Congo. Toujours dans nos coeurs : Jean Baptiste Tati Loutard

Congo. Toujours dans nos coeurs : Jean Baptiste Tati Loutard

LITTÉRATURE CONGOLAISE. Un grand homme de lettres venait de nous quitter il y a 16 ans, plus précisément le 4 juillet 2009. Jean Baptiste Tati Loutard, le guide de mes premiers pas littéraires. Jean Baptiste Tati Loutard, mon professeur de littérature à l’Université Marien Ngouabi. Jean baptiste Tati Loutard, mon président à l’Union nationale des écrivains et artistes congolais (UNEAC). Jean Baptiste Tati Loutard, un homme de culture que jamais je n’oublierai. Souvenirs, souvenirs Difficile de témoigner pour un doyen que l’on a connu dès ses premiers pas dans la création littéraire. Dès les années 70 quand je te présente mon premier recueil de poèmes « Métamorphoses », tu me reçois dans ton bureau de travail quand tu exerces les fonctions de doyen de la fac des lettres à l’Université de Brazzaville qui deviendra par la suite Université Marien Ngouabi. A la fin de notre discussion, tu me dis curieusement que j’imite la poésie de Senghor et tu cites un vers de celui-ci. Timide et marqué par ta simplicité, je ne sais que te répondre. Je n’avais jamais la poésie de ce dernier et je le ferai après cette remarque. J’avais tellement lu tes textes, surtout « Poèmes de la mer » ; « Racines congolaises « et « L’Envers du soleil » que mon ami Léopold Pindy Mamansono, en publiant mes premiers poèmes dans sa « Nouvelle génération de poètes congolais » en 1984 y notera, à propos de ma modeste poésie ce qui suit : « De fait, tout le recueil de Noël Kodia-Ramata est bâti, de point de vue architectural, sur le modèle des « Racines congolaises » et de « l’Envers du soleil » de son maître J.B. Tati Loutard. Même les thèmes abordés se répercutent comme les échos loutardiens de « Poèmes de la mer » et des « Normes du temps ». En me relisant, j’avais découvert que Pindy Mamansono avait effectivement raison car la mer que j’avais découverte enfant dans les bras de ma grand-mère maternelle, était encore vivante en moi. Cette dernière avait fui le vacarme des locomotives de Marchand, aujourd’hui Missafou pour le bercement de l’océan Atlantique. Depuis mes années d’université, nous ne nous sommes jamais quittés, même pendant ta traversée du désert de 1992 à 1997. Tu me recevais chez toi dans le quartier de la Cathédrale comme un membre de la famille. J’ai adhéré à l’UNEAC grâce à toi. J’ai eu à lire toutes tes œuvres poétiques et narratives car tu m’avais découvert critique littéraire et m’avais dédicacé toutes tes ouvrages en dehors du « Masque du chacal » sorti au moment où je ne me trouvais plus à Brazzaville. Je t’ai fait une grande surprise en publiant une étude critique sur ton œuvre, intitulé « Mer et écriture chez Tati Loutard, de la poésie à la prose » en 2006, chose qui n’avait jamais été faite par un compatriote. La première ébauche de ce travail fut « regardée » par le docteur Tchichelle Tchivéla qui m’encouragea dans mon projet. Quand il le fallait, je ne manquais pas de vous faire découvrir, toi et ton œuvre, par l’intermédiaire de la presse internationale comme le magazine panafricain « Afrique Education » dont tu admirais la rubrique « Arts et Lettres ». . Voici bientôt moult années que j’ai quitté le pays pour un travail littéraire au bord de la Seine. Notre dernière « rencontre » se situe autour de ton message de félicitations pour la publication de « Mer et écriture ». J’ai aussi fait comme toi en passant de la poésie au roman avec « Les Enfants de la guerre » et « Un journal blanc sous le soleil de l’équateur ». .. Beaucoup de compatriotes écriront sur toi, sur ton œuvre, mais je reste toujours accroché à ta biographie romancée de Joël Planque, sans oublier les réflexions pertinentes de M. et Mme Chemain de l’Université de Nice sur ton œuvre et la préface de mon ami Boniface Mongo Mboussa qui ouvre « Mer et écriture ». Mais après des visions occidentales de ton œuvre, il fallait une autre présentation de celle-ci faite avec un regard du pays, et nous l’avions réalisée, Mongo Mboussa et moi. Je ferme la boîte de mes souvenirs (il y en a tellement trop) avec ces lignes prémonitoires des « Nouvelles chroniques congolaises » quand tu écrivais: « Molangui était dans le sommeil comme un noyer au fond d’un puits. La mort pouvait passer le prendre sans craindre la moindre résistance ». Et quand je me rappelle encore que tu devrais préfacer notre « Dictionnaire des œuvres congolaises » en chantier. Hélas ! Mais le professeur Jacques Chevrier que tu connaissais bien avait accepté de le faire. Paix à ton âme ! Le dernier roman de J.B. Tati Loutard Deuxième roman de J.B. Tati Loutard après « Le Récit de la mort », « Le Masque de chacal » publié à Présence africaine en 2006, apparaît comme un autre pan de la réalité sociopolitique du Congo esquissé déjà dans les précédentes proses narratives. Et il n’est pas étonnant de voir Dozock rimer avec Touazock du « Récit de la mort ». De la prose loutardienne, on remarque que ce sont les personnages du terroir qui sont partout omniprésents dans toutes les histoires qui nous sont rapportées. Même s’ils ont pris de l’âge, des « Chroniques congolaises » au « Masque du chacal ». Dozock, ce journaliste incompris et qui décide d’œuvrer pour la liberté de presse, se voit bousculer par les réalités sociopolitiques de son pays. Plus près de nous, les personnages de Tati Loutard évoquent le « quotidien d’aujourd’hui » avec toute son effervescence qui définit ce que nous vivons et ce que nous avions vécu à peine. A la Maison de la Télévision où il est pris à partie par son directeur qui soutient le nouveau régime, Dozock se voit désavoué moralement. Il pense même à démissionner de son travail. Mais le repos, à lui imposé par son chef pour avoir soit disant mal présenter son journal télévisé, le pousse à opter pour une véritable presse démocratique. Et le soutien qu’il a de la part de « Reports sans frontières » quand on va l’incarcérer, ne fera que fortifier sa volonté. Ainsi, il se propose de créer son journal après sa mise à pied. Alors, il se voit comme accompagné par

