Kigali-Londres: l’extradition de suspects du génocide en échange d’un accord sur les migrants?

L’extradition de cinq hommes soupçonnés d’avoir joué un rôle dans le génocide de 1994 contre la minorité ethnique tutsi est considérée comme une contrepartie à l’accord sur les migrants. En vertu de celui-ci, les premiers migrants illégaux seront extradés du Royaume-Uni vers le Rwanda d’ici trois mois, rapportent les médias britanniques. L’unité des crimes de guerre de Scotland Yard a ouvert une enquête sur les cinq suspects, qui vivent au Royaume-Uni, après que la Haute Cour de justice a bloqué la demande d’extradition du Rwanda, par crainte que ces hommes ne puissent pas bénéficier là-bas d’un procès équitable. Les cinq individus, tous âgés d’une soixantaine d’années, pourraient échapper au procès si de nouveaux retards se produisaient, a déclaré aux médias britanniques le haut-commissaire du Rwanda. Il a exhorté Londres à appliquer à leurs cas le même engagement que pour le programme d’expulsion des migrants. Il est estimé que plus de 800.000 Tutsis et Hutus modérés sont morts au cours des 100 jours de nettoyage ethnique perpétré par les milices hutues en 1994. Retrouvez cet article sur Sputniknews

Les envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord continuent de chuter

Les envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord continuent de chuter

Les remises migratoires vers les pays du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord continuent de baisser, a annoncé récemment la Banque mondiale. L’analyse de l’évolution des données suggère un recul d’environ 5,3%, selon les estimations de la dernière note d’information sur les migrations et le développement publiée par l’institution financière internationale. En effet, d’après l’institution de Bretton Woods, « les envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord poursuivent leur tendance à la baisse et devraient s’établir à 61 milliards de dollars en 2023 ». La baisse des remises migratoires « est imputable principalement à une chute des flux vers l’Égypte, où un écart important entre le taux de change officiel et le marché parallèle s’est probablement traduit par la non-comptabilisation d’une grande partie des transferts d’argent », a-t-elle expliqué. L’organisation basée à Washington affirme cependant que «la hausse des envois de fonds vers les pays du Maghreb a en partie compensé cette baisse», précisant que les frais d’envoi pour un montant de 200 dollars s’élevaient à 5,9% en moyenne au deuxième trimestre de 2023. Elle assure par ailleurs que « les remises migratoires vers le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord devraient renouer avec une croissance de 2,1% en 2024, à la faveur du redressement anticipé des flux vers l’Égypte». A l’échelle internationale, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire auraient augmenté de 3,8% en 2023. Ils marquent ainsi le pas par rapport aux fortes hausses enregistrées ces deux dernières années, a fait remarquer la Banque mondiale dans sa note alertant sur le risque d’une baisse des revenus réels des migrants en 2024 dans un contexte mondial marqué par l’inflation et de faibles perspectives de croissance économique. La résilience des marchés du travail dans les économies avancées et les pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG) ayant préservé la capacité des migrants à envoyer des fonds dans leur pays d’origine, les envois de fonds vers les pays à revenu faible et intermédiaire auraient alors atteint 669 milliards de dollars en 2023, selon l’institution. Poursuivant son analyse de l’évolution des envois de fonds au niveau des régions de destination, la Banque mondiale rapporte « une hausse des remises migratoires vers l’Amérique latine et les Caraïbes (8 %), l’Asie du Sud (7,2 %), l’Asie de l’Est et le Pacifique (3 %), et l’Afrique subsaharienne (1,9 %) ». Les transferts d’argent vers l’Europe et Asie centrale ont de leur côté fléchi de 1,4%, alors qu’elles avaient connu un boom de plus de 18 % en 2022, a-t-elle noté. Selon la note d’information de l’institution, les Etats-Unis restent la principale source d’envois de fonds des migrants citant comme principaux pays bénéficiaires cette année : l’Inde (125 milliards de dollars), le Mexique (67 milliards de dollars), la Chine (50 milliards de dollars), les Philippines (40 milliards de dollars) et l’Égypte (24 milliards de dollars). La même source ajoute que « les pays dans lesquels le poids des remises migratoires en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) est particulièrement élevé – signe de l’importance de la contribution de ces fonds au financement des déficits du compte courant et des finances publiques – sont le Tadjikistan (48% du PIB), les Tonga (41%), le Samoa (32%), le Liban (28%) et le Nicaragua (27%). Enfin, tenant compte des tendances à la baisse de l’activité économique mondiale, la Banque mondiale s’attend à ce que la croissance des transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire ralentisse encore en 2024. Selon les projections de l’organisation, elle devrait s’établir à 3,1% en raison du ralentissement de la croissance économique et de l’essoufflement des marchés de l’emploi dans plusieurs pays à revenu élevé. A en croire l’institution, « la volatilité des prix du pétrole et des taux de change, ainsi qu’un coup de frein plus marqué que prévu dans les économies à revenu élevé sont autant de risques susceptibles de dégrader ces prévisions ». Alain Bouithy

