ECONOMIE. Kristalina Georgieva : «Il incombe à chaque pays de mettre ses affaires en ordre»

ECONOMIE. Kristalina Georgieva : «Il incombe à chaque pays de mettre ses affaires en ordre»

Face à des perspectives de croissance faible et d’endettement élevé Les perspectives de l’économie mondiale restent moroses, en dépit de la résilience dont elle a fait preuve face aux chocs qui se sont succédé ces dernières années, selon la Directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva. «Nous continuons de faire face à des perspectives de croissance faible et d’endettement élevé», a-t-elle affirmé dans un récent rapport annuel du FMI intitulé «Cap sur la croissance en période d’incertitude». D’après la DG de l’institution financière internationale, «la prévision de croissance mondiale à cinq ans s’établit à environ 3%, bien en deçà de l’expansion moyenne d’après-guerre de 3,7%». Dans ce contexte, Kristalina Georgieva estime que «les pays membres du FMI traversent des difficultés considérables» et qu’«il leur faut notamment préserver la stabilité macroéconomique et financière tout en assurant la viabilité de la dette, remédier aux déséquilibres entre pays et améliorer les perspectives de croissance». Elle prévient cependant que la réalisation de ces objectifs exige des mesures urgentes et de grande envergure. Aussi, s’il revient aux pouvoirs publics d’intervenir en premier lieu au niveau national, la patronne du Fonds soutient qu’il incombe à chaque pays de mettre ses affaires en ordre. La patronne du FMI se dit toutefois confiante quant à la capacité des autorités nationales à «stimuler la productivité et renforcer la croissance intérieure, rétablir les marges de manœuvre budgétaires nécessaires à des investissements indispensables et en prévision de futurs chocs, renforcer la stabilité financière et accroître leur résilience», estimant qu’à l’échelle internationale, les pays doivent rechercher des solutions concertées à leurs défis économiques communs. Dans ce rapport, Kristalina Georgieva rappelle un contexte économique mondial en pleine mutation depuis une année, marqué par de profonds changements: du passage au numérique à l’intelligence artificielle, en passant par les transitions démographiques. Et d’ajouter: «En outre, les politiques économiques connaissent des transformations majeures de nature à reconfigurer les échanges commerciaux et les flux de capitaux au niveau mondial». Quoi qu’il en soit, «le FMI continuera de soutenir ses pays membres»,  s’adaptera, si nécessaire, pour aider les pays à traverser cette période difficile et à remédier aux déséquilibres dont ils pâtissent, a-t-elle assuré. Dans son rapport, le Fonds affirme que le contexte actuel exige clarté, détermination et coordination. «Si l’économie mondiale a fait preuve d’une remarquable résilience ces cinq dernières années, les tensions commerciales se sont fortement accentuées depuis la publication du précédent Rapport annuel, et l’incertitude entourant les politiques économiques s’est accrue», fait-il remarquer. De l’avis des experts du FMI, les autorités sont en butte à un durcissement des conditions financières et à un surcroît de volatilité sur les marchés, et les chocs survenus ces dernières années ont épuisé leurs marges de manœuvre. En conséquence, les décideurs doivent rapidement s’atteler à trois priorités essentielles.L’institution estime qu’ils doivent en premier apaiser les tensions commerciales et corriger les déséquilibres qui y contribuent. Elle les invite à «faire respecter des règles équitables, d’éviter de mettre en œuvre des politiques génératrices de distorsions pour s’arroger un avantage concurrentiel, et de s’abstenir de prendre des mesures de nature à entraver les échanges commerciaux». La deuxième priorité consiste à agir collectivement pour préserver la stabilité économique et financière, en mettant leurs propres affaires en ordre en procédant de manière réaliste à des plans d’ajustement crédibles. Quant au troisième axe prioritaire, il «consiste à accélérer les réformes propices à la croissance, afin de rehausser la productivité et le potentiel de production», a indiqué le Fonds. L’institution appelle les pays à privilégier les politiques intérieures et les réformes structurelles des marchés du travail, des biens et des produits financiers, tout en continuant à faire preuve de rigueur sur le plan réglementaire. Alain Bouithy

Mali: une croissance de 5% attendue en 2025, portée par le lithium et l’agriculture (FMI)

Mali: une croissance de 5% attendue en 2025, portée par le lithium et l’agriculture (FMI)

