Congo/Religion : La basilique Sainte-Anne a 80 ans  

Congo/Religion : La basilique Sainte-Anne a 80 ans  

La basilique Sainte-Anne du Congo basée en plein cœur de la ville de Brazzaville, avec son toit vert, a soufflé sur sa quatre et vingtième bougie. La fin des travaux de rénovation de cet édifice lancés par l’épiscopat avec l’appui du député de la première circonscription électorale de Poto-Poto, Rick Gérald Bokilo, est prévue pour le 10 juin 2023. Ils ont pour but principal de lui donner un autre rayonnement. Les travaux en exécution depuis le 2 juin 2023 portent sur le rhabillage de l’intérieur de la paroisse et la réfection des murs présentant quelques anomalies sans oublier certaines parties techniques. Il s’agit de redonner à ce patrimoine de l’Unesco, une nouvelle image. Le député de la deuxième circonscription de Poto-Poto qu’accompagnait le 2e vice-président du Sénat, Gabriel Ondongo et trois collègues députés, a dit qu’ils sont allés voir les travaux de réhabilitation de la basilique Sainte-Anne, prélude à la célébration de son 80e anniversaire. Il a souligné qu’il y est allé, en tant que député de Poto-Poto, apporter sa contribution à la réfection de ce patrimoine afin de préparer au mieux ce grand événement qui pointe à l’horizon. Pour lui, c’est depuis l’enfance qu’il fréquente cet endroit où il allait prier avec ses parents. Cet édifice a été bâti entre 1943 et 1949 par l’architecte Roger Erell. C’est un patrimoine de l’Eglise catholique et l’un des monuments emblématiques de la ville. Et c’est en 1940 que le gouverneur général de l’Afrique Équatoriale Française (A.E.F), Félix Éboué, décide de l’implantation du complexe église – presbytère – stade omnisport, à la jonction des quartiers de la plaine et de Poto-Poto. Le premier coup de pioche a eu lieu le 13 mars 1943. Florent Sogni Zaou

Congo/Religion : La CIFMC en quête des actions de réconciliation

Congo/Religion : La CIFMC en quête des actions de réconciliation

Des membres de la congrégation religieuse, Ministère chrétien du combat spirituel (MCCS), autrement dénommée CFMC, se sont retrouvés à Brazzaville pour réfléchir sur la manière de mettre fin aux sanctions imposées par le gouvernement congolais. Les parties prenantes au conflit ont avant tout défini des préalables pour la tenue des assises nationales qui devraient déboucher sur la sortie de crise, avec pour objectif, l’ouverture des portes de la CIFMC fermées sur toute l’étendue du territoire national par décision gouvernementale, jusqu’à nouvel ordre. Ces retrouvailles ont connu la présence des délégués de l’intérieur du pays. Ils ont jugé utile la mise en place d’une commission ad hoc chargée de préparer les assises nationales qui devront recenser et traiter tous les problèmes de cette institution religieuse. Ces problèmes se sont aggravés aux lendemains du décès du couple Olangui, fondateur de cette structure. Cette crise s’est amplifiée à cause d’un dérapage de l’un des enfants, Paul David Olangi, a dérapé lors du culte du 14 août 2022. Révoltés, certains jeunes religieux ont déclenché un mouvement de désobéissance et attiré l’attention de la coordination nationale. Des tensions ont automatiquement vu le jour, poussant le ministre congolais de l’Administration du territoire, de la Décentralisation et du Développement local, Guy Georges Mbaka, a pris la décision de la fermeture des portes de cette congrégation, le 20 août de la même année. Des gens rapportent que les problèmes sont dus au contrôle sans partage des finances ; à la volonté affichée par les enfants Olangi d’imposer des dictats ; les nominations arbitraires par Kinshasa aux différentes fonctions sans concertation avec les responsables locaux de Brazzaville ; l’impolitesse des missionnaires vis-à-vis des autorités congolaises ; l’exclusion des locaux dans la gestion administrative, financière et patrimoine, font partie des causes profondes de cette crise. La tenue d’une première réunion de prise de contact entre responsables et la mise en place d’une commission ad hoc sont, sans nul doute, le début de la sortie de crise. Florent Sogni Zaou

Laconiquement, les arabes n’ont-ils pas perdu le nord?

