Congo-Littérature. Les rideaux de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO) tombent sur Juste Désiré Mondélé, Louis Bakabadio et Nicole Mballa
La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO 024), organisée par le Pen centre Congo Brazzaville, s’est close le 21 septembre 2024 à la librairie Les Manguiers du journal Les Dépêches de Brazzaville par la remise du Grand prix Jean Malonga aux lauréats Juste Désiré Mondélé, Louis Bakabadio et Nicole Mballa. Cette édition a eu lieu sur le thème, « Ouvrir un livre, le lire est un droit ». Il sied de signaler que les trois récipiendaires sont des écrivains. Le premier, Juste Désiré Mondélé, est membre du gouvernement, le second, est conseiller spécial du Chef de l’Etat et la dernière est agent d’une société privée à Pointe-Noire. Cette édition était sous la houlette du président de l’Union Nationale des Ecrivains et Artistes Congolais (UNEAC), l’écrivain Henri Djombo qui a salué cette initiative du Pen Centre de Brazzaville et de son président, Florent Sogni Zaou. Cette septième édition a connu la participation de deux écrivains de la ville océane, Hugues Eta et Nicole Mballa et d’un de la République démocratique du Congo en la personne de Martin Pape. Le récipiendaire Juste Désiré Mondélé est auteur de titres comme « Evolutions et mutations de l’Etat en République du Congo » sorti des ateliers de l’Harmattan en 2021 et « Enjeux et perspectives : diversification économique au Congo-Brazzaville » publié par les éditions Picolec. Le second récipiendaire n’est autre que l’universitaire Louis Bakabadio, économiste et auteur de plusieurs ouvrages dont « Le grand remplacement. Le nouveau paradigme de l’émergence économique en Afrique » paru en 2017 et « Leçons d’économie politique dans la poésie parabolique Kongo » géré par les éditions l’Harmattan en 2003. Madame Nicole Mballa est quant à elle, auteure d’un recueil de poèmes, « L’étoile est ma demeure » en 2020 et d’un roman, « Les calebasses brisées » en 2016 sans oublier. Son second roman est, « Le silence des infortunes » sorti des éditions Les lettres mouchetées en juillet 2024 à Paris en France. Quatre écrivains ont animé chacune des sept tables rondes qui ont connu une ambiance particulière, soit un total de plus de 25 écrivains. Cette édition s’est ouverte par l’artiste Fortuné Batéza qui a tenu en haleine toute la salle par une liste d’écrivains congolais présents ou non dans la salle. Il y a été également noté la présence de l’animateur des éditions Hémar, le professeur Mukala Kadima Nzuji. Cette foule était aussi constituée des élèves des niveaux Seconde, Première et Terminale de l’école Emmanuel située au quartier Moukondo de Brazzaville. Les élèves de Terminale en ont profité pour rencontrer l’auteur du roman, Sarah, ma belle cousine, qui vient d’entrer dans les programmes scolaires. Les tables rondes ont été animées par les écrivains Pérez Etienne Epagna, Eugenie Opou, Octave Mouandza et Jean Rodrigue Ngakosso, sous la modération de Willy Gom ; de Rosin Loemba, Malachie Ngouloubi et Moïse Bobongo sous l’œil de Rémy Mongo-Etsion pour la première journée. La deuxième et la troisième ont reçu Martin Pape de la RDC, Florent Sogni Zaou, Daniel Isaac Itoua et Ken Phinéas sous le contrôle du représentant de Léwalet Mandah ; de Chardin Nkala, de Hugues Etat, de Willy Gom et Emile Gankama dirigés par Rosin Loemba. La dernière de la journée qui a été gérée par Fidèle Biakoro a connu la participation d’Henri Djombo, la jeune Candide Yoka et Ferréol Gassackys. La dernière table ronde a reçu les écrivains Juste Désiré Mondélé, Nicole Mballa et Télémine Kiongo sous la coordination de Guli Tsoumou Gavoka. Il y a été également présenté, une fois encore, « Le manguier, le fleuve et la souris » de Denis Sassou-N’guesso par Grégoire Lefouoba et Valère Mabiala-Mapa qui y ont tenu le public en haleine. La huitième édition est programmée pour septembre 2025, selon le président du Pen et responsable de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO). Prodeo Baptiste
CONGO-LITTERATURE. La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo pour les 19, 20 et 21 septembre 2024
