TRIBUNE. J’ai observé ces derniers temps des publications médiatiques au sujet de la vie privée des stars marocaines et ce phénomène était jusque là inhabituel avec cette nouvelle mode dans notre société. Ainsi les observateurs ont commencé de se poser des questions au sujet de ce phénomène et cherchent des explications à cette mutation sociale brutale.
En réalité, ce phénomène a toujours existé chez le marocain ou plutôt c’est son mode de fonctionnement dans toutes ses relations et dans les règlements de comptes de ses conflits relationnels familiaux, professionnels, conjugaux ou bien de voisinage « faire chou’ha »(2).
Ainsi, je vous présente une psychanalyse succincte du fonctionnement relationnel du marocain afin de saisir l’apparition des scandales des célébrités dans les médias et les réseaux sociaux.
- Le conflit relationnel, est une nécessité vitale
Le marocain est un être torturé et vit plusieurs conflits avec lui-même d’abord, sans pouvoir se réconcilier avec sa personne, son corps, son passé et son présent. Il est constamment dans la projection de ses problématiques psychiques et personnelles sur les autres, considérés tous des ennemis, avec un vécu de « la victime ». Ces conflits relationnels profondément recherchés, lui permettent de décharger toutes ses frustrations individuelles, d’où le recours au rapport de force et de violence. En d’autres termes, le marocain, ne dispose pas (faute d’une éducation violente) des outils psychologiques nécessaires afin de régler les conflits tout en reconnaissant et assumant sa part de responsabilités (absence de la capacité de se remettre continuellement en question). Raisons pour lesquelles il s’énerve, il perd son self-control et s’emporte facilement avec une violence intrinsèque et impulsive.
- La vengeance « wallah 7ta n’ch’oua’h bik »(3)
Le marocain « n’existe » que dans un rapport de violence, ce qui induit chez lui la pulsion de vengeance. De même, les marocains ne peuvent s’unir que dans la persécution, les disputes et les querelles avec un seul ennemi commun (un directeur, un collègue, un voisin, la belle famille…). Cette vengeance s’exprime à travers « le scandale » en étalant la vie privée de l’ennemi. Ainsi la présupposée victime menace son ennemi par des propos du genre « wallah 7ta n’ji l’kh’d’m’t’k w n’dire lik f’dé7a w n’cha’w’h bik m3a jirane w n’dir’ bik bo9 f’l’3a’ila »(4).
Combien de fois nous entendons des femmes qui hurlent à la fenêtre « wik wik a’3ibad’llah rah 9’tl’ni had ra’j’l ou bien had l’ben’t»(5), c’est l’équivalant des réseaux sociaux !
- Ce qui a changé maintenant
Avant la vulgarisation des réseaux sociaux, le marocain n’avait que sa langue et ses cordes vocales pour déclencher le scandale, seulement l’impact ne dépassait pas le voisinage ou le cercle familial. Maintenant la menace de « wallah 7’ta n’dir bik bo9 »(1) n’utilise pas uniquement la bouche, mais aussi les réseaux sociaux facilement accessibles.
Tristement rien n’a changé dans notre culture à ce sujet, juste les outils de « n’dir bik bo9 »(1) ont évolué brutalement, mais la maturité émotionnelle du marocain est loin d’être développée !
Docteur Jaouad MABROUKI
Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe
(1) je te jure que je te dénoncerai avec un haut parleur à tout le monde scandale
(2) je te jure que je te ferai un scandale
(3) je te jure que je viendrai à ton travail et je te dénoncerai et je te ferai un scandale avec les voisins et je dirai tout à la toute famille
(4) au secours cet homme ou cette fille, va me tuer.