Interview : Aline Olga Lonzaniabeka : «J’ai simplement voulu inciter les femmes à venir à l’armée ».

Au cours de la cérémonie de présentation dédicace organisée, le 3 janvier 2018 à Brazzaville, l’auteure-officier des Forces Armées Congolaises (FAC), le lieutenant-colonel Aline Olga Lonzaniabeka avait expliqué que ce livre était le fruit d’une réflexion, de son expérience dans l’armée en tant que militaire et qu’elle l’avait écrit pour inciter les femmes à venir à l’armée. Elle a accepté de répondre aux questions de Pagaesafrik.info.

Pagesafrik.info : Qui êtes-vous en réalité ?

Aline Olga Lonzaniabeka : Je suis le lieutenant-colonel Aline Olga Lonzaniabeka. Je fais partie des Forces Armées Congolaises (FAC). Je viens de publier un essai intitulé «La femme congolaise et la défense de la nation» aux éditions Hemar à Brazzaville. C’est mon premier livre mais d’autres vont suivre.

Pagesafrik.info : Pourquoi avoir choisi le livre comme support de communication alors qu’il y a des voies comme les séminaires, les conférences et autres ?

A.O. Lonzaniabeka : J’ai choisi le livre parce qu’il va partout. Il dure longtemps et peut traverser les siècles. C’est la base première et à travers lui, on peut cumuler avec les interviews.

Pagesafrik.info : N’est-ce pas un simple désir de visibilité ?

A.O. Lonzaniabeka : Je ne le pense pas parce que je suis déjà suffisamment connue. Cela fait plus de vingt ans depuis que je suis dans l’armée. Plusieurs personnes me connaissent comme un officier des Forces Armées Congolaises. Je passe aux médias. Lors de mes soutenances et lorsque je porte graduellement les galons aussi. Non, je ne le pense pas. Je n’ai pas seulement voulu me faire connaitre et me rendre visible. En écrivant ce livre, j’ai simplement voulu inciter les femmes à venir à l’armée.

Je ne cesse de dire que je suis venue à l’armée par contrainte. Ce sont mes parents qui m’ont forcée. Je ne voulais pas. J’avais moi-même une autre idée de l’armée mais j’ai fini par découvrir que c’est un autre monde. J’ai découvert qu’on pouvait s’y épanouir et qu’il a des compétences dans l’armée. Je me suis rendue compte que mon idée était fausse et voilà pourquoi, en écrivant ce livre, j’ai voulu faire honneur à la femme-soldat de qui il se dit tout et rien. Je rappelle que je ne voulais pas être soldat. Je le suis devenue et j’ai appris à l’être. J’ai appris à aimer ma condition de femme-soldat.

Pagesafrik.info : Est-ce la vraie raison de ce livre ?

A.O. Lonzaniabeka : Oui. Pour pousser les femmes à rejoindre les rangs des Forces Armées Congolaises, à ne pas avoir peur du métier des armes mais au contraire, à avoir des diplômes et à y venir. L’armée n’est pas un refuge pour les femmes ratées qui n’ont pas terminé leurs études. Il ne faut pas non plus penser que les parents ont raté leur éducation et que c’est pour cela qu’elles sont allées dans l’armée. Non, ce n’est pas cela. L’armée est un endroit pour les femmes à la tête bien faite et pleine. J’ai également voulu pousser la hiérarchie à avoir un double regard sur la femme-soldat.

Pagesafrik.info : Comment avez-vous apprécié le reproche qui vous a été fait de n’avoir pas suffisamment parlé du harcèlement sexuel le jour de la présentation de votre livre ?

A.O. Lonzaniabeka : Je l’ai fait volontairement. J’ai été brève ce jour-là parce que je l’ai voulu. Vous savez que ce sont des sujets très sensibles. Ce problème ne touche pas seulement les femmes des Forces Armées Congolaises, il concerne toutes les femmes de toutes les sphères professionnelles, les administrations tant publiques que les sociétés privées, les écoles, les Universités, ce n’est pas une chose catégorisée uniquement au sein de l’armée. Je reconnais que nous vivons des situations de harcèlement, des choses incroyables. Mais est-il possible d’en parler aussi librement et dans n’importe quel milieu ? Je m’interroge. Je réponds que je ne le pense pas. Ce sont des sujets qui peuvent être débattus dans des milieux autorisés. A ce propos, la ministre de la promotion de la femme, Mme Nefer Bertille Ingani qui organise des descentes d’échanges avec les femmes. Elle parle des violences faites à la femme, du harcèlement sexuel et des viols. Elle fait ce travail en collaboration avec la police pour tenter de réduire sinon d’éradiquer ce genre de chose. Elle pousse même les femmes à la dénonciation. Je solliciterai son assistance et sa présence lorsque je ferai les descentes dans les lieux précités.

Pagesafrik.info : Comment entendez-vous accompagner votre livre lorsqu’on sait que publier un livre est une chose mais en faire la promotion en est une autre ?

A.O. Lonzaniabeka : Le livre est en effet sur le marché. Nous avons dans un premier temps fait la présentation-dédicace, le 3 janvier 2018 à Brazzaville. Nous allons ensuite procéder par de petits séminaires, des descentes dans les Universités là où se trouvent les jeunes femmes diplômées qui pourront, avec leur bagage intellectuel, se tourner vers l’armée.

L’académie militaire Marien Ngouabi est une Université militaire qui accueille les détenteurs d’une licence ou d’un Baccalauréat plus deux (Bac+2). Nous n’oublions pas les descentes les descentes dans les casernes militaires où se trouvent plusieurs femmes soldats, des femmes sous-officiers et des femmes officiers pour leur donner beaucoup de force et de courage pour mieux s’impliquer et se hisser dans leur vie professionnelle.

Pagesafrik.info : A qui sont destinées les suggestions dans votre livre ? A votre hiérarchie ou à la société ?

A.O. Lonzaniabeka : Les suggestions que je fais concerne la hiérarchie et la hiérarchie, ce sont le ministre de la défense, le Chef d’Etat-Major Général et pourquoi pas le Chef suprême des armées qui est Son Excellence monsieur le Président de la République. Nous faisons des suggestions pour que la hiérarchie s’attèle à améliorer de plus belle les conditions des femmes dans l’armée. Je sais qu’elle le fait déjà dans les fonctions, avec des formations, des stages et des promotions. Elle nous met à l’aise mais la perfection est toujours une quête permanente. Il y a encore beaucoup à faire pour que les femmes se sentent réellement intégrées.

Pagesafrik.info : Des perspectives ?

A.O. Lonzaniabeka : Ah oui. C’est un projet d’un second livre, une espèce de compilation des diverses directions et instructions que le Président de la République donne à la fin de chaque année à l’occasion du réveillon d’armes. Je les compile depuis 1997 soit une vingtaine d’années.

Propos recueillis par Florent Sogni Zaou

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