Congo-Littérature : Etienne Pérez Epagna publie « Esquisse des Us et Coutumes Ngaré

Congo-Littérature : Etienne Pérez Epagna publie « Esquisse des Us et Coutumes Ngaré

LIVRES. L’Esquisse des Us et Coutumes Ngaré est une immersion au cœur des traditions Ngaré. Cet ouvrage offre un panorama du système des croyances, des relations humaines, des aspects liés à la discipline communautaire et des usages. Le présent ouvrage remet en évidence les codes, principes et protocoles qui ont su réguler à la fois le cours de la vie et les événements au sein de ce groupe. Ce qui pendant des siècles, a permis de stabiliser les normes et les comportements de cette communauté, écrit Etienne Perez Epagna dans la conclusion de son essai. Dans ce titre de 84 pages, Etienne Perez Epagna aborde un regard transversal sur les sociétés traditionnelles congolaises qui permet de réaliser que celles-ci ont évolué à une vitesse éblouissante. La montée en puissance des comportements d’emprunt les met en situation de déséquilibre presque totale. Il fait savoir que c’est dans le souci d’une part, d’édifier les nouvelles générations sur leur tradition et leur passé, de l’autre, d’atténuer les effets de naufrage culturel en cours, qu’il s’est patiemment engagé dans cette quête de l’histoire. Il s’agit concrètement, explique-t-il, de restituer certains repères de leur histoire et d’éclairer de ce fait, la lanterne des générations actuelles et de celles encore non-nées sur les usages d’hier, précisant que ce livre, loin d’être un retour aux comportements et pratiques rétrogrades d’autrefois, se veut plutôt une fenêtre ouverte sur un passé commun, un rappel vertueux de leurs traditions. Dans la première partie intitulée, « La communauté Ngaré : situation géographique ; diversités et ressemblances », Etienne Perez Epagna dit en substance que la communauté Ngaré appartient au grand groupe Mbochi, aux côtés des Mboko, Koyo, Akoua, Moye, Mbosi, Likouala et Bobanga. Il précise que le peuple Ngaré est présent dans des endroits de deux départements, à savoir, la Cuvette et la Cuvette-Ouest. Le règlement des problèmes étaient les mêmes dans la communauté Ngaré, qu’il s’agisse du mariage coutumier, de la succession après le décès d’un membre de la famille, d’un cas d’adultère, de divorce ou d’un litige autour d’une propriété.Tout se passait sous l’autorité du dignitaires de la société secrète ‘’Otwèré’’ ou ‘’Kagni’’. Etienne Perez Epagna informe que le Lenguéké, devenu une danse populaire et identitaire, servait à animer les soirées récréatives, pour animer les veillées funéraires ou pour accueillir les hôtes de marque. Dans la seconde partie, « Aperçu des us et Coutumes Ngaré : mythes et réalités », Perez comme aiment l’appeler ses proches, rappelle que les Ngarésont un peuple qui croyait profondément en tout. D’abord en un Etre supérieur, « Ndzambé » ou « Gnambi », à la base de toute vie, de toute existence face auquel l’homme ne pouvait jouer que de petits rôles. Il souligne qu’ils fondaient aussi leur foi sur les fétiches et autres gris-gris utilisés à des fins personnelles ou collectives. En outre, les Ngaré croyaient en une multitude de divinités tutélaires au travers des sociétés initiatiques venues d’ailleurs comme entre autres, le « Ndjobi », « le piquet », le « Ongâlâ », « Lessomba ». Les Ngaré entretenaient également, dans leur foi plurielle, des relations profondes avec des animaux, des éléments naturels (arbres, herbes, lianes…) ou avec des objets qui, selon eux, possédaient une âme et reflétaient la fusion de l’homme et du monde. Etienne Perez Epagna est journaliste. Il a exercé dans plusieurs organes dans le pays dont la Radio rurale, de 1993 à 2009. Meilleur chroniqueur de la presse sur le plan national en 2011 et 2021 reconnu par le comité d’organisation des Oscars de la presse, il a publié Regards sur le député et ses milles mondes aux éditions Publibook en 2007 et un documentaire audiovisuel , « Les Ngaré en quelques repères ». « L’Esquisse des Us et Coutumes Ngaré » est son troisième ouvrage. Il est Chevalier dans l’ordre du mérite congolais. Florent Sogni Zaou