La septième édition de la Rentrée Littéraire du Congo (RELICO 2024) se tient du 19 au 21 septembre 2024 à Brazzaville sur le thème « Ouvrir un livre, le lire est un droit ». Plus d’une vingtaine d’écrivains prennent part à cet événement littéraire qui rassemblera des écrivains de Brazzaville, de la capitale économique, Pointe-Noire et de Kinshasa (République démocratique du Congo). Certains écrivains viennent avec leur première publication à cette fête littéraire et espère bien se tenir devant les spectateurs. Ils auront de ce fait l’occasion de se faire connaitre et de faire connaitre leurs ouvrages. La première journée prévue pour le lancement sera placée sous la responsabilité de l’écrivain et ancien ministre d’Etat, Henri Djombo, en présence du président du Pen Centre Congo Brazzaville et responsable de la RELICO, Florent Sogni Zaou. Le programme de travail des trois jours prévoit, pour le premier, la rencontre avec le public, du journaliste Etienne Perez Epagna, de Marie Eugenie Opou et d’Octave Mouanda qui seront sous la modération de l’écrivain Willy Gom avant de passer à la seconde que modérera l’artiste et écrivain Rémy Mongo Etsion avec Rosin Loemba, Mildred Moukenga et Malachie Cyrille Ngouloubi comme écrivains. Elle sera placée sur le thème : « La littérature : une amie et une confidente ». La seconde journée se déroulera sur le thème : « Voyage avec la littérature ». Trois tables-rondes auront lieu. La première sera patronnée par l’écrivain Lewa-Let Mandah de Pointe-Noire, qui aura autour de lui les brazzavillois Jean Rodrigue Ngakosso, Florent Sogni Zaou, Itoua-Itoua et le congolais de RDC Martin Pape. Cette journée recevra aussi le modérateur Rosin Loemba qui posera ses questions à Chardin Nkala, Hugues Eta de la ville économique, Willy Gom et Emile Gankama avant de céder la place à Fidèle Biakoro qui gèrera Henri Djombo, Candide Yoka et Ferréol Gassackys. Au cours de ces deux journées, le médiateur culturel des jeunes, Ken Phinéas animera pendant une dizaine de minutes une activité dénommée : « Littérature congolaise et médiation culturelle des jeunes ». « La littérature, le savoir » est le thème de la troisième journée qui traitera du livre du Président de la république, Denis Sassou Nguesso, « le Manguier, le fleuve et la souris ». Quatre techniciens du livre, à savoir, Grégoire Lefouoba, Chardin Nkala, Moukouami Mouendo et Mabiala Mapa, débattront de ce titre. La dernière table-ronde rassemblera le ministre Juste Désiré Mondélé, Nicole Mballa et Télémine Kiongo avant la remise du grand prix Jean Malonga par le doyen Henri Djombo, le PDG Mahmoudi et le président de la Rentrée Littéraire du Congo. Baptiste Prodeo
LITTERATURE CONGOLAISE. L’affreuse vie de Ndinga (1) d’Ariane Prefina Mabiri-Ma-Kaya : une nouvelle lumière dans l’univers des romancières congolaises
LIVRES. Une jeune fille qui, dans le cours du récit devient une femme à problèmes : Ndinga dont la beauté physique emmène à vivre un destin sulfureux. Aussi, ses aventures sentimentales commencent avec le jeune Lionel, le fils de la propriétaire d’un lycée qu’elle fréquente. Soupçonnant la conduite désagréable de Ndinga, la mère de Lionel ne peut accepter la relation des deux enfants, car Ndinga trop belle pour échapper aux pièges de la vie mondaine à cause de ses multiples fréquentations. Et la conduite de la jeune fille va se concrétiser, en absence de Lionel quand elle tombe enceinte. Elle est désemparée, quand Lionel lui démontre qu’il n’est pas l’auteur de sa grossesse ; aussi se souvient-elle de ses nombreuses fréquentations. Ne pouvant pas reconnaitre l’auteur de sa grossesse qui serait de trois mois, une confirmation de l’hôpital et qui confirme sa trahison envers Lionel, Ndinga va décider de se débarrasser de son futur bébé à sa naissance. S’étant séparée de son premier amour Lionel, commence alors pour Ndinga cette affreuse vie qui va la conduire pendant plusieurs années dans des situations sentimentales rocambolesques, car consciente de sa beauté physique. Ndinga : une enfance atypique Dès son enfance, Ndinga voit son destin tracé par le pouvoir maternel. Sa mère souhaite qu’elle tombe dans les mains d’un homme fortuné. Différente de sa demi-sœur qui s’occupe des tâches ménagères de la famille et consciente de sa beauté physique, Ndinga mène une vie d’arrogance s’accrochant au luxe. Elle a un penchant pour les hommes riches et déteste ceux qui croupissent dans le manque d’argent : « J’aime les hommes riches et je suis l’ennemie des hommes démunis. Cette beauté que le ciel m’a gratuitement accordée s’accroit grâce aux soins des hommes riches » (p.6). Amours et désamours de Ndinga à Brazzaville Après sa mésaventure avec le jeune Lionel, Ndinga retrouve,quelques années après,sa cousine Clemy. Le mari de cette dernière n’apprécie pas