Congo Brazzaville. Nos oreilles ont beaucoup souffert et nos cœurs, nos esprits et nos âmes ont pris le relais de la souffrance
TRIBUNE. M. Hydevert Mouagny, Député de la Majorité Présidentielle, au Congo Brazzaville, en son âme et conscience, avec la liberté de parole et d’action qui le caractérisent, a laissé entendre, de sa propre bouche, que l’insécurité sous le Président Pascal Lissouba avait été sciemment orchestrée pour gêner la gouvernance de ce dernier. On imagine que M. Hydevert Mouagny, lui même, devait être partisan de cette installation de l’insécurité. Et par extension, le camp politique opposé au Président Pascal Lissouba. Parce que ne pouvait gêner le pouvoir du Président Pascal Lissouba que celui qui s’opposait, de fait, à la marche harmonieuse, pour des intérêts nationaux de l’exercice du Président Pascal Lissouba. En politique, voies légales, démocratiques on non, on trouble un système en place pour des velléités de changement et d’appropriation aux fins de se donner les moyens de gouverner à son tour. On comprend alors, 27 ans après les violences du 5 juin 1997, à Brazzaville, la raison fondamentale, motif réel, de ces tragiques événements qui ont embrasé la capitale congolaise, fait des milliers victimes, endeuillé des familles, détruit des immobilisations, et, en dernier ressort, contraint de nombreux partisans du Président Pascal Lissouba à un exil forcé à l’étranger. Un exil où le Président Pascal Lissouba trouvera la mort, le 24 août 2020, à Perpignan, dans le Sud de la France. J’y perdrais mon épouse, Mave, et un enfant de 15 ans, Didi O. Le temps est passé. Ce qui est passé est passé Mais, les violences du 5 juin 1997 valaient-elles la peine? J’estime que non. Les élections présidentielles, sanctionnant le mandat du Président Pascal arrivaient. Leur préparation était collégiale. Les représentants de l’opposition y prenaient part. Ce sont ces violences qui ont été à la base du report objectif de l’élection présidentielle décidée par le Conseil Constitutionnel, avec à sa tête, M. Note Agathon. Autant les brutalités dans Brazzaville et ses environs se sont accrues lorsque le report des présidentielles a été arrêté, parce que clamé illégal par l’opposition de l’époque, autant le Président Denis Sassou Nguesso ne s’est pas empêché de modifier la Constitution en 2015, pour se créer les conditions d’un troisième mandat en 2016, au prix des violences qui ont généré des détentions des candidats Jean Marie Michel Mokoko et André Okombi Salissa. Le 15 août 2024, le Congo Brazzaville célébrera les 64 ans de son indépendance. Cette durée semble ne pas jouer sur l’état d’esprit et la faculté des dirigeants congolais à mieux gouverner notre pays. Depuis l’indépendance, les pouvoirs qui se succèdent se cherchent toujours, semblant naviguer à vue. Et pourtant, je l’ai écrit, le 7 mars 2024, le Congo Brazzaville est pays merveilleux. Un don de Dieu. Rien ne lui manque pour être cette Nation modèle, à tous points de vue. Mr Hydevert Mouagny, nos oreilles ont beaucoup souffert. Et nos coeurs, nos esprits et nos âmes ont pris le relais de la souffrance. Député de la Majorité Présidentielle vous êtes. J’ose croire que, du fond de coeur, vous ferez amende honorable, parce que le 5 juin 1997 est un désastre. Une guerre de la Nation congolaise contre elle-même. Elle n’a pas fait avancer le Congo. La cohésion et l’unité nationales peinent à se construire. L’économie, en dépit d’immenses ressources naturelles dont dispose le pays traîne à se développer. Le chômage, particulièrement, celui des jeunes est élevé. Le cri sur l’arrêt des anti-valeurs s’évanouit, dans l’air, comme de la fumée, sans résultat. L’arrière pays et les cités ne se modernisent pas. L’effet d’entraînement au travail des Congolais est lourd. Les autorités, ne s’en imposant pas comme référence. Et les Congolais attendent toujours de leurs dirigeants la phrase symbolique et pleine de résonance productive « Faites comme nous ». Paris 11 mars 2024 Ouabari Mariotti Ancien Garde des Sceaux Ministre de la Justice Congo Brazzaville
