de plus de perdre un de ses fils méritants en la personne de Jean KALAMA ILUNGA, « KALAMA Soul » pour les intimes. Connu surtout comme artiste musicien, notre illustre disparu est mort le mardi 20 juin 2017 à 1h40 à Paris. Le vendredi 30 juin 2017, jour de la célébration du 57ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, il a été inhumé au Cimetière de Nemours, en banlieue parisienne en France, loin du pays de ses ancêtres.
Un artiste musicien engagé et de valeur nous quitte
Jean KALAMA ILUNGA est un artiste musicien notamment connu sous le nom de « KALAMA Soul ». Notre illustre défunt a commencé sa carrière musicale dans la province du Katanga dans les années 70 avec la chanson « Hadisi njo ». Cette chanson avait déjà lancé sa célébrité. Jean Johnny KALAMA était d’abord un des meilleurs chanteurs pop de notre pays, alors Zaïre. L’appellation de Johnny confirme qu’il était une véritable « bête de scène ». Johnny nous rappelle le superbe artiste Johnny Halliday ou fait référence à lui. KALAMA avait le sens du grand spectacle avant même beaucoup d’artistes musiciens à Kinshasa. Il savait allier l’agréable à l’utile.
KALAMA Soul était un artiste engagé. Deux chansons vont sceller une fois pour toutes sa célébrité à Kinshasa et au pays, à savoir « Naza balado té » et « Mama lopango monoko ». La première chanson est « Naza balado té ». Cette chanson a été superbement interprétée à cette époque par les artistes interprètes et comédiens Ngeleka et Nzundu, au point que beaucoup de gens ne savent pas que ce tube a été composé par l’artiste Kalama Soul. Une fois de plus, nos pensées pieuses pour ses deux artistes interprètes qui nous ont déjà quittés. Dans « Naza balado té » (qui signifie « je ne suis pas un voleur »), l’artiste KALAMA Soul attirait l’attention de la société sur le développement du banditisme de vol à ciel ouvert ; il mettait en garde sur la banalisation de la délinquance et notamment des vols commis par des jeunes délinquants. Il mettait déjà en exergue les problèmes rampants de l’éducation des enfants et des jeunes. Que dire aujourd’hui du phénomène des enfants de la rue ? Notre artiste tenait à une société où les droits des uns et des autres sont protégés dans un parfait équilibre. Dans sa chanson « Mama lopango monoko » (qui signifie la maman propriétaire une querelleuse), l’artiste fustige les problèmes subis par des locataires face à des propriétaires envieux, cupides et querelleurs. Au loin, j’écoute encore aujourd’hui la mélodie de cette chanson avec ce couplet qui revenait « Mama lopango élombé » (ce qui signifie Maman propriétaire une intraitable).
Un jour, après l’arrivée de l’AFDL à Kinshasa, Jean KALAMA ILUNGA, pendant qu’il était en train de marcher à Matonge dans la Commune de Kalamu, ramassa une feuille de papier où il était fait allusion à un digne fils du pays qui était persécuté et emprisonné jusqu’à sa mort, lui qui n’avait rien fait de mal. Mais dans cette feuille de papier il n’y avait pas le nom de ce fils. Ce passage troubla l’artiste KALAMA qui se posa la question de savoir qui était ce digne fils du pays auquel il était fait allusion ? Après plusieurs jours de réflexion et de recherche, il était arrivé à la conclusion que cette personne c’était Papa Simon KIMBANGU. Ainsi il composa une belle chanson en swahili intitulée « Hakufania kitu » (Il n’a rien fait). Il n’a pas eu l’occasion de sortir cette chanson. Mais quand il me l’avait chantée, c’était une mélodie exceptionnelle doublée de la mélancolie.
Un Patriote, homme de son peuple et de son pays. Un Résistant déterminé de ne jamais trahir le Congo
Il est important de souligner que l’artiste et Résistant Jean KALAMA ILUNGA était une personne aimable, souriante, positive et déterminée qui ne reculait devant rien. Sa détermination était marquante dans son engagement pour son peuple et son pays. Il aimait son peuple et son pays. Il était d’une disponibilité irréprochable pour les rencontres et les différentes activités qui concernaient notre pays. A l’arrivée au pouvoir de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL) en 1997, le patriote Jean KALAMA ILUNGA était Conseiller Culturel au Ministère de la Culture et des Arts sous la direction du Ministre Raphaël GHENDA. Il était aussi une oreille écoutée du Président Laurent-Désiré KABILA pour les affaires culturelles.