Ndinga dont la mauvaise réputation est manifeste. Et se déclenche une dispute entre Clemy et son mari Prince qui a traité sa cousine de prostituée. Mais le cours de la vie va mettre Clemy devant un fait accompli. De retour à Brazzaville après un voyage de famille, elle découvre, contre toute attente, son mari avec sa cousine en amoureux : « Elle mit ses mains autour de sa taille, surprise d’assister au spectacle le plus désagréable qui s’était jamais présenté à ses yeux. C’était bien son époux Prince se caressant avec sa cousine Ndinga (…). Ils continuèrent leurs ébats aux yeux de Clemy, se foutant éperdument de ce qu’elle pouvait ressentir » (p.28). La pauvre Clemy se voit désabusée par son époux ; aussi préfère-t-elle le laisser dans les mains de sa cousine. Elle ne peut supporter la présence de Ndinga et elle décide de quitter la maison, à la grande surprise de sa cousine qui ne comprend pas l’attitude de Prince. Ainsi, l’homme va commencer une nouvelle vie avec Ndinga : « Ndinga avait finalement gagné avec joie ce foyer et l’amour de Prince aussi » (p.35). Et cela va jusqu’au mariage de deux amoureux malgré la relation de famille qui existe entre Clemy et Ndinga. Mais cette vie va brusquement changer avec le retour de l’étranger de King, l’ami de Prince, le véritable propriétaire des biens et matériels que gérait ce dernier. Commence alors pour Ndingaune vie tumultueuse avec plusieurs hommes avant de voir le destin lui réserver une grande surprise. Après Prince, elle fait la connaissance de Charden qui va la marquer : « Elle [Ndinga] reconnaissait que c’était un bel homme. Charden lui plaisait beaucoup. Elle l’admirait et aimait sa compagnie » (p.56). Heureux, les deux amoureux attendent un bébé. Mais le bonheur sera de courte durée car perturbépar le retour en vacances à Brazzaville de Fidèle, une ancienne connaissance de Charden. Celle-ci est déçue quand, au coursd’un rendez-vous, l’homme lui révèle sa nouvelle vie avec Ndinga. Commence alors la descente aux enfers de Charden avec Fidèle qui lui réveille son passé mondain, cette fille qu’il aurait prise comme femme si elle n’était pas partie en France : « Fidèle était l’ex-petite amie de Charden, la toute dernière qu’il avait connue avant de rencontrer Ndinga (…). Fidèle aurait pu être celle que Charden avait épousée, mais elle avait tout gâté elle-même » (p.75). Invité par Fidèle pour des sorties nocturnes, Charden se voit prisonnier de l’alcool et de la cigarette que lui impose son ex-petite amie. Et ses fréquentes sorties en boîte de nuit tous les weekends avec Fidèle perturbe son foyer : « Comme elle, il était devenu alcoolique, drogué et adorait la nuit » (p.81). Quand Fidèle retourne en France, c’est un autre Charden qu’elle laisse dans les bras de Ndinga. Dans cette déchéance morale et physique, Charden devient un homme violent envers sa femme malgré son état de grossesse. Hospitalisée parce que battue par son mari, Ndinga finit par perdre le bébé qu’ils attendaient ; ce qui va irriter sa mère : « Maintenant que tu as perdu ton enfant (…) tu n’as plus de place aux côtés de ce Charden, pesta sa mère » (p.90). Et quand Ndinga compte reconquérir son cher Prince, elle se rend compte que ce dernier vit déjà avec une femme. Toujours, dans sa course effrénée à la cherche du bonheur au près des hommes nantis, Ndinga, est remarquée par Jean de Dieu, le mari de Pétronille, une de ses amies ; elle devient la maîtresse de ce dernier, brisant ainsi le foyer de mon amie : « Jean de Dieu était celui qui avait abandonné sa femme et ses enfants au profit de Ndinga » (p.103). Comme si la malédiction poursuivait Ndinga, sa cohabitation avec Jean de Dieu devient tiède car elle est consciente qu’elle ne sera plus maman. Comme l’homme ne le sait pas, elle décide de le quitter rejoindre sa tante Dorcas en Tunisie. Ndinga en Tunisie : la déchéance en marche Aux côtés de sa tante, elle semble s’intéresser à un certain Krys, un compatriote qui, paradoxalement, ne s’intéresse pas à elle. Ce dernier qui attend un divorce au Congo, ne voudrait plus vivre en couple. Et quand au cours d’une rencontre, Ndinga se révèle aussi divorcée,
LITTERATURE CONGOLAISE. Le Spectre de l’amour (1): Premier roman d’Emma Diamoneka