Congo/24 août 2020-24 août 2023. Trois ans déjà
HOMMAGE. Terre des Légendes et des Lumières. Trois ans que le Président Pascal Lissouba nous a quittés, des suites d’une longue maladie, à Perpignan, dans le sud de la France. Le temps qui passe n’efface pas les souvenirs. Et bien émouvants sont en moi, les souvenirs des souvenirs du Président Pascal Lissouba. Moi, le militant, sans discontinuer de l’UPADS, jusqu’à ce jour, malgré la succession des heures sombres de ce Parti, une formation dont le Président Pascal Lissouba est le Fondateur, lui ayant permis d’obtenir, en une législature, la majorité dans l’ensemble des Institutions représentatives du pays. Depuis la disparition du Président Pascal Lissouba, le 24 août de chaque année ravive, à l’intérieur des valeurs communes auxquelles sont attachés les Congolais, une prise de conscience, claire et nette, à deux niveaux. D’abord, le sentiment, sans complexe, que dans l’histoire du Congo Brazzaville, un Chef d’Etat, le Président Pascal Lissouba, est arrivé au pouvoir par la voie la plus démocratique, la plus juste et la plus transparente, au terme d’un Dialogue national, sans exclusive et souverain, au cours duquel, les Forces vives de la Nation ne s’étaient jamais autant auparavant exprimées, si librement, pour deux défis majeurs. D’une part, consolider la cohésion nationale, éradiquer les maux qui tirent le pays vers l’avilissant et jeter les bases solides d’un Congo uni à construire sur des causes solidaires et progressistes. Par ailleurs, dans un Congo, producteur de pétrole où jusque là, les pouvoirs publics ne tiraient de cette précieuse ressource naturelle que les redevances pétrolières et autres contributions directes y afférentes, le Président Pascal Lissouba a introduit la donne avantageuse et féconde du partage de production. Puisse cette troisième année du décès du Président Pascal Lissouba, se référant à l’image du Grand Esprit qu’il a été, l’UPADS ne pas perdre sa raison d’espérer, et recréer les conditions optimales de redevenir ce Parti conquérant de ses beaux jours, lors de sa naissance. A l’UPADS, de se redonner les motifs d’exister réellement, sa seule force, son unique motif de fierté. Le Président Pascal Lissouba, en s’éteignant, s’en est allé, avec la conviction qu’il a transmis à l’UPADS et à ses militants, sur l’étendue du territoire national, le flambeau de la victoire, comme, dans le cas de l’épreuve du marathon, se le passent les coureurs. De l’Orient Eternel où repose le Président Pascal Lissouba, tout indique qu’il recommande aux Dirigeants de l’UPADS de se regarder eux mêmes, avec honnêteté et lucidité, révéler au grand jour leurs propres défaillances et initier de nouveaux chemins vers la reconquête du pouvoir d’Etat. Il n’y a pas de systèmes qui annulent complètement l’ouverture au bien, à la grandeur, à la force, à la beauté et au triomphe. Loin de nous, hors de notre portée, le Président Pascal Lissouba est en nous. Nous l’aimons. Paris 24 août 2023 Ouabari Mariotti Membre de l’UPADS
Et la Françafrique mis fin au règne de Pascal Lissouba et de l’UPADS au Congo Brazzaville!