Congo-Littérature: Emile Gankama publie «Tribaliste toi-même!…»

Congo-Littérature: Emile Gankama publie «Tribaliste toi-même!…»

LIVRES. «Le tribalisme au sein de la société africaine en général, et congolaise en particulier, ne pourra être éradiqué par la seule profession de foi des citoyens, ni par celle des acteurs publics – intellectuels et responsables politiques – qui, malgré leurs intentions proclamées, contribuent à en prolonger l’existence. Des initiatives courageuses portées par la volonté de dépasser les clivages, peuvent aider à surmonter les idées reçues et à briser les peurs injustifiées envers l’autre, ostracisé pour le nom qu’il porte ou les traditions qu’il perpétue», lit-on sur la quatrième de couverture de ce nouveau titre, «Tribaliste toi-même! Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en.» d’Emile Gankama publié aux éditions, Les Lettres Mouchetées, à Parie en France, en janvier 2025. Dans cet essai, «Tribaliste toi-même, Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» de 146 pages, l’auteur ouvre une véritable école de redressement de conscience. Il s’appuie sur quatre chapitres pour dire tout haut ce que la majorité, à n’en point douter, pense tout bas. Dans le premier chapitre intitulé, Idées reçues: sensibilités indécrottables, Emile Gankama affirme que des hommes et des femmes, dans l’évolution des sociétés, des langues qu’ils utilisent pour communiquer, les mots et expressions tirent indubitablement leur source du contexte de leur apparition, ils subissent des influences diverses qui, soit les dénaturent – soit – et c’est peut-être le plus courant – les adaptent au milieu. Pour lui, l’ethnie s’entend comme une société humaine réputée homogène, fondée sur la conviction de partager une même origine et sur une communauté affective de langue et de culture. Il souligne par ailleurs, malgré le temps utilisé, que la république du Congo compte plus de soixante et cinq ethnies, précisant qu’elle vit avec quatre groupes ethniques, qui sont, le Sangha, le Bangala, le Téké et le Kongo. En outre, la tribu, ajoute l’auteur, est un groupement de familles de même origine vivant dans la même région, se déplaçant ensemble et ayant une même organisation sociale, les mêmes croyances religieuses et plus souvent la même langue commune. Il estime que la notion de tribu et son pendant de tribalisme, revient toujours lorsque l’on veut caractériser le repli politiquement motivé sur l’ethnie. Pour l’auteur, la tribu et l’ethnie ne sont pas en soi un problème. Elles font cependant l’objet de manipulations à des fins politiques tout en insistant sur le fait que le tribaliste a les mêmes réflexes que l’alcoolique qui se plaît à donner une bonne conscience en pointant du doigt son vis-à-vis. Dans le second chapitre, Le tribalisme dans tous ses états, il évoque le rejet du tribalisme par ceux qui assument les fonctions de chefs d’Etat, citant le président Marien Ngouabi qui dit que «dès l’instant où un homme est au pouvoir, il n’appartient plus à sa région ni à sa tribu. Il est et doit être un homme du peuple». L’auteur pense également, dans le troisième chapitre, Les perceptions et manifestations du tribalisme, qu’on aurait tort de ne pas tenter un tri entre le tribalisme de surface, presque ludique, habituel, éternel, celui qui révèle à un interlocuteur attentif l’accent villageois, naturel, incorrigible et charmant du partenaire en face quand il énonce une phrase en français ou en lingala, Emile Gankama relève le comportement des congolais qui utilisent les chuchotements, le silence et les commérages dans les comportements. Il dénonce avec des mots qui ne dérangent pas, l’hypocrisie entre des frères qui se partagent une surface riche et qui devraient avoir besoin les uns des autres pour développer leur bien commun. Le préfacier Joachim Emmanuel Goma-Théthet reconnaît sans encombre le mérite de l’auteur qui est de replacer un problème qui préoccupe tout le monde, et auquel tout le monde recourt en cas de nécessité. Mais peu de congolais (acteurs politiques et chercheurs) ont osé faire un exposé préliminaire de leurs réflexions pour un débat sincère dégagé de subjectivisme. Pour lui, Tribaliste toi-même! Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» s’inscrit au nombre de ces nombreux livres publiés depuis le milieu des années 1980 sur cette problématique du tribalisme. Et, concluant, l’auteur est très affirmatif lorsqu’il insiste sur le fait que le Congo a besoin de cohésion pour assurer son développement. Emile Gankama n’est pas nouveau dans l’écriture. «Tribaliste toi-même, Le clivage Nord/Sud au Congo-Brazzaville. Idées reçues et manifestations. Parlons-en» est son onzième titre après le roman, La cité d’attache du vieux port et l’essai, A la vie bel hommage parusen 2023 aux éditions Les Lettres Mouchetées à Päris en France. Florent Sogni Zaou 