LIVRES. De la France au Congo et du Congo à la France, tel est le trajet que vont effectuer Charles et Lise. Et c’est dans leur rencontre sentimental au pays que le destin de chacun d’eux va être troublé par les péripéties de l’amour. La jeune Lise qui a passé une partie de son enfance en France, rencontre au pays Le Parisien Charles venu en vacance dans son pays. Elle ne peut imaginer le tournant qui va prendre son destin qu’elle croyait merveilleux quand elle se rendrait en France pour une deuxième fois, séjour consécutif l’éclosion de son nouvel amour Charles. Lise s’est séparée malgré elle de son premier amour d’enfance Leeroy pour des raisons sociales et sociétales. Lise dans l’antre d’une nouvelle vie en France La rencontre inopinée de Lise avec Charles va changer le cours du destin de la jeune femme qui est encore sous le poids d’une mélancolie d’amour créée par la perte de son enfant ainsi que de sa douloureuse séparation avec son amour Leeroy. À Brazzaville comme à Pointe Noire, les deux amoureux fortifient leurs sentiments et la joie de vivre que la jeune femme retrouve dans son cœur quand Charles semble prendre les choses au sérieux. Et Lise de nous le faire comprendre : « Il faut préciser que Charles me présente [à ses amis Parisiens venus en vacances] comme étant sa fiancée » (p.24). Ses parents étant d’accord pour qu’elle puisse recommencer sa vie sentimentale avec le Parisien Charles, Lise semble retrouver le chemin du bonheur, surtout quand le visa pour la France se concrétise. Et c’est un voisin de bon cœur qui a dénoué la situation après l’échec de l’intervention de Charles : « Figure-toi que le voisin chez qui nous nous parlons, s’est proposé de m’aider, est parti à l’ambassade et est revenu avec le visa juste comme ça » (p.36). L’obtention du visa et son amour pour Charles facilitent, sans ambages, le voyage de Lise, surtout que le jeune Parisien s’est montré correct et a gagné la confiance des parents, leur fille devrait profiter de son séjour en France pour poursuivre ses études universitaires. Et les lumières de France d’éclairer le destin de Lise aux côtés de Charles Arrivée en France, Lise découvre un autre Charles différent du beau et gentil jeune homme qui l’avait séduite et charmée au pays. Celui-ci lui avait promis une inscription dans une université pour la poursuite de ses études. Commence alors la souffrance psychologique de Lise quand celle-ci se voit visitée par deux jeunes filles au domicile de Charles. Et ce dernier de se dévoiler sans pudeur : « Les filles que tu viens de voir sont les petites sœurs de ma femme » (p.49). Mais comme le mensonge n’a pas duré, la pauvre Lise se voit encore désabusée par son homme ; aussi décide-t-elle de retourner au pays, surtout que la femme de ce dernier l’a agressée. Aussi, réalise-t-elle que Charles l’avait mentie pour préserver leur amour: « Je suis venu en vacances (…). Je n’avais pas prévu de tomber amoureux, aussi je ne t’ai pas dit la vérité car je ne voulais pas te perdre » (p.50). Et la décision de rentrer au pays se concrétise quand son visa d’étudiant expire et qu’elle est visitée par la gendarmerie. Mais le destin de Lise se voit poursuivi par celui de Charles qui, de son côté, organise un voyage pour le pays après son divorce, comme il l’avait promis à Lise. Aussi, malgré quelques réserves de son père, les mariages coutumier et civil de deux tourtereaux se concrétisent ; Lise rejoindra son mari avec un visa normal. Va alors commencer une nouvelle étape de la vie du couple. Charles, un mari don Juan insatiable Dans le domaine de la vie sentimentale, on peut dire, sans ambages, que Charles est un « homme des actions concrètes » dans la conquête des femmes. En dehors de sa première épouse dont il avait caché l’existence, c’est une multitude de maîtresses qui va se révéler dans la vie du couple. Charles, un homme qui vit dans et par le mensonge et qui n’hésite pas de menacer sa femme quand il est à bout d’arguments dans leurs discussions. Même après les deux maternités de Lise, Charles reste égal à lui-même dans son mauvais comportement ; ce qui va provoquer le voyage pour le Congo de sa femme quand celle-ci attend son troisième enfant. Cette situation fera que sa mère séjourne en France pendant un certain moment. Malgré la vie mondaine que continue à mener Charles, Lise va devenir mère de trois enfants, peut-être pour effacer l’image on ne peut plus regrettable de son premier amour Leeroy avec lequel elle n’avait pas pu avoir un enfant en vie. Mais, au carrefour d’une vie de couple en dents de scie, Lise, après moult désagréables péripéties, finit par décider de quitter Charles après onze ans de vie commune. Comme on le remarque souvent, le service social, protecteur de