L’économie de Djibouti enregistre une croissance solide en 2023, malgré des défis budgétaires persistants
En 2023, l’économie de Djibouti a enregistré un rebond remarquable, surpassant les prévisions avec une croissance du PIB estimée à 6,7 %. Ce dynamisme s’explique par la reprise de la demande croissante de l’Éthiopie pour les services portuaires et logistiques de Djibouti, ainsi que par une consommation intérieure soutenue par l’investissement privé et des mesures gouvernementales visant à atténuer les effets de l’inflation liée à l’invasion russe de l’Ukraine. Les perturbations du transport maritime en mer Rouge ont eu un impact mitigé sur l’économie D’après le dernier Rapport de suivi de la situation économique de la Banque mondiale pour Djibouti, intitulé « Renforcer la viabilité et l’équité des finances publiques », l’activité de transbordement au port de Djibouti a enregistré une hausse notable, avec une augmentation de 39 % du volume de conteneurs traités en mars 2024 par rapport à novembre 2023. Cependant, la crise a provqué une hausse considérable des coûts du fret maritime, qui s’est répercutée sur les prix des biens de consommation à Djibouti. En mars 2024, l’inflation a atteint 5 %, son niveau le plus élevé depuis décembre 2022, en raison d’une hausse de 6,1 % des prix des denrées alimentaires et des boissons non alcoolisées, affectant inégalement les différentes régions du pays. Les tensions en mer Rouge ont également entraîné une baisse des recettes douanières, qui ont chuté d’environ 910 millions de francs djiboutiens (0,1 % du PIB) au premier trimestre 2024. Malgré ces défis, les perspectives à moyen terme pour Djibouti restent prudemment optimistes, avec une croissance annuelle du PIB prévue à 5,1 % entre 2024 et 2026. Toutefois, des risques persistent, tels que la détérioration budgétaire, les tensions régionales et les chocs climatiques. Une gestion rigoureuse de la dette et des réformes budgétaires seront cruciales pour assurer la viabilité économique à long terme. Un autre enjeu majeur pour Djibouti est sa dette extérieure, qui continue d’augmenter en raison de l’accumulation de prêts non concessionnels. À la mi-2023, les arriérés avaient atteint 6 % du PIB. Pour garantir la viabilité à long terme, le pays devra régler ces arriérés et restructurer en profondeur son portefeuille de dette extérieure bilatérale, toujours selon le rapport. « Le nouveau plan de développement de Djibouti se concentrera principalement sur l’économie. Il est essentiel de renforcer la durabilité des réformes macroéconomiques et des finances publiques pour assurer une croissance inclusive et une prospérité à long terme pour Djibouti. En optimisant les politiques budgétaires et en mobilisant les ressources intérieures, nous améliorons les services publics et créons des opportunités pour tous les citoyens, en particulier les plus vulnérables », a déclaré Ilyas Moussa Dawaleh, ministre de l’Économie et des Finances de Djibouti en charge de l’Industrie. Le budget de l’État reste soumis à des pressions, notamment en raison des exonérations fiscales qui ont atteint 19 % du PIB en 2022. Les recettes fiscales, qui représentaient 13 % du PIB en 2019, sont tombées à 11,4 %. En 2023, bien que les recettes nominales aient augmenté grâce à la reprise économique, les recettes fiscales n’ont atteint que 11,5 % du PIB, en partie compensées par une baisse des recettes non fiscales. « Le rapport montre qu’une réforme fiscale est nécessaire pour assurer une redistribution plus équitable et accroître les recettes sans aggraver la pauvreté, a souligné Fatou Fall, représentante résidente conjointe de la Banque mondiale à Djibouti. Il sera également crucial de maximiser l’impact des programmes sociaux, tels que le Programme national de solidarité familiale, qui cible directement les populations les plus vulnérables. » Un chapitre spécial du rapport est consacré au secteur routier et aux dépenses publiques, soulignant l’importance cruciale des infrastructures routières pour la connectivité économique de Djibouti, en raison de sa position géographique stratégique et de l’importance de ses ports. La Banque mondiale à Djibouti Le portefeuille de la Banque mondiale à Djibouti comprend 19 projets représentant un montant total de 401,3 millions de dollars. Il porte sur l’éducation, la santé, les filets sociaux, l’énergie, le développement rural et urbain, la modernisation de l’administration publique, le développement numérique, le renforcement de la gouvernance, les infrastructures et le développement du secteur privé, et accorde une attention particulière aux femmes et aux jeunes.