Nouvel éclairage dans le roman avec Lumières de Saint-Avold(1) de Thierry-Paul Ifoundza : la littérature congolaise en mouvement

Nouvel éclairage dans le roman avec Lumières de Saint-Avold(1) de Thierry-Paul Ifoundza : la littérature congolaise en mouvement

LITTÉRATURE CONGOLAISE. Les hommes de sciences ont aussi marqué la création littéraire dans le domaine du roman. Et souvent certains de leurs de leurs écrits ont été des chefs d’œuvre ; le chimiste Emmanuel Dongala, le médecin Tchitchélé Tchivéla, pour ne citer que ces deux noms, nous ont produit des textes d’une qualité indéniable. De nos jours, un autre scientifique, plus précisément un autre médecin, Thierry-Paul Ifoundza s’est affirmé dans le cercle des créateurs des œuvres de l’esprit avec son roman Lumières de Saint Avold publié dernièrement aux éditions Paari à Paris. Ci-après la brève interview qu’il nous a accordée à propos de son ouvrage. Votre dernier roman, Lumières de Saint-Avold (Paari éditions), aborde entre autres le thème de la transmission des savoirs. Est-ce si important pour vous ? Thierry-Paul Ifoundza : En tant que médecin et écrivain, transmettre est un « verbe »d’accomplissement que je pratique au quotidien. Lorsque je consulte un patient, je lui apprends par la même occasion les signes avant-coureurs d’une éventuelle pathologie. À contrario, toute phrase d’un roman ou d’un récit, d’un Essai, n’a pour fonction que de transmettre une information, une réflexion sans pour autant en faire une vérité absolue. Du moins en ce qui me concerne. De toute manière, on ne transmet que ce qu’on a soi-même reçu. Sartre disait : « Tout nous vient des autres. Être c’est appartenir à quelqu’un… » Dans votre roman polyphonique, l’un des narrateurs, un médecin stagiaire, se pose une question : que reste-t-il de l’effort personnel ? TPI : C’est là tout le problème ! Toutefois pour recevoir un savoir, la personnalité s’efface.Ce que je sais ou je fais, je le tiens des autres, donc du passé. Il ne vous a pas échappé que la Renaissance, ce grand mouvement culturel, procède en partie de la redécouverte des Grecs anciens. L’humain n’est jamais « un tout mais le maillon d’une longue chaîne »… Ce que nous sommes aujourd’hui, nous le devons à des formateurs qui ont eux-mêmes été formés par les autres. Tout ce que nous écrivons aujourd’hui a déjà été dit hier ! Seule change la manière,parce que la manière c’est se qui se travaille personnellement. Dans mon livre sur le système de santé de mon pays d’origine, le Congo-Brazzaville, j’insiste sur le fait de la formation continue… Justement, dans votre roman, vous revenez sur le Congo-Brazzaville… L’état de santé devotre pays natal vous préoccupe-t-il tant ? TPI : Et comment ? Bien que basé en France, tout tourne autour de mon pays natal. Son état de santé mérite diagnostic, analyse et prescription au quotidien. Quitte à me faire des inimitiés, le Congo nous appartient tous et toute production littéraire d’un Congolais devrait au moins aborder un aspect important de ce grand corps malade. Voyez-vous, j’ai effectué une grande partie de mon cursus universitaire en Russie. Inutile donc de vous révéler que j’ai lu Dostoïevski. Son œuvre a pour cadre spatio-temporel Saint-Pétersbourg. Pourquoi moi,même éloigné de mon pays, je ne parlerai pas du Congo ? Parler du Congo n’est seulement pas une posture, c’est une nécessité… Propos recueillis par Noël Kodia-Ramata   Lumières de Saint-Avold, Thierry-Paul, éditions Paari, Paris, 2025, 148 pages, 12,50 euros Un extrait de l’ouvrage « De son licenciement, Chala n’en a pas fait un drame. C’est la vie, s’est-il contenté de dire.Toutefois, au fond de lui, il a pressenti cet instant où cette DRH le supplierait, voire même mettrait pieds à terre devant lui. Et, au fil du temps, cela s’est mué en objectif… En attendant ce moment qu’il pense déjà magique, sûr de sa conscience professionnelle,animé par l’envie de transmettre et donc de diriger – il n’imagine pas transmettre sans le pouvoir de donner des ordres –, il a aussitôt postulé ailleurs, où sa demande a été instantanément acceptée. Avec la même promesse de devenir enfin Chef de service – tôt ou tard, avant sa retraite, il occupera ce poste et ce n’est pas un simple pressentiment mais une certitude profonde. Désormais, il officie donc à des centaines de kilomètres de sa ville de résidence… Ce matin, en s’apprêtant à prendre la route, le coup de fil de 5h du mat de celle-là même qui l’a viré d Saint-Philibert, celle-là même dont il peine à prononcer le nom par hygiène intellectuelle, oui, son coup de fil a vraiment irrité ses nerfs au sens étroit. Pour qui donc se prend cette dame ? Croit-elle qu’il n’estqu’un paillasson sur lequel elle pourrait essuyer ses hauts talons permanents ? Espèce de… Certes il a promis la rappeler ! Mais dans deux ou trois ans ! » Par Noël Kodia-Ramata