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance de 5% au Mali en 2025, soutenue par la performance de l’agriculture, le démarrage de l’exploitation du lithium et la progression des services, selon un communiqué publié jeudi soir à l’issue d’une mission du FMI à Bamako. Malgré un contexte difficile marqué par l’insécurité, des inondations et la baisse de l’aide extérieure, le FMI salue la résilience de l’économie malienne, dont la croissance était estimée à 4,7% sur les deux dernières années. La première mine de lithium, exploitée par une entreprise chinoise dans le sud du pays, a été inaugurée fin 2024, alors que la seconde, portée par un opérateur britannique, doit prochainement entrer en production, renforçant ainsi les perspectives de croissance. Le FMI met, par ailleurs, en garde contre les effets négatifs de la réduction de l’aide internationale et des perturbations dans le secteur aurifère, tout en appelant à des réformes structurelles pour préserver la stabilité macroéconomique, réduire les incertitudes et renforcer la transparence. MAP

Economie algérienne: le FMI alerte sur d’importatntes vulnérabilités budgétaires

Economie algérienne: le FMI alerte sur d’importatntes vulnérabilités budgétaires

Les perspectives à court terme de l’économie algérienne restent globalement positives malgré l’incertitude à l’échelle mondiale, mais les vulnérabilités budgétaires sont importantes, selon le Fonds monétaire international (FMI). Des perspectives portées par une reprise progressive de la production d’hydrocarbures grâce à la levée graduelle des mesures de réduction de la production décidée par l’OPEP+, ce qui devrait soutenir la croissance en 2025, tandis que l’inflation resterait modérée, a indiqué une mission du FMI, dirigée par M. Charalambos Tsangarides, qui s’est rendue à Alger du 16 au 30 juin. « Toutefois, la montée des tensions budgétaires pose des problèmes importants de financement et, si elle se prolonge, entraînera une augmentation de la dette publique à moyen terme », a-t-elle prévenu ajoutant que l’incertitude mondiale persistante et la volatilité des cours des hydrocarbures devraient freiner les exportations et l’investissement. Ce qui devrait contribuer à creuser le déficit courant en 2025. D’après l’institution financière internationale, les perspectives économiques sont exposées à plusieurs risques, principalement dus à la volatilité des prix des hydrocarbures dans un contexte de politiques commerciales instables et de tensions géopolitiques, et à des déficits budgétaires persistants qui mettent en péril la viabilité de la dette et renforcent l’interdépendance financière entre l’État, les entreprises publiques et les banques publiques. Qu’à cela ne tienne, le Fonds affirme que les perspectives économiques à moyen terme s’amélioreraient si des réformes de diversification de l’économie étaient soutenues, et si le Plan d’Action des autorités et des réformes structurelles étaient mis en œuvre. Afin de préserver la stabilité macrofinancière et d’atténuer les risques à court terme dans un contexte mondial volatil, la mission recommande un rééquilibrage budgétaire progressif mais mis en œuvre dans les meilleurs délais. Selon elle, la politique monétaire doit rester guidée par la conjoncture économique et fermement centrée sur son objectif d’inflation, tout en surveillant étroitement l’évolution du secteur financier. Le FMI estime, par ailleurs, qu’une plus grande flexibilité du taux de change renforcera la capacité de l’économie à absorber les chocs extérieurs dans un contexte de volatilité accrue des cours des hydrocarbures et d’incertitude à l’échelle mondiale. « Parmi les priorités de réforme à moyen terme figurent l’amélioration de la soutenabilité des finances publiques, le renforcement des cadres opérationnels de la politique monétaire et financière, et la poursuite des réformes structurelles visant à stimuler l’investissement privé, la croissance inclusive et la création d’emplois », a estimé M. Tsangarides. D’après le Fonds, l’activité économique a ralenti de 4,1 % en 2023 à 3,6 % en 2024 tandis que l’activité hors hydrocarbures est restée dynamique, avec une croissance de 4,2 %. De son côté, sous l’effet d’une baisse de la production d’hydrocarbures et des prix du gaz, le solde courant est devenu déficitaire en 2024 . A noter que les réserves de change sont restées conséquentes, s’établissant à 67,8 milliards de dollars, couvrant environ 14 mois d’importations; alors que l’inflation a fortement diminué, passant d’une moyenne annuelle de 9,3 % en 2023 à 4 % en 2024, principalement sous l’effet d’une progression plus faible des prix des denrées alimentaires, mais l’inflation hors énergie et alimentation a également reculé. Quant à la politique monétaire, elle est restée accommodante au premier semestre de 2025. En raison de la baisse des recettes d’hydrocarbures et de la hausse des salaires et des dépenses d’investissement, le déficit budgétaire s’est considérablement creusé en 2024 pour atteindre 13,9 % du PIB. Il devrait rester élevé en 2025, selon les prévisions de l’institution. Martin Kam

