Maroc. Les jeunes frappés de plein fouet par le chômage
La situation sur le marché du travail s’est fortement dégradée au premier trimestre 2024, selon les chiffres rendus publics par le Haut-commissariat au plan (HCP). En effet, entre le premier trimestre de 2023 et celui de 2024, l’organisme public a observé un accroissement du volume du chômage de 96.000 personnes, 59.000 en milieu urbain et 38.000 en milieu rural. Il s’est établi à 1.645.000 chômeurs contre 1.549.000 enregistrés durant la même période de l’année écoulée, soit une augmentation de 6%. En glissement annuel, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7%, au premier trimestre 2024 Ainsi, d’après les données recueillies par l’institution chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, le taux de chômage est passé de 12,9% à 13,7% au niveau national (+0,8 point), de 17,1% à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point). Les chiffres montrent qu’il « s’est accru de 0,8 point entre les premiers trimestres de 2023 et de 2024, passant de 12,9% à 13,7%, de 17,1% à 17,6% en milieu urbain (+0,5 point) et de 5,7% à 6,8% en milieu rural (+1,1 point) », a indiqué le HCP dans sa récente note d’information relative à la situation du marché du travail au premier trimestre de 2024. Sans grande surprise, « ce taux reste plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,9%), les diplômés (20,3%) et les femmes (20,1%) », a constaté l’organisme indiquant que les données font état, en effet, d’une hausse de 0,6 point parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, passant de 35,3% à 35,9%, de 1,1 point parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans, de 20,9% à 22%, de 0,9 point parmi celles âgées de 35 à 44 ans, de 7,1% à 8%, et de 0,7 point pour les personnes âgées de 45 ans et plus, de 3,8% à 4,5%. La même source fait également état d’une hausse de 2 points parmi les femmes, passant de 18,1% à 20,1% et de 0,5 point parmi les hommes, de 11,5% à 12%. Il ressort par ailleurs des mêmes chiffres que le taux de chômage des diplômés a, de son côté, enregistré une hausse de 0,5 point, passant de 19,8% à 20,3% au titre de la même période. Toujours selon la note d’information du Haut-Commissariat, « cette hausse est plus prononcée parmi les détenteurs de diplômes de qualification ou spécialisation professionnelle (+2,7 points et un taux de 25,4%), et de diplômes de l’enseignement secondaire qualifiant (+1 point et un taux de 23,6%) ». Les chiffres révèlent en outre que le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi est passé de 1.075.000 à 1.069.000 personnes au niveau national, de 573.000 à 571.000 personnes en milieu urbain et de 502.000 à 499.000 en milieu rural. Entre le premier trimestre de 2023 et celui de 2024, « le taux de sous-emploi a stagné à 10,3% au niveau national. Il est passé de 12,1% à 12,5% en milieu rural et de 9,1% à 9% en milieu urbain », a par ailleurs fit savoir le HCP. Quant au volume de la population active occupée en situation de sous-emploi en termes de nombre d’heures travaillées, la note indique qu’il est passé de 513.000 à 576.000 personnes au niveau national soulignant que le taux correspondant s’est accru de 4,9% à 5,6%. Enfin, la population active occupée en situation de sous-emploi en termes d’insuffisance du revenu ou d’inadéquation entre formation et emploi exercé s’est établi à 493.000 personnes au niveau national contre 562.000, le taux correspondant étant passé de 5,4% à 4,8%. Selon le HCP, les secteurs ayant connu une baisse du taux de sous-emploi sont les BTP avec 1,4 point (de 20,4% à 19%) et l’industrie y compris l’artisanat avec 0,8 point (de 7,1% à 6,3%). Seuls « l’agriculture, forêt et pêche et les services ont enregistré une hausse, avec respectivement 0,4 point (de 11,7% à 12,1%) et 0,5 point (de 7,8% à 8,3%) », a ajouté l’institution. Alain Bouithy
Maroc. Le chômage au-delà de 13%