Perspectives économiques : la Banque africaine de développement prévoit une croissance de 4,5 % en 2024 et 5,3 % en 2025 pour Madagascar
Le Groupe de la Banque africaine développement dans son Rapport pays 2024, prévoit une activité économique vigoureuse pour Madagascar avec une perspective de croissance de 4,5 % en 2024 qui devrait grimper à 5,3 % en 2025. La croissance de la Grande île était de 4,4 % en 2023, contre 4,3 % en 2022. Le rapport dont le thème est : « Impulser la transformation de Madagascar par la réforme de l’architecture financière mondiale » a été publié, mercredi 31 juillet 2024, à Antananarivo par le bureau pays de la Banque en concertation avec le gouvernement de Madagascar. Des représentants gouvernementaux, notamment le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine, la directrice de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, Florence Andrianaivohery, des administrations publiques et du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement de la Grande île, ont pris part aux échanges riches et constructifs autour de ce rapport. Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque africaine de développement chargé de la Gouvernance économique et de la gestion des connaissances, est intervenu par message vidéo. Il a souligné l’importance des rapports pays qui permettent d’éclairer les politiques nationales et d’alimenter le dialogue politique des autorités avec le secteur privé et les partenaires au développement sur la transformation structurelle. Il a par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale pour contribuer à l’accélération de la transformation structurelle de Madagascar. Mme Andrianaivohery, a indiqué, pour sa part, que la réforme profonde de l’architecture financière mondiale pourrait permettre à son pays de tirer profit de nouvelles opportunités à travers la diversification des sources de financement disponibles, et d’améliorer les conditions des prêts et de faciliter l’accès à des financements innovants, pour accélérer son développement. « Le thème du rapport pays 2024 est en phase avec l’objectif du Document de stratégie-pays 2022-2026 de la Banque pour Madagascar, qui est d’accélérer la transformation structurelle de l’économie, soutenue par l’industrialisation afin de créer des emplois décents et verts », a déclaré Adam Amoumoun, responsable pays de la Banque à Madagascar. « La revue à mi-parcours du Document de stratégie-pays, qui a eu lieu en mai 2024, a montré que des résultats satisfaisants ont été enregistrés. La Banque africaine de développement consolidera ces résultats sur la période restante de la stratégie pour contribuer à accélérer la transformation structurelle du pays », a-t-il souligné. Pour le ministre Max Fontaine, les besoins de financements climatiques de Madagascar demeurent importants et il faut que la Banque appuie le pays dans la préparation des projets et la mobilisation des financements auprès des fonds verts, a-t-il souligné. Après la présentation du rapport par l’économiste pays de la Banque pour Madagascar, Hamaciré Dicko, les discussions ont porté sur les performances macroéconomiques et les perspectives, les outils pour promouvoir une croissance forte et résiliente, les progrès sur la transformation structurelle de Madagascar et les réformes de l’architecture financière mondiale. La directrice du suivi et de l’évaluation au ministère de l’Économie et des Finances, Marilys Victoire Razakamanana qui a facilité les échanges, a fait la synthèse des discussions en insistant sur la nécessité d’accroître les financements climatiques au profit de Madagascar. Le 31 juillet 2024, le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement à Madagascar comptait 18 opérations pour un montant total de 1,16 milliard de dollars américains.