Laconiquement, les arabes n’ont-ils pas perdu le nord?

OPINION. Les arabes vivent un tiraillement psychologique aigu et souffrent atrocement au point d’être totalement paralysés et spectateurs d’eux-mêmes. La remise en question, déficiente totalement dans l’éducation familiale et scolaire, est responsable de la désorientation psychologique des arabes. Un véritable drame. L’absence de la remise en question emprisonne l’arabe dans la religion afin de se justifier qu’il est bien orienté sur le véritable chemin. Un délire fantastique. Ce mécanisme de désorientation se manifeste à plusieurs niveaux : 1. La religion L’arabe est tiraillé entre les lois de sa propre religion (limitantes) et la liberté individuelle selon les droits internationaux de l’homme. Souffrant des contradictions, il a ainsi commencé à se convertir à d’autres religions (l’islam, le christianisme, le bahaïsme) et courants spirituels plus oxygénés (boulisme, soufisme) ou bien à l’athéisme et l’agnosticisme. Tristement et malgré sa nouvelle foi, l’arabe se retrouve de nouveau à vivre en dichotomie. 2. L’immigration vers l’Occident Cette vague volcanique de l’immigration des jeunes arabes aux pays occidentaux est motivée essentiellement par la recherche de la liberté individuelle. Seulement lorsqu’ils y arrivent, ils sont exclus et finissent par retourner dans la bulle religieuse. 3. Le vestimentaire L’arabe est complètement dissocié, il s’agrippe à n’importe quelle corde selon les occasions pour ne pas s’anéantir. Vêtement occidental pour le quotidien et traditionnel pour les fêtes religieuses. 4. La robe blanche, le voile, le caftan Lors du mariage les mariés doivent être occidentaux (costume, robe blanche avec le voile) et traditionnels (caftan, djellaba) à la fois. Une véritable dislocation. 5. La musique traditionnelle et occidentale Les arabes s’amusent en boite de nuit et dans les fêtes du plaisir avec la musique occidentale, alors que dans les mariages cette musique est absente et remplacée par la musique traditionnelle. 6. Admirer et haïr l’Occident L’arabe se plit en quatre pour ressembler aux occidentaux : peau blanche, cheveux raides, spontanéité, amour de soi, bon vivant et ainsi de suite. En même temps, il ne souhaite que du malheur à l’Occident qu’il considère mécréant. 7. Le plaisir et les interdits religieux Les arabes transgressent toutes les minutes les lois religieuses afin d’obtenir du plaisir. Par la suite, la culpabilité fait surface mais est rapidement rachetée par une pratique religieuse (lire les textes sacrés, prier, faire l’aumône). Cette stratégie arabe est une devise quotidienne. C’est de la triche « hallal ». 8. L’illusion identitaire L’arabe vole, ment, boit de l’alcool, pratique le sexe libertin, et même pendant ses pratiques irréligieuses, il clame sa religion comme étant la meilleure et la seule acceptée par Dieu pour accéder au paradis. Deux cerveaux dans un seul crâne. 9. L’aveuglement Dans les pays arabes, nous trouvons des maisons et des structures (maisons de prostitution, bars, production de vin…) en marche. Malgré cette réalité, l’arabe rappelle avec fierté que son pays est religieux et qu’il faut respecter sa culture conservatrice. 10. L’utopie religieuse et le rêve d’enfant L’arabe vit à des années lumières des principes de sa religion et pourtant il est convaincu que sa religion est le seul salut au monde. Les arabes sont-ils incapables de se demander pourquoi les gens fuient la religion ? Peut-on fuir ce qui nous procure plaisir et sérénité ? À moins que l’arabe ne soit masochiste ? 11. Le mariage de « Al Fatiha » et le concubinage « hallal » Nouveau phénomène en expansion dans le monde arabe. Une ruse ingénieuse pour donner une note « hallal » à la liberté sexuelle. Véritable dissonance cognitive. 12. Les banques religieuses sans intérêts Là encore, les banques arabes ont trouvé la ruse pour être conformes à la religion en gagnant d’importants intérêts convertis « hallal ». Véritable mascarade. Laconiquement, tant que les arabes attendront encore les miracles religieux et garderont la remise en question (le cogito) en off, ils continueront d’être consumés totalement. Docteur Jaouad Mabrouki Psychiatre, psychanalyste de la société marocaine