Alarmante, inquiétante, mais sans doute pas si surprenante que ça. C’est ainsi que l’on pourrait qualifier la situation du marché du travail au troisième trimestre de 2023. En effet, d’après les dernières données publiées par le Haut-commissariat au plan (HCP), le taux de chômage s’est gravement accru sur un an au troisième trimestre dernier atteignant 13,5% contre 11,4% durant la même période de l’année écoulée. Entre le troisième trimestre de 2022 et celui de 2023, « le taux de chômage est ainsi passé de 11,4% à 13,5% au niveau national, passant de 15% à 17% en milieu urbain et de 5,2% à 7% en milieu rural », a annoncé l’organisme public chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc. Faut-il revoir de fond en comble les stratégies nationales mises en place pour lutter contre ce phénomène social? Comme depuis des années, « les taux les plus élevés demeurent ceux parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans, enregistrant 38,2%, les femmes, 19,8%, et les diplômés, 19,8% », a précisé l’institution dans sa note d’information relative à la situation du marché de travail au troisième trimestre de l’année 2023. Juste devant les personnes âgées de 25 à 34 ans (+2,5), de 18,4% à 20,9%. La progression quasi-attendue du chômage par bien d’observateurs de l’économie nationale est inquiétante d’autant plus qu’elle s’accélère alors que le gouvernement a fait de la lutte contre ce phénomène son cheval de bataille, multipliant des initiatives qui vont s’avérer au fil des ans sans véritable effet sur l’un des maux récurrents des jeunes Marocains. Une hausse spectaculaire. A 13,5%, le taux de chômage file droit dans le registre des records, mettant au passage à mal les politiques mises en place par le gouvernement (Awrach et Forsa) pour infléchir sa courbe et la litanie des promesses de créations de postes. Afin de mieux apprécier l’évolution de ce phénomène durant l’année en cours, rappelons les principales évolutions enregistrées sur le marché du travail depuis le début de l’année. Selon les chiffres du HCP, le taux de chômage était déjà passé de 11,2% à 12,4% au niveau national au deuxième trimestre, de 15,5% à 16,3% en milieu urbain et de 4,2% à 5,7% en milieu rural. Comme aujourd’hui et avant, il était plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (33,6%), les diplômés (19,2%) et les femmes (17%). Au premier trimestre, ce taux avait atteint 12,9% au niveau national au lieu de 12,1% un an auparavant, passant de 16,3% à 17,1% en milieu urbain et de 5,1% à 5,7% en milieu rural. Il était resté très élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (35,3%), les diplômés (19,8%) et les femmes (18,1%). Au troisième trimestre de 2023, le Haut-commissariat fait en outre savoir que « le nombre de chômeurs a augmenté de 248.000 personnes entre le troisième trimestre de l’année 2022 et celui de 2023, passant de 1.378.000 à 1.625.000 chômeurs, ce qui correspond à une augmentation de 18% ». Comme le relève l’institution dans sa note, cette hausse résulte d’une augmentation de 181.000 chômeurs en milieu urbain et de 67.000 en milieu rural. Toujours selon le HCP, « entre le troisième trimestre de 2022 et la même période de 2023, le taux d’activité a diminué, au niveau national, de 44% à 43,2%. Il a baissé de 48,1% à 45,8% en milieu rural et stagné à 41,9% en milieu urbain », ajoutant que les taux d’activité des hommes et des femmes ont reculé de 0,8 point pour s’établir respectivement à 68,7% et 18,4%. Quant au taux d’emploi, les chiffres montrent qu’il a reculé de 39% à 37,4% au niveau national (-1,6 point). Plus accentué parmi les hommes (2,2 points) que parmi les femmes (1,1 point), ce taux a connu une baisse de 2,9 points en milieu rural (de 45,5% à 42,6%) et de 0,9 point en milieu urbain (de 35,7% à 34,8%). Notons que « le volume de l’emploi a baissé de 297.000 postes entre les troisièmes trimestres de 2022 et 2023, suite à une perte de 269.000 postes en milieu rural et 29.000 postes en milieu urbain », selon les explications de l’organisme. Augmentation du sous-emploi. Tout aussi inquiétante, la hausse du volume des actifs occupés en situation de sous-emploi qui a