Maroc. La croissance de l’économie nationale ralentit à 2,5% au premier trimestre
Selon les premières estimations du Haut-Commissariat au plan (HCP) publiées lundi 1 juillet, la croissance de l’économie nationale a nettement ralenti au titre du premier trimestre 2024. Tirée par la demande intérieure, elle s’est située « à 2,5% au lieu de 3,9% durant le même trimestre de l’année précédente », a-t-il indiqué dans une note d’information sur la situation économique nationale au premier trimestre 2024. « Cette croissance a été réalisée dans un contexte marqué par une inflation maîtrisée et une amélioration de la capacité de financement de l’économie nationale », a toutefois fait savoir l’organisme public notant que les activités non agricoles sont ressorties en hausse de 3,2% tandis que celles du secteur agricole ont accusé un recul de 5%. Dans le détail, les données recueillies montrent que la valeur ajoutée du secteur primaire en volume, corrigée des variations saisonnières, s’est contractée de 4,3% au premier trimestre 2024. Cette baisse, qui intervient après un accroissement de 1,7% enregistré durant le même trimestre de l’année précédente, s’explique par le « fort repli de la valeur ajoutée de l’agriculture de 5% au lieu d’une hausse de 2,1% et de la hausse de celle de la pêche de 10% au lieu d’une baisse de 4,8% », a indiqué le Haut-Commissariat. Dans sa note, l’institution note également que la valeur ajoutée du secteur secondaire a, pour sa part, réalisé une hausse de 3,6% au lieu d’une baisse de 0,4% lors de la même période de l’année passée. Pour l’organisme chargé de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, « cela a été le résultat du ralentissement des activités de l’industrie manufacturière à 2,1% au lieu d’une hausse de 3% et de la hausse des valeurs ajoutées de l’industrie d’extraction de 17,7% au lieu d’une baisse de 12,1%; de l’électricité, gaz, eau, assainissement et déchets de 3% au lieu d’une baisse de 3% ainsi que du bâtiment et travaux publics de 2,5% au lieu d’une baisse de 3%. L’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami a, par ailleurs, indiqué que la valeur ajoutée du secteur tertiaire a enregistré un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 6% lors de la même période de l’année précédente à 3% au premier trimestre 2024. Les données montrent qu’elle a été marquée par le ralentissement des activités de services financiers et assurances à 3,9% au lieu de 7,3%; de la recherche et développement et les services rendus aux entreprises (3,6% au lieu de 4,3%), du transport et de l’entreposage (3,4% au lieu de 8,7%), des services de l’éducation, de la santé et action sociale (2,9% au lieu de 4,2%), des services immobiliers (2,1% au lieu de 2,7%), de l’hébergement et restauration (1,9% au lieu de 55,8%) et de l’information et communication (1,3% au lieu de 3,1%). Selon le HCP, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a également été marquée par la hausse des activités des services rendus par l’administration publique générale et sécurité sociale (3,4% au lieu de 3,1%) et du commerce et réparation de véhicules (2,7% au lieu de 1,4%). En somme, « la valeur ajoutée des activités non agricoles a connu un ralentissement de son taux d’accroissement passant de 3,9% le même trimestre de l’année passée à 3,2% », a souligné le HCP concluant ainsi que « le Produit Intérieur Brut (PIB) en volume a enregistré une croissance de 2,5% au premier trimestre de l’année 2024 au lieu de 3,9% une année auparavant », compte tenu de la hausse de 5,5% du volume des impôts nets des subventions sur les produits. Et qu’aux prix courants, il a progressé de 3,8%, dégageant une hausse du niveau général des prix de 1,3%. Alain Bouithy
Afrique : Le Rapport Annuel de l’année 2023 de SIACE met en évidence une croissance et une expansion robustes face aux défis mondiaux
La Société Islamique d’Assurance des Investissements et des Crédits à l’Exportation (SIACE) annonce l’approbation de son rapport annuel et de ses états financiers audités pour l’année 2023 par le Conseil des gouverneurs lors des assemblées annuelles 2024 du Groupe de la Banque Islamique de Développement (BID) à Riyad, en Arabie Saoudite. Le rapport annuel de la SIACE détaille une année de résilience opérationnelle et de performances financières exceptionnelles, mettant en évidence une augmentation significative de 14,4 % d’une année sur l’autre des transactions commerciales et d’investissement assurées, pour un montant de 13,3 milliards de dollars américains. La Société a également signalé une augmentation de ses primes brutes émises, qui ont grimpé de 6,4 % à 98,3 millions de dollars contre 92,4 millions de dollars américains l’année précédente. L’amélioration de 130 % des résultats nets de la société reflète la capacité de la SIACE à gérer efficacement les engagements des assurés, une proposition de valeur améliorée et démontre la confiance accrue de nos États membres. L’année 2023 a été une période stratégique d’accès au marché et de diversification du portefeuille pour