
RETRO. Le 15 octobre 2020, cela fait Vingt trois (23) ans que le feu Président Pascal Lissouba fût chassé du pouvoir par la Françafrique via leur homme de main Denis Sassou Nguesso, après 5 mois de guerre civile qui fît près de 10.000 morts.
Dans sa plainte qu’il a déposée le 20 novembre 1997 au Tribunal de Grande Instance de Paris, le Président Lissouba cite la presse française et les propres déclarations du président M. Denis Sassou N’Guesso.
Voici quelques extraits de cette plainte :
« Aux termes d’un pacte de corruption dont les modalités exactes restent à définir, mais qu’un faisceau d’indices précis et concordants rend particulièrement apparent, Elf Aquitaine a aidé le Général Sassou N’Guesso à exécuter son coup d’Etat au Congo. »
« Plusieurs personnes ont rendu visite au Général Sassou N’Guesso avant, pendant et après le coup d’Etat, et ont assisté au simulacre de la prestation de serment du Général Sassou N’Guesso le samedi 25 octobre 1997, au lieu de condamner les conditions de la prise de pouvoir. »
« Dans la même période, ces mêmes personnes n’ont pas eu le même comportement à l’égard du gouvernement. »
« De même, il est pour le moins significatif qu’Elf Aquitaine n’ait pas fait rapatrier son personnel, à l’instar de l’autre grande compagnie présente à Pointe-Noire (Agip), ce qui prouve qu’Elf Aquitaine non seulement savait n’avoir rien à craindre des milices du Général Sassou N’Guesso ou de l’armée angolaise, mais encore, mais surtout disposait des éléments d’information permettant de prévoir les circonstances de l’invasion angolaise (c’est-à-dire le fait que l’armée angolaise irait jusqu’à Brazzaville pour y porter le Général Sassou N’Guesso). »
Lissouba affirma dès ce moment avoir été lâché par Elf, probablement pour avoir ouvert les portes du marché pétrolier Congolais aux Américains.
Rappelons que le feu Président Lissouba avait reçu 1 million de Franc Français (100.000.000 de F CFA) en liquide pour financer sa campagne d’Elf via André Tarallo. La compagnie Elf est la tête de pont de la diplomatie et de l’espionnage français, tout en rapportant énormément d’argent à la France. L’énorme pactole des hydrocarbures était aussi utilisé à des fins de corruption, ainsi qu’au financement de campagnes politiques en France.
Dans son livre « Noir silence », François Xavier Verchave affirme que politiquement Lissouba ne s’imposait pas vraiment et d’erreurs en maladresses, Elf comprend rapidement qu’il faut mieux adopter une position attentiste: tout en nouant des liens avec le nouveau gardien du pétrole Congolais, la société française sait que l’ancien dictateur pourrait revenir au pouvoir à la prochaine échéance présidentielle en 1997.
Quelques mois avant cette échéance, Denis Sassou Nguesso est reçu en ami par l’ex Président français Jacques Chirac. Tout laisse à penser que malgré les promesses de neutralité, tous les réseaux de la Françafrique se sont activés pour remettre l’ancien dictateur au pouvoir jusqu’à aller l’aide militaire du voisin Angolais.
Comble de duplicité, Elf aide financièrement les deux camps. Dès juin 1997, le « Canard enchaîné » évoquait des transports d’armes en direction du Congo : « le sort du Congo se joue au fonds du puits de pétrole » titrait-il le 11 juin 1997. Il expliquait que l’Elysée s’ingérait dans la guerre au Congo (articles du 10 septembre et 17 septembre 1997). Ces informations n’ont pas été démenties.
Au contraire, elles furent reprises par M. Jacques Isnard dans « Le Monde » du 17 octobre 1997, dans un article intitulé « Des « Cobras » très bien ravitaillés en armes ».
« Selon les services de renseignements français, les « Cobras » de M. N’Guesso ont pu disposer d’armements lourds et individuels en provenance de plusieurs Etats africains proches de la France, comme le Gabon. Les mêmes sources françaises laissent entendre que ces milices ont pu, grâce à des circuits de financement occultes fréquents dans les milieux pétroliers, acheter des matériels en Europe ». En effet, les Transall de l’armée française n’ont cessé de livrer des armes à la faction au pouvoir, – à savoir le président Sassou N’Guesso -. Selon la Lettre du Continent du 1er juillet, la France a financé avec l’argent du Fonds d’aide et de coopération (FAC) l’intervention d’au moins 80 officiers et sous-officiers français. De leur côté, les opposants au régime dénoncent l’intervention de légionnaires français dans le « maintien de l’ordre ». Ne paierons-nous pas un jour chèrement le pétrole préservé à ce prix ? »
Le Président Lissouba a reconnu qu’il avait pu acheter des armes lourdes grâce aux recettes pétrolières ; il en est de même de son adversaire, le Président Sassou N’Guesso.
Pour s’équiper, les milices du président Lissouba disposaient des moyens de l’Etat ; les autres milices s’efforçaient de voler du matériel dans les casernes ou d’en acquérir dans les pays voisins.
Le fait que le président Lissouba avait boudé le sommet des chefs d’état à Libreville (Gabon) sous l’égide du Président Omar Bongo préférant se rendre à Kinshasa (RDC), Kigali (Rwanda) et Kampala (Ouganda) pour aller chercher les mercenaires scella définitivement son sort.
Tout récemment son ex directrice de cabinet Madame Claudine Munari l’a affirmé lors de son interview sur RFI dans ces thermes : »C’était sous l’instruction de qui, à votre avis, que l’Angola et le Gabon ont soutenu Sassou-Nguesso ? C’est sous l’instruction de la France et de Elf. À l’époque, c’était encore Elf. » « On a fait un procès à Pascal Lissouba en disant qu’il menaçait les intérêts de la France. »
C’est ainsi que ce rouleau compresseur qui est la Françafrique mis fin au règne de Lissouba et de l’UPADS au Congo Brazzaville avec leur poulain Denis Sassou Nguesso.
Evrard NANGHO
Président national du Modec.