Congo Brazzaville. Politique/Et si la machine Makosso 2 pouvait passer à la vitesse 3

TRIBUNE. Remaniement surprise? Réajustement technique d’un gouvernement par défaut? Ceux qui connaissent bien le président Denis Sassou Nguesso savent qu’il ne travaille jamais sous l’effet de la pression politique. L’homme sait laisser passer la tempête congolaise avant d’agir en bon équilibriste et maître du jeu politique national. En témoigne le cas récent de Jacqueline Lydia Mikolo, ministre des petites et moyennes entreprises et de l’artisanat, que les ayatollahs du net et des forces politiques, aussi bien de l’opposition que du pouvoir- y compris du Pct au pouvoir- ont vite fait d’envoyer à la géhenne à la suite du Figa gate ébruité par les réseaux sociaux. D’attente lasse, ceux qui attisaient le feu de bois de Mouyondzi pour faire flamber la marmite ont fini par épouser d’autres actualités. En rapport avec le réamenagement technique de l’équipe gouvernementale qui se profile à l’horizon, difficile de se faire une idée exacte sur la période probable de son réajustement. » Il ne faut surtout pas s’attendre à un chambardement en HD », prévient un exégète du landerneau politique national. » Le Chef, argument-il, est soucieux du principe de stabilité dans la continuité au nom de la fidélité « . L’environnement international ne prête non plus à la division politique. Confiance renouvelée à Anatole Collinet Makosso Entre le président Denis Sassou Nguesso et son premier ministre Anatole Collinet Makosso, tout paraît aller dans le meilleur des mondes. Le ciel des relations entre la présidence et la primature est bleu. Les liens entre le » père » et son » fils spirituel » sont suffisamment solides. De quoi faire des jaloux, grands hommes politiques du Pool, Niari, Bouenza voire de la Lekoumou, qui pensent que leur heure doit maintenant sonner. Ne me demandez pas leurs noms ooh! Makosso, quoique peu rigoureux en économie et finances, son péché mignon – il est juriste de formation et politique jusqu’au bout des ongles- a le profil quasi idéal pour occuper la primature jusqu’à la prochaine présidentielle à laquelle, sauf cataclysme, Sassou devrait se représenter. Il a été formé à l’école de Sassou Nguesso. Au cours de ce compagnonnage avec Sassou, il a donc pu se mettre en évidence. Le cas Jean Baptiste Ondaye Selon certaines indiscrétions, ceux que l’on appelle à Brazzaville » faiseurs de ministres »- une minorité non négligeable- voudraient-ils faire defenestrer le ministre de l’économie et des finances, qui fait pourtant un travail remarquable depuis qu’il a succédé à Rigobert Roger Andely ? Des réformes que le nouvel argentier congolais voudrait implémenter dans certaines régies financières se heurtent encore au lobbyisme de certains puissants réseaux politiques voire d’affaires. À son entrée au gouvernement Makosso 2, Jean Baptiste Ondaye a dû attendre qu’il lui soit tracée la ligne de démarcation de ses attributions avec celles de son collègue Ludovic Ngatsé. Le Chef a tranché net pour que chacun évolue dans son couloir… Est-ce les mêmes lobbies qui seraient tapis dans l’ombre pour tenter de placer le leur à l’économie et finances ? Est donc vrai que le monde de la politique n’est pas une affaire des anges de Dieu. À suivre… Par A. Ndongo Journaliste économique et financier, Brazzaville Congo
Il est temps de renforcer le rôle des femmes dans la vie publique et politique, plaide l’ONU

D’immenses progrès ont été réalisés dans la quête de l’égalité des sexes, mais les principaux obstacles dressés par le système patriarcal doivent être démantelés afin que les femmes puissent jouer un rôle plus important dans la vie publique et politique, a déclaré vendredi le chef des droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, au Conseil des droits de l’homme de l’ONU. S’adressant à la réunion annuelle du Conseil à Genève sur la protection des droits des femmes et des filles, le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme a affirmé qu’il s’agissait d’une tâche urgente et qu’il fallait une tolérance zéro à l’égard de la violence sexiste. Il a souligné la réalité alarmante selon laquelle les femmes défenseurs des droits humains, les femmes journalistes et celles qui occupent des fonctions publiques et des postes de prise de décision politique font régulièrement l’objet d’attaques « vicieuses ». Violences physiques et psychologiques « De tels actes sont délibérés, dirigés contre celles qui sont considérées comme remettant en question les notions traditionnelles de famille et de genre ou les normes sociales traditionnelles néfastes », a déclaré M. Türk. « Leur objectif est clair », a-t-il ajouté, « il s’agit d’exercer un contrôle, de