RETRO. Le 15 octobre 2020, cela fait Vingt trois (23) ans que le feu Président Pascal Lissouba fût chassé du pouvoir par la Françafrique via leur homme de main Denis Sassou Nguesso, après 5 mois de guerre civile qui fît près de 10.000 morts. Dans sa plainte qu’il a déposée le 20 novembre 1997 au Tribunal de Grande Instance de Paris, le Président Lissouba cite la presse française et les propres déclarations du président M. Denis Sassou N’Guesso. Voici quelques extraits de cette plainte : « Aux termes d’un pacte de corruption dont les modalités exactes restent à définir, mais qu’un faisceau d’indices précis et concordants rend particulièrement apparent, Elf Aquitaine a aidé le Général Sassou N’Guesso à exécuter son coup d’Etat au Congo. » « Plusieurs personnes ont rendu visite au Général Sassou N’Guesso avant, pendant et après le coup d’Etat, et ont assisté au simulacre de la prestation de serment du Général Sassou N’Guesso le samedi 25 octobre 1997, au lieu de condamner les conditions de la prise de pouvoir. » « Dans la même période, ces mêmes personnes n’ont pas eu le même comportement à l’égard du gouvernement. » « De même, il est pour le moins significatif qu’Elf Aquitaine n’ait pas fait rapatrier son personnel, à l’instar de l’autre grande compagnie présente à Pointe-Noire (Agip), ce qui prouve qu’Elf Aquitaine non seulement savait n’avoir rien à craindre des milices du Général Sassou N’Guesso ou de l’armée angolaise, mais encore, mais surtout disposait des éléments d’information permettant de prévoir les circonstances de l’invasion angolaise (c’est-à-dire le fait que l’armée angolaise irait jusqu’à Brazzaville pour y porter le Général Sassou N’Guesso). » Lissouba affirma dès ce moment avoir été lâché par Elf, probablement pour avoir ouvert les portes du marché pétrolier Congolais aux Américains. Rappelons que le feu Président Lissouba avait reçu 1 million de Franc Français (100.000.000 de F CFA) en liquide pour financer sa campagne d’Elf via André Tarallo. La compagnie Elf est la tête de pont de la diplomatie et de l’espionnage français, tout en rapportant énormément d’argent à la France. L’énorme pactole des hydrocarbures était aussi utilisé à des fins de corruption, ainsi qu’au financement de campagnes politiques en France. Dans son livre « Noir silence », François Xavier Verchave affirme que politiquement Lissouba ne s’imposait pas vraiment et d’erreurs en maladresses, Elf comprend rapidement qu’il faut mieux adopter une position attentiste: tout en nouant des liens avec le nouveau gardien du pétrole Congolais, la société française sait que l’ancien dictateur pourrait revenir au pouvoir à la prochaine échéance présidentielle en 1997. Quelques mois avant cette échéance, Denis Sassou Nguesso est reçu en ami par l’ex Président français Jacques Chirac. Tout laisse à penser que malgré les promesses de neutralité, tous les réseaux de la Françafrique se sont activés pour remettre l’ancien dictateur au pouvoir jusqu’à aller l’aide militaire du voisin Angolais. Comble de duplicité, Elf aide financièrement les deux camps. Dès juin 1997, le « Canard enchaîné » évoquait des transports d’armes en direction du Congo : « le sort du Congo se joue au fonds du puits de pétrole » titrait-il le 11 juin 1997. Il expliquait que l’Elysée s’ingérait dans la guerre au Congo (articles du 10 septembre et 17 septembre 1997). Ces informations n’ont pas été démenties. Au contraire, elles furent reprises par M. Jacques Isnard dans « Le Monde » du 17 octobre 1997, dans un article intitulé « Des « Cobras » très bien ravitaillés en armes ». « Selon les services de renseignements français, les « Cobras » de M. N’Guesso ont pu disposer d’armements lourds et individuels en provenance de plusieurs Etats africains proches de la France, comme le Gabon. Les mêmes sources françaises laissent entendre que ces milices ont pu, grâce à des circuits de financement occultes fréquents dans les milieux pétroliers, acheter des matériels en Europe ». En effet, les Transall de l’armée française n’ont cessé de livrer des armes à la faction au pouvoir, – à savoir le président Sassou N’Guesso -. Selon la Lettre du Continent du 1er juillet, la France a financé avec l’argent du Fonds d’aide et de coopération (FAC) l’intervention d’au moins 80 officiers et sous-officiers français. De leur côté, les opposants au régime