la femme martyrisée par l’homme dans le foyer, encourage Lise d’aller jusqu’au de sa décision : « Il faut avouer que(…) le service social m’oblige à aller jusqu’au bout de ma démarche » (p.122). Et c’est quand Charles se retrouve devant l’administration socio-juridique et que leur non réconciliation lui tombe dessus, il comprend son sort. Il a perdu celle qu’il venait de doter et marier au pays il y a quelques années. Aussi, lui est-il demandé de quitter le domicile qu’il partage avec Lise : « (…) Madame a été plus que patient de vous garder plus de 6 mois alors qu’elle n’en avait pas le droit, on va vous demander de quitter les lieux gentiment » (p.127). Le spectre de l’amour, un beau texte qui aurait gagné un plus dans le style Se remarquent dans ce texte quelques maladresses de style que devait redresser le comité de lecture des éditions Maïa pour leur notoriété. Mais malgré ces quelques coquilles scripturales, cet attrayant roman ne gène pas le lecteur d’être émerveillé par le film d’amour dont Lise et Charles sont les deux protagonistes. Ce roman se caractérise par un récit plein de rebondissements qui prouvent que l’auteure
LIVRE : Le retour du conte dans la littérature congolaise avec La Princesse, le Papillon, l’Abeille et autres contes (1) de Bernard Nkounkou Bouesso
CONGO. Pousser les enfants et les amateurs du conte à s’intéresser aux livres fondés sur le fantastique et le merveilleux, voilà une option que semblent oublier les écrivains congolais de la nouvelle génération. Il y a quelques années, des écrivains tels Guy Menga et Caya Makhélé nous faisaient découvrir la littérature de jeunesse à travers le conte. Avec le premier, les enfants pouvaient se délecter avec Les aventures de Moni Mambou de Guy Menga aux éditions Clé tandis que le second nous offrait Une vie d’éléphant à l’edicef. Aujourd’hui, quelques auteurs de notre époque comme Liss Kihindou avec Mwanna la petite fille qui parlait aux animaux, éditions L’Harmattan et Bernard Nkounkou Bouesso avec La Prince, le Papillon, l’Abeille, éditions LC de Paris se révèlent comme héritiers de Guy Menga et de Caya Makhélé, pour nous replonger dans le conte. Trois petites histoires constituent le petit ouvrage de Bernard Nkounkou Bouesso, trois textes assez brefs et succincts pour s’adapter à la perception des amateurs des livres qui aiment parfois que l’on leur raconte des histoires qui se fondent sur le fantastique et le merveilleux. C’est le texte intitulé « L’Écureuil, la Corneille et l’Érable » qui ouvre la lecture de l’ouvrage de Bernard Nkounkou Bouesso. Rencontre de l’Écureuil avec une Corneille au niveau des branches de l’Érable. Se crée une ambiance amicale entre les trois protagonistes malgré la plainte de l’Érable qui se voit martyrisé par la neige de l’hiver. Malade, la Corneille sera soignée par son ami l’Écureuil qui va l’héberger chez lui avant qu’ils puissent prendre la route du Parc des Pins. Et l’auteur de résumer cette belle histoire, en affirmant que « depuis lors, l’Écureuil et la Corneille avaient tissé une fidèle amitié sur les branches de l’Érable sans se battre comme deux ennemis (…). La couleur des poils, des plumes et de la peau ne peut pas être un obstacle pour l’amitié et la compagnie dans le monde des vivants ». Dans le deuxième conte, nous sommes en présence du Grillon qui vient de s’apercevoir qu’une partie de son champ de légumes a été dévastée au moment où il comptait en vendre deux sillons. Son amie La Luciole qui le surprend dans son désarroi, va l’aider à découvrir l’auteur de son malheur. Quelle surprise pour elle en apprenant que c’est son meilleur ami l’Escargot, celui-même qui était avec lui au mariage du Crapaud à l’île Tsoukoula, qui est à l’origine de son malheur. C’est La Luciole qui, avec ses larves, va mettre fin à l’existence de l’Escargot. Ce dernier ne pourra plus mettre en exécution son intention de détruire les champs de légumes restants du Grillon. Conclusion moralisante de l’auteur : « Chacun de nous dans la nature a son rôle et la nature sait les choses devant le désespoir d’une situation alarmante ». Du conte éponyme de cet ouvrage, nous découvrons enfin un univers spatiotemporel dans lequel évoluent enfin l’humain (La Princesse et son prince) et deux insectes appelés couramment « Papillon » et « Abeille ». C’est l’histoire d’une princesse martyrisée par son prince après leur mariage quand ils rentrent d’un voyage de noces sous le soleil des Caraïbes. Aussi, le désespoir la pousse à