Congo-Littérature. Les rideaux de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO) tombent sur Juste Désiré Mondélé, Louis Bakabadio et Nicole Mballa

Congo-Littérature. Les rideaux de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO) tombent sur Juste Désiré Mondélé, Louis Bakabadio et Nicole Mballa

La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO 024), organisée par le Pen centre Congo Brazzaville, s’est close le 21 septembre 2024 à la librairie Les Manguiers du journal Les Dépêches de Brazzaville par la remise du Grand prix Jean Malonga aux lauréats Juste Désiré Mondélé, Louis Bakabadio et Nicole Mballa. Cette édition a eu lieu sur le thème, « Ouvrir un livre, le lire est un droit ». Il sied de signaler que les trois récipiendaires sont des écrivains. Le premier, Juste Désiré Mondélé, est membre du gouvernement, le second, est conseiller spécial du Chef de l’Etat et la dernière est agent d’une société privée à Pointe-Noire. Cette édition était sous la houlette du président de l’Union Nationale des Ecrivains et Artistes Congolais (UNEAC), l’écrivain Henri Djombo qui a salué cette initiative du Pen Centre de Brazzaville et de son président, Florent Sogni Zaou. Cette septième édition a connu la participation de deux écrivains de la ville océane, Hugues Eta et Nicole Mballa et d’un de la République démocratique du Congo en la personne de Martin Pape. Le récipiendaire Juste Désiré Mondélé est auteur de titres comme « Evolutions et mutations de l’Etat en République du Congo » sorti des ateliers de l’Harmattan en 2021 et « Enjeux et perspectives : diversification économique au Congo-Brazzaville » publié par les éditions Picolec. Le second récipiendaire n’est autre que l’universitaire Louis Bakabadio, économiste et auteur de plusieurs ouvrages dont « Le grand remplacement. Le nouveau paradigme de l’émergence économique en Afrique » paru en 2017 et « Leçons d’économie politique dans la poésie parabolique Kongo » géré par les éditions l’Harmattan en 2003. Madame Nicole Mballa est quant à elle, auteure d’un recueil de poèmes, « L’étoile est ma demeure » en 2020 et d’un roman, « Les calebasses brisées » en 2016 sans oublier. Son second roman est, « Le silence des infortunes » sorti des éditions Les lettres mouchetées en juillet 2024 à Paris en France. Quatre écrivains ont animé chacune des sept tables rondes qui ont connu une ambiance particulière, soit un total de plus de 25 écrivains. Cette édition s’est ouverte par l’artiste Fortuné Batéza qui a tenu en haleine toute la salle par une liste d’écrivains congolais présents ou non dans la salle. Il y a été également noté la présence de l’animateur des éditions Hémar, le professeur Mukala Kadima Nzuji. Cette foule était aussi constituée des élèves des niveaux Seconde, Première et Terminale de l’école Emmanuel située au quartier Moukondo de Brazzaville. Les élèves de Terminale en ont profité pour rencontrer l’auteur du roman, Sarah, ma belle cousine, qui vient d’entrer dans les programmes scolaires. Les tables rondes ont été animées par les écrivains Pérez Etienne Epagna, Eugenie Opou, Octave Mouandza et Jean Rodrigue Ngakosso, sous la modération de Willy Gom ; de Rosin Loemba, Malachie Ngouloubi et Moïse Bobongo sous l’œil de Rémy Mongo-Etsion pour la première journée. La deuxième et la troisième ont reçu Martin Pape de la RDC, Florent Sogni Zaou, Daniel Isaac Itoua et Ken Phinéas sous le contrôle du représentant de Léwalet Mandah ; de Chardin Nkala, de Hugues Etat, de Willy Gom et Emile Gankama dirigés par Rosin Loemba. La dernière de la journée qui a été gérée par Fidèle Biakoro a connu la participation d’Henri Djombo, la jeune Candide Yoka et Ferréol Gassackys. La dernière table ronde a reçu les écrivains Juste Désiré Mondélé, Nicole Mballa et Télémine Kiongo sous la coordination de Guli Tsoumou Gavoka. Il y a été également présenté, une fois encore, « Le manguier, le fleuve et la souris » de Denis Sassou-N’guesso par Grégoire Lefouoba et Valère Mabiala-Mapa qui y ont tenu le public en haleine. La huitième édition est programmée pour septembre 2025, selon le président du Pen et responsable de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO). Prodeo Baptiste 

CONGO-LITTERATURE. La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo pour les 19, 20 et 21 septembre 2024

CONGO-LITTERATURE. La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo pour les 19, 20 et 21 septembre 2024

