Madagascar. « LEO DÉLESTAGE »

PARLONS-EN. Ce qui se passe au Madagascar ressemble énormément au triste train de vie d’autres pays de l’Afrique subsaharienne. La triste image d’un État qui a échoué à ses missions les plus élémentaires, notamment dans la prestation des services publics.

À Antananarivo, les chiffres parlent d’eux-mêmes et dessinent le portrait accablant d’un pays à l’agonie infrastructurelle. Chaque foyer endure quotidiennement entre quatre et huit heures de coupures électriques. En province, l’obscurité s’étend parfois sur deux à trois journées entières. L’eau courante, ce bien de première nécessité, est devenue un luxe inaccessible. Les Malgaches, résignés, font la queue devant les bornes-fontaines publiques, bidons jaunes à la main, dans une scène qui rappelle les pénuries des temps de guerre.

Cette dégradation ne date pas d’hier. Depuis plus d’une décennie, Madagascar s’enfonce dans une spirale de déliquescence des services publics, sans que l’État ne manifeste la moindre volonté politique de faire de ces urgences vitales une priorité absolue. Face à cette inertie coupable, la jeunesse malgache a fini par dire « stop ».

Le mouvement citoyen « LEO DELESTAGE » – littéralement « on en a assez du délestage » – incarné par la génération Z, a cristallisé avant-hier jeudi 25 septembre l’exaspération populaire. Des milliers de jeunes ont manifesté pacifiquement, réclamant simplement ce qui devrait être un droit : l’accès à l’eau et à l’électricité.

Car derrière ces coupures se cache un drame humain et économique d’une ampleur considérable. Les petites entreprises, privées d’énergie et démunies face au coût prohibitif des générateurs ou panneaux solaires, ferment leurs portes les unes après les autres. Le chômage explose dans un pays déjà classé parmi les plus pauvres au monde. Plus grave encore : dans les hôpitaux publics, combien de vies ont été sacrifiées sur l’autel de ces délestages, faute de respirateurs artificiels, de machines à oxygène ou d’appareils de dialyse fonctionnels ?

Curieusement face à ces revendications légitimes, quelle a été la réponse de l’État malgache ? La répression pure et simple. Tirs, gaz lacrymogènes, coups et blessures, arrestations arbitraires contre des manifestants pacifiques et désarmés. Voilà le vrai visage d’un pouvoir qui se proclame démocratique sur la scène internationale.

Au Madagascar comme dans de nombreux pays africains subsaheriens, quelque chose de pourri caractérise la mentalité des animateurs des pouvoirs publics. Cette “agonie infrastructurelle” générée par leur mauvaise gouvernance est visible un peu partout en Afrique et exige des réponses, des actes, une politique digne de ce nom. Le mouvement citoyen « Leo Délestage

M (On en a marre des délestages) par lequel les jeunes malgaches ont exprimé leur ras-le-bol devrait faire effet boule de neige et devenir plus généralisé à travers le continent noir en vue d’inquiéter ceux qui croient ne plus avoir de compte à rendre à leurs peuples.

Germain Nzinga

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