Banque mondiale: recul des envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord 

Banque mondiale: recul des envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord 

Les envois de fonds des migrants à destination du Moyen-Orient et Afrique du Nord ont diminué de 3,8 % en 2022, a annoncé mardi 13 juin la Banque mondiale. Dans sa dernière note d’information sur les migrations et le développement, l’institution financière internationale indique qu’ils se sont établis à 64 milliards de dollars l’année dernière alors qu’ils avaient affiché une augmentation de 12,2 % en 2021. D’après les données publiées par la Banque mondiale, « certaines économies de la région, parmi lesquelles plusieurs pays du Maghreb, ont cependant enregistré des hausses légères ». Selon les pronostics de l’institution de Bretton Woods, « cette année »en 2023, les remises migratoires devraient augmenter de 1,7 %, avec des projections qui diffèrent selon les sous-groupes de la région, en fonction de leurs principaux pays d’accueil et de leur degré d’exposition à l’inflation et à la volatilité financière ». La note de la Banque indique par ailleurs que « le coût d’un transfert de 200 dollars vers la région était, en moyenne, de 6,2 % au quatrième trimestre de 2022, contre 6,4 % un an auparavant ». Martin Kam

De meilleures politiques migratoires peuvent contribuer à plus de prospérité dans tous les pays

De meilleures politiques migratoires peuvent contribuer à plus de prospérité dans tous les pays