aller se reposer dans un jardin public où va la surprendre Le Papillon. Aidée par celui-ci en complicité avec la « Fourmi docteur », l’Abeille, et le Saule pleureur, la Princesse va retrouver sa beauté et la joie de vivre. Et quand ses amis la ramènent au palais, notre prince ne croit à ses yeux : le spectacle dressé devant lui est éblouissant, à la grande satisfaction du Papillon et de l’Abeille, les deux amis de la Princesse. L’amour renaît alors entre les deux tourtereaux qui auront des triplés, au grand bonheur des enfants des Caraïbes qui l’avaient souhaité. À la manière de Jean de la Fontaine au XVIIe siècle qui moralise l’homme à travers la société des animaux, Bernard Nkounkou Bouesso a réalisé trois contes pour inciter les hommes à prendre conscience des relations sociales et sociétales. Et comme les fables de la Fontaine, l’auteur a terminé ses trois textes par des leçons de morale implicites : tant qu’il ya la vie, il y a de l’espoir dans toute chose. La Princesse, Le Papillon, l’Abeille et autres contes un ouvrage écrit dans une langue soutenue, des contes dont la lecture respecte l’imaginaire des enfants ainsi que celui de leurs parents. Et comme le souligne les éditions LC, « ce recueil de contes pour adultes, de création nouvelle aux allures de fables, poétiques regorge de leçons de vie et de valeurs morales ». Noël Kodia-Ramata (1) Bernard Nkounkou Bouesso, La Princesse, Le Papillon, L’Abeille…, éditions LC, Paris, 2022
Congo/Littérature : ‘’Le Poids du Passé’’ de Jean Romuald Mambou présenté au public
La pièce de théâtre de Jean Romuald Mambou a été présentée au public, le 17 avril 2021 à Brazzaville au cours d’une cérémonie de dédicace. Le ‘’Poids du passé’’ est une pièce de théâtre dont la couverture présente deux mains de couleurs noires et blanches publiée. Elle vient des éditions Jets d’Encre en France. Cette œuvre compte 128 pages et tient sur quatre actes de quatre scènes chacun. La préface porte la signature du Professeur Omer Massoumou. Au cours de cette activité, le préfacier a dit son embarras d’être le préfacier et le présentateur de cet ouvrage. Jean Romuald Mambou qui en est l’auteur, présente l’histoire d’un mariage mixte entre Médard, un jeune africain et une jeune femme blanche, Mireille alors que ses parents avaient déjà, contre sa volonté, fait le choix d’une jeune femme de leur village. L’auteur relate que Médard avait bénéficié d’une bourse d’études en France où il s’était marié. A la fin de ses études, il décide de rentrer au pays pour présenter son épouse à ses parents. Mais au village, Médard est tenu d’affronter son père Mouloungui qui repousse la belle Mireille qu’il refuse de reconnaître comme l’épouse de son fils. Pour lui, son fils a déjà une femme qui l’attend et il est hors de question de venir lui présenter une autre qui n’est même pas proche de leurs réalités. C’est le sort qui vient régler ce problème avec la dégradation de la santé du père qui est sauvé par celle qu’il n’accepte pas. C’est Mireille qui l’opère avec l’assistance de son époux. Au réveil, le père de Médard reconnait le service de la belle-fille et l’accepte comme belle-fille. Jean-Romuald Mambou attire l’attention de tout le monde quant aux dangers auxquels ils exposent leurs enfants et s’exposent eux-mêmes. Pour l’auteur, ce n’est pas le choix des parents qui compte mais celui des jeunes qui s’admirent et décident de se marier. La couleur de la peau ne joue aucun rôle dans l’amour. Le Pr Omer Massoumou a soutenu que l’auteur a voulu montrer à tous à quel point le choc de civilisations peut porter préjudice aux mariages mixtes, ajoutant que le mariage est une affaire sentimentale qui ne dépend que de deux partenaires, sans interférences de qui que ce soit. Il ne dépend pas de la couleur de la peau, a-t-il précisé. Jean-Romuald Mambou est né le 20 juillet 1961 à Sibiti, chef-lieu du département de la Lékoumou. Il est titulaire d’un Doctorat en urbanisme et aménagement. Il a été directeur des arts et de la cinématographie au ministère de la Culture et des Arts. Florent Sogni Zaou
LITTERATURE CONGOLAISE. Quand la femme chante l’amour en poésie