Après la mort du Président Laurent-Désiré KABILA et le climat politique qui s’assombrissait en République Démocratique du Congo, le patriote Jean KALAMA ILUNGA était obligé de rentrer en Europe pour continuer le combat visant à instaurer une vraie démocratie dans notre pays de nouveau noyé dans de nouvelles rébellions sans lendemain. Du 02 au 09 juin 2004, le Colonel Rwandais Jules Mutebusi et les troupes du Général Laurent Nkundabatware participent à la prise de Bukavu au Sud-Kivu en République Démocratique du Congo. Les voix vont s’élever partout et notamment dans la diaspora congolaise. Dans la foulée, un sit-in est organisé au siège de l’Assemblée Nationale de la République Française pour dénoncer cette invasion étrangère. Et nous sommes reçus en petite délégation à l’Assemblée Nationale pour déposer notre mémorandum. Nous étions tous là les patriotes comme Jean Kalama Ilunga, Armand Mavinga Tsafunenga, Jean Jacques Ngangweshe, Bob Bolabwe, Gusto Phoba Tulu, Etienne Lopalo Mbiwula. La liste est longue et nous ne pourrions les citer tous ici. A l’issue de cette action de protestation, une plateforme est née en octobre 2004 à partir de Paris. Il s’agit de l’Union des Congolais pour la Défense de la Patrie (UCDP) dont le Coordonnateur était Jean KALAMA ILUNGA. Le principe fondamental de cette plateforme est : « Ne jamais trahir le Congo ». L’UCDP, sous la coordination de ce dernier, a fait un précieux travail d’information et de sensibilisation des Congolais sur l’occupation et le pillage de notre pays.
Avec la création de l’UCDP, Jean KALAMA ILUNGA entre véritablement dans la résistance à la dictature de Mr Joseph Kabila et abat un travail important d’information et de sensibilisation de nos compatriotes face à la montée de cette dictature. Il ne cessera donc de dénoncer l’occupation et le pillage de notre pays avec la complicité des autorités à la tête du pays. Le 02 juillet 2012 à Lausanne en Suisse, Jean KALAMA et les patriotes Paul KAHUMBU et FWELEY DIANGITUKWA créent le Front Civil de Résistance Populaire (FCRP). L’engagement tous azimuts de notre illustre disparu pour ce front se passe de tout commentaire. Dans ce contexte, il a réalisé un travail important de sensibilisation du public et notamment de l’armée et de la police congolaises pour qu’elles soient véritablement républicaines au service du Peuple Congolais, à travers sa série de vidéos de son programme choc « Tango ya kopapa ». Jean KALAMA qui a fait des études stratégiques à Paris, notamment en prospective, n’a cessé de mettre son expertise à la disposition de la Résistance. Il a même réalisé un dossier important et fourni pour la mise en place d’une vraie institution de protection civile en République Démocratique du Congo. Le nom de Jean KALAMA ILUNGA sera écrit en lettres d’or de la Résistance congolaise au pouvoir du grand mal congolais.
En tant que stratège, il a toujours pensé que la République Démocratique du Congo est totalement bloquée dans un enchevêtrement des crises, d’où la nécessité d’une crise majeure pour débloquer la crise actuelle. Il a beaucoup travaillé dans ce sens pour une crise majeure bien réfléchie aux fins de sortir définitivement notre pays de sa longue crise multiforme.
Jean KALAMA ILUNGA a aussi servi dans l’armée
L’intéressé lui-même ne mettait pas trop cet aspect en exergue. Après l’obtention de son diplôme à l’Institut des Sciences et Techniques Médicales (ISTM) à Kinshasa, Jean KALAMA ILUNGA était un officier qui s’occupait d’un service de radiographie au sein d’une Unité Médicale de nos Forces Armées. Il était déjà un Lieutenant dans notre armée. Nous n’avons pas toutes les informations sur sa carrière militaire. Il semble évident que sa carrière artistique avait pris le dessus sur sa carrière militaire avant qu’il ne se réfugie en France.