perpétuer la subordination et d’écraser l’activisme politique et les aspirations des femmes et des filles ». Pour illustrer cela, M. Türk a cité une étude récente menée par ONU Femmes dans 39 pays. Elle révèle que 81,8% des femmes parlementaires ont subi des violences psychologiques, tandis que 44,4% ont déclaré avoir été menacées de mort, de viol, de coups et d’enlèvement. En outre, 25,5% ont subi une forme quelconque de violence physique. Une autre étude, réalisée par l’UNESCO, estime que 73% des femmes journalistes ont été confrontées à la violence en ligne, notamment par la diffusion de fausses informations, d’images trafiquées et de menaces et d’attaques verbales directes. Tolérance zéro Faire face à la discrimination structurelle profondément enracinée nécessite un changement global et systémique. Le Haut-Commissaire Türk a appelé au renforcement des cadres juridiques nationaux pour garantir l’égalité des sexes et protéger les femmes contre la violence, en ligne et hors ligne. « Nous devons adopter des codes de conduite avec une tolérance zéro pour la violence sexiste et établir des mécanismes de signalement efficaces pour ceux qui en sont victimes », a déclaré le Haut-Commissaire. Des mesures concrètes, tant temporaires que permanentes, s’imposent de toute urgence. M. Türk a souligné la nécessité de quotas pour les femmes dans la vie publique et politique. Il estime que les femmes devraient avoir plus de chances d’être élues pour siéger dans les organismes publics. Pour cela, des campagnes de sensibilisation et d’autres formes d’aide aux femmes qui veulent consacrer leur temps à la politique sont nécessaires. Appuyant ce point, Reem Alsalem, Rapporteure spéciale sur la violence à l’égard des femmes et des filles, qui s’est également adressée au Conseil vendredi, a déclaré : « Nous devons endiguer la vague de violence à l’égard des femmes et des filles dans les sphères privée, publique et politique de la vie et nous devons le faire maintenant ». Remettre en question les notions archaïques L’augmentation de la participation doit commencer par changer les comportements habituels, a déclaré le chef du bureau des droits de l’homme des Nations Unies (HCDH). « Nous devons également remettre en question les notions archaïques qui réduisent le travail domestique et de soins uniquement aux femmes et aux filles », a-t-il exhorté, ajoutant que les incitations économiques, les mesures de protection sociale et les campagnes pour l’égalité des sexes peuvent être des forces motrices pour promouvoir une plus grande égalité dans l’ensemble. M. Türk a déclaré que l’amélioration de l’éducation était une condition préalable essentielle à la participation égale des femmes aux affaires publiques. Il a souligné l’importance de renforcer la participation dans des domaines traditionnellement dominés par les hommes tels que la science, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (STEM). Les systèmes et les programmes éducatifs devraient inclure les femmes comme modèles et mettre en évidence leurs contributions à travers l’histoire pour remédier au manque de visibilité et de reconnaissance. « Les femmes représentent la moitié de l’humanité. L’égalité des sexes n’est pas une question de gains isolés pour les femmes seules, c’est une quête collective qui profite à des sociétés entières », a dit M. Türk, appelant les États membres et le Conseil « à s’engager à prendre des mesures concrètes et transformatrices pour lutter contre la violence fondée sur le genre à l’égard des femmes et des filles dans la vie publique et politique, et de promouvoir leur participation et leur leadership ».
RD.CONGO/Politique. La journée des longs coupe-coupes à Kinshasa !

PARLONS-EN. Pour étouffer dans l’œuf la marche de l’opposition, les autorités politiques congolaises au pouvoir ont mobilisé des jeunes gens armés de coupe-coupes. Une espèce de milice armée pro gouvernementale munie d’armes blanches, qui pourrait, lorsque le besoin se fera sentir, user d’armes à feu pour museler l’opposition. Gare aux actes grégaires, de même acabit, dont pourraient faire montre des opposants mal intentionnés pour légitimer leur autodéfense. Un proverbe bantou renseigne qu’il ne faut jamais dessiner l’image imaginaire d’un diable aux longues cornes sur le mur de sa maison, au risque de l’invoquer pour y élire domicile. Vivement que Fatshi (Félix Antoine Tshisekedi) n’oublie pas qu’il a été, lui aussi, opposant, et qu’il faille maintenant civiliser les rapports entre politiques congolais avant la présidentielle 2023. À la moindre incartade à Kinshasa, que d’accès de fièvre à Brazzaville, la rive droite du fleuve Congo. Par A. Ndongo Journaliste économique et financier.