Wenjie Chen : « L’économie malienne a fait preuve d’une certaine résilience, malgré les crises auxquelles le pays fait face »

Wenjie Chen : « L’économie malienne a fait preuve d’une certaine résilience, malgré les crises auxquelles le pays fait face »

« L’économie malienne a fait preuve d’une certaine résilience, malgré les crises auxquelles le pays fait face », a déclaré Mme Wenjie Chen, à l’issue d’une mission de consultation du Fonds monétaire international (FMI) qu’elle a conduite  à Bamako du 9 au 13 juin 2025. D’après les services du FMI, la croissance économique est estimée à 4,7 % en 2024, sans changement depuis 2023, en raison d’une combinaison de facteurs, dont une crise de l’électricité, des inondations et une baisse de la production aurifère. L’équipe du FMI, qui a eu des entretiens avec les autorités et d’autres parties prenantes sur l’évolution récente de l’économie, note que le déficit budgétaire de l’Etat a été ramené à 2,6 % du PIB en 2024, grâce à une forte mobilisation des recettes, à des paiements exceptionnels effectués par des sociétés minières et de télécommunication et à une maîtrise plus stricte des dépenses courantes dans un contexte de financements limités. De l’avis de l’institution financière internationnale, « le resserrement des conditions de financement au sein de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et l’absence d’aide budgétaire extérieure ont entraîné des coûts d’emprunt élevés pour l’État ». Selon les prévision du FMI, en dépit de la baisse de production résultant de la fermeture de la plus grande mine d’or et des risques, la croissance du PIB réel devrait atteindre 5,0 % en 2025. Elle devrait rebondir pour atteindre 5,4 % en 2026, sous réserve de la reprise de l’intégralité des activités minières; tandis que le déficit budgétaire devrait atteindre 3,4 % en 2025, en partie sous l’effet des dépenses publiques destinées à atténuer les répercussions des inondations. Cependant, les perspectives demeurent incertaines et les risques de révision à la baisse sont considérables. Pour Mme Wenjie Chen, « la politique budgétaire devrait donner la priorité à la viabilité des finances publiques, notamment en se rapprochant du plafond de déficit budgétaire de 3 % fixé par l’UEMOA ». Selon elle, les principales priorités consistent notamment à accroître les recettes intérieures en élargissant l’assiette fiscale, y compris celles provenant du secteur minier, et à renforcer les administrations fiscale et douanière. Le Fonds exhorte, en outre, les autorités à s’attacher à améliorer l’efficience des dépenses, tout en préservant l’investissement public et les ménages vulnérables. Pour libérer le potentiel de croissance du Mali, l’institution estime « essentiel de réduire l’incertitude entourant les politiques intérieures et de faire avancer les réformes structurelles. Il est essentiel de poursuivre l’amélioration la gouvernance budgétaire et la gestion des finances publiques, de remédier à la vulnérabilité des entreprises publiques et de renforcer leur surveillance, en particulier la Société d’électricité Énergie du Mali ». Enfin, pour attirer l’investissement étranger, elle plaide pour le renforcement des cadres réglementaires transparents. Martin Kam

République Centrafricaine : Le FMI approuve un décaissement de 58 millions de dollars, malgré des « résultats mitigés »

République Centrafricaine : Le FMI approuve un décaissement de 58 millions de dollars, malgré des « résultats mitigés »