Une pierre précieuse sur l’île de Virginie (1) : un chant d’amour multidimensionnel Une poésie d’amour sans fausses hontes, un chant déclaré par une femme à son amour. Un véritable amour dont elle semble être prisonnière tout en demandant à son homme de la chérir, de l’adorer, d’être une pierre précieuse pour le bonheur de leur destin. Ce chant d’amour donne une autre dimension à la femme qui se dévoile dans la lumière qui éclaire un certain homme qu’elle appelle nommément par Pierre qui, curieusement rime avec une pierre qui lui est précieuse. Et dans ses vingt huit textes qui constituent ses envolées lyriques, se reflète l’amour de la poétesse pour son homme, pour sa mère et sa grand-mère. S’y découvrent aussi deux poèmes qui chantent l’amour du pays natal. Une pierre précieuse sur l’île de Virginie, une poésie qui navigue dans le bonheur, loin des douleurs, des larmes de tristesse provoquées paradoxalement l’amour, à certains moments. Une femme au cœur de l’homme aimé La foi en amour devient pour la poétesse une sorte de religion qui fait de son homme aimé une espèce de Christ, un amour indélébile dans le cœur de l’homme. Se dégage dans la majorité des textes, le bonheur d’aimer et d’être aimée. Dans ce recueil, certains textes s’appellent les uns les autres, créant ainsi une isotopie de l’amour exponentiel d’une femme pour son homme. Un amour qui parfois sème le doute : « L’amour est une chose extrêmement sérieuse / C’est pourquoi j’ai toujours eu peur de tomber amoureuse » (p.36). Mais pour Virginie Ngolo Awé, les frontières de l’amour pour son homme ont été détruites par le destin. Elle a décidé d’aimer l’homme qu’elle estime et qui doit être l’homme de sa vie ; une sorte d’engagement : « Quand je m’engage, c’est sans partage / Quand je m’engage, c’est pour l’éternité » (p.26). D’abord exprimé implicitement à travers le bestiaire avec l’image du colibri : « Gentil colibri / (…) Sois mon ami / Fais de moi ton abri » (p.27), image où s’exprime la beauté de l’amour à travers cet oiseau enchanteur, la poétesse se dévoile ouvertement à partir du texte intitulé « Ma pierre précieuse » ; un texte qui exprime le bonheur de la poétesse d’avoir rencontré la perle rare, un certain homme qui se prénomme Pierre : « La Divine Providence / A voulu qu’on t’appelât Pierre / Pierre Ngolo, l’élu de mon cœur : Ma pierre d’amour / ma pierre pour toujours » (p.30). Aussi, l’homme aimé dévoilé au grand jour devient en quelque sorte le nerf directeur de l’amour qu’exprime la poétesse à son Pierre, une pierre précieuse. Pierre : l’homme-vie de la poétesse En parcourant ce recueil, tout homme se sentirait heureux d’être à la place de ce Pierre que la femme adore, aime, adule et estime de toute son âme, de toute sa clairvoyance. Cet homme qui, par coïncidence, se prénomme Pierre, apparait ici comme une pierre précieuse pour la poétesse, à l’instar d’un morceau de diamant qui illustre la couverture de l’ouvrage.. L’amour est une épreuve difficile à affronter ; mais l’auteure a su quand même le contenir pour l’être aimé : « Je suis amoureuse / Et je suis heureuse / Car à l’épreuve du temps / Nombre d’amours s’émoussent / Comme de la mousse » (p.31). Dans ce recueil, la poétesse s’interroge sur l’homme en ce qui concerne ses qualités avant de mettre en exergue l’homme parfait qu’est son Pierre : « Existe-t-il un homme parfait ? / (…) Existe-t-il une pierre / Plus précieuse que les autres / (…) Que ma pierre à moi, oui / (…) C’est un diamant d’homme / Un homme parfait, mon Pierre Ngolo » (pp. 35-36). Et à tout moment, l’image de cet homme reste accroché à son cœur comme on peut le remarquer dans « Amour lunaire » quand on peut lire : « Pays des roses et d’Eros / Où moi Virginie, jument de Vénus / J’ai succombé à Pierre, étalon d’Apollon » (p.40). Aussi, dans « Mon précieux », elle écrit « Si j’avais été un gnome ? / À toi, Pierre Ngolo, j’aurai offert / Les plus belles pierres » (p.49) ; dans « Merci infiniment », elle clame : « Merci Pierre pour la pureté / La douceur et la force incontestable de ton amour » (p.51) et dans « Sur cette pierre, j’ai bâti ma maison », elle récidive : « Mon amour s’appelle Pierre / Et sur cette pierre j’ai bâti ma maison »(p.59), la poétesse clame aux yeux du monde l’attachement qu’elle a pour son homme. Un amour permanent et constant qui n’a pas subi les turpitudes du destin comme on le remarque souvent pour certains tourtereaux : « De mes émotions déchaînées / Dégoulinent de ma plume / Pour traduire la constance de mes sentiments / À l’endroit de mon Prince charmant / Après toutes ces années, rien n’a changé ; / Car en amour / Rien n’est plus important que la constance » (p.39). Malgré l’amour qui la lie à son homme, amour qui a enflammé et qui enflamme encore son cœur, la poétesse n’oublie pas ses parents et son pays natal qui