La baisse de la croissance économique nationale serait (en fin de compte) plus prononcée que prévu au deuxième trimestre 2020, a annoncé le Haut-commissariat au plan (HCP), qui révise ainsi à la baisse ses prévisions de croissance pour cette période.
En raison de la propagation de la pandémie du Covid-19 et du prolongement des périodes de confinement dans plusieurs pays, « la croissance économique nationale serait amputée de 8,9 points, au deuxième trimestre 2020, par rapport à son évolution d’avant crise Covid-19, au lieu de -3,8 points prévus au 7 avril », a indiqué l’institution publique.
A en croire le Haut-commissariat, l’analyse des données les plus récentes montre que la nouvelle situation de l’économie se traduirait par « une perte globale potentielle d’environ 29,7 milliards de DH pour la première moitié de 2020, au lieu de 15 milliards de DH prévus au 7 avril », a-t-il souligné dans une note présentant les nouvelles estimations de la croissance économique pour le premier trimestre 2020 et relatant les prévisions pour le deuxième trimestre.
Soulignons qu’en raison de la propagation de la pandémie du Covid-19 et du prolongement des périodes de confinement dans plusieurs pays, la prévision de la croissance de la demande étrangère adressée au Maroc a été révisée à la baisse.
D’après le Haut-commissariat, elle atteindrait « -12,5% au deuxième trimestre 2020, au lieu de -6% prévu au 7 avril, suite au fléchissement attendu des importations des principaux partenaires commerciaux du Royaume ».
En conséquence, et selon de nouvelles analyses, l’institution publique pronostique que les exportations de biens et services en volume devraient se replier de 6,1%, tandis que les importations devraient fléchir de 8,4%, en raison de la baisse de la demande pour les produits bruts, les biens d’équipement et les biens de consommation.
De son côté, la demande intérieure devrait également se replier avec le prolongement de la période de confinement sur plus de la moitié du deuxième trimestre, prévient le HCP.
Autre fléchissement annoncé, celui de la croissance de la consommation des ménages qui devrait fléchir de 1,2%, au deuxième trimestre 2020, du fait notamment du repli des dépenses de l’énergie, des biens durables, de transport, de restauration et de loisirs, a-t-il annoncé.
Quant à l’investissement, les nouvelles prévisions annoncent qu’il poursuivrait son repli au rythme de -26,5% par rapport au deuxième trimestre 2019, pâtissant d’une accentuation du mouvement de déstockage des entreprises.
Poursuivant son analyse de la nouvelle configuration, le Haut-commissariat prévoit également que « l’aggravation de la crise sanitaire Covid-19 pousserait les entreprises à limiter au maximum leurs besoins de financement, dans un contexte d’incertitude quant à la reprise de la demande », annonçant une régression du PIB global de 6,8% au deuxième trimestre 2020, en variation annuelle.
Par secteur d’activité, il ressort des nouvelles prévisions que « la croissance de la valeur ajoutée agricole s’établirait à -4,2% au deuxième trimestre 2020, alors que celle des activités non-agricoles se replierait de 6,9%, au cours de la même période », fait-on savoir dans un communiqué.
Soulignons que « le secteur tertiaire pâtirait de la réduction du commerce et des transports et de l’arrêt quasi-total de l’activité dans l’hébergement et la restauration », selon le HCP ajoutant que la valeur ajoutée du secteur secondaire se contracterait de 8,9%, en variation annuelle.
Enfin, le Haut-commissariat tient à préciser que « ces prévisions restent sujettes à des révisions plus ou moins importantes au fur et à mesure de la publication de nouvelles données, de l’évolution de la conjoncture mondiale et de l’impact des plans de soutien sur l’économie nationale ».
S’agissant des prévisions pour le premier trimestre 2020, il est important de noter que les données les plus récentes collectées jusqu’au 20 avril mettent en évidence un ralentissement plus sensible de l’activité, avec une croissance économique qui aurait reflué à +0,7%, au lieu de +1,1% arrêté le 7 avril, sur la base des informations collectées jusqu’au 31 mars.
Dans sa note, le Haut-commissariat justifie cette révision à la baisse par « l’accentuation du repli de la valeur ajoutée agricole à -4,4%, suite aux faibles performances des productions végétales, en l’occurrence les céréales dont la production se serait abaissée à son niveau le plus bas depuis 2007 ».
Selon ses analystes, hors agriculture, la croissance de la valeur ajoutée aurait décéléré pour atteindre +1,4%, au lieu de +1,6% prévu le 7 avril ; les activités secondaires se seraient le plus contractées et la croissance du secteur tertiaire serait restée modérée.
Alain Bouithy