Le Fonds monétaire international (FMI) annonce avoir approuvé mercredi 4 juin un décaissement de 58 millions de dollars en faveur de la République Centrafricaine, malgré des « résultats mitigés » et des « risques baissiers considérables ». Pour l’institution financière internationale, ce décaissement vise à « l’aider à répondre à ses besoins persistants de financement de la balance des paiements tout en maintenant les dépenses prioritaires consacrées aux services publics de base ». Selon les projections du FMI, l’activité économique devrait croître de 3 % en 2025, contre 1,9 % en 2024, sous l’effet de la hausse de la consommation d’énergie, du redressement des activités minières, des projets d’infrastructures et de l’amélioration de la sécurité. L’inflation devrait de son côté reculer d’ici à fin 2025, en partie grâce à la baisse des prix à la pompe intervenue en mai 2025. L’institution juge cependant important « de resserrer la politique budgétaire pour adresser l’accentuation de la vulnérabilité liée à la dette publique », estimant que le déficit primaire intérieur serait ramené à 2,1 % du PIB en 2025, contre 4,9 % en 2024, en supposant un soutien politique fort en faveur des mesures convenues en matière d’administration fiscale et la conformité des obligations fiscales. Elle estime en outre essentiel de mieux maîtriser les dépenses dans un contexte d’élections et de réductions de l’aide humanitaire. L’autre recommandation concerne la réforme du marché des carburants qui demeure essentielle pour la stabilisation macroéconomique et la croissance à la fois durable et inclusive de la RCA. De l’avis du FMI, Bangui devrait accélérer l’audit de l’approvisionnement de carburants pour étayer les réformes des prix et remédier aux inefficiences persistantes. D’après l’organisation, en dépit des récentes hausses de l’offre et baisses de prix, « les prix à la pompe restent élevés en raison des importations coûteuses et opaques. Une utilisation transparente du don récent de diesel et un audit approfondi des coûts et des marges pourraient contribuer à renforcer la concurrence, à améliorer l’efficience de l’offre et à accroître les recettes fiscales ». « La République centrafricaine a réaffirmé sa détermination à mettre en œuvre les réformes structurelles dans le cadre de l’accord au titre de la FEC, malgré une fragilité profondément enracinée et une grande incertitude. Le soutien financier et technique des partenaires au développement reste essentiel pour que le programme soit un succès, ce qui permettra de surmonter les capacités faibles et la volatilité des recettes, ainsi que d’atténuer les besoins humanitaires », a déclaré M. Kenji Okamura, directeur général adjoint et président par intérim. Pour ce dernier,  » il est essentiel de renforcer le respect des obligations fiscales et les contrôles fiscaux pour accroître les recettes, mais il faut un fort soutien politique. Il est également essentiel d’accélérer l’audit de l’approvisionnement de carburants pour remédier aux inefficiences et permettre de nouvelles réductions des prix à la pompe », ajoutant par ailleurs que le bon fonctionnement du marché des carburants est essentiel à la stabilité budgétaire et macroéconomique. Il estime, enfin, que « l’amélioration de la gouvernance renforcera les efforts de gestion des finances publiques » et appelle à « mettre en service rapidement le système de déclaration de patrimoine pour maintenir l’aide des donateurs ». Martin Kam

Finance : Okina Elenga-Ngaporo a valorisé les progrès du Congo dans le domaine de la monnaie numérique et e-tax

Finance : Okina Elenga-Ngaporo a valorisé les progrès du Congo dans le domaine de la monnaie numérique et e-tax