Congo/Politique : Le CNR dénonce l’arrêt du processus DDR

Le Conseil national des républicains (CNR) a fustigé, le 4 février 2023 à Brazzaville, l’arrêt du processus de Désarmement, démobilisation et réinsertion (DDR) des ex-combattants dans le département du Pool. Le CNR réclame l’établissement du statut particulier à attribuer à son président fondateur, Frédéric Bintsamou, dit Pasteur Ntoumi. Les responsables de ce parti politique ont dénoncé l’arrêt systématique depuis un moment du processus DDR des ex-combattants enclenché pourtant après la signature de l’accord de cessez-le-feu et de cessation des hostilités entre le gouvernement et les ex-rebelles, le 23 décembre 2017. La structure avait rempli quelques-unes de ses missions tel que prévu dans l’accord. Les activités y relatives portaient sur la sensibilisation de la population aux valeurs de paix dans le département et sur le ramassage d’armes. A cet effet, 8007 armes à feu de petit calibre avaient été collectées pour être incinérées. Pour Ané Philippe Bibi, secrétaire chargé de l’organisation du CNR, il s’était aussi agi de normaliser la circulation dans la contrée par le démantèlement de tous les barrages sur l’ensemble du réseau. Il a cependant été noté que malgré tous ces efforts, tout le processus s’est arrêté sans justification du gouvernement, alors que plus de 15 000 ex-combattants attendent impatiemment d’être réinsérés socialement. Pour lui, après le ramassage des armes, il était prévu la réinsertion socio-économique des ex-combattants, la détermination du statut particulier du président du CNR et la libération de ses résidences privées de Soumouna et Mbouaboundi. Il constate que rien n’a malheureusement été fait jusqu’à ce jour et invite le gouvernement à le faire car ces points font partie des conditions essentielles pour garantir une paix durable dans le Pool. Pour le gouvernement, le lancement du DDR visant à contribuer à la consolidation de la paix et l’amélioration de l’environnement sécuritaire dans le Pool est imminent. A l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale, le président Isidore Mvouba a annoncé le déblocage de la contrepartie du Congo pour sa mise en œuvre effective. Il avait affirmé que ce programme ciblait au moins 7 500 ex-combattants et environ 2500 personnes issues de leurs familles ainsi que les communautés. Le secrétaire général du parti, Bienvenu Nzengui, et Ané Philippe Bibi, candidats malheureux aux législatives dans la circonscription électorale unique de Mayama, ont profité pour dénoncer « la tricherie » observée aux législatives. Ils ont toutefois précisé que leur formation politique a pu avoir quatre élus au niveau des conseils. Selon eux, malgré ce « hold-up électoral », le CNR garde sa détermination à conquérir le pouvoir par les voies démocratiques. Ils ont annoncé que le révérend Pasteur Ntoumi se porte très bien, contrairement à ce que disent les gens précisant qu’il a le regard fixé vers des horizons nouveaux, motivé par l’envie de conquérir le pouvoir par des voies démocratiques. Florent Sogni Zaou
Congo Brazzaville/Politique. Se servir et non servir

TRIBUNE. L’argent et la politique n’en finissent pas d’entretenir des relations intimes, parfois incestueuses. La course à l’enrichissement illicite attire plus les nouveaux acteurs politiques congolais depuis l’ouverture démocratique en 1992. Pas tous cependant. L’information circule sous le manteau à Brazzaville, un ancien ministre des Finances du Congo, sur la période 2016- 2022, revend ses immobilisations. L’homme, rongé par le « mpiaka » (assèchement financier), a vu son train de vie fondre comme la marque de beurre Alima au soleil. Il n’est pas rare de voir un ministre congolais jouer au distributeur automatique pendant son séjour au gouvernement, avant d’en être réduit à la disette voire au mendiant de la République une fois qu’il en est defenestré. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, perpétrés par des fondamentalistes musulmans, les Américains ont fait imposer au monde entier des mesures de tracking de flux financier en circulation. Ce qui, par conséquent, bloque l’alimentation de tout compte bancaire, en dizaines, centaines de millions ou plus, par une personne qui ne peut en justifier la provenance. Les paradis fiscaux et surtout la thesaurisation (des malles d’argent dans les maisons) seraient la dernière trouvaille des nouveaux riches politiques en Afrique. Ceux du Congo usent des mêmes pratiques quand ils ne se lancent pas dans l’acquisition des biens meubles et immeubles quel que en soit le prix. Une manière de se débarrasser du pactole chez lui. Un banquier ayant requis l’anonymat nous confiait récemment faire l’objet des sollicitudes de la part d’une autorité qui voulait se débarrasser des « nguiris » qu’il aurait gardés at home. Aïe! L’homme redoutait l’arrivée de la nouvelle gamme de billets de banque Beac. Plus peur que de mal, les anciens billets ne sont pas déclassés. L’argent et la politique au Congo entretiennent des rapports obsessionnels, rytmés d’effusions voluptueuses, de haines passionnées, et marques d’une propension à la perversité voire à l’enrichissement illicite. Dans un pays où un ministre, soupçonné d’actes de prévérication, croupit difficilement en prison, ce laxisme volontaire, à la fois honteuse et inaltérable, a toujours suscité curiosité et intérêt, alimentant une foisonnante littérature dans les réseaux sociaux et dans les discussions de « ngandas »(bistrots de fortune) », « foula foula »(transport intra urbain par bus) et autres lieux où s’exerce parfois la sagesse populaire ou le « songui-songui »(commérage). Il existe deux types de vie chez le politique congolais: quand il est aux affaires, et lorsqu’il est hors circuit. Un ministre congolais en fonction sait jouer au distributeur automatique pour entretenir la cour de ses nombreux affidés et « makangus »(maîtresses. Il y en a qui peuvent remettre des centaines de millions de fcfa aux sujets étrangers chargés de les fructifier dans le business. Ouest africains et libanais en tirent meilleur profit. Une fois hors circuit, un ancien ministre redescend sur terre et a le cou perclus d’humilité tel un enfant de chœur de l’église catholique. À l’observation, de nombreux politiques congolais n’ont pas su emboîter le pas à Alphonse Massamba Débat, Claude Ernest Ndalla, Camille Bongou, Ambroise Edouard Noumazalay, Lekoundzou Itihi Ossetoumba, André Obami Itou, Pierre Ngolo, Pierre Moussa…, hommes qui ont fait ou font la politique par amour et passion. Nombreux sont venus se servir et non servir la République. Juste un constat. Par A. Ndongo Journaliste économique et financier
Congo/Politique : Les contentieux électoraux déclarés nuls

Le président de la Cour constitutionnelle, Auguste Iloki, a déclaré le 14 août 2022 à Brazzaville que les arguments donnés par toutes les parties ne pouvaient donner lieu qu’à ce verdict prononcé avant d’ajouter qu’il comprenait que la partie adverse pense que le droit n’a pas été dit et qu’il comprenait leur déception. Ce verdict est celui des résultats définitifs des législatives des 4 et 10 juillet 2022, dans certaines circonscriptions électorales boudés par certains candidats. Aucun des trente dossiers soumis à la Cour constitutionnelle n’a été revu par le juge du contentieux électoral, après les contestations dans certaines circonscriptions électorales suite aux cas de violences, d’incompatibilité et d’inéligibilité, des législatives, des fraudes et des irrégularités constatés. Pour le président de la Cour constitutionnelle, Iloki, après l’audience publique de trois jours, les textes présentés ont été sans fondement conformément aux articles de la loi organique des élections. Certains dossiers ont été jugés irrecevables par manque de pièces probantes, de textes justificatifs pendant que d’autres ont été rejetés pour incohérence. Le président de la cour constitutionnelle a fait savoir que la décision rendue par la Cour constitutionnelle sera notifiée dans le journal officiel, au Sénat, à l’Assemblée nationale ainsi qu’au plaignant. Ce verdict a été différemment salué par les avocats selon les dossiers défendus. Me Emmanuel Oko qui a défendu plus de vingt dossiers s’est dit satisfait, ajoutant que le reste revenait aux candidats déclarés définitivement vainqueurs. Pour Me Benoît Bingoubi en charge des dossiers des plaignants, il y avait des motifs pertinents qui devraient amener la Cour constitutionnelle à l’annulation des décisions des intervenants. Florent Sogni Zaou
Congo Brazzaville. Au-delà de la politique voire de la politique politicienne, place au droit électoral congolais