bondi de 94.000 personnes sur un an, passant de 911.000 à 1.005.000 personnes au niveau national, de 488.000 à 523.000 personnes en milieu urbain et de 423.000 à 482.000 en milieu rural. Ainsi qu’en déduit le HCP, « le taux de sous-emploi est passé de 8,5% à 9,6% au niveau national, de 7,5% à 8,1% en milieu urbain et de 9,9% à 12% en milieu rural ». D’après les données recueillies par le Haut-commissariat, le secteur des BTP est le plus touché par le sous emploi. Il a en effet connu une importante hausse du taux de sous-emploi avec +3,1 points (de 15,8% à 18,9%), suivi par le secteur de l »Industrie y compris l’artisanat » avec 2,1 points (de 5,6% à 7,7%). Alain Bouithy
France : 25 000 chefs d’entreprise au chômage en 6 mois
Le premier semestre 2023 marque une percée de la perte d’emploi chez les chefs d’entreprise. 25 296 d’entre eux se sont retrouvés au chômage, selon les chiffres publiés le 28 août par l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs. En progression de 36,6 % sur un an, le chômage des chefs d’entreprise a retrouvé son niveau d’avant crise sanitaire. Une enquête réalisée par l’association GSC et la société Altares pour l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, tire le 28 août la sonnette d’alarme : le phénomène touche les Très Petites Entreprises mais aussi désormais les plus grandes structures. Tous les secteurs et tous les âges De la restauration à la construction, tous les secteurs de l’économie sont touchés pas la forte hausse des pertes d’emploi. Dans une enquête de l’Observatoire de l’emploi des entrepreneurs, les chiffres publiés témoignent d’une tendance fortement haussière avec une large majorité de pertes d’emploi pour les structures petites et de taille moyenne… En savoir plus sur RT France
Maroc. Le moral des ménages atteint son niveau le plus bas des quinze dernières années
Le moral des ménages continue de se détériorer, a annoncé le Haut-commissariat au plan (HCP), au terme d’une enquête permanente de conjoncture qu’il a menée auprès de ces derniers. D’après les résultats de cette enquête, «le moral des ménages poursuit sa tendance baissière pour atteindre son niveau le plus bas depuis le début de l’enquête en 2008 », a rapporté l’organisme public L’indice de confiance des ménages (ICM) a encore baissé au deuxième trimestre. Il s’est en effet établi «à 45,4 points au lieu de 46,3 points enregistrés le trimestre précédent et 50,1 points le même trimestre de l’année précédente», a-t-il fait remarquer dans un communiqué. Le Haut-commissariat rapporte ainsi que 87,3% des ménages déclarent une dégradation du niveau de vie au cours des 12 derniers mois, 10% un maintien au même niveau et 2,7% une amélioration. Le solde d’opinion correspondant est ainsi resté négatif, a fait remarquer le HCP, constatant qu’il a «atteint son niveau le plus bas avec moins 84,6 points, contre moins 81,5 points au trimestre précédent et moins 73 points au même trimestre de l’année passée». L’inflation, une angoisse permanente pour plusieurs familles S’agissant de l’évolution du niveau de vie au cours des 12 prochains mois, l’enquête révèle que 53,4% des ménages s’attendent à une dégradation, 36,9% à un maintien au même niveau et 9,7% à une amélioration. Dans ces conditions, le solde d’opinion relatif à cet indicateur s’est établi à moins 43,7 points. Il a ainsi enregistré « une dégradation aussi bien par rapport au trimestre précédent que par rapport au même trimestre de l’année précédente où il était à moins 38,8 points et à moins 34,3 points respectivement », a noté l’institution. Préoccupation majeure de nombreux jeunes, l’inquiétude des ménages face à l’évolution future du chômage a également augmenté au deuxième trimestre. En effet, ils sont 85,3% à s’attendre à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois, gardant ainsi le solde d’opinion en zone négative à moins 80,4 points contre moins 81,4 points un trimestre auparavant et moins 81,1 points un an auparavant. L’autre sujet qui suscite une grande préoccupation des