Partout dans le monde, les populations vieillissent à un rythme sans précédent, si bien que beaucoup de pays s’appuient de plus en plus sur la migration pour réaliser leur potentiel de croissance à long terme, constate un nouveau rapport de la Banque mondiale. Le Rapport sur le développement dans le monde 2023 : Migrants, réfugiés et sociétés (a) considère cette tendance comme une occasion unique de faire en sorte que la migration bénéficie davantage aux économies et aux individus concernés. Les pays riches ainsi qu’un nombre croissant de pays à revenu intermédiaire — qui sont traditionnellement parmi les principales sources de migrants — sont confrontés à une démographie déclinante, ce qui intensifie la concurrence mondiale pour les travailleurs et les talents. Dans le même temps, la plupart des pays à faible revenu devraient connaître un accroissement rapide de leur population, ce qui les obligera à créer davantage d’emplois pour les jeunes. « La migration peut être un puissant moteur de prospérité et de développement », affirme le directeur général senior de la Banque mondiale, Axel van Trotsenburg. « Lorsqu’elle est gérée correctement, elle profite à tous — dans les sociétés d’origine et de destination. » Au cours des prochaines décennies, le pourcentage d’adultes en âge de travailler diminuera fortement dans de nombreux pays. La population espagnole, qui est actuellement de 47 millions d’habitants, devrait baisser de plus d’un tiers d’ici 2100, la proportion de personnes âgées de plus de 65 ans passant de 20 % à 39 % du total. Des pays comme le Mexique, la Thaïlande, la Tunisie et la Turquie pourraient bientôt avoir besoin de plus de travailleurs étrangers parce que leur population n’augmente plus. Au-delà de ce changement démographique, les facteurs qui poussent à émigrer évoluent également, rendant les mouvements transfrontaliers plus diversifiés et plus complexes. Aujourd’hui, il existe des pays de destination et d’origine à tous les niveaux de revenu, beaucoup tels que le Mexique, le Nigéria et le Royaume-Uni étant à la fois des points de départ et d’arrivée de migrants. Le nombre de réfugiés a quasiment triplé au cours de la dernière décennie. Le changement climatique menace de provoquer plus de migrations. Jusqu’à présent, la plupart des mouvements attribuables au climat se sont produits à l’intérieur des pays, mais environ 40 % de la population mondiale — soit 3,5 milliards de personnes — vivent dans des endroits fortement exposés aux incidences climatiques. Non seulement les approches actuelles ne parviennent pas à maximiser les avantages potentiels de la migration en matière de développement, mais elles causent également de grandes souffrances aux personnes qui émigrent dans des conditions de détresse. Environ 2,5 % de la population mondiale — ou 184 millions de personnes, dont 37 millions de réfugiés — vivent actuellement en dehors de leur pays de nationalité, la majeure partie, soit 43 %, se trouvant dans des pays en développement. Le rapport souligne l’urgence de mieux gérer la migration. L’objectif des responsables politiques devrait être de renforcer l’adéquation entre les compétences des migrants et la demande dans les sociétés de destination, tout en protégeant les réfugiés et en réduisant la nécessité de migrations de détresse. Le rapport met à leur disposition un cadre qui montre comment faire pour y parvenir. « Ce Rapport sur le développement dans le monde propose un cadre simple mais robuste pour aider à élaborer des politiques de migration et d’asile », explique Indermit Gill, vice-président senior chargé de l’économie du développement et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale. « Il indique quand de telles politiques peuvent être élaborées de façon unilatérale par les pays de destination, quand il convient le mieux qu’elles soient mises au point de façon plurilatérale par des pays de destination, de transit et d’origine, et quand elles doivent être considérées comme une responsabilité multilatérale. » Les pays d’origine devraient faire de la migration de la main-d’œuvre un élément explicite de leur stratégie de développement. Et ils devraient réduire les coûts des envois de fonds, faciliter le transfert des connaissances de leur diaspora, renforcer les compétences en forte demande à l’échelle mondiale afin que leurs citoyens puissent obtenir des emplois de meilleure qualité lorsqu’ils émigrent, atténuer les effets négatifs de la « fuite des cerveaux » et protéger leurs ressortissants à l’étranger, puis les soutenir à leur retour. Les pays de destination devraient encourager l’accueil de migrants lorsque les compétences qu’apportent ces derniers sont fortement demandées, faciliter leur insertion dans la société et s’attaquer aux répercussions sociales de la migration qui suscitent des inquiétudes chez leurs citoyens. Ils devraient en outre permettre aux réfugiés de se déplacer, d’accéder au marché du travail et de bénéficier des services nationaux dès lors qu’ils sont disponibles. La coopération internationale est essentielle pour faire de la migration un véritable moteur de développement. La coopération bilatérale peut renforcer l’adéquation des compétences des migrants avec les besoins des sociétés de destination. Des actions multilatérales sont nécessaires pour partager les coûts de l’accueil des réfugiés et pour lutter contre la migration de détresse. Et les voix sous-représentées dans le débat sur la migration doivent être entendues, notamment celles des pays en développement, du secteur privé et d’autres parties prenantes, ainsi que celles des migrants et des réfugiés eux-mêmes.