La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO 2024) se tient du 19 au 21 septembre 2024 à Brazzaville sur le thème « Ouvrir un livre, le lire est un droit ». Plus d’une vingtaine d’écrivains prennent part à cet événement littéraire qui rassemblera des écrivains de Brazzaville, de la capitale économique, Pointe-Noire et de Kinshasa (République démocratique du Congo). Certains écrivains viennent avec leur première publication à cette fête littéraire et espère bien se tenir devant les spectateurs. Ils auront de ce fait l’occasion de se faire connaitre et de faire connaitre leurs ouvrages. La première journée prévue pour le lancement sera placée sous la responsabilité de l’écrivain et ancien ministre d’Etat, Henri Djombo, en présence du président du Pen Centre Congo Brazzaville et responsable de la RELICO, Florent Sogni Zaou. Le programme de travail des trois jours prévoit, pour le premier, la rencontre avec le public, du journaliste Etienne Perez Epagna, de Marie Eugenie Opou et d’Octave Mouanda qui seront sous la modération de l’écrivain Willy Gom avant de passer à la seconde que modérera l’artiste et écrivain Rémy Mongo Etsion avec Rosin Loemba, Mildred Moukenga et Malachie Cyrille Ngouloubi comme écrivains. Elle sera placée sur le thème : « La littérature : une amie et une confidente ». La seconde journée se déroulera sur le thème : « Voyage avec la littérature ». Trois tables-rondes auront lieu. La première sera patronnée par l’écrivain Lewa-Let Mandah de Pointe-Noire, qui aura autour de lui les brazzavillois Jean Rodrigue Ngakosso, Florent Sogni Zaou, Itoua-Itoua et le congolais de RDC Martin Pape. Cette journée recevra aussi le modérateur Rosin Loemba qui posera ses questions à Chardin Nkala, Hugues Eta de la ville économique, Willy Gom et Emile Gankama avant de céder la place à Fidèle Biakoro qui gèrera Henri Djombo, Candide Yoka et Ferréol Gassackys. Au cours de ces deux journées, le médiateur culturel des jeunes, Ken Phinéas animera pendant une dizaine de minutes une activité dénommée : « Littérature congolaise et médiation culturelle des jeunes ». « La littérature, le savoir » est le thème de la troisième journée qui traitera du livre du Président de la république, Denis Sassou Nguesso, « le Manguier, le fleuve et la souris ». Quatre techniciens du livre, à savoir, Grégoire Lefouoba, Chardin Nkala, Moukouami Mouendo et Mabiala Mapa, débattront de ce titre. La dernière table-ronde rassemblera le ministre Juste Désiré Mondélé, Nicole Mballa et Télémine Kiongo avant la remise du grand prix Jean Malonga par le doyen Henri Djombo, le PDG Mahmoudi et le président de la Rentrée Littéraire du Congo. Baptiste Prodeo 

LITTERATURE CONGOLAISE. L’affreuse vie de Ndinga (1) d’Ariane Prefina Mabiri-Ma-Kaya : une nouvelle lumière dans l’univers des romancières congolaises

LITTERATURE CONGOLAISE. L’affreuse vie de Ndinga (1) d’Ariane Prefina Mabiri-Ma-Kaya : une nouvelle lumière dans l’univers des romancières congolaises

