Antoine Moundanda, lauréat du tout premier prix international attribué à la musique congolaise en 1954.

Le genre musical « Likembé »

Dans son histoire, la musique traditionnelle congolaise s’est enrichie de l’apport extérieur, du croisement avec d’autres cultures notamment au niveau des instruments. Créant ainsi un nouveau genre musical appelé tradi-moderne. Ce genre, a commencé à émerger dans les années 50, avec Maurice Mitolo « Depewe » chez Opika et surtout avec le groupe « Likembé » d’Antoine Moundanda, aux éditions Jeronimidis Ngoma.

Une voix et une sanza parsemées d’ornements

Considéré comme le plus grand joueur de «Sanza» de la musique congolaise tradi-moderne de tous les temps, Antoine Moundanda, est demeuré le type même du «sansiste » qui, à partir de son Kimpala natal, a gravi progressivement les échelons jusqu’à devenir une vedette internationale en 1954. A 84 ans, il nous quitte le lundi 2 Avril 2013, après 57 ans de carrière musicale. Il a été le véritable créateur d’un art qui puise dans les rythmes et les thèmes populaires. Navigant souvent entre le tradi-rumba, Polka-piké, zebola…, sur fond de la sanza.

La musique, le choix de son cœur

Très jeune, il maîtrise, déjà si bien le «Likembé» encore appelé «sanza », un instrument qu’il va incorporer dans la musique moderne. C’est le début d’une carrière de virtuose qui le conduira, le 18 Avril 1953, aux Editions « Ngoma », du grec Nico Jeronimidis à Kinshasa, alors Léopoldville, en compagnie d’un petit groupe composé de Ignace Mbemba (Likembé-chant), Gabriel Bassoungouna (Likembé-chant) Jean Mbaloula et Albert Makoundou (chant). Il trouve, à cette époque, aux Editions «Ngoma», les musiciens déjà connus, comme Antoine Kolosoy « Wendo », Camille Feruzi, Adou Elenga, Paul Mwanga, Camille Mokoko, Antoine Kasongo, De Saio, Manuel d’Oliveira Mayungu, avec lesquels il tisse de très bonnes relations. Moundanda étant devenu, lui aussi, une des meilleures vedettes de l’écurie. C’est durant cette période qu’il écrit des vastes compositions qui ont largement contribué à assurer sa réputation, comme, « Nzila ya ndolo », « Banani babenga mwana », « Mawa ya Ngoma Ibiri », «Mabele ya Polo».

Lauréat du premier prix de la gloire de la musique tradi-moderne congolaise en 1954

La grandeur de l’art d’Antoine Moundanda lui fait remporter en Afrique du Sud, le «Prix Osborne Awards », de l’African Music Society (la discothèque internationale de la musique africaine). En effet, sur un total de 275 disques reçus de toute l’Afrique, en 1954, seule la chanson d’Antoine Moundanda « Mwana aboyi mama » (vidéo jointe) obtient le premier prix. Grâce au fait que l’artiste congolais a incorporé un instrument traditionnel dans la musique moderne: La Sanza.

En effet, alors que de nombreux artistes congolais imitaient les musiques afro-cubaines, avec des instruments modernes, Moundanda, plus innovateur, a recherché son propre identité culturelle. La musique tradi-moderne s’est avérée alors une source d’inspiration riche et variée.

Les félicitations de l’Unesco

Le meilleur témoignage de l’œuvre accomplie par la Maison Ngoma est aussi, une lettre de l’Unesco, Paris en 1954, dans laquelle Mr Philippe Soupault écrit ce qui suit : « Je suis très heureux de pouvoir vous renouveler mes félicitations pour le travail si précis et si complet que vous avez accompli dans le domaine du folklore. Grâce à vous toute la richesse musicale du Congo ne sera pas perdue et vous aurez contribué à agrandir le domaine des connaissances humaines. La grande collection d’airs populaires et de chants traditionnels que vous avez réunis est un trésor qui retiendra l’attention des musiciens du monde entier. »

Antoine Moundanda aura été pour beaucoup dans cette reconnaissance de l’Unesco.

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