ménages: la conjoncture qu’ils perçoivent comme peu favorable à l’achat des biens durables. Pour 78,8 % d’entre eux, le moment n’est pas opportun pour effectuer des achats de biens durables. Du coup, « le solde d’opinion de cet indicateur est resté négatif à moins 68,9 points contre moins 69,8 points un trimestre auparavant et moins 69,1 points un an auparavant», a noté le HCP. S’agissant de leur situation financière, les résultats de l’enquête de conjoncture montrent que 53,4% des ménages estiment que leurs revenus couvrent leurs dépenses, 44% déclarent s’endetter ou puiser dans leur épargne et 2,6% affirment épargner une partie de leur revenu. Sans surprise, le solde d’opinion relatif à cet indicateur «est resté ainsi négatif, à moins 41,4 points contre moins 42 points le trimestre précédent et moins 42,9 points le même trimestre de l’année précédente», a déduit l’organisme public. Quant à l’évolution de leur situation financière au cours des 12 derniers mois, 60,6% contre 3,3% des ménages considèrent qu’elle s’est dégradée. Ainsi, le solde correspondant est resté négatif, à moins 57,3 points contre moins 57,2 points le trimestre précédent et moins 48,7 points une année auparavant. En revanche, 18,5% des ménages confient s’attendre à une amélioration de leur situation financière au cours les 12 prochains mois, 56,9% à un maintien au même niveau et 24,6% à une dégradation. Malgré ce pessimisme, le solde d’opinion est resté négatif avec moins 6,1 points. D’après l’institution, il a enregistré « une dégradation aussi bien par rapport au trimestre précédent que par rapport au même trimestre de l’année précédente où il s’est établi à moins 5,2 points et à moins 0,1 point respectivement». 85,3% des ménages s’attendent à une hausse du chômage au cours des 12 prochains mois Sur d’autres aspects des conditions de vie, l’enquête révèle qu’au deuxième trimestre de 2023, 10,3% contre 89,7% des ménages s’attendent à épargner au cours des 12 prochains mois. En plus d’être resté négatif, le solde d’opinion a atteint son niveau le plus bas avec moins 79,4 points, contre moins 76,1 points au trimestre précédent et moins 77,3 points au même trimestre de l’année passée, a constaté le HCP. Préoccupation majeure pour de nombreuses familles, l’inflation est aussi au cœur de cette enquête. Et selon les données trimestrielles recueillies, «la quasi-totalité des ménages (98,1%) déclarent que les prix des produits alimentaires ont augmenté au cours des 12 derniers mois contre une proportion minime des ménages (0,1 %) qui ressentent leur diminution». La aussi, sans surprise, «le solde d’opinion est resté négatif à moins 98 points, au lieu de moins 98,7 points un trimestre auparavant et moins 99,1 un an auparavant», comme l’a rapporté le Haut-commissariat. En dépit des mesures prises par les autorités pour enrayer l’inflation, le pessimisme demeure, puisque 72,5% des ménages s’attendent à une augmentation des prix des produits alimentaires au cours des 12 prochains mois, 22,7% à un maintien au même niveau et 4,8% seulement à une diminution. Dans ces conditions, le solde d’opinion est resté négatif à moins 67,7 points, au lieu de moins 69,8 points un trimestre auparavant et moins 74,3 un an auparavant. Alain Bouithy
Maroc. Une population inactive plus féminisée et adulte
Les chiffres que vient de publier le Haut-commissariat au plan (HCP) sont formels: la participation des femmes au marché du travail demeure encore marginale. Preuve en est que 73,1% des personnes inactives étaient des femmes en 2022. En effet, d’après les données réunies par l’organisme public, «près de trois quarts des inactifs (73,1%) sont des femmes, 68,8% résident en milieu urbain, plus de la moitié (51,1%) n’ont aucun diplôme et 44,9% sont âgés de 15 à 34 ans». Dans sa dernière note d’information relative aux principales caractéristiques de la population active occupée en 2022, le Haut-commissariat indique qu’« avec un effectif de 11,2 millions de personnes, les femmes en dehors du marché du travail représentent 