la SIACE. Le segment Assurance à moyen terme et investissement a connu une croissance substantielle de 49,3%, pour atteindre 73,6 millions de dollars américains. Cette croissance souligne l’engagement de la SIACE à étendre sa présence et à renforcer la confiance des clients dans ses services. La SIACE a maintenu sa notation Moody’s « Aa3 » pour la 16ème année consécutive, affirmant ainsi sa position d’entité leader dans le secteur de l’assurance crédit et des risques politiques. L’année a également marqué l’inclusion de l’Azerbaïdjan comme 49ème État membre de la SIACE, élargissant ainsi la couverture géographique de la Société au sein des pays membres de l’OCI. Marquant une étape historique, les affaires assurées cumulées de la SIACE ont dépassé 108 milliards de dollars américains au cours de ses 30 années d’existence, contribuant ainsi de manière significative au développement social et économique dans divers secteurs à l’échelle mondiale. La SIACE a élargi ses partenariats stratégiques, notamment dans les domaines de l’énergie durable et de la sécurité alimentaire, avec la signature de plusieurs protocoles d’accord. Les efforts de la Société en matière d’action climatique ont été soulignés lors de la COP28 et à travers des initiatives telles que la Plateforme de financement des accélérateurs de transition énergétique (ETAF), gérée par l’Agence internationale des énergies renouvelables (IRENA). Dans le cadre du Programme de réponse à la sécurité alimentaire (FSRP) du Groupe de la BID, la SIACE a approuvé 788 millions de dollars américains pour relever les défis mondiaux en matière de sécurité alimentaire, soulignant ainsi son engagement à soutenir les objectifs de développement durable. M. Oussama Kaissi, DG de la SIACE, a commenté : « Les réalisations de l’année 2023 reflètent nos solides initiatives stratégiques et notre résilience face aux défis économiques et géopolitiques mondiaux. Notre succès continu témoigne du travail acharné de notre équipe et de la confiance de nos membres et clients. Nous nous engageons à poursuivre notre mission consistant à favoriser le développement économique et à promouvoir les investissements transfrontaliers dans les pays membres.
La réduction des coûts de l’électricité et des télécommunications à Djibouti pourrait stimuler la croissance et créer des emplois, selon un rapport de la Banque mondiale
Au cours des vingt dernières années, Djibouti a connu une croissance économique impressionnante, grâce à des investissements stratégiques dans les infrastructures, à sa position géographique avantageuse et à la stabilité politique dans une région instable. Entre 2000 et 2021, le PIB du pays a augmenté en moyenne de 4.4 % par an, ce qui a permis de doubler le revenu réel par habitant, atteignant plus de 3200 USD en 2021. Malgré ces avancées significatives dans la réduction de la pauvreté, passant de 22,3 % en 2013 à 17 % en 2019, le nouveau rapport de la Banque mondiale publié aujourd’hui souligne qu’il reste encore beaucoup à faire pour assurer une répartition équitable des avantages dans l’ensemble de la société. Intitulé « Djibouti au-delà des ports et des bases : une voie vers la prospérité pour tous », le rapport met en lumière le potentiel économique du pays. Cependant, pour exploiter pleinement ce potentiel, Djibouti doit relever plusieurs défis économiques, notamment un marché intérieur limité, des coûts élevés dans le secteur de l’électricité et des télécommunications, une diversification économique restreinte et le défi croissant du changement climatique. Le rapport met en avant l’approche proactive du gouvernement, notamment à travers la « Vision Djibouti 2035 » et le Plan national de développement (PND) pour 2020‑2024. Le gouvernement, conscient du potentiel de croissance future, a ajusté sa stratégie de développement pour aborder les défis structurels liés à l’inclusion sociale, au développement durable, aux infrastructures et à la gouvernance. « Djibouti occupe une position unique, avec des atouts qui peuvent être exploités pour élargir son marché et attirer des investisseurs privés internationaux », a déclaré Stéphane Guimbert, directeur pays de la Banque mondiale pour Djibouti, l’Égypte et le Yémen. « Alors que Djibouti entre dans une nouvelle phase de développement, il est essentiel que le secteur privé soit le moteur de la croissance et que les bénéfices de la croissance soient partagés de manière inclusive, en particulier en faveur des femmes et des jeunes », a-t-il ajouté. Le rapport propose des recommandations politiques visant à accroître les opportunités d’emploi et à réduire la pauvreté. Notamment, la réduction des coûts de l’électricité et des télécommunications pourrait augmenter le PIB réel de 39,1 % d’ici 2030, générer 23 000 emplois et considérablement augmenter les revenus des ménages, tout en réduisant la pauvreté. Il suggère également des investissements ciblés dans le capital humain, notamment en élargissant l’accès à une éducation de qualité, en promouvant la santé et l’alphabétisation des adultes, ainsi