Un chercheur expert en prospective et Homme de culture
Jean KALAMA ILUNGA est un frère et ami que j’ai eu personnellement le plaisir de rencontrer dans les couloirs et les rencontres de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) à Paris au moment où j’étais un expert du Secteur de la Culture et de la Communication de l’Unesco et un responsable de la Commission Nationale pour l’Unesco de notre pays. Nous avons passé de beaux et bons moments ensemble dans la fin des années 80 et le début des années 90 dans le cadre de l’Unesco. Ainsi nous partagions ensemble l’importance de la dimension culturelle du développement, de la paix et de la démocratie. Jean KALAMA ILUNGA a fait des études stratégiques à Paris. A cet égard, il a travaillé particulièrement sur la prospective dans le domaine de la culture. Nous avons eu quelques échanges sur le mémoire qu’il préparait à cet effet pour la fin de ses études.
A son arrivée au pouvoir en 1997, l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération (AFDL) organise en juin 1997 un colloque sur les priorités du développement pour le nouveau gouvernement. Lors de ce colloque, la culture était classée comme une sous-commission insignifiante dans la Commission Education. Jean KALAMA ILUNGA a été de ceux qui ont fustigé la place minable accordée à la culture et demandé que l’on reconnaisse à la culture sa vraie place dans le développement. Le message a été entendu. C’est ainsi que lors de la clôture de ce colloque, il a été annoncé l’organisation d’un « Symposium national sur la culture ». Ainsi, l’AFDL a organisé, du 28 juillet au 16 août 1997 au Palais du Peuple à Kinshasa, un Symposium national sur la culture et le développement. Ce symposium a été présidé par le Patriote Jean KALAMA ILUNGA. Ce symposium a accueilli environ 800 hommes et femmes de culture. Le Symposium a fermement retenu la corrélation entre « force culturelle et niveau de développement ». Partant de la définition de la culture arrêtée à la Conférence mondiale sur les politiques culturelles de l’Unesco (Mexico, 26 juillet – 06 août 2012), le Symposium a défini « la culture comme étant une tension intérieure vers le haut ». Il a défini « le développement comme le résultat de la force que l’homme exerce sur son environnement. C’est la réponse plus ou moins complète qu’il donne aux contraintes du monde extérieur ». La culture est l’âme et l’identité d’un être humain ou d’un peuple. Le Symposium a souligné que « le Développement, c’est l’ensemble des réalisations concrètes que l’homme opère sur la voie du mieux-être. Les caractéristiques de la culture sont les conditions qui fondent le Développement. Pour ainsi dire plus la Culture se déploie, plus le Développement s’accroît ».
Les résultats de ce Symposium devraient donner lieu à la formulation globale d’une politique culturelle du développement de notre pays. Ce qui n’a pas été fait. Jean KALAMA nous quitte sans qu’on ait publié officiellement ces résultats. Ce combat sera poursuivi en hommage à notre illustre disparu.
Les grandes nations se construisent dans l’appropriation des grands rêves de ses enfants
Un peuple qui ignore ou néglige ses morts est un peuple d’office mort et écarté de l’histoire de grands peuples et nations libres, stables et prospères. Nous n’oublierons jamais l’importance que Jean KALAMA ILUNGA accordait à la dimension culturelle du développement, de la paix et de la démocratie. Il était très attaché à l’organisation efficace de la protection civile. Il était pour un régime présidentiel avec un Président et un Vice-Président pour éviter des écueils connus de notre histoire. Le Gouvernement devrait être là pour la mise en œuvre du programme pour lequel le Président est élu. Le Parlement devrait être renforcé dans son rôle de légiférer et de contrôler fermement les institutions. Il tenait à l’indépendance de la justice et des autres organes de la démocratie comme la presse. Il aimait beaucoup nous entendre sur notre vision de la Démocratie du Muntu dans le cadre du Grand Congo du XXIème siècle. Une démocratie fondée sur le génie et l’humanisme millénaire du Muntu. Que des discussions fraternelles et approfondies sur notre vision d’une transition exceptionnelle pour mettre une fois pour toutes notre pays sur les rails des Etats de droit modernes ! Une transition non fondée sur des dialogues injustes et inadaptés à l’identité profonde du « Muntu ».
