Congo-Littérature: Emile Gankama publie «Tribaliste toi-même!…»

LIVRES. «Le tribalisme au sein de la société africaine en général, et congolaise en particulier, ne pourra être éradiqué par la seule profession de foi des citoyens, ni par celle des acteurs publics – intellectuels et responsables politiques – qui, malgré leurs intentions proclamées, contribuent à en prolonger l’existence. Des initiatives courageuses portées par la volonté de dépasser les clivages, peuvent aider à surmonter les idées reçues et à briser les peurs injustifiées envers l’autre, ostracisé pour le nom qu’il porte ou les traditions qu’il perpétue», lit-on sur la quatrième de couverture de ce nouveau titre, «Tribaliste toi-même! Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en.» d’Emile Gankama publié aux éditions, Les Lettres Mouchetées, à Parie en France, en janvier 2025.

Dans cet essai, «Tribaliste toi-même, Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» de 146 pages, l’auteur ouvre une véritable école de redressement de conscience. Il s’appuie sur quatre chapitres pour dire tout haut ce que la majorité, à n’en point douter, pense tout bas.

Dans le premier chapitre intitulé, Idées reçues: sensibilités indécrottables, Emile Gankama affirme que des hommes et des femmes, dans l’évolution des sociétés, des langues qu’ils utilisent pour communiquer, les mots et expressions tirent indubitablement leur source du contexte de leur apparition, ils subissent des influences diverses qui, soit les dénaturent – soit – et c’est peut-être le plus courant – les adaptent au milieu.

Pour lui, l’ethnie s’entend comme une société humaine réputée homogène, fondée sur la conviction de partager une même origine et sur une communauté affective de langue et de culture.

Il souligne par ailleurs, malgré le temps utilisé, que la république du Congo compte plus de soixante et cinq ethnies, précisant qu’elle vit avec quatre groupes ethniques, qui sont, le Sangha, le Bangala, le Téké et le Kongo.

En outre, la tribu, ajoute l’auteur, est un groupement de familles de même origine vivant dans la même région, se déplaçant ensemble et ayant une même organisation sociale, les mêmes croyances religieuses et plus souvent la même langue commune. Il estime que la notion de tribu et son pendant de tribalisme, revient toujours lorsque l’on veut caractériser le repli politiquement motivé sur l’ethnie.

Pour l’auteur, la tribu et l’ethnie ne sont pas en soi un problème. Elles font cependant l’objet de manipulations à des fins politiques tout en insistant sur le fait que le tribaliste a les mêmes réflexes que l’alcoolique qui se plaît à donner une bonne conscience en pointant du doigt son vis-à-vis.

Dans le second chapitre, Le tribalisme dans tous ses états, il évoque le rejet du tribalisme par ceux qui assument les fonctions de chefs d’Etat, citant le président Marien Ngouabi qui dit que «dès l’instant où un homme est au pouvoir, il n’appartient plus à sa région ni à sa tribu. Il est et doit être un homme du peuple».

L’auteur pense également, dans le troisième chapitre, Les perceptions et manifestations du tribalisme, qu’on aurait tort de ne pas tenter un tri entre le tribalisme de surface, presque ludique, habituel, éternel, celui qui révèle à un interlocuteur attentif l’accent villageois, naturel, incorrigible et charmant du partenaire en face quand il énonce une phrase en français ou en lingala,

Emile Gankama relève le comportement des congolais qui utilisent les chuchotements, le silence et les commérages dans les comportements. Il dénonce avec des mots qui ne dérangent pas, l’hypocrisie entre des frères qui se partagent une surface riche et qui devraient avoir besoin les uns des autres pour développer leur bien commun.

Le préfacier Joachim Emmanuel Goma-Théthet reconnaît sans encombre le mérite de l’auteur qui est de replacer un problème qui préoccupe tout le monde, et auquel tout le monde recourt en cas de nécessité. Mais peu de congolais (acteurs politiques et chercheurs) ont osé faire un exposé préliminaire de leurs réflexions pour un débat sincère dégagé de subjectivisme.

Pour lui, Tribaliste toi-même! Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» s’inscrit au nombre de ces nombreux livres publiés depuis le milieu des années 1980 sur cette problématique du tribalisme.

Et, concluant, l’auteur est très affirmatif lorsqu’il insiste sur le fait que le Congo a besoin de cohésion pour assurer son développement.

Emile Gankama n’est pas nouveau dans l’écriture. «Tribaliste toi-même, Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» est son onzième titre après le roman, La cité d’attache du vieux port et l’essai, A la vie bel hommage parusen 2023 aux éditions Les Lettres Mouchetées à Päris en France.

Florent Sogni Zaou 

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