occupent aussi une partie de son cœur. Mère et grand-mère dans le pays natal Même si on aime follement son homme ou sa femme, on ne peut oublier le cordon ombilical qui nous lie à une autre femme-mère. Aussi, se réveille en nous l’amour maternel. Et Virginie Ngolo Awé ne fait pas exception. C’est d’abord à sa maman qu’elle exprime son amour : « Mère Michou / (…) J’écris ces mots pour te dire / Et te redire encore que je t’aime infiniment » (p.69). Mais cette femme qui est sa mère aussi a, à son tour, une mère. Peut-on aimer sa mère sans penser à sa grand-mère ? Impossible pour notre auteure. Elle exprime son attachement à la mère de sa mère dans « La femme à la main garnie » quand elle s’exclame : « La générosité, le respect et l’amour du / prochain sont des qualités que j’ai héritées de : cette femme au grand cœur, ma grand-mère » (p.74). De cet amour que la poétesse a pour sa mère et sa grand-mère se réveille celui de son Congo natal. Et le sentiment d’appartenir à un terroir se lit
Littérature congolaise : Même les nuits denses ont leur lumière[1] de Sauve-Gérard Ngoma Malanda
De la poésie à la nouvelle, l’écriture de Sauve-Gérard Ngoma Malanda entremêle une forte poéticité de dire l’existence et de rendre attrayant le discours à travers la notion de la littérarité. Sa prose narrative, Même les nuits denses ont leur lumière, pose un problème de brièveté du discours, répondant certes à la normalisation du cadre générique de l’écrit (la nouvelle comme genre), mais s’ancre également dans un imaginaire socio-culturel bien défini, tout en traduisant un lien étroit avec la société congolaise à partir des thèmes qu’elle développe. Dès la préface de l’œuvre, Boniface Mongo-Mboussa tente de situer l’auteur dans le sillage de la littérature congolaise, et rapproche son écriture, du point de vue thématique, à celle de Jean-Baptiste Tati Loutard, notamment dans cet art de dire les « chroniques congolaises » sur le plan sociologique et anthropologique. Ce qui, en revanche, permet l’identification directe du lecteur congolais aux différentes réalités mises en exergue. Dans ce sens, les différentes nouvelles proposent une vitrine simple et complexe de la société congolaise dans une certaine mesure. S’articulant autour de cinq nouvelles : « une sorcière à via Karta », « Peaux de banane », « Mambou la fille », « le supplice de Mpassi Ndzolufua », et « la fille au parapluie », ce recueil pose en réalité les problèmes très courants des sociétés actuelles, et dénonce les crises morales et certaines réalités traditionnelles rétrogrades, à l’instar de la perception de la mort et du double fantomal. Il est question de faire de l’œuvre littéraire un réel miroir, en soulevant de nombreuses questions sociales, sans en revanche, en donner les pistes de solutions de façon directe. C’est aussi là l’un des rôles de l’écrivain, en suscitant la participation de tous dans la résolution des problèmes soulevés. Chacune de ses nouvelles se terminent par un suspens des faits, comme pour inciter le lecteur à une réflexion personnelle. La nouvelle « une sorcière à Via Karta » semble traduire le contraste de certaines pratiques entre la tradition et la modernité. Ce contraste se situe sur la « modernisation » ou l’affabulation de l’acte sexuel, à travers la relation transgénérationnelle entre un sexagénaire et une fille de seize. Ainsi, l’expertise sexuelle de la jeune fille devient un acte de sorcellerie pour le sexagénaire. Ce dernier devient plus qu’une proie, et ne peut supporter sa boulimie sexuelle qui devient plus qu’affolante. La nouvelle paraît comique certes, mais développe deux points importants : La délinquance sénile d’une part, et l’adhésion à des pratiques sexuelles tantôt non commodes ou contraires à des cultures propres. Il s’agit là des abus sexuels dus à une conscience sénile dépravée. Cette délinquance sénile procédant du harcèlement et du viol, se découvre également dans « Mambou la fille ». Le problème qui se pose ici, est surtout celui de l’abus sexuel, de l’instrumentalisation de la jeune fille et de l’immoralité. Dans l’ensemble, cette manière de l’auteur de dévoiler la société, ne va pas sans l’idée d’une quelconque dénonciation. C’est une manière de rétablir le sens, et d’appeler à la conscientisation de tous, sur les pulsions libidinales, et à la chosification de la femme dans certains univers sociaux. Rosin Loemba [1] Sauve-Gérard Ngoma Malanda, Même les nuits denses ont leur lumière, Paris, L’Harmattan, 2018.