Le Grand Congo du XXIème siècle que va bâtir le Mouvement pour la paix et le Développement du Congo (MPDC), en collaboration avec la Coalition pour le Changement en République Démocratique du Congo (3C-RDC), sera aussi le Grand Congo de Jean KALAMA ILUNGA « KALAMA Soul » pour les intimes. Dans un élan exceptionnel de justice, de réconciliation nationale, de paix, de sécurité et de prospérité, ce Grand Congo sera le Grand Congo de Simon Kimbangu, de Cardinal Joseph Malula et de tous nos ancêtres et parents :
Maman Kimpa Vita, Paul Panda Farnana, Isidore Bakandja, M’siri, Kasongo Lunda, Sœur Anuarite Marie-Clémentine Nengapeta, Patrice Emery Lumumba, Joseph Okito, Maurice Mpolo, Joseph Kasa-Vubu, Nzeza Nlandu, Vital Moanda, Moïse Tshombe, Albert Kalonji Ditunga, Pierre Mulele, Marie Muilu Kiawanga Nzitani, Charles Daniel Kisolokele Lukelo, Salomon Dialungana Kiangani, Joseph Diangienda Kuntima, Philippe Mbumba, Simon Mpadi, Makanda Kabobi, Mabika Kalanda, Madrandele Tanzi, Monseigneur Christophe Munzihirwa Mwene-Ngabo, Mobutu Sese Seko, Monseigneur Bokeleale, Sophie Lihau Lutayi Kanza, Maman Angebi, Vangu Mambuene, Mzée Laurent-Désiré Kabila, Monseigneur Emmanuel Kataliko, Marcel Lihau, Thomas Kanza, Révérend Pasteur Albert Lukusa Luvungu, Pascal Kabungulu, Kibassa Maliba, Cardinal Frédéric Etsou Nzabi Bamunguabi, Lomami Tshibamba, Roger Bolamba, Zamenga Batukezanga, Mwamba Bapuwa, Adou Elenga, Joseph Kabasele Kallé Jeef, Franco Luambo Makiadi, Nico Kasanda wa Mikalay, Wendo Kolosoy, Kabasele Yampania « Pépé Kallé », Mpongo Love, Abeti Masikini, Rochereau Tabu Ley, Mikanza Mobyem, Biangani Gomanu Tamp’wo, Didace Namujimbo, Floribert Chebeya, Charles Mombaya, Alain Moloto, Kester Emeneya, Papa Wemba, Père Vincent Machozi, Sœur Clara Agano Kahambu, Arthur Zahidi Ngoma, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, Anicet Mobe, Jean Kalama Ilunga « Kalama Soul ». Et la liste est longue, non préférentielle et non limitative.
Il ne nous reste qu’à dire bravo le grand artiste et Résistant Jean KALAMA ILUNGA, notre KALAMA Soul, et bon voyage à la rencontre de tes ancêtres. Repose en paix toi qui n’as cessé de nous demander de ne jamais trahir notre pays, la République Démocratique du Congo. Tu rejoins tes frères Gustave PHOBA TULU, Gusto pour les intimes, Ier Vice-Président National du MPDC, qui t’appréciait tant et qui nous a quittés le lundi 07 décembre 2015 à Paris et Anicet MOBE FANSIAMA, notre illustre érudit, chercheur, journaliste et politologue qui est parti toujours à Paris ce mardi 04 avril 2017. Tu rejoins aussi les artistes Ngeleka et Nzundu qui avaient magnifiquement interprété ta chanson « Naza balado té ».
Une fois de plus, un éminent fils du pays est enterré loin du sol de ses ancêtres. Des obsèques qui interpellent notre conscience commune de Congolais. Le Mouvement pour la Paix et le Développement du Congo (MPDC), le Centre d’études et de promotion de la culture et de la communication en Afrique (CEPROCOM) et la Coalition pour le Changement en République Démocratique du Congo (3C-RDC) adressent leurs condoléances les plus émues à l’épouse, aux enfants et à toute la famille de Jean KALAMA ILUNGA. Notre grande patrie congolaise n’oubliera jamais ses fils qui se sont sacrifiés pour elle.
Paris, le 03 juillet 2017
Armand MAVINGA TSAFUNENGA
Président National du MPDC, Président du CEPROCOM et de 3C-RDC