Les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) apportent confort et progrès. Cependant, la prolifération de celles-ci n’a pas que des avantages. Le revers de la médaille est qu’elles contribuent aussi à l’émergence de la violence numérique, sous toutes ses formes, à l’égard des femmes.
C’est ce qui ressort sans équivoque de la récente note d’information du Haut-commissariat au plan (HCP), publiée à l’occasion de la Journée mondiale de la femme – 2023, placée, cette année, sous le thème «Pour un monde digital inclusif : innovation et technologies pour l’égalité des sexes ».
L’usage des nouvelles technologies de l’information et de la communication contribue à hauteur de 19% à la violence à l’encontre des femmes
En effet, selon une de analyse de l’organisme public, « avec cette prolifération des NTIC et l’expansion des réseaux sociaux, la violence numérique, sous toutes ses formes, a émergé », souligne-t-elle dans cette publication dont l’objet est d’apporter un éclairage sur les inégalités hommes-femmes en matière d’accès aux outils numériques et de cyber-violence à l’égard des femmes et des filles dans les espaces numériques.
Il ressort des données publiées par le HCP qu’« avec une prévalence de 14%, près de 1,5 million de femmes sont victimes de violence électronique aux moyens de courriels électroniques, d’appels téléphoniques, de SMS, etc. », indique le HCP de même source.
« Le risque d’être victime de ce type de violence est plus élevé parmi les citadines (16%), les jeunes femmes âgées de 15 à 19 ans (29%), celles ayant un niveau d’enseignement supérieur (25%), les célibataires (30%) et les élèves et étudiantes (36%) », précise-t-il.
Dans sa note, le Haut-commissariat précise que cette forme de violence est dans 73% des cas le fait d’un homme inconnu.
Quant au reste des cas de cyber-violence, il est intéressant de constater qu’« il revient, à part égale de près de 4%, à des personnes ayant un lien avec la victime notamment le partenaire, un membre de la famille, un collègue de travail, une personne dans le cadre des études ou un(e) ami(e) », souligne le Haut-commissariat de même source.
En fin de compte, « cette forme de violence contribue à hauteur de 19% à l’ensemble des formes de violence à l’égard des femmes », conclut l’institution publique précisant que cette contribution s’élève à 34% pour les filles âgées de 15 à 19 ans et à 28% pour les femmes âgées de 20 à 24 ans.
Dans sa note, le Haut-commissariat constate toutefois une amélioration de l’accès des femmes aux NTIC. Pour preuve, entre 2015 et 2020, la part des femmes, âgées de 5 ans et plus, possédant un téléphone mobile est passée de 92,2% à 94,9 % ; tandis que celle des hommes est passée de 95,5 % à 96,4% sur la même période.
A noter que, durant le confinement, « le temps moyen d’utilisation des Smartphones, des tablettes ou ordinateurs pour la communication, la socialisation et les loisirs à travers les réseaux sociaux a été de 1h40mn pour les personnes âgées de 15 ans et plus, 1h57mn par les hommes et 1h23mn les femmes, 2h01mn en milieu urbain et 1h01mn en milieu rural », rappelle le HCP.
Selon les résultats de l’enquête par Panel sur les répercussions de la pandémie COVID-19 sur la situation des ménages, réalisée par le HCP en trois passages entre 2020 et 2022, ce temps été plus long parmi les jeunes de 18 à 24 ans (3h05mn), parmi ceux ayant le niveau d’enseignement supérieur (3h01mn) et ceux en cours d’études ou de formation (3h30mn), précise l’organisme.
Le HCP rapporte, en outre, qu’avant le confinement, plus de la moitié des Marocains (51,5%) y ont consacré « plus de temps, 53,3% des hommes et 49,4% des femmes, 38,2% autant de temps, 38,4% des hommes et 37,8% des femmes, et 8,8% moins de temps, 7,1% des hommes et 10,8% des femmes ».
Par ailleurs, poursuit le Haut-commissariat, 1,5% de la population, 1,2% des hommes et 2% des femmes, ont exercé cette activité pour la première fois pendant cette période.
La détention d’un compte bancaire demeure marquée par un net écart entre les deux sexes
Autre constat : à la sortie de la crise sanitaire, il a été constaté que « ce temps moyen a baissé à 48mn, 54mn pour les hommes et 42mn pour les femmes, 1h0mn pour les citadins et 26mn pour les ruraux ».
Et le HCP de préciser : 1h35mn pour les personnes ayant le niveau des études supérieures, contre 17 min pour les sans niveau scolaire, 1h45mn pour les étudiants contre 50mn pour les actifs occupés et 37mn pour les femmes au foyer, 1h31mn pour les jeunes de 15 à 24 ans contre 36mn pour les personnes âgées de 45 à 59 ans.
Enfin, toujours selon le Haut-commissariat, « au plan de la bancarisation, la détention d’un compte bancaire demeure marquée par un net écart entre les deux sexes : 71% des bancarisés âgés de 15 ans et plus sont des hommes et 29% des femmes.
Alain Bouithy