dénoncent l’intervention de légionnaires français dans le « maintien de l’ordre ». Ne paierons-nous pas un jour chèrement le pétrole préservé à ce prix ? » Le Président Lissouba a reconnu qu’il avait pu acheter des armes lourdes grâce aux recettes pétrolières ; il en est de même de son adversaire, le Président Sassou N’Guesso. Pour s’équiper, les milices du président Lissouba disposaient des moyens de l’Etat ; les autres milices s’efforçaient de voler du matériel dans les casernes ou d’en acquérir dans les pays voisins. Le fait que le président Lissouba avait boudé le sommet des chefs d’état à Libreville (Gabon) sous l’égide du Président Omar Bongo préférant se rendre à Kinshasa (RDC), Kigali (Rwanda) et Kampala (Ouganda) pour aller chercher les mercenaires scella définitivement son sort. Tout récemment son ex directrice de cabinet Madame Claudine Munari l’a affirmé lors de son interview sur RFI dans ces thermes : »C’était sous l’instruction de qui, à votre avis, que l’Angola et le Gabon ont soutenu Sassou-Nguesso ? C’est sous l’instruction de la France et de Elf. À l’époque, c’était encore Elf. » « On a fait un procès à Pascal Lissouba en disant qu’il menaçait les intérêts de la France. » C’est ainsi que ce rouleau compresseur qui est la Françafrique mis fin au règne de Lissouba et de l’UPADS au Congo Brazzaville avec leur poulain Denis Sassou Nguesso. Evrard NANGHO Président national du Modec.
Congo. Pascal Lissouba traité en ennemi plutôt qu’un adversaire politique
TRIBUNE. C’est assez navrant de constater le concert d’hommages suscité par la disparition du professeur Pascal Lissouba, ancien chef d’Etat congolais ; lequel, il faut le rappeler, a été chassé du pouvoir des suites du coup d’Etat sanglant du 5 juin 1997 par le puschiste multirécidiviste et bourreau du peuple Denis Sassou Nguesso. On est en même temps surpris de voir ces hommages venir d’un camp dont on s’y attendait le moins ; c’est-à-dire du pouvoir, notamment du PCT. Une formation politique, véritable calamité pour le Congo, surfant sur une idéologie mythomane sinon utopiste et dont Sassou Nguesso est curieusement le président du comité central, en toute violation de sa propre constitution. En passant, il faut signaler qu’ils sont déspérément accrochés, comme à une bouée de sauvetage, à la fallacieuse devise de ce parti : “Tout pour le peuple! Rien que pour le peuple!” Et ce, en dépit de la cruelle réalité du triste et moins enviable sort imposé au même peuple. Cynisme, quand tu nous tiens! En effet, le gouvernement congolais et le Parti Congolais du Travail ont osé l’outrecuidance d’amuser la galérie, au point de paraître ridicules. C’est ainsi qu’on a vu tour à tour le ministre de la communication et porte-parole du gouvernement Thierry Moungalla ainsi que la ministre du tourisme et de l’environnement Arlette Soudan-Nonault s’illustrer, toute honte bue, par des hommages dithyrambiques ponctués de superlatifs à la mémoire de l’illustre défunt. Mais il y a tout de même lieu de présumer que dans cet Etat policier qu’est devenu le Congo-Brazzaville, le gouvernement ainsi que les membres du PCT, étaient au courant de la santé vacillante de Pascal Lissouba qui se dégradait inexorablement au cours de ces dernières années. C’est ainsi que l’on comprend très mal pourquoi cette alarmante situation n’avait pas préoccupée les autorités, au point de les inciter à envisager une décision de bon sens consistant à amnistier, à titre humanitaire, une ancienne personnalité de premier plan du pays dont elles savaient moribonde? En outre, il n’a pas échappé aux congolais que ces hommages posthumes nimbés de démagogie et d’hypocrisie, relèvent non seulement d’une indécente récupération politique, mais aussi d’une façon de se donner bonne conscience devant le mépris sinon le déni du droit à un homme, ayant dirigé le Congo, de mourir et d’être inhumé avec les honneurs de la République sur la terre de ses ancêtres. Mais, il faudrait qu’on se le dise, cette attitude incongrue et ignoble n’honore guère ce pouvoir maléfique et criminogène, dont les tenants se sont montrés incapables de faire preuve de grandeur d’âme. On déplore également le fait que même les membres de son propre parti L’UPADS n’aient jamais osé introduire une demande de grâce présidentielle ou d’amnistie à l’égard de Pascal Lissouba auprès du gouvernement