80,2% de la population féminine en âge de travailler (81,7% en milieu urbain et 77,2% en milieu rural)». Les femmes ont constitué 73,1% des personnes en dehors du marché du travail en 2022, selon le HCP Précisons que la population en âge d’activité a atteint 27,5 millions de personnes au cours de l’année écoulée et que 12,2 millions étaient des actives (10,7 millions pourvues d’un emploi et 1,4 million en situation de chômage) tandis que 15,3 millions étaient en dehors du marché du travail. Il ressort, par ailleurs, de la même note que parmi les 5,9 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, 15,4% exercent un emploi (905.000 personnes), 7,4% sont à la recherche d’un emploi (439.000) alors que 77,2% sont en dehors du marché du travail (4,6 millions). Toujours selon l’institution publique, dirigée par Ahmed Lahlimi Alami, «les trois quarts des jeunes en dehors du marché du travail (77%) sont des élèves ou étudiants et 19,6% sont des femmes au foyer». Dans sa note d’information, le Haut-commissariat constate également que «plus d’un jeune sur quatre âgé de 15 à 24 ans (25,2%, ou 1,5 million) au niveau national ne travaille pas, n’est pas à l’école et ne suit aucune formation (NEET)». D’après son analyse, près de 72,8% d’entre eux sont des femmes, 40,6% sont mariées et 68,2% ont un diplôme. Les jeunes souffrent de la persistance d’un niveau élevé du chômage L’autre observation à prendre en compte: les jeunes souffrent de la persistance d’un niveau élevé de chômage, en plus de leur faible participation à la vie active, reflétée par un taux d’activité de 22,8% en 2022. Comme le rappelle le HCP dans sa note d’information, «le taux de chômage s’élève à 32,7% parmi les jeunes de 15 à 24 ans contre 13,2% pour les personnes âgées de 25 à 44 ans et 3,3% pour les personnes âgées de 45 ans ou plus». Et de préciser que ce taux culmine à 61,4% parmi les jeunes diplômés de niveau supérieur. Il faut dire que l’économie marocaine n’a pas réussi à générer suffisamment d’emplois pour absorber l’augmentation de la population en âge de travailler, a fait savoir l’organisme chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc. Rappelons à ce propos que la population en âge de travailler «a connu une hausse en moyenne de près de 400.000 personnes, alors que l’économie a créé en moyenne 121.000 postes au cours des trois dernières années qui précèdent la crise sanitaire liée à la Covid et elle a perdu 432.000 postes d’emploi en 2020 pour ensuite créer 230.000 postes d’emploi en 2021 et perdre 24 000 emplois en 2022», selon une analyse du HCP. Cette réalité n’a pas échappé au Haut-commissariat puisqu’il constate par ailleurs que le taux d’emploi, après une hausse de 0,3 point, entre 2020 et 2021, passant de 39,4% à 39,7%, a reculé de 0,6 point pour se situer à 39,1% au niveau national en 2022. Il est à préciser que ce taux a connu une augmentation de 0,2 point en milieu urbain (de 35,1% à 35,3%) et a accusé une baisse de 1,9 point en milieu rural (de 48,4% à 46,5%). Les données suggèrent même qu’il a baissé parmi les hommes (-0,3 point) et parmi les femmes (-1 point). Alors que le taux d’emploi des jeunes de 15 à 29 ans a atteint 25% en 2022 (contre 25,4% en 2021), celui des personnes de 30 à 44 ans a accusé un léger recul de 0,7 point pour atteindre 54,1%, contre 54,8% une année auparavant. Alain Bouithy 12,2 millions de personnes âgées de 15 ans et plus actives en 2022. En 2022, parmi les 27,5 millions de personnes en âge d’activité (les 15 ans et plus), 12,2 millions sont actives, ce qui correspond à un taux d’activité de 44,3%. En plus de la faible participation à la vie économique, le taux d’activité est caractérisé par une baisse structurelle depuis le début des années 2000. Ce taux a enregistré une baisse annuelle moyenne de 0,3 point, entre 2017 et 2019 et d’1 point en 2020, année de propagation de la Covid-19, avant d’enregistrer une hausse de 0,5 point en 2021, s’établissant ainsi à un niveau avoisinant celui d’avant-pandémie, puis une baisse de 0,9 point en 2022.