LIVRES. Une jeune fille qui, dans le cours du récit devient une femme à problèmes : Ndinga dont la beauté physique emmène à vivre un destin sulfureux. Aussi, ses aventures sentimentales commencent avec le jeune Lionel, le fils de la propriétaire d’un lycée qu’elle fréquente. Soupçonnant la conduite désagréable de Ndinga, la mère de Lionel ne peut accepter la relation des deux enfants, car Ndinga trop belle pour échapper aux pièges de la vie mondaine à cause de ses multiples fréquentations. Et la conduite de la jeune fille va se concrétiser, en absence de Lionel quand elle tombe enceinte. Elle est désemparée, quand Lionel lui démontre qu’il n’est pas l’auteur de sa grossesse ; aussi se souvient-elle de ses nombreuses fréquentations. Ne pouvant pas reconnaitre l’auteur de sa grossesse qui serait de trois mois, une confirmation de l’hôpital et qui confirme sa trahison envers Lionel, Ndinga va décider de se débarrasser de son futur bébé à sa naissance. S’étant séparée de son premier amour Lionel, commence alors pour Ndinga cette affreuse vie qui va la conduire pendant plusieurs années dans des situations sentimentales rocambolesques, car consciente de sa beauté physique. Ndinga : une enfance atypique Dès son enfance, Ndinga voit son destin tracé par le pouvoir maternel. Sa mère souhaite qu’elle tombe dans les mains d’un homme fortuné. Différente de sa demi-sœur qui s’occupe des tâches ménagères de la famille et consciente de sa beauté physique, Ndinga mène une vie d’arrogance s’accrochant au luxe. Elle a un penchant pour les hommes riches et déteste ceux qui croupissent dans le manque d’argent : « J’aime les hommes riches et je suis l’ennemie des hommes démunis. Cette beauté que le ciel m’a gratuitement accordée s’accroit grâce aux soins des hommes riches » (p.6). Amours et désamours de Ndinga à Brazzaville Après sa mésaventure avec le jeune Lionel, Ndinga retrouve,quelques années après,sa cousine Clemy. Le mari de cette dernière n’apprécie pas Ndinga dont la mauvaise réputation est manifeste. Et se déclenche une dispute entre Clemy et son mari Prince qui a traité sa cousine de prostituée. Mais le cours de la vie va mettre Clemy devant un fait accompli. De retour à Brazzaville après un voyage de famille, elle découvre, contre toute attente, son mari avec sa cousine en amoureux : « Elle mit ses mains autour de sa taille, surprise d’assister au spectacle le plus désagréable qui s’était jamais présenté à ses yeux. C’était bien son époux Prince se caressant avec sa cousine Ndinga (…). Ils continuèrent leurs ébats aux yeux de Clemy, se foutant éperdument de ce qu’elle pouvait ressentir » (p.28). La pauvre Clemy se voit désabusée par son époux ; aussi préfère-t-elle le laisser dans les mains de sa cousine. Elle ne peut supporter la présence de Ndinga et elle décide de quitter la maison, à la grande surprise de sa cousine qui ne comprend pas l’attitude de Prince. Ainsi, l’homme va commencer une nouvelle vie avec Ndinga : « Ndinga avait finalement gagné avec joie ce foyer et l’amour de Prince aussi » (p.35). Et cela va jusqu’au mariage de deux amoureux malgré la relation de famille qui existe entre Clemy et Ndinga. Mais cette vie va brusquement changer avec le retour de l’étranger de King, l’ami de Prince, le véritable propriétaire des biens et matériels que gérait ce dernier. Commence alors pour Ndingaune vie tumultueuse avec plusieurs hommes avant de voir le destin lui réserver une grande surprise. Après Prince, elle fait la connaissance de Charden qui va la marquer : « Elle [Ndinga] reconnaissait que c’était un bel homme. Charden lui plaisait beaucoup. Elle l’admirait et aimait sa compagnie » (p.56). Heureux, les deux amoureux attendent un bébé. Mais le bonheur sera de courte durée car perturbépar le retour en vacances à Brazzaville de Fidèle, une ancienne connaissance de Charden. Celle-ci est déçue quand, au coursd’un rendez-vous, l’homme lui révèle sa nouvelle vie avec Ndinga. Commence alors la descente aux enfers de Charden avec Fidèle qui lui réveille son passé mondain, cette fille qu’il aurait prise comme femme si elle n’était pas partie en France : « Fidèle était l’ex-petite amie de Charden, la toute dernière qu’il avait connue avant de rencontrer Ndinga (…). Fidèle aurait pu être celle que Charden avait épousée, mais elle avait tout gâté elle-même » (p.75). Invité par Fidèle pour des sorties nocturnes, Charden se voit prisonnier de l’alcool et de la cigarette que lui impose son ex-petite amie. Et ses fréquentes sorties en boîte de nuit tous les weekends avec Fidèle perturbe son foyer : « Comme elle, il était devenu alcoolique, drogué et adorait la nuit » (p.81). Quand Fidèle retourne en France, c’est un autre Charden qu’elle laisse dans les bras de Ndinga. Dans cette déchéance morale et physique, Charden devient un homme violent envers sa femme malgré son état de grossesse. Hospitalisée parce que battue par son mari, Ndinga finit par perdre le bébé qu’ils attendaient ; ce qui va irriter sa mère : « Maintenant que tu as perdu ton enfant (…) tu n’as plus de place aux côtés de ce Charden, pesta sa mère » (p.90). Et quand Ndinga compte reconquérir son cher Prince, elle se rend compte que ce dernier vit déjà avec une femme. Toujours, dans sa course effrénée à la cherche du bonheur au près des hommes nantis, Ndinga, est remarquée par Jean de Dieu, le mari de Pétronille, une de ses amies ; elle devient la maîtresse de ce dernier, brisant ainsi le foyer de mon amie : « Jean de Dieu était celui qui avait abandonné sa femme et ses enfants au profit de Ndinga » (p.103). Comme si la malédiction poursuivait Ndinga, sa cohabitation avec Jean de Dieu devient tiède car elle est consciente qu’elle ne sera plus maman. Comme l’homme ne le sait pas, elle décide de le quitter rejoindre sa tante Dorcas en Tunisie. Ndinga en Tunisie : la déchéance en marche Aux côtés de sa tante, elle semble s’intéresser à un certain Krys, un compatriote qui, paradoxalement, ne s’intéresse pas à elle. Ce dernier qui attend un divorce au Congo, ne voudrait plus vivre en couple. Et quand au cours d’une rencontre, Ndinga se révèle aussi divorcée,

LITTERATURE CONGOLAISE. Le Spectre de l’amour (1): Premier roman d’Emma Diamoneka

LITTERATURE CONGOLAISE. Le Spectre de l’amour (1): Premier roman d’Emma Diamoneka