qu’en développant des compétences utiles à l’emploi, en particulier dans des secteurs où la main‑d’œuvre prédomine, tels que le tourisme et l’industrie manufacturière. Ces initiatives renforceront les performances sur le marché du travail à Djibouti et favoriseront l’émergence d’un nouveau modèle de croissance bénéficiant à l’ensemble de la population djiboutienne. L’amélioration de l’efficacité et de la gouvernance des entreprises publiques est une étape cruciale pour créer un environnement favorable aux affaires. Le rapport souligne la nécessité d’améliorer les réglementations et les pratiques en matière de concurrence pour attirer davantage d’investissements étrangers et de stimuler le développement des entreprises locales. Le renforcement de la surveillance financière contribuera également à atténuer les risques budgétaires associés aux entreprises publiques. La Banque mondiale à Djibouti Le portefeuille de la Banque mondiale à Djibouti comprend 22 projets, pour un montant total de 458 millions de dollars, financés par les différents guichets l’IDA et des fonds fiduciaires. Ce portefeuille couvre divers secteurs tels que l’éducation, la santé, les filets sociaux, l’énergie, le développement rural et urbain, la modernisation de l’administration publique, le développement numérique, le renforcement de la gouvernance et des infrastructures régionales ainsi que sur le développement du secteur privé. Une attention particulière est accordée aux femmes et aux jeunes.
Maroc. La croissance de l’économie nationale se modérerait en ce début d’année
L’année 2024 s’ouvre sur des perspectives peu réjouissantes pour l’économie nationale, les dernières statistiques du Haut-Commissariat au plan (HCP) laissant entrevoir un ralentissement du rythme de la croissance au cours du premier trimestre. En effet, « la croissance économique nationale se modérerait au premier trimestre 2024 », a annoncé l’organisme public dans son point de conjoncture du quatrième trimestre 2023. Elle devrait s’établir à +2,4% au premier trimestre 2024, en rythme annuel, au lieu de +3,5% au cours de la même période de l’année antérieure, a-t-il indiqué expliquant que la reprise amorcée en fin 2023 se serait heurtée au retour de la sécheresse automnale. D’après le document, qui fait état de la situation des principaux indicateurs économiques observés pour le troisième trimestre et estimés pour le quatrième trimestre 2023, « le démarrage de la campagne agricole 2023/24 avait été caractérisé par un retard sensible de l’installation des cultures précoces ». En outre, en comparaison avec la même période d’une saison agricole normale, le Haut-Commissariat estime que le déficit pluviométrique des quatre premiers mois de la campagne aurait atteint 53%. L’institution estime toutefois que « la valeur ajoutée agricole pourrait enregistrer une amélioration de 0,5%, en variation annuelle, si les conditions pluviométriques se réajustent au régime d’une saison normale, notamment au cours du premier trimestre 2024 ». Selon les prévisions du HCP, hors agriculture, la croissance se maintiendrait au rythme de 2,9%, portée par la progression continue des activités des secteurs secondaires, notamment les industries chimiques, la fabrication de matériel de transport et l’industrie automobile. De son côté, « la valeur ajoutée des industries extractives poursuivrait son redressement, affichant une augmentation de 9,4% en variation annuelle, au lieu de -11,8% un an auparavant », a poursuivi l’institution notant que l’évolution des services serait plus modérée, tout en conservant une contribution significative à la croissance économique, soit 1,6 point, comparativement à 0,5 point pour le secteur secondaire. La demande intérieure demeurerait le principal moteur de la croissance Fortement ressentie dans les régions rurales en raison de conditions climatiques défavorables, la décélération des revenus impacterait les dépenses des ménages.Le Haut-Commissariat prévoit néanmoins qu’elle serait quelque peu atténuée par l’accroissement des transferts publics, notant qu’en variation annuelle, la consommation des ménages devrait enregistrer une hausse de 1,2% au premier trimestre 2024. Toujours selon les prévisions de l’organisme, « la demande intérieure serait, également, tirée par l’amélioration des dépenses de consommation des administrations publiques, qui devraient, en outre, renforcer leurs investissements durant cette période ». En revanche, dans un contexte de maintien de la hausse des coûts de financement bancaire, les investissements des entreprises non financières ralentiraient au cours de cette même période, ressort-il de son point de conjoncture. S’agissant des échanges extérieurs à l’activité économique, leur contribution demeurerait négative pour le troisième trimestre consécutif, amputant ainsi la croissance économique globale de 1,8 point. La croissance du volume des exportations de biens et services ralentirait à 11,4% au premier trimestre 2024, contre 15,5% au trimestre précédent, en raison du ralentissement des