congolais et de Sasssou Nguesso. Il convient cependant de souligner que seul Paulin Makaya, le président de Unis Pour le Congo (UPC), qui a eu la présence d’esprit, le 30 juillet dernier, à la veille de la célébration du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays, de plaider une amnistie générale en faveur de l’ancien chef de l’Etat ainsi que pour tous les prisonniers politiques, sans oublier les hommes politiques congolais qui ont choisi le chemin de l’exil. Ceci n’a, hélas, rencontré aucun écho favorable auprès des gouvernants. De ce refus obstiné d’amnistie, on est donc en droit d’inférer que Pascal Lissouba, jusqu’à la fin de sa vie, était perçu par les autorités congolaises comme un ennemi plutôt qu’un adversaire politique. Certes, on ne saurait perdre de vue le fait qu’aucune oeuvre humaine n’est parfaite. C’est ainsi qu’on ne peut occulter le fait que l’action politique de Pascal Lissouba, à la tête du pays, était entachée de nombre d’irrégularités déplorables. C’est pourquoi il faille reconnaître sa part de responsabilité dans des guerres fratricides ayant endeuillé des familles congolaises. Mais pour des raisons évidentes de réconciliation nationale et de paix des braves, il aurait été idéal que le pouvoir de Brazzaville fasse ce geste humanitaire ultime en vue d’une éventuelle décrispation du climat social tant espérée. Il y a lieu d’affirmer sans coup férir que l’amnistie de Pascal Lissouba aurait eu la vertu de cicatriser un tant soit peu des plaies, d’apporter du baume au coeur des congolais et surtout de sceller la paix. Et par voie de conséquence, une telle action aurait pu raffermir sinon consolider la cohésion sociale, l’unité et la concorde nationales ainsi que le vivre ensemble ébranlés par de multiple conflits armés dont le pays a été le théatre. Bien évidemment, on aurait fait l’économie de cette fracture tribale patente et de l’hystérie de l’ethnocentrisme exacerbé dans lesquelles sombre notre société. On est en droit de se poser la question de savoir à quoi sert-il de rabâcher les oreilles des congolais avec des mots creux sur la paix quand on est incapable de traduire cela par des actes concrets? Pour ce faire, il ne serait pas exagéré de déduire que les autorités congolaises ont manqué un opportunité de réconcilier le Congo avec lui-même. En outre, il convient de souligner que Pascal Lissouba est mort loin de son Congo natal, dans le sud de la France, avec le profond sentiment de persona non grata sur la terre de ses ancêtres du fait d’une condamnation par contumace prononcée à son encontre. C’est ce qui, semble-t-il, justifie le fait que dans son testament il ait eu à manifester un refus catégorique de voir sa dépouille mortelle rapatriée et inhumée au Congo pendant le règne du bourreau du peuple qui l’a toujours considéré comme un ennemi. Le moins que l’on puisse dire c’est que le vieil homme fatigué par le poids des ans et rongé par la maladie n’avait plus de velléité de reconquête du pouvoir. Il ne représentait donc plus aucune menace pour le pouvoir de Brazzaville. C’est à ce titre qu’on aurait pu faire preuve de mansuétude sinon d’humanisme à son égard, en lui gratifiant une amnistie qui l’aurait permis d’envisager un éventuel retour au bercail et finir ses jours
Congo. Va en paix professeur président Pascal LISSOUBA
HOMMAGE. Les grandes âmes ne meurent pas.Tu restes pour les générations présentes et futures, un modèle de vie et de société. De par ta vision et ta sobriété d’esprit. Combien de villas laisses-tu ? Une seule à ce que les congolais sachent, là au centre-ville, à quelques encablures de l’hôtel olympic. Et aussi une modeste habitation à Dolisie, acquise à la sueur de ton front. Dans ton Tinguidi natal, même pas un poulailler construit. Un grand Homme d’État, surdoué, source d’inspiration intarissable. Voilà une belle leçon de vie pour les nuls, les mercantilistes, les opportunistes, les vautours et les charognards qui ont fait de la République un fond de commerce, et qui pensent qu’ils emporteront sous terre, toutes ces richesses spoliées au peuple souverain. Mais qu’ils achètent aussi seulement la vie éternelle une bonne fois pour toute. Repose en paix excellence monsieur le président de la République. Ce lundi 31 Août 2020 à Brazzaville. Christopher Paolo BENAZO Premier Secrétaire du Parti du Peuple Congolais.