Le Dieu d’amour est né, le Dieu vengeur est mort !

Le Dieu d’amour est né, le Dieu vengeur est mort !

TRIBUNE. L’humanité entière est face à une crise sans précédent. Pour s’unir en une seule tribu mondiale et selon ses expériences du passé, n’a-t-elle pas besoin en ce moment d’adopter une nouvelle religion, un nouveau Dieu, harmonieux avec son ère actuelle, d’autant plus que les anciennes religions et les Dieux vengeurs sont bel et bien enterrés? Sans raison de vie, sans savoir son devenir une fois décomposé, la mort, l’homme a dû créer le concept d’une origine invisible, une puissance supranaturelle, cause de son existence. De même pour échapper à sa réalité purement matérielle, l’homme a conçu l’existence d’une partie de lui même, invisible et émanant de cette force supranaturelle impalpable à son tour. Il a donné un nom à cette puissance, Dieu, et à cette partie invisible enfouie en lui, l’âme. Tout ceci afin de se sécuriser et de croire à une protection permanente, indépendamment du temps et de l’espace.  Autrefois, l’homme qui vivait seul face aux dangers de la nature a donc crée la protection divine, s’accrochant à sa robe à chaque tempête et orage. L’homme a ensuite appris la nécessité de vivre en collectivité pour sa survie, ainsi le Dieu protecteur de chaque individu ne servait  plus à rien puisque le groupe a pris la fonction protectrice. Le Dieu protecteur individuel  en est mort.En revanche, le groupe ayant besoin à son tour d’un protecteur, le Dieu de tous a été engendré  ainsi que l’intermédiaire entre ce Dieu et le groupe, le sage de la tribu, celui qui a l’art de parler au Dieu Protecteur du groupe. Avec le temps, les groupes se sont réunis en tribu afin d’avoir une meilleure protection contre les autres tribus et contre tous les dangers de la nature, mais aussi pour se partager les rôles. Ainsi le Dieu protecteur de chaque groupe est mort. L’homme a donc choisi un Dieu plus puissant capable de protéger toute la tribu et lui procurer la richesse. La stratégie des guerres est alors inventée  pour se protéger mais surtout pour s’enrichir et occuper les terres des autres innocents au nom de Dieu. Les tribus devenant plus grandes, la population incontrôlable et le sage ne pouvant plus se faire écouter, de là est née la religion. Le prophète a remplacé le sage, la loi sacrée autoritaire et totalitaire est donc née. Ceci ne suffisant pas, il a fallu métamorphoser le Dieu Protecteur en un Dieu  Vengeur, le Dieu de la terreur, avec l’enfer et le paradis afin de terroriser la population et la maitriser au nom du Dieu Impitoyable.  Ainsi chaque tribu, chaque nation a eu sa religion et son prophète justifiant les guerres des tribus pour sauver les âmes des hommes. La tribu la plus forte  impose donc sa religion et son prophète. De la sorte, les tribus se sont organisées en nations et  en pays. Maintenant que le  monde est devenu un seul pays, il a fallu encore une fois à l’homme créer  un Dieu pour tout le monde, un Dieu unificateur, une religion mondiale, un Dieu universel, mais cette fois-ci avec un Dieu Amour en tuant le Dieu vengeur. Subitement chaque religion, qui autrefois tuait des enfants, des femmes, des hommes, pillait  les biens des innocents, prétend être maintenant une religion universelle et d’amour en dépit de son ancienneté de plus de 1000 ans avec des lois impossibles à appliquer dans la présente ère, sans prouver l’amour et la paix à ses débuts. Ces anciennes religions sont donc en train de se métamorphoser et de muter vers des religions pacifiques avec un Dieu d’amour en enterrant le Dieu Vengeur, une très bonne nouvelle pour l’humanité !  L’humanité n’est-elle pas arrivée à un stade où elle n’a pas d’autres choix, comme elle l’avait fait dans le passé, que d’unir maintenant tous ses Dieux en un Seul Dieu d’Amour, et de fendre toutes les religions en une seule et unique religion de Paix en ne faisant de la terre qu’un seul pays et tous ses citoyens les feuilles d’un seul et même arbre ? A-t-elle une autre alternative ? Docteur Jaouad MABROUKI, Psychiatre, Chercheur, Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