Maroc. Le chômage colle désespérément aux femmes, aux jeunes et aux diplômés
Les difficultés des jeunes à s’insérer sur le marché du travail demeurent préoccupantes, si l’on en croit les récents chiffres publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP). Malgré une baisse modérée voire insignifiante à bien des égards du taux de chômage au deuxième trimestre 2022, la situation de ces derniers sur le marché du travail n’a pas connu d’amélioration notable au cours des six premiers mois de l’année. Tout comme celle des diplômés et des femmes, deux catégories se trouvant logées à la même enseigne. En effet, alors que le taux de chômage est passé de 12,8% à 11,2% au niveau national au deuxième trimestre 2022, de 18,2% à 15,5% en milieu urbain et de 4,8% à 4,2% en milieu rural, les données du HCP montrent qu’il reste plus élevé parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (30,2%), les diplômés (18%) et les femmes (15,1%). Il n’y a ainsi pas de quoi se réjouir. D’autant plus que la baisse du taux de chômage ne pourrait être en réalité qu’un mirage. Il suffit d’analyser plus en profondeur cette situation pour se rendre compte qu’on n’est à rien d’une évolution spectaculaire. A bien regarder la situation du marché du travail, on n’est pas loin de penser que cette légère baisse du chômage trouve une partie de sa justification dans le fameux programme «Awrach» qui prétend booster l’emploi des jeunes en offrant quelque 250.000 opportunités de travail à ces derniers dans des chantiers publics. Mais qui, faut-il le souligner, ne devraient pour autant véritablement pas inverser la courbe actuelle du chômage. Aussi, en plus de n’être que temporaire (2022 et 2023), il se trouve que ce programme longuement vanté par le gouvernement Akhannouch, s’appuie sur des emplois au demeurant précaires ne nécessitant pas des qualifications spéciales. Autrement dit, un feu de paille qui pourrait à tout moment replonger les jeunes auxquels il s’adresse dans la situation qui a toujours été la leur, celle d’un chômage permanent. Pour rappel, le Groupe socialiste a maintes fois exprimé ses inquiétudes au Parlement quant à la mise en œuvre de cet dispositif interpellant à l’occasion plusieurs ministres du gouvernement actuel. Youssef Aidi, président du Groupe socialiste à la Chambre des conseillers, craignait déjà, en début d’année, que ce dispositif temporaire produise une «coordination pour les victimes du programme Awrach». A ses yeux, ce programme ne garantit pas la pérennité du travail, un salaire minimum et la dignité, malgré le tapage qui est fait autour. Et c’est bien là où le bât blesse. Bien qu’elle ait concerné toutes les tranches d’âge, la baisse du taux de chômage est plus prononcée parmi les personnes âgées de 25 à 34 ans (-2,2 points), passant de 20,9% à 18,7% et plus faible parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (-0,6 point), passant de 30,8% à 30,2%, a indiqué le Haut-commissariat dans une note d’information relative à la situation du marché du travail au deuxième trimestre de 2022. Selon l’organisme public, entre le deuxième trimestre de 2021 et celui de 2022, le nombre de chômeurs a baissé, passant de 1.605.000 à 1.387.000 chômeurs. Ce qui correspond à une diminution de 14%, résultant d’une baisse de 182.000 chômeurs en milieu urbain et de 36.000 en milieu rural, a-t-il estimé. Des analyses de cette institution, il ressort que la baisse du chômage a concerné l’ensemble des catégories de la population et a reculé de 2 points pour les hommes, passant de 11,9% à 9,9%, et de 0,8 point pour les femmes, passant de 15,9% à 15,1%. Il a également enregistré une baisse de 2,4 points parmi les diplômés, passant de 20,4% à 18%, et de 1,4 point parmi les non diplômés, passant de 5% à 3,6%. A noter qu’entre le deuxième trimestre de 2021 et la même période de 2022, l’économie nationale a créé 133.000 postes d’emploi, résultant d’une création de 285.000 en milieu urbain et d’une perte de 152.000 postes en milieu rural. Selon la note d’information du HCP, « le secteur des services a créé 237.000 postes, celui de l’ »industrie » 76.000 postes, des « BTP » 30.000 postes, alors que l’ »agriculture, forêt et pêche » en a perdu 210.000 ». A noter également que le taux d’activité a baissé de 0,9 point, par rapport à la même période de 2021, pour s’établir à 45,2%, suite à l’accroissement de la population en âge d’activité (15 ans et plus) de 1,4 et de la baisse de la population active de 1%. Alain Bouithy
La reprise du marché du travail ralentit à l’échelle mondiale