Congo. Les obsèques du Président Pascal Lissouba à Perpignan ( HDvision Studio)
Congo. Culte d’inhumation du président Pascal Lissouba à Brazzaville (Mboka Télévision)
Congo. Pascal Lissouba, un nom illustre nous a quittés. Nous pleurons sa perte
HOMMAGE. Le Président Pascal Lissouba s’en est allé, à 88 ans, ce 24 août 2020, à Perpignan, dans le Sud de la France, des suites d’une longue maladie. En raison de sa haute stature, de son vivant, et pour avoir été son garde des sceaux, ministre de la justice, je joins, ici, ma pierre à l’édifice dressé en sa mémoire. S’il est vrai que le couronnement de toute une vie humaine est le souvenir qu’elle laisse derrière elle, celle du Président Pascal Lissouba est d’un lustre des plus enviables. L’annonce de son décès a libéré un flot d’emballement dans les milieux universitaires, politiques, et d’hommes de sciences où son capital scientifique force l’admiration. De multiples voix, au Congo, en Afrique et ailleurs, dans le monde, en diront beaucoup de ce qu’il a été. Pascal Lissouba, c’était, à l’évidence, un grand homme. D’esprit vif et lumineux, tenant à la fois du scientifique et du politique. Au terme de brillantes études secondaires puis supérieures, Pascal Lissouba devient, au fil de son cursus, ingénieur agricole, généticien, chercheur, maître de conférences. La passion pour la science ne lui suffisait pas. Il s’éprenait parallèlement de la politique. Aussi, est-il nommé chef de gouvernement et, plusieurs fois, ministre, dans son pays, le Congo, où il assure, avant la fin de sa vie, les hautes fonctions de Président de la République. A tous ces postes, travailleur acharné, rigoureux, perfectionniste, ne s’oubliant jamais, sachant profiter de ses moments de liberté. Les années, à la tête du Congo, le Président Pascal Lissouba sera dévoué, sans compter. Aimant le travail bien fait. Toute oeuvre utile pour le pays, quelle que soit sa nature, devrait pour lui, être accomplie avec efficacité. Et sa pugnacité, toujours souriante et détendue, pour obtenir des membres du gouvernement, lors des conseils des ministres, une accélération de leurs activités, m’impressionnait. L’ascension sociale du Président Pascal Lissouba correspond, à tout point de vue, à l’effort personnel d’un homme qui a construit sa vie et lui a insufflé un sens utile. Ses qualités intellectuelles, très tôt détectées, à l’école primaire, se sont progressivement révélées dans le cours de ses études. Le Président Pascal Lissouba était digne d’estime. Sur tous les terrains, il n’a connu que la fidélité. Fidélité à sa vocation de scientifique, d’éducateur, de chercheur. Fidélité à sa patrie, aux valeurs humaines. C’est à l’UNESCO, jusqu’à sa retraite, qu’il sut développer une activité, en tous points, remarquable et féconde. Il en est de même, plusieurs années auparavant, lors de son passage à la faculté des sciences du centre d’enseignement supérieur de Brazzaville, ainsi que l’attestent les témoignages de ses anciens étudiants. On conçoit la faveur dont jouissait Pascal Lissouba auprès des étudiants. Ils étaient sensibles, non seulement au talent et au savoir de leur professeur, mais aussi à l’urbanité de son accueil et des qualités de son enseignement. Dans les salles de classe, au laboratoire , à l’amphithéâtre, Pascal Lissouba s’imposait par une dialectique limpide et claire, à