Que dire de la messe à la télévision en ce temps de Covid-19?

Que dire de la messe à la télévision en ce temps de Covid-19?

TRIBUNE. Il est vrai que les célébrations eucharistiques via la télévision ont rendu d’énormes services en période de confinement. Mais en temps normal, il sied de rappeler qu’aucune transmission ne peut se substituer à la participation personnelle et communautaire de la Messe. Ces transmissions risquent d’éloigner les chrétiens de la rencontre intime et personnelle avec le Dieu incarné qui s’est donné à nous non point de manière VIRTUELLE mais plutôt de façon RÉELLE en disant : « Quiconque mange ma chair et boit mon sang demeure en moi comme moi je demeure en lui » (Jn 6, 56). Ce contact PHYSIQUE avec le Seigneur est vital, indispensable et irremplaçable. Comme chrétiens, nous ne pouvons rien sans le Pain de la Parole, rien sans le contact physique avec le Pain Eucharistique. Nous ne pouvons être bien sans la chaleur de notre communauté chrétienne qui est la vraie famille du Seigneur. Nous ne pouvons rien sans mettre nos pieds dans la Maison de Dieu où nous expérimentons la caresse miséricordieuse du Seigneur. Il est donc nécessaire et urgent que tous les chrétiens bravent la peur et reprennent avec joie leur poste dans l’assemblée célébrante des frères, pour redécouvrir la beauté de la célébration et transmettre l’enthousiasme aux frères et sœurs découragés et apeurés par la pandémie. Germain Nzinga (Chercheur indépendant)

La religion n’est-elle pas le « Père Noël » de l’humanité ?

La religion n’est-elle pas le « Père Noël » de l’humanité ?