Le directeur des systèmes information (DSI) au ministère des finances, du budget et du portefeuille public, M. Okina Elenga-Ngaporo, a participé, du 19 au 22 mai 2025, à Abidjan, en Côte d’Ivoire, a un atelier d’échanges sur la monnaie numérique dans les finances publiques, organisé par le Fonds Monétaire International (FMI) en collaboration avec AFRITAC de l’Ouest et le soutien financier du gouvernement japonais. Au cours de cette rencontre de quatre jours qui avait pour objectif la rationalisation des dépenses et la sécurisation des recettes. Sur le chantier du développement de la monnaie numérique appliquée à la finance publique, la République du Congo a fait figure de bon élève, selon plusieurs experts du domaine. Cette reconnaissance a été accordée à la suite de la présentation du système e-tax par M. Okina Elenga-Ngaporo, ainsi qu’aux progrès réalisés par le Congo dans le domaine de la monnaie numérique et des systèmes de paiement pour les opérations budgétaires. M. Abdoulahi Mfombouot, Conseiller au Fonds Monétaire International (FMI) a loué les avancées du Congo dans ce domaine : « la présentation du Congo avec le dispositif assez séduisant qu’ils sont en train de mettre en place. Moi, j’ai été bluffé par ce système totalement intégré, sur la dorsale budget, réserve. Donc, avec toutes les applications qu’elles devraient fédérer, y compris la gestion de la solde et la gestion de la dette, c’est quelque chose de très important pour nous au point où nous sommes aujourd’hui confiants de ce que désormais un ordonnateur au Congo assis dans son bureau et à partir de son système est en mesure de savoir quelle est la trajectoire du dossier et à quel moment le dossier a été payé. C’est formidable ! Et tout cela permet à l’État aujourd’hui non seulement la traçabilité, mais également de pouvoir maîtriser les flux de dépenses et même de contrôler la constitution des arriérés ». La délégation congolaise avec quelques choses dans sa gibecière La délégation congolaise, conduite par M. Okina Elenga-Ngaporo, directeur des systèmes information (DSI), s’est également imprégnée des expériences et des bonnes pratiques présentées par les autres pays participants en matière de développement de la monnaie numérique dans les finances publiques. « L’enrichissement que nous avons eu de la part de l’expérience des autres pays. C’est au niveau digitalisation du paiement et au niveau monnaie numérique. Et nous avons bien pris note, mais on n’oublie pas que nous appartenons à un espace communautaire qui est la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Et avec les décideurs, nous allons voir comment implémenter ces solutions-là tout en tenant compte des lois en vigueur, de la réglementation en vigueur au niveau national et au niveau communautaire. Nous avons vu l’exemple ivoirien, entre autres le trésor paie et le trésor monnaie. C’est un très bel outil et j’ai eu l’occasion d’assister à son utilisation. Et c’est pour nous un exemple à capitaliser au niveau de la République du Congo. Et au niveau ivoirien, c’est de dire, vous êtes sur la bonne voie », a renchéri M. Okina Elenga-Ngaporo Notons que cet atelier d’échanges entre pays a réuni des experts venus d’une vingtaine de pays, parmi lesquels la Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée-Équatoriale, le Cameroun, le Mozambique, le Congo qui avait entre autres objectifs, moderniser les opérations budgétaires grâce à la monnaie numérique. Wilfrid Lawilla D.

Kristalina Georgieva: «Les tensions commerciales sont, dans une large mesure, le résultat d’une érosion de la confiance»

Kristalina Georgieva: «Les tensions commerciales sont, dans une large mesure, le résultat d’une érosion de la confiance»