la portée de tous les apprenants. Ecouter Pascal Lissouba, disaient les étudiants, était délicieux. C’était un orateur, hors pair. Au style sobre, coloré, aux phrases superbes. Il cadençait ses paroles avec une maîtrise qui étonnait. Savait faire ressortir chaque finesse de ses interventions avec un art surprenant pour fixer l’attention et la retenir. Ainsi, Pascal Lissouba apparaît, à travers la splendeur de cette existence de chercheur, du scientifique, du professeur, la haute valeur morale, la noble et attachante figure de l’homme qu’il a été. Le lancement de l’implication du Président Pascal Lissouba, dans la vie politique congolaise, a été marquée du sceau d’une loyauté, sans faille, à l’égard du Président Alphonse Massamba Débat, Chef d’Etat congolais, de l’époque. Son goût pour les batailles difficiles le conduisirent à se présenter aux présidentielles de 1992. Il devint alors le Président de la République que nous avons tous apprécié, pour sa solidité et sa pugnacité. Aux étapes où j’accompagnais le Président Pascal Lissouba, lors de la campagne précédant son triomphe à ces présidentielles, il s’attachait à combattre l’esprit de pessimisme et de découragement, rappelant, toutes les fois que l’occasion se présentait la vie glorieuse de ces hommes qui appartiennent à la lignée des figures qui, par leur combat pour les causes justes, ont illuminé le monde. Le contact personnel avec les populations visitées, lors de la campagne, était pour lui, d’une grande richesse. Condamné, à mort, de manière injuste, le 25 mars 1977, pour dit-on » complicité dans la conspiration qui a conduit à la mort du Président Marien Ngouabi », Pascal Lissouba a échappé, de justesse, au peloton d’exécution, grâce à la mobilisation de scientifiques français et africains. La peine capitale a été commuée en détention à perpétuité dans le Nord Congo où les conditions d’emprisonnement ont altéré sa santé avant d’être libéré, pour ensuite regagner la France. Le moral du Président Pascal Lissouba, le temps de la détention, était à niveau qu’il travaillait à maintenir celui de ses compagnons de captivité. Premier Ministre, à 33 ans, dans les années 65-66, Pascal Lissouba a marqué son temps. Il manifestait l’ambition patriotique de réduire la dépendance de l’économie congolaise vis à vis des capitaux étrangers. A élaboré un plan qui prévoyait la nationalisation de plusieurs secteurs de l’économie et le développement d’une industrie d’Etat. La commercialisation des produits agricoles et le commerce d’importation ont été nationalisés, pour donner naissance aux sociétés comme l’ONCPA, l’OCC, l’OFNACOM, toutes éteintes, ce jour, pour mauvaise gestion. Toujours, sous Pascal Lissouba, Premier Ministre, les relations bilatérales entre le Congo et les anciennes démocraties populaires des Pays de l’Est ont permis la création de plusieurs unités industrielles publiques. Au compte desquelles, une cimenterie, la construction navale, l’usine textile, les manufactures de cahiers et d’allumettes. Parallèlement à son enseignement de génétique au centre d’enseignement supérieur de Brazzaville, Pascal Lissouba a apporté son assistance aux plantations de cacao dans la région de la Sangha et du tabac dans les Plateaux. Il a également réalisé des expériences de croisement d’espèces de manguiers à Boko et à Loudima. Ce sont là des