LIVRES. De la France au Congo et du Congo à la France, tel est le trajet que vont effectuer Charles et Lise. Et c’est dans leur rencontre sentimental au pays que le destin de chacun d’eux va être troublé par les péripéties de l’amour. La jeune Lise qui a passé une partie de son enfance en France, rencontre au pays Le Parisien Charles venu en vacance dans son pays. Elle ne peut imaginer le tournant qui va prendre son destin qu’elle croyait merveilleux quand elle se rendrait en France pour une deuxième fois, séjour consécutif l’éclosion de son nouvel amour Charles. Lise s’est séparée malgré elle de son premier amour d’enfance Leeroy pour des raisons sociales et sociétales. Lise dans l’antre d’une nouvelle vie en France La rencontre inopinée de Lise avec Charles va changer le cours du destin de la jeune femme qui est encore sous le poids d’une mélancolie d’amour créée par la perte de son enfant ainsi que de sa douloureuse séparation avec son amour Leeroy. À Brazzaville comme à Pointe Noire, les deux amoureux fortifient leurs sentiments et la joie de vivre que la jeune femme retrouve dans son cœur quand Charles semble prendre les choses au sérieux. Et Lise de nous le faire comprendre : « Il faut préciser que Charles me présente [à ses amis Parisiens venus en vacances] comme étant sa fiancée » (p.24). Ses parents étant d’accord pour qu’elle puisse recommencer sa vie sentimentale avec le Parisien Charles, Lise semble retrouver le chemin du bonheur, surtout quand le visa pour la France se concrétise. Et c’est un voisin de bon cœur qui a dénoué la situation après l’échec de l’intervention de Charles : « Figure-toi que le voisin chez qui nous nous parlons, s’est proposé de m’aider,  est parti à l’ambassade et est revenu avec le visa juste comme ça » (p.36). L’obtention du visa et son amour pour Charles facilitent, sans ambages, le voyage de Lise, surtout que le jeune Parisien s’est montré correct et a gagné la confiance des parents, leur fille devrait profiter de son séjour en France pour poursuivre ses études universitaires. Et les lumières de France d’éclairer le destin de Lise aux côtés de Charles Arrivée en France, Lise découvre un autre Charles différent du beau et gentil jeune homme qui l’avait séduite et charmée au pays. Celui-ci lui avait promis une inscription dans une université pour la poursuite de ses études. Commence alors la souffrance psychologique de Lise quand celle-ci se voit visitée par deux jeunes filles au domicile de Charles. Et ce dernier de se dévoiler sans pudeur : « Les filles que tu viens de voir sont les petites sœurs de ma femme » (p.49). Mais comme le mensonge n’a pas duré, la pauvre Lise se voit encore désabusée par son homme ; aussi décide-t-elle de retourner au pays, surtout que la femme de ce dernier l’a agressée. Aussi, réalise-t-elle que Charles l’avait mentie pour préserver leur amour: «  Je suis venu en vacances (…). Je n’avais pas prévu de tomber amoureux, aussi je ne t’ai pas dit la vérité car je ne voulais pas te perdre » (p.50). Et la décision de rentrer au pays se concrétise quand son visa d’étudiant expire et qu’elle est visitée par la gendarmerie. Mais le destin de Lise se voit poursuivi par celui de Charles qui, de son côté, organise un voyage pour le pays après son divorce, comme il l’avait promis à Lise. Aussi, malgré quelques réserves de son père, les mariages coutumier et civil de deux tourtereaux se concrétisent ; Lise rejoindra son mari avec un visa normal. Va alors commencer une nouvelle étape de la vie du couple. Charles, un mari don Juan insatiable Dans le domaine de la vie sentimentale, on peut dire, sans ambages, que Charles est un « homme des actions concrètes » dans la conquête des femmes. En dehors de sa première épouse dont il avait caché l’existence, c’est une multitude de maîtresses qui va se révéler dans la vie du couple. Charles, un homme qui vit dans et par le mensonge et qui n’hésite pas de menacer sa femme quand il est à bout d’arguments dans leurs discussions. Même après les deux maternités de Lise, Charles reste égal à lui-même dans son mauvais comportement ; ce qui va provoquer le voyage pour le Congo de sa femme quand celle-ci attend son troisième enfant. Cette situation fera que sa mère séjourne en France pendant un certain moment. Malgré la vie mondaine que continue à mener Charles, Lise va devenir mère de trois enfants, peut-être pour effacer l’image on ne peut plus regrettable de son premier amour Leeroy avec lequel elle n’avait pas pu avoir un enfant en vie. Mais, au carrefour d’une vie de couple en dents de scie, Lise, après moult désagréables péripéties, finit par décider de quitter Charles après onze ans de vie commune. Comme on le remarque souvent, le service social, protecteur de la femme martyrisée par l’homme dans le foyer, encourage Lise d’aller jusqu’au de sa décision : « Il faut avouer que(…) le service social m’oblige à aller jusqu’au bout de ma démarche » (p.122). Et c’est quand Charles se retrouve devant l’administration socio-juridique et que leur non réconciliation lui tombe dessus, il comprend son sort. Il a perdu celle qu’il venait de doter et marier au pays il y a quelques années. Aussi, lui est-il demandé de quitter le domicile qu’il partage avec Lise : « (…) Madame a été plus que patient de vous garder plus de 6 mois alors qu’elle n’en avait pas le droit, on va vous demander de quitter les lieux gentiment » (p.127). Le spectre de l’amour, un beau texte qui aurait gagné un plus dans le style Se remarquent dans ce texte quelques maladresses de style que devait redresser le comité de lecture des éditions Maïa pour leur notoriété. Mais malgré ces quelques coquilles scripturales, cet attrayant roman ne gène pas le lecteur d’être émerveillé par le film d’amour dont Lise et Charles sont les deux protagonistes. Ce roman se caractérise par un récit plein de rebondissements qui prouvent que l’auteure