services. Et ce, malgré la solidité de la demande étrangère pour les produits automobiles et la progression continue des exportations de dérivés du phosphate. Quant à celle des importations, elle « resterait soutenue, stimulée par l’amélioration de la demande intérieure et la relance des achats en demi-produits ». L’inflation poursuit son processus de décélération mais peine à retrouver son niveau d’avant 2022 Bine qu’elle se replie, l’inflation globale peine à retrouver son niveau d’avant-2022, a constaté le Haut-Commissariat estimant qu’elle aurait de nouveau diminué, au quatrième trimestre 2023. Sur l’ensemble de l’année 2023, l’inflation aurait atteint +6,1%, après +6,6% en 2022, traduisant principalement le reflux des pressions inflationnistes importées et le maintien des tensions sur les prix des produits alimentaires locaux, sur fond du renchérissement des coûts de production, d’après le HCP. Quant à l’inflation sous-jacente, elle serait passée de +5,8% en 2022 à +5,9% en 2023, en lien avec la progression plus soutenue des prix des services. Alain Bouithy
Mozambique : BEI Monde et Moza Banco consacrent 20 millions d’EUR à la croissance d’entreprises dirigées par des femmes
Les entrepreneuses du Mozambique accèderont plus facilement à des financements grâce à un prêt de la Banque européenne d’investissement (BEI) de 10 millions d’EUR signé jeudi 21 décembre. Ce financement permettra la mise en place, par Moza Banco, d’une nouvelle ligne de crédit de 20 millions d’EUR ciblant les petites et moyennes entreprises (PME) du pays, souligne la BEI dans un communiqué parvenu à notre Rédaction. « Cette ligne de crédit mettra à disposition des prêts à des conditions avantageuses, en mettant l’accent sur des entreprises détenues ou dirigées par des femmes, employant un nombre important de femmes ou proposant des services spécifiquement à ces dernières », indique l’institution précisant que ce financement sera disponible dans plusieurs secteurs, dont l’industrie manufacturière, les transports, l’agriculture, la santé et les services. Le continent africain compte l’un des pourcentages d’entrepreneuses les plus élevés au monde. Plus des trois quarts des personnes qui travaillent au Mozambique tirent leurs moyens de subsistance d’une petite ou moyenne entreprise, et deux tiers d’entre elles sont des femmes. Thomas Östros, vice-président de la BEI chargé de la diversité et de l’inclusion ainsi que des opérations dans les pays africains : « L’autonomisation économique des femmes est essentielle au développement d’un pays. En investissant dans de petites entreprises dirigées par des femmes au Mozambique, la BEI les aide à accéder aux possibilités économiques, à trouver des moyens de subsistance et à gagner leur indépendance financière. En soutenant ces entreprises, on investit non seulement dans ces femmes, mais aussi dans l’éducation et la santé de leur famille, ainsi que dans l’emploi. La prospérité des femmes profite à la société et à l’économie dans leur ensemble. » Manuel Soares, directeur général de Moza Banco : « Moza Banco croit fermement à la puissance transformatrice du financement de projets qui renforcent le rôle des femmes dans la société, reconnaissant que non seulement cela permet de stimuler le développement économique, mais également de favoriser l’indépendance financière de cet important groupe social. Au Mozambique, tout comme sur l’ensemble du continent africain, les femmes affichent leur volonté grandissante d’occuper des postes de pouvoir et de prendre en main leur parcours de vie. Nous avons la volonté ferme de catalyser le potentiel de ces femmes en facilitant l’accès aux ressources et aux possibilités qui élèvent la position des femmes mozambicaines dans l’économie, tout en favorisant la construction d’une société plus inclusive et plus équitable. » Antonino Maggiore, ambassadeur de l’Union européenne au Mozambique : « La stratégie Global Gateway au Mozambique vise à stimuler les investissements publics et privés afin de créer une croissance durable et des emplois pour la population croissante des jeunes du pays. En conséquence, l’une de ses priorités est de veiller à ce que les PME, en particulier celles dirigées par des femmes, aient davantage accès au financement. L’Union européenne place de grands espoirs dans cette facilité de financement qui devrait permettre d’exploiter pleinement le potentiel du secteur privé au Mozambique. » Les petites entreprises sont un moteur clé de la croissance économique et du développement, apportant des biens, des services, des emplois et des revenus à la communauté locale. Pour prospérer, notamment face aux pressions climatiques et à une économie mondiale inhospitalière, elles ont besoin d’un financement approprié. Cependant, les statistiques montrent que, à l’échelle mondiale, les femmes sont moins susceptibles d’avoir accès aux financements dont elles ont besoin. La facilité de crédit BEI-Moza Banco remédiera à ce déficit de financement au moyen d’outils et de produits financiers ciblant les besoins des entrepreneuses.
