La Banque européenne d’investissement (BEI) apporte un appui technique au Crédit Agricole du Maroc (CAM) dans l’évaluation des opportunités et des risques climatiques, ont annoncé conjointement les deux institutions bancaires.
Mieux intégrer les risques climatiques dans la politique du CAM et identifier les opportunités de financement en faveur du climat. Tels sont les objectifs de cette assistance technique qui s’étalera sur 18 mois et dont le lancement a été acté lundi 12 septembre.
La Banque du climat, à travers cette mission d’appui, «aidera le CAM à améliorer sa méthodologie d’évaluation des risques physiques et de transition liés au climat, ainsi qu’à mettre en place un système de reporting et de publication conforme aux meilleures pratiques internationales », ont indiqué les deux parties dans un communiqué conjoint.
S’inscrivant dans le cadre du partenariat signé entre les deux institutions en septembre 2020, portant sur un financement de 200 millions d’euros au profit des entreprises marocaines dans le secteur de l’agriculture et de la bio-économie, ce nouvel appui «permettra de renforcer la capacité du CAM à mieux se préparer aux risques liés au changement climatique et à l’évolution des réglementations nationales et internationales».
Comme le stipule le communiqué, « il s’agira notamment de développer des outils d’analyse du portefeuille du CAM dans une perspective de finance verte et de fournir un manuel de processus pour un système d’évaluation et de mesure des risques ».
Ainsi que le relève la même source, et selon les termes de ce partenariat, «ce travail permettra de conforter l’approche du CAM en matière de transition verte et de compléter la panoplie de dispositifs existants, en particulier le Système de gestion des risques environnementaux et climatiques».
Les dirigeants de la Banque européenne d’investissement et du Crédit Agricole du Maroc sont persuadés que « cette nouvelle assistance technique contribuera fortement à l’alignement du CAM avec les orientations de Bank Al Maghrib, la Banque centrale du Maroc».
A ce propos, dans le but d’inciter les banques à intégrer les risques climatiques et environnementaux dans leurs stratégies, leur gouvernance et leur prise de décisions, rappelons que BAM a publié en mars 2021 une directive sur la gestion des risques financiers liés au changement climatique.
«Tout le monde gagne à mieux intégrer le risque climatique, à la fois sur le plan financier mais aussi en termes d’opportunités de marché», a affirmé Barone, représentante de la BEI au Maroc, soulignant que cet appui concrétise la feuille de route du Groupe BEI dans son rôle de Banque du climat en faveur du Royaume du Maroc.
«Nous traversons une période cruciale pour remédier au changement climatique et agir concrètement afin de bâtir des modèles durables et sobres en carbone. Le secteur financier fait partie de la solution. A ce titre, le CAM joue un rôle moteur et nous sommes ravis d’apporter notre expertise, comme Banque du climat, pour appuyer ses efforts», a-t-elle soutenu.
«En tant que leader dans le financement de l’agriculture, fortement engagé dans le développement durable, il en va de notre responsabilité d’accompagner au mieux nos clients dans l’adaptation au changement climatique tout en renforçant les moyens de gestion et d’atténuation de ce risque », a pour sa part estimé le président du Directoire du Crédit Agricole du Maroc, Noureddine Boutayeb.
Ce dernier rappelle que «la dérive climatique est déjà en cours au Maroc qui connaît cette année une sécheresse historique. Le secteur agricole est directement impacté par cette rareté de la ressource hydrique dont il est le principal utilisateur».
Face à cette situation, la Banque du climat qu’est la BEI «dispose d’une expertise sérieuse sur ce sujet et est donc le partenaire idéal pour poursuivre et approfondir les réalisations du CAM en matière de transition verte», a estimé Noureddine Boutayeb.
Il est important de noter que le lancement de l’assistance technique évoqué plus haut fait également suite à un atelier d’échange des bonnes pratiques organisé en 2021 et qui avait permis aux équipes de la BEI de partager l’approche de la Banque du climat en la matière.
Partenaire privilégié du Maroc depuis 40 ans, la BEI finance le développement et la mise en œuvre de projets clés dans des secteurs essentiels de l’économie marocaine tels que le soutien aux entreprises, l’agriculture, l’eau et l’assainissement, l’éducation, la santé, le transport ou encore les énergies renouvelables.
Dans le cadre de sa stratégie pour le climat – alignée sur les Accords de Paris-, le Groupe BEI prévoit d’augmenter les financements verts à 50% dans tous les projets de la Banque ainsi qu’à mobiliser 1 milliard d’euros pour la durabilité climatique et environnementale d’ici 2030.
Alain Bouithy