La résilience de pays, qui surmontaient des chocs importants grâce à des fondamentaux solides et en faisant preuve d’agilité, est de nouveau mise à l’épreuve par la remise à zéro du système commercial mondial, a estimé récemment la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, dans un discours jeudi à Washington. «Les marchés financiers deviennent plus volatils et l’incertitude qui entoure la politique commerciale est exceptionnelle», a-t-elle déclaré à la veille des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale, qui se tiennent du lundi 21 au 26 avril à Washington, appelant à réagir avec sagesse pour une «économie mondiale plus équilibrée et plus résiliente». Pour une économie mondiale plus équilibrée et plus résiliente  Dans un récent discours, la patronne du FMI a comparé les tensions commerciales actuelles «à une casserole qui bouillonnait depuis longtemps et a fini par déborder». Des tensions qui seraient, dans une large mesure, « le résultat d’une érosion de la confiance. Confiance dans le système international, et confiance entre les pays », a-t-elle estimé. En dépit du fait qu’elle a permis à un grand nombre de personnes de sortir de la pauvreté, l’intégration de l’économie mondiale n’a pas profité à tous, selon Kristalina Georgieva. Et pour cause, «des communautés ont été vidées de leur substance par le déplacement des emplois à l’étranger. Les salaires ont reculé sous l’effet de la disponibilité croissante d’une main-d’œuvre bon marché. Les prix ont augmenté lorsque les chaînes d’approvisionnement mondiales ont été interrompues ». Ainsi, beaucoup en sont venus à rendre le système économique international responsable de l’injustice qu’ils ressentent dans leur vie. «Les distorsions du commerce -droits de douane et mesures non tarifaires- ont alimenté l’opinion défavorable sur un système multilatéral jugé incapable d’offrir des chances égales à tous », a poursuivi la cheffe du FMI notant que ce sentiment d’injustice nourrit parfois les discours selon lesquels les règles du jeu ne sont pas respectées tandis que les déséquilibres commerciaux attisent les tensions commerciales. Evoquant des conséquences importantes, à commencer par les droits de douane, la DG a estimé que «les droits de douane effectifs imposés par les Etats-Unis ont atteint des niveaux jamais vus depuis plusieurs générations», soulignant au passage des effets de contagion internationaux. Davantage tributaires du commerce pour alimenter leur croissance, les petits pays avancés et la plupart des pays émergents sont davantage  naturellement plus exposés, y compris au durcissement des conditions financières, a-t-elle fait remarquer. Et d’ajouter: «Les pays à faible revenu sont confrontés à la difficulté supplémentaire de l’effondrement des flux d’aide de la part des pays donateurs qui se recentrent sur des enjeux nationaux». Kristalina Georgieva prévient : «Une incertitude durablement élevée augmente le risque de tensions sur les marchés financiers ». Elle en veut pour preuve les fluctuations inhabituelles de certains marchés névralgiques des obligations et des devises observées au début du mois. Les fluctuations  des marchés doivent avoir valeur d’avertissement  Ainsi, «ces fluctuations doivent avoir valeur d’avertissement», a-t-elle lancé expliquant que «si les conditions financières empirent, tout le monde en pâtit». La DG assure toutefois que l’issue sera meilleure «si les pouvoirs publics prennent des mesures pour régler les divergences et rétablir l’équilibre». Concrètement, «tous les pays doivent redoubler d’efforts pour mettre de l’ordre dans leurs affaires », a-t-elle exhorté soutenant que dans un monde où règne une incertitude accrue et où les chocs sont fréquents, on ne peut pas se permettre de différer les réformes visant à renforcer la stabilité économique et financière et améliorer le potentiel de croissance. Selon elle, «les pays doivent relever les nouveaux défis en partant d’une situation plus fragile, et avec un fardeau de la dette publique beaucoup plus lourd qu’il y a quelques années à peine». Les équilibres intérieurs entre l’épargne et l’investissement sont fondamentaux Tout aussi important, les pays doivent se concentrer de nouveau sur les déséquilibres macroéconomiques intérieurs et extérieurs, a poursuivi Kristalina G. estimant que les équilibres intérieurs entre l’épargne et l’investissement sont fondamentaux, et l’un comme l’autre peut parfois prendre trop de poids. Et de rappeler que «les facteurs de déséquilibre sont notamment les habitudes d’épargne des pays, les distorsions résultant de l’orientation de la politique, l’ouverture des marchés des capitaux, les régimes de change et la démographie. Les politiques budgétaires, monétaires, structurelles et de taux de change constituent des leviers essentiels». Alain Bouithy