TRIBUNE. Après la disqualification justifiée de Léonidas Mottom, remplacé par Angèle Doukoro Okoko, des questions méritent d’être posées aux exégètes du droit électoral congolais: Sur la base de quel texte juridique Angèle Doukoro Okoko est passée de candidate du pct aux locales à Ouesso 2 à candidate à la députation dans la même circonscription, alors que le délai de clôture des candidatures est forclos? La candidature de Doukoro aux législatives a t-elle administrativement été constituée et le montant du solde des frais y relatif préalablement payé auprès du Trésor par le parti pendant le week-end, (jours non ouvrables)? Si non, pourquoi le rejet de la candidature de l’intéressée n’est pas d’actualité à la direction générale des affaires électorales ? Entre le ministre de l’administration du territoire, de la décentralisation et du développement local, Georges Mbaka, et le président de la Commission nationale des élections indépendantes (Cnei), Henri Bouka, quelle est l’institution, dans le cas d’espèce, qui a le droit de procéder au retrait de la candidature de Mottom? Par A. Ndongo Journaliste économique et financier
Russie/Ukraine. La force militaire ne suffit pas. Il faut donner priorité au politique et au géopolitique…

1. Le choix de l’Ukraine et de la Finlande à adhérer à l’OTAN va créer un nouvel équilibre de forces qui ne va pas nous éviter le risque de guerre. Ne l’oublions pas que dans la nouvelle guerre froide qui se dessine, nous n’avons plus les mêmes règles d’équilibre des forces comme dans la première guerre froide. Nous sommes donc dans un monde beaucoup plus dangereux qu’avant. Et la réalité de ce nouveau monde nous interdit de jouer au jeu d’échec ou de dames et de croire gagner en avançant ses propres pions sur l’échiquier européen. 2. Il faut prendre très au sérieux le risque de conflit avec l’entrée de l’Ukraine et de la Finlande. Pourquoi? Parce que nous n’avons plus de grands accords de maîtrise des armements. Nous n’avons plus des accords STATT. Tout ça a sauté par volonté des américains et des russes. 3. Il faut donc prendre en compte ce monde dangereux. Et n’oubliez pas que c’est l’Europe qui est le champ de bataille. C’est nous tous qui avons le devoir de penser cette nouvelle réalité stratégique de l’Europe. Et de ce point de vue-là, l’Europe a des intérêts à défendre qui ne sont pas toujours les mêmes que les intérêts américains. Nous devons faire valoir notre voix et notre vision stratégique au lieu de nous contenter de ce jeu mécano-militaire. Cela ne suffit pas. Il faut penser stratégiquement l’avenir sur l’échelle de l’Europe et du monde. Même dans la relation avec la Chine contre laquelle les américains sont dans une logique de confrontation qui ne correspond point aux intérêts de l’Europe. 4. Quand Henry Guaino écrit cette tribune ce matin dans le Figaro : “ nous marchons vers la guerre comme des somnambules. Tout faire pour acculer la Russie, ce n’est pas sauver l’ordre mondial. C’est le dynamiter.”, il a tout à fait raison. Nous devons prendre en compte l’analyse historique de la guerre de 1914. Je souhaite qu’on avance les yeux ouverts. Lui a raison de rappeler cette mémoire historique. C’est un devoir que nous avons de ne pas nous laisser entraîner alors que nous savons bien ce vers quoi cela nous conduirait. Il y a un besoin de lucidité en ce moment. Un besoin d’anticipation. Il y a un besoin de concertation. Il y a un besoin de vision stratégique. On ne doit plus se contenter des choses en termes d’arsenal militaire. Prendre la posture de cobelligérance ( qui n’existe plus en droit international) ou porter un soutien en armes à l’Ukraine constitue un risque supplémentaire qu’on ne doit pas prendre et face auquel nous devons rester particulièrement responsables. 5. Donner la primauté à l’arsenal militaire est une grave erreur stratégique. Le concept de guerre est en train de connaître une grande révolution interne et il implique des dimensions culturelles, religieuses, économiques etc. qu’il faudra prendre en compte. Il faut surtout éviter de laisser toute la parole sur nos plateaux de télévision à des soldats qui ne parlent qu’en termes de forces militaires. La priorité du politique et du géopolitique doit être réaffirmée en permanence car au bout du compte c’est eux qui porteront la responsabilité historique devant leurs peuples. Transcription: Germain Nzinga