L’activité économique reste vigoureuse au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), avec une inflation modérée, a constaté le Fonds monétaire international (FMI).
Selon les estimations du FMI, qui a achevé récemment les consultations régionales avec l’UEMOA, « en dépit d’une détérioration des termes de l’échange et des défis sécuritaires dans certains pays membres, la croissance du PIB réel a dépassé 6 %, pour la septième année consécutive en 2018, portée par une demande intérieure vigoureuse.
Analysant le contexte actuel, l’institution a noté que le déficit budgétaire total a été réduit de ½ point de pourcentage du PIB et les réserves extérieures ont augmenté, principalement grâce à l’émission d’euro-obligations, insistant toutefois sur le fait que cette dynamique s’accompagne de vulnérabilités persistantes.
Si la dette publique et le coût de son service ont augmenté en 2018, en partie à cause d’opérations budgétaires en-dessous de la ligne, les données préliminaires indiquent que « la dette totale est passée de 50,1 % du PIB en 2017 à 52,5 % en 2018, et le service total de la dette de 26,4 % des recettes publiques en 2017 à 33 % en 2018 », a-t-elle relevé.
Quant au déficit des transactions extérieures courantes, il est passé de 6,6 % du PIB en 2017 à 6,8 % en 2018, en raison de la vigueur des dépenses en capital, mais aussi de la détérioration des termes de l’échange qui a fait suite à la hausse des prix mondiaux du pétrole.
En dépit d’un durcissement de la politique monétaire depuis le début de 2017, le Fonds a noté que les tensions sur les liquidités dans le système financier régional se sont atténuées temporairement l’année écoulée et que la BCEAO a réduit sensiblement son volume de refinancement des banques entre le début de 2017 et la fin de 2018.
Cependant, a-t-elle poursuivi, « la liquidité du système financier s’est améliorée progressivement à la suite des émissions considérables d’euro-obligations, qui ont aussi réduit la demande de financement des pays sur le marché régional de la dette ».
En outre, des réformes importantes pour le secteur bancaire ont été mises en œuvre en 2018, y compris l’adoption des normes prudentielles de Bâle II/III (étalée sur une période de cinq ans pour leur mise en place), de nouvelles règles de comptabilité bancaire.
Concernant les perspectives à moyen terme, ils demeurent favorables, mais elles requièrent la mise en œuvre effective des réformes prévues.
En outre, « la croissance devrait rester supérieure à 6 %, à condition qu’un rééquilibrage budgétaire soit opéré pour remplir le critère de convergence régionale fixé pour le déficit budgétaire (3 % du PIB) et éliminer les opérations budgétaires au-dessous de la ligne à compter du présent exercice, et que des réformes structurelles soient mises en œuvre », a indiqué le FMI précisant que ces perspectives sont sujettes à des risques baissiers.
Notamment en cas de moindre performance en matière de consolidation budgétaire, de lenteur dans la mise en œuvre des réformes structurelles et de l’amélioration de l’inclusion, de hausse des importations ou de baisse des entrées de capitaux par rapport aux projections, de la persistance des défis sécuritaires, ainsi que de reprise mondiale plus faible que prévu et de durcissement des conditions financières internationales.
Sur l’évaluation de l’institution de Bretton Woods, il est a noté que le FMI salue la persistance d’une croissance vigoureuse dans la région en dépit des problèmes rencontrés et félicite les autorités pour les progrès accomplis dans la mise en œuvre des réformes du secteur bancaire.
Cependant, il note que les perspectives à moyen terme sont sujettes à des risques, notamment en raison de la hausse de la dette publique et du déficit des transactions extérieures courantes, soulignant la nécessité de poursuivre la consolidation budgétaire, de rendre plus efficace la transmission de la politique monétaire et d’exécuter des réformes financières et structurelles supplémentaires.
Le FMI estime qu’une consolidation budgétaire propice à la croissance est essentielle pour réduire les risques de surendettement et préserver la stabilité extérieure. Il exhorte les pays membres à remplir le critère de convergence régionale fixé pour le déficit budgétaire (3 % du PIB).
S’il est avéré que la politique monétaire actuelle est globalement appropriée, le Fonds souligne que la banque centrale régionale (BCEAO) doit être prête à durcir sa politique au cas où les réserves extérieures se détériorent. En outre, il encourage la BCEAO à traiter progressivement au déficit de liquidité structurel du secteur bancaire et conseillent aux autorités de continuer de développer des marchés secondaire de la dette et interbancaire plus actifs et plus liquides.
Notons que le FMI a salué la mise en place sans difficultés des nouvelles réglementations prudentielles de Bâle II/III et des normes comptables bancaires en 2018 et encouragé aussi « les autorités à trouver rapidement des solutions pour les banques en difficulté, à rendre opérationnel le nouveau dispositif de résolution, à améliorer le contrôle des groupes bancaires et à établir des critères pour définir les établissements d’importance systémique ».
Appelant à continuer les efforts d’amélioration de l’inclusion financière, le FMI a indiqué qu’il est nécessaire de procéder à un contrôle adéquat des innovations financières afin de veiller à ce que ces évolutions ne créent pas de nouveaux risques pour la stabilité financière. Il a également estimé important « de surveiller de près les établissements de microfinance et de renforcer le contrôle fondé sur le risque pour la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme ».
Enfin le FMI estimé qu’il est nécessaire d’accélérer le rythme des réformes structurelles et des initiatives régionales visant à améliorer la compétitivité et l’inclusion et à assouplir les procédures douanières, tout en encourageant « les autorités à pérenniser les progrès accomplis dans l’amélioration de la qualité, de la couverture et du délai de production des données régionales ».
Martin Kam Avec CP