USA-FRANCE-FMI : une crise de confiance aux portes des dictateurs de la CEMAC (lecture 5 minutes)

USA-FRANCE-FMI : une crise de confiance aux portes des dictateurs de la CEMAC (lecture 5 minutes)

Malgré les tentatives de préservation de sa stabilité monétaire face à des chocs exogènes persistants, la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) est dans le collimateur de la diplomatie américaine qui a lancé le projet de loi « CEMAC Act » et, en même temps, dans le viseur de la France qui vient de convoquer ses sujets ce 17 avril à Paris. Le dépôt au Congrès des États-Unis du projet de loi “CEMAC Act” révèle un malaise grandissant autour de la gouvernance des réserves de change de cette institution et de sa relation avec le FMI. Cette séquence diplomatique met en lumière un jeu d’équilibre fragile entre orthodoxie monétaire, pressions extérieures et souverainetés nationales, avec des implications profondes pour les pays les plus vulnérables de la sous-région. Au premier rang desquels le Congo-Brazzaville. La ‘‘CEMAC Act’’ : une interpellation américaine sur la transparence financière Le projet de loi déposé en mars 2025 par le représentant républicain Bill Huizenga — surnommé CEMAC Act — propose de suspendre l’appui des États-Unis aux décisions du FMI impliquant la CEMAC, tant que cette dernière n’aura pas procédé à une évaluation complète et vérifiable de ses réserves de change brutes. Officiellement, ce texte exige plus de transparence. Mais en réalité, il cible la BEAC, accusée d’opacité dans la gestion des fonds de restauration environnementale imposés depuis 2018 aux multinationales pétrolières opérant dans la sous-région. Lesdits fonds destinés à financer la réhabilitation des sites d’extraction sont placés sous le contrôle de la BEAC, qui entend les inclure dans les réserves officielles de la zone. Pour les initiateurs du projet de loi, cette démarche va à l’encontre des standards du FMI, lesquels stipulent qu’une réserve de change doit être “disponible rapidement” et “effectivement contrôlée” par l’État. À leurs yeux, la BEAC ne remplit pas ces conditions, tout en refusant de lever son immunité souveraine, ce qui soulève des inquiétudes juridiques et financières à l’international. Ce projet de loi américain et la gestion des finances des pays de la CEMAC ont fait réagir Paris qui a illico convoqué les ministres des finances et de l’économie de la zone CEMAC pour un conciabule dont nous vous livrerons la teneur très bientôt. Une orthodoxie monétaire défensive risque d’asphyxier la croissance Face à ces accusations, la BEAC affiche sa volonté de rester fidèle à son mandat fondamental : garantir la stabilité extérieure de la monnaie régionale dans un contexte post-pandémique marqué par des vulnérabilités persistantes. En mars 2025, la couverture des importations dans la CEMAC est tombée à 4,8 mois, en dessous du seuil minimal recommandé par le FMI (cinq mois). En réponse, la BEAC a durci sa politique de réserves obligatoires et imposé aux IOC une date limite — le 30 avril 2025 — pour signer un accord sur la gestion des fonds environnementaux, avec à la clé des pénalités pouvant atteindre 150 % des montants dus. Dans le même temps, le FMI reste prudent. Tout en saluant la stabilisation apparente des réserves (estimées à 7 584,9 milliards FCFA), il appelle à maintenir des taux d’intérêt élevés pour juguler l’inflation. Cette stratégie, bien qu’efficace sur le papier, risque de pénaliser la reprise économique dans plusieurs pays membres. En effet, les économies les plus fragiles, à faible diversification structurelle, subissent de plein fouet le renchérissement du crédit et la contraction de la liquidité bancaire. Le Congo en dissidence silencieuse : entre contournement du franc CFA et « révolte » de souveraineté Dans cette configuration tendue, le Congo se démarque. Confronté à des contraintes budgétaires structurelles, à une dette publique encore élevée et à une forte dépendance aux exportations pétrolières, le pays semble avoir pris ses distances vis-à-vis de la discipline monétaire régionale depuis le règne de Gilbert Ondongo. Au terme d’un accord conclu avec la BSCA Bank, établissement congolais à capitaux mixtes (54 milliards de capital) dont 50% détenus par la Banque agricole de Chine (ABC) ayant pour PCA, M. Gu Shu qui a effectué le déplacement de Brazzaville en septembre 2023. Une partie des réserves stratégiques de change du Congo est désormais domiciliée en Chine, en dehors du traditionnel Compte d’Opérations du Trésor Français. En clair, les 2200 milliards/an en moyenne planqués par les entreprises du fameux contenu local (dont nous avons déjà parlé) sont « exfiltrés » du Congo par cette voie. Le Congo coincé Selon certaines indiscrétions, quand la crise s’installe, le Congo est dans l’impossibilité de payer des salaires, absence de trésorerie, etc. Obligé, de « rapatrier » une infime partie de ce trésor de guerre avec la complicité de certains responsables de la BEAC (à confirmer). Pourtant cette pratique est strictement interdite. Ce choix, hautement symbolique et politique, marque une tentative de desserrement du carcan du franc CFA français, dont la gestion centralisée à Paris via le Compte d’Opérations reste un sujet de débat international. En optant pour une domiciliation alternative, le pouvoir congolais réaffirme ses ambitions à une gestion autonome de ses actifs stratégiques, tout en s’alignant discrètement sur une logique de rééquilibrage géopolitique vers l’Asie, en particulier la Chine et les Emirats Arabes Unis (EAU) qui viennent de recevoir M. Sassou pour la énième fois. Mais cette dissidence silencieuse soulève des questions. Peut-on durablement participer à une union monétaire tout en contournant ses principes fondateurs ? Quelle crédibilité accordée à une convergence régionale fondée sur des règles que certains États jugent pénalisantes ? Le CEMAC Act, en mettant à jour ces failles, offre une opportunité rare : réinterroger la gouvernance monétaire de la CEMAC, afin d’y intégrer plus de différenciation, de transparence et d’équité. D’ailleurs le Secrétaire Permanent actuel du Groupe d’Action contre le Blanchiment d’argent en Afrique Centrale (GABAC), M. André KANGA, parent de M. Sassou de Likendze (Loukolela), précédemment Directeur Général de l’Agence Nationale d’Investigation Financière (ANIF), organe central de la lutte contre le Blanchiment de Capitaux et le Financement du Terrorisme et la prolifération des armes de destruction massive (LBC/FT) au Congo. A ce titre, aurait couvert de nombreuses enquêtes graves au sujet de crimes et délits économiques de haut