TRIBUNE. Je scrute souvent la religion à travers l’Histoire et le présent, et plus je cave l’analyse, plus je percute les paradoxes. Ainsi, je m’interroge : « Pourquoi l’homme croit-il aux religionx et à leur illogisme, malgré qu’elles bissectent et émiettent l’humanité? ». Il est vrai qu’à l’heure actuelle, une nouvelle mode religieuse est prêchée par les chefs de toutes les religions, sous le blason de « la coexistence ». Mais ceci, n’est-il pas une reconnaissance de la haine entre les religions ? Si non, pourquoi donc cette prêcherie et ces cérémonies invitant tous les croyants du monde à « coexister » alors que chaque religion se considère déjà « amour »? Est-il raisonnable d’inviter l’amour à ne pas haïr ? Où voyez-vous l’amour enseigné par les religions ? Dans les guerres civiles et militaires, dans les génocides, dans la famine et l’injustice, dans les colonisations et l’extermination des autochtones, dans l’exploitation des pauvres par les riches (individus et pays à la fois), ou bien dans l’inégalité des droits de l’homme et de la femme ? Où voyez-vous la transformation spirituelle des religions ? Dans le mensonge, dans la médisance, dans l’hypocrisie, dans la trahison, dans la malhonnêteté aussi bien dans le travail que dans les relations, ou dans l’amour débordant pour son prochain ? Pourquoi l’un vit dans un palais et l’autre sans abris alors qu’ils sont de la même religion ?  Pourquoi l’un a les moyens de se soigner et l’autre meurt de sa maladie ? Pourquoi l’un va aux écoles privées et l’autre n’a même pas une école publique à coté de chez lui ? Certes allez-vous me dire que ce n’est pas la faute de la religion, que ce sont les actes d’individus responsables de notre misère. Mais quel est donc l’intérêt de croire à la religion si elle n’est pas capable d’engendrer l’amour, la paix, la justice et transformer les actes odieux en actes bons? L’enfant, aussi, croit fort au Père Noël, mais en grandissant, il prend conscience de la réalité et il finit par croire uniquement en lui. Ne pensez-vous pas que l’humanité aussi est encore au stade de l’enfance et croit à la religion comme l’enfant qui croit au Père Noël ? Quand va-t-elle grandir et prendre conscience de la réalité de la religion ? Docteur Jaouad MABROUKI Expert en psychanalyse de la société marocaine et arabe

Simon-Pierre M’padi et la restauration de l’identité africaine en matière religieuse et spirituelle

Simon-Pierre M’padi et la restauration de l’identité africaine en matière religieuse et spirituelle