Maroc. Le CESE plaide pour un investissement de meilleure qualité
Le rendement de l’investissement en termes de croissance et d’emploi demeure faible au Maroc. Un constat qui n’a visiblement pas échappé au Conseil économique, social et environnemental (CESE). Ce faible rendement « met en évidence l’impérieuse nécessité de promouvoir la qualité et l’efficacité de l’investissement, afin de propulser l’économie vers un palier de croissance plus élevé », a estimé l’institution constitutionnelle dirigée par Ahmed Réda Chami. Propulser l’économie vers un palier de croissance plus élevé C’est en faisant suite à ce constat que le Conseil « s’est penché sur les facteurs structurels et de gouvernance qui pourraient expliquer cette situation sous-optimale », a-t-il expliqué dans son 12ème rapport annuel. Sans omettre de souligner les efforts récents déployés pour accélérer la mise en place de dispositifs visant à promouvoir l’investissement privé, notamment la nouvelle Charte de l’investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, le CESE a toutefois insisté sur « certains points-clés nécessitant une attention renforcée de la part des pouvoirs publics afin de maximiser les chances de succès de cette réforme ». Selon le document rendu public récemment, « une évaluation rigoureuse des dispositifs mis en œuvre exigera du temps, car elle ne pourra être effectuée qu’après avoir franchi la première étape d’implémentation ». C’est en se basant sur les constats relevés et analyses effectuées que l’institution a formulé un certain nombre de recommandations visant à promouvoir la qualité et l’efficacité de l’investissement et par ricochet de propulser l’économie vers un palier de croissance plus élevé. Dans un premier temps, le Conseil préconise de « garantir un suivi rigoureux de la mise en œuvre des actions prévues, jusqu’au niveau territorial le plus fin », estimant ainsi que des études d’impact basées sur des critères objectifs doivent être faites par une entité indépendante, afin de pouvoir apporter les ajustements nécessaires en temps opportun. L’institution estime aussi nécessaire d’assurer une cohérence et une synergie entre les objectifs et dispositifs de la Charte et ceux du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, y compris entre les critères de définition des secteurs et les projets éligibles. Dans son rapport, le CESE recommande également davantage l’implication des représentants des TPME et entrepreneurs individuels dans la formulation et la mise à jour des politiques et mécanismes de promotion de l’investissement. Il appelle en outre « à prévoir des mécanismes d’appui dédiés au niveau de la Charte et du Fonds Mohammed VI pour l’incitation à la structuration et organisation des unités informelles ». L’institution plaide par ailleurs pour une révision du décret d’application de la Charte de l’investissement en y intégrant une prime favorisant le recrutement d’un quota de jeunes talents, similaire à la prime prévue pour encourager l’emploi féminin. Les recommandations du Conseil prévoient également de doter les centres régionaux d’investissement (CRI) de ressources humaines, logistiques et financières suffisantes pour leur permettre d’accomplir efficacement leur rôle. L’amélioration de l’accès aux facteurs de production (coût de l’énergie, foncier adapté aux petits investisseurs, formation du capital humain qualifié, etc.) permettra de réduire davantage les coûts de l’investissement et de la production dans les secteurs ciblés, a également soutenu le Conseil dans ledit rapport. Enfin, dans une optique de transparence et de lutte contre la corruption, le CESE appelle à accélérer le processus de généralisation de la digitalisation des procédures et à œuvrer pour une application effective et rigoureuse des règles de la concurrence. Alain Bouithy