Menacée par de multiples crises mondiales interdépendantes, ainsi que par la montée des inégalités, la reprise du marché du travail à l’échelle mondiale marque de toute évidence le pas. Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), qui en fait état dans un récent rapport, «les crises mondiales multiples entraînent une nette détérioration de la reprise du marché du travail mondial, avec une augmentation des inégalités entre, et au sein des pays». Après avoir enregistré des gains significatifs au quatrième trimestre 2021, le niveau des heures travaillées affiche une nette détérioration au premier trimestre 2022, constate l’agence onusienne. Les données recueillies montrent qu’il demeure 3,8% au-dessous de son niveau au quatrième trimestre 2019, considéré comme le point de repère d’avant-crise, souligne la 9e édition de l’Observatoire de l’OIT sur le monde du travail. Pour bien comprendre et apprécier la gravité de la situation, les auteurs du rapport expliquent que le recul du nombre d’heures travaillées équivaut à un déficit de 112 millions d’emplois à temps plein et signale un sérieux revers dans le processus de reprise. Ainsi qu’ils le relèvent dans le document, « cela constitue un revers au sein du processus de reprise depuis le dernier trimestre 2021 pendant lequel le déficit du nombre global d’heures travaillées était plus faible, à 3,2% ». Selon les explications de l’OIT, les dernières mesures de confinement en Chine comptent pour l’essentiel (86%) dans la baisse constatée au niveau mondial au deuxième trimestre 2022. Ainsi, « pour le premier trimestre 2022, ces estimations font état d’une nette détérioration en comparaison avec les prévisions précédentes de l’OIT publiées en janvier 2022 (2,4% au-dessous du niveau d’avant-crise, ce qui équivaut à 70 millions d’emplois à temps plein) », précise-t-on dans ce rapport. Pour l’OIT, il ne fait aucun doute que la multiplication des situations de crise internationale, notamment l’inflation (en particulier des prix de l’énergie et des denrées alimentaires), les turbulences financières, une éventuelle crise de la dette et les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales – exacerbées par la guerre en Ukraine – accroît le risque que le nombre d’heures travaillées baisse à nouveau en 2022. Ce qui devrait avoir des répercussions plus larges sur les marchés du travail mondiaux dans les mois à venir. Autres enseignements contenus dans ce rapport : la reprise est très contrastée, et la divergence s’accentue entre les économies des pays riches et celles des pays pauvres. En effet, selon l’Observatoire de l’OIT, «si les pays à revenu élevé ont enregistré une reprise des heures travaillées, les économies à faible revenu et à revenu intermédiaire inférieur ont subi des revers au premier trimestre de cette année, avec un écart respectif de 3,6 et 5,7% par rapport à la période de référence d’avant-crise». La crainte des auteurs du rapport est que ces tendances divergentes soient susceptibles de s’aggraver au deuxième trimestre 2022. Pour le directeur général de l’OIT, Guy Ryder, en plus de marquer le pas, la reprise, inégale et fragile, du marché du travail à l’échelle mondiale « est rendue encore plus incertaine par une combinaison de crises qui se renforcent mutuellement ». Ainsi, craint-il, « l’impact sur les travailleurs et leurs familles, notamment dans les pays en développement, sera dévastateur et pourrait se traduire par des bouleversements sociaux et politiques». D’où son appel : «Il est désormais plus essentiel que jamais de travailler ensemble et de privilégier la création d’une reprise centrée sur l’humain». A noter que plus de deux ans après le début de la pandémie, force est de constater que les revenus du travail n’ont pas encore retrouvé leur niveau initial pour la majorité des travailleurs, l’écart entre hommes et femmes en matière d’heures travaillées a également augmenté pendant la pandémie et la hausse sensible des offres d’emploi dans les économies avancées à fin 2021 et au début 2022 a entraîné une tension sur les marchés du travail avec un nombre d’emplois disponibles grandissant par rapport à celui des demandeurs d’emploi. Par ailleurs, «alimentée par les perturbations de la production et du commerce exacerbées par la crise en Ukraine, l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des matières premières frappe de plein fouet les ménages pauvres et les petites entreprises, en particulier celles de l’économie informelle», note l’OIT. Alain Bouithy
Le secteur privé doit concurrencer à armes égales les entreprises publiques afin de créer des emplois dans les pays de la région MENA