Simon-Pierre M’PADI est né au Congo-belge vers 1906 et il a, à peine, quinze ans au moment de l’arrestation du prophète Simon Kimbangu en 1921. Il va apparaître comme le deuxième prophète de l’Eglise noire congolaise. Et ce, durant une période où le mouvement créé par Simon Kimbangu connaît une période difficile en raison d’une persécution trop brutale voire redoutable de ses membres par le colon belge qui entend faire disparaître les traces de kimbaguisme. Mais cette détermination du colon belge consistant à vouloir disparaître le kimbanguisme subira une dure épreuve avec l’apparition en 1939 d’un nouveau prophète appelé Simon-Pierre M’PADI. Il déclare être le successeur de Simon Kimbangu se donnant pour mission le réveil des consciences et de la reconstitution de l’unité passionnelle des débuts de l’Eglise kimbanguiste. C’est dans ces conditions que Simon-Pierre M’PADI va se rapprocher des anciens disciples de Kimbangu réussissant à obtenir leur soutien actif. A son propos, Martial Sinda rapporte que: “ en quelques jours, le mouvement messianique se reveille ; ses dirigeants, stimulés par Simon-Pierre M’PADI, redoublent d’efforts ; le succès vient aussitôt, rapide, total. Les autorités belges, qui pensaient avoir maté le mouvement n’gounziste, s’étonnent d’un tel résultat et de la rapidité avec laquelle la campagne a été menée.” [ Martial SINDA in “ Le messianisme Congolais et ses incidences politiques” Payot 1972 P.115.] Cependant, tout en étant fidèle aux principes révolutionnaires définis par Kimbangu, Simon-Pierre M’PADI prêche avec virulence la séparation complète et définitive de l’Eglise noire et des Eglises missionnaires européennes. A l’effet de répondre aux aspirations des anciens et de son aîné le prophète Simon Kimbangu qui consiste à libérer les Noirs de la liberation étrangère en démontrant qu’ils ne sont pas inférieurs voués à la servitude économique et culturelle Simon-Pierre M’PADI va élaborer un programme sévère de l’Eglise noire. Le désir de Simon-Pierre M’PADI est, rapporte Martial SINDA, de personnaliser le plus possible l’Eglise noire, de lui donner un statut suffisamment rigide pour éviter qu’on revienne à l’organisation multicellulaire du temps de la clandestinité. Cela l’amène, observe-t-il, à imposer aux fidèles la tenue kaki ; autre avantage de cette decision ; les fidèles pourront se reconnaître entre eux et s’entr’aider. Le port de cet uniforme devient un honneur ; il donne conscience au fidèle qui le revêt, d’appartenir à une communauté fraternelle, d’être le combatant d’une cause sacrée. [ Martial SINDA in “ Le messinaisme Congolais et ses incidences politiques” Op.cit P.117.] Simon-Pierre M’PADI doit son succès, entre autres, aux miracles qu’il opère à l’occasion de ses prêches, circulant de villages en villages sur l’espace Koôngo des deux rives à savoir: le Congo-Kinshasa et le Congo-Brazzaville voire le Congo-Luanda, c’est-à-dire l’Angola. Ancien lieutenant de l’Armée du Salut, il va prendre ses distances vis-à-vis de cette Eglise missionnaire européenne sans la dévaloriser pour s’inscrire dans un élan d’émancipation et de liberation totale de l’homme noir. Ainsi, pour Georges BALANDIER “…l’Armée du Salut, dont Mpadi a étudié minutieusement l’organisation, fournit le modèle d’une église à caractère militaire ; modèle qui “séduit”, parce qu’il met en place une hiérarchie stricte et très apparente, parce qu’il renforce la tendance de l’Eglise congolaise à accaparer les fonctions sociales de base – religieuses, politiques et, dans ce cas, d’une manière très embryonnaire, militaire et de police…” [ BALANDIER (G) in “Sociologie actuelle de l’Afrique noire” PUF 1955 P.450.] Simon MPADI et ses disciples vont élaborer une doctrine qui s’apparente à une sorte de déchristianisation aux termes desquels l’on note, entre autres que : “ Les images que l’on vous montre et que vous croyez être des photographies sont des creations du Blanc. Pas plus au temps de Jésus-Christ qu’à celui d’Adam, la photographie n’existait. Les croix que l’on a répandues partout au Congo sont des artifices de Satan. La vraie croix était en judée et Jésus en a été retire, ne vous agenouillez jamais devant une croix. Les Juifs, ceux de l’Eglise de Moïse, n’ont pas d’images et de croix dans leurs églises. Nous n’en voulons pas non plus. Dieu nous a d’ailleurs séparés de Jésus-Christ, nous a donné un sauveur noir que les Blancs ont abattu (ou voulu abattre) à coups de fusils” [ BALANDIER Op.cit P.451] L’expansion du m’padisme ou du kakisme inquiéta très sérieusement les autorités belges qui décidèrent de l’emprisonner. Il réussit par s’échapper une première fois en gagnant le Congo portugais, puis le Congo français, où il reprit son oeuvre apostolique auprès de ses frères Bakoôngo. Mais après de longues années d’apostolat, M’PADI sera arrêté une nouvelle fois, au cours d’une réunion des fidèles. Inculpé d’escroquerie par les autorités françaises, il sera condamné le 3 août 1949, à Brusseaux-Mindouli, et, le 17 mai 1950, remis aux autorités belges. Cependant, prisonnier, Simon-Pierre devint pour les Bakongo le martyr-successeur. Son Eglise réussit à affirmer une pensée originale, proprement africaine : à la fois politique et religieuse, elle se définit comme toute pensée messianique congolaise par son nationalisme et son anticolonialisme. [ Martial SINDA in “ Le messinaisme Congolais et ses incidences politiques” Op.cit P.121.] TAATA NDUENGA Je dédie ce texte à ma défunte mère “Maama BENAZO Maama Wa Koôngo” qui m’a fait connaître ce personnage durant mon enfance et pour lequel, elle avait un profond respect.