Les marchés du travail de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA) ont besoin de conditions de concurrence équitables, a souligné la Banque mondiale dans un récent rapport offrant un nouvel éclairage sur les difficultés auxquelles se heurte le développement du secteur privé. «Il est essentiel que les pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord (MENA) permettent au secteur privé d’accéder aux marchés et de concurrencer à armes égales les entreprises publiques», a estimé l’institution financière internationale affirmant que cela permettrait de créer des emplois dans une région où le chômage des jeunes est le plus élevé du monde. La Banque mondiale exhorte ainsi les gouvernements de la région à prendre des mesures à même de remédier au marasme du marché du travail qui, dix ans après le Printemps arabe, fait-elle remarquer, continue de saper le développement économique et le progrès social. Selon le document intitulé «Le défi de l’emploi : Repenser le rôle des pouvoirs publics envers les marchés et les travailleurs dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord», la lutte contre le fléau du chômage, en particulier chez les jeunes et les femmes de la région, passe par un secteur privé plus développé et dynamique, ainsi que par des réformes réglementaires sur les marchés du travail et des produits. Citant ledit rapport, le vice-président de la Banque mondiale pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, Ferid Belhaj, explique : «Les gouvernements se doivent de redéfinir leurs relations avec le secteur privé, les travailleurs et surtout avec les femmes, un facteur d’une importance égale». Ce dernier estime que, «plutôt que d’intervenir dans les secteurs économiques, l’Etat doit créer les conditions pour un secteur privé concurrentiel et réglementé. Plutôt que de se reposer sur un code du travail obsolète, l’Etat doit repenser ses programmes de protection sociale et son approche au marché de l’emploi. Enfin, plutôt que de chercher à préserver l’héritage de certaines normes historiques et sociales, l’Etat se doit d’être le gardien de l’équité entre les genres dans la région MENA». Afin de rendre leurs marchés plus fluides, les auteurs dudit rapport soutiennent que les gouvernements doivent réduire la domination des entreprises publiques, par exemple en éliminant les exclusions et les exceptions aux lois sur la concurrence, les marchés publics et la fiscalité qui sont appliquées aux opérateurs privés. Le rapport préconise pour un certain nombre de pays «l’adoption de réformes en vue de lever les restrictions qui sont imposées à l’activité des femmes dans des secteurs spécifiques et sur le plan des horaires de travail, de remédier à l’inégalité des salaires par rapport aux hommes et de mettre fin à l’obligation de requérir l’autorisation du conjoint pour obtenir un emploi». Il est à noter qu’en plus d’offrir un nouvel éclairage sur les difficultés auxquelles se heurte le développement du secteur privé, pourtant crucial pour la création d’emplois, cette publication montre en particulier comment le nombre et la qualité des emplois dans l’économie sont tributaires de la fluidité (ou «contestabilité») des marchés, a souligné l’institution internationale dans un communiqué. La Banque rappelle, à ce propos, qu’«un marché est considéré comme contestable lorsqu’il est facile pour les entreprises d’y entrer et d’en sortir et que s’y exerce en permanence la pression de la concurrence potentielle». Partant de cette définition, la Banque mondiale affirme que les marchés de la plupart des pays de la région ne sont pas contestables. Et pour cause : «Les entreprises publiques jouent un rôle prépondérant et bénéficient d’un traitement préférentiel en matière de taxes, de financements et de subventions». Le rapport explique en outre que «de nombreux pays de la région MENA disposent d’entités qui font à la fois office d’organismes de réglementation et d’opérateurs au sein des entreprises publiques, ce qui affaiblit la concurrence, tandis que les contrôles des prix et les subventions réduisent les incitations à la participation du secteur privé». Ce n’est pas tout. La publication relève, par ailleurs, que «les pays de la région MENA continuent de se caractériser par le poids des professions moyennement qualifiées, lui-même probablement lié à l’importance de leur secteur public, les travailleurs effectuant nettement moins de tâches nécessitant des compétences essentielles pour les emplois de demain, telles que des compétences cognitives (techniques) et socio-comportementales de niveau supérieur». Selon une analyse de la Banque mondiale, l’emploi dans les pays de la région MENA a progressé de 1% par an en moyenne dans les entreprises du secteur privé, bien loin des 5% enregistrés parmi les autres économies à revenu intermédiaire. L’organisme international estime en outre qu’«avec un taux d’activité féminine de 20% seulement, la participation des femmes sur le marché du travail est la plus faible au monde, tandis que le taux de chômage chez les jeunes est élevé et estimé à 26%». Il est à préciser que le rapport de la Banque mondiale examine de nouvelles données sur la réglementation des marchés de produits, qui rendent compte notamment des politiques favorisant ou entravant la fluidité des marchés, en Arabie Saoudite, en Egypte, en Jordanie, au Koweït, au Maroc, en Tunisie, aux Emirats arabes unis et en Cisjordanie et a Gaza. Ainsi, pour la première fois, l’organisme international a pu établir des comparaisons au sein de la région MENA et avec 51 pays ailleurs dans le monde. Alain Bouithy