Niger. MSF dénonce une insuffisance critique d’abris et de soutien pour les migrant.e.s abandonné.e.s à Assamaka

Niger. MSF dénonce une insuffisance critique d’abris et de soutien pour les migrant.e.s abandonné.e.s à Assamaka

Des milliers de migrant.e.s expulsé.e.s d’Algérie et abandonné.e.s dans le désert au nord du Niger sont bloqué.e.s, sans accès à un abri, à des soins de santé, à la protection et aux produits de première nécessité, a déclaré aujourd’hui l’organisation médicale humanitaire internationale Médecins Sans Frontières (MSF). Entre le 11 janvier et le 3 mars 2023, 4 677 personnes en situation de migration sont arrivées à pied à Assamaka, une ville de la région d’Agadez située au nord du Niger, et sont bloquées dans le désert, après avoir été expulsées de l’Algérie. Moins de 15 % d’entre elles ont pu bénéficier d’un abri ou d’une protection à leur arrivée. MSF demande à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de fournir immédiatement une protection à ces personnes abandonnées à Assamaka, dans des conditions extrêmement précaires. Le Centre de Santé Intégré (CSI) d’Assamaka, appuyé par MSF, est débordé tandis que des milliers de migrant.e.s cherchent à s’y abriter. « La situation est préoccupante », déclare Schemssa Kimana, coordinatrice de terrain de MSF à Agadez. « Aujourd’hui, le centre de santé que nous appuyons à Assamaka est bondé. La majorité des personnes récemment arrivées à Assamaka se sont installées dans l’enceinte du CSI, en raison du manque d’espace dans le centre de transit. » Selon Kimana, des personnes dorment dans tous les coins de l’établissement. Certaines ont installé des tentes de fortune à l’entrée ou dans la cour. D’autres campent devant la maternité, sur le toit ou dans la zone de déchets. Le personnel de MSF a déclaré que c’est une situation sans précédent.  Les températures à Assamaka —une ville aride—, peuvent atteindre 48 degrés Celsius, si bien que les gens cherchent à s’abriter de la chaleur partout où ils le peuvent. Cela les a conduits à dormir dans des endroits très peu hygiéniques, comme les zones de déchets, ce qui les expose davantage à des risques sanitaires tels que les maladies contagieuses et les infections cutanées. L’indisponibilité d’abris obligeant les gens à dormir dans ces conditions est consternante, a déclaré MSF. Cette situation représente désormais une urgence – elle est intenable pour quiconque de continuer à vivre dans ces conditions. « Nous sommes inquiets parce que personne ne nous donne une réponse sur le jour de notre départ pour notre pays d’origine », confie une migrante Camerounaise à MSF. « Nous ne savons pas quand nous allons quitter Assamaka. On est comme dans une prison à ciel ouvert. Pour les repas, ce qu’on nous sert est très mal préparé car il y a plus de sable là-dedans que de nourriture. Ça nous rend malade et nous cause la diarrhée et des maux de ventre. Ou alors les rations sont tellement insignifiantes que nous n’arrivons pas à manger à notre faim. On vit au niveau du CSI dans des hangars qui avaient été construits pour les malades de COVID. Pendant la nuit, la police mène des patrouilles pour renvoyer vers le CSI tous les migrants éparpillés dans le village ». « Il s’agit d’une situation sans précédent qui exige une réponse humanitaire d’urgence de la part de la CEDEAO, d’où provient la majorité de ces personnes », déclare Jamal Mrrouch, chef de mission de MSF au Niger. « En tant qu’organisation médicale humanitaire, il est de notre devoir de signaler l’insuffisance tangible d’assistance pour ces personnes – y compris les enfants – qui se trouvent dans une situation précaire dans le désert d’Assamaka, et les risques pour leur santé. » MSF

Les Congolais de Tunisie se sentent abonnés par les autorités consulaires

Les Congolais de Tunisie se sentent abonnés par les autorités consulaires

Pendant que d’autres pays africains, à l’instar de la Guinée Conakry, de la Côte d’Ivoire et du Burkina Faso prennent des dispositions pour faciliter le rapatriement de leurs ressortissants, les Congolais vivant en Tunisie se plaignent du manque d’enthousiasme et de soutien de la part des autorités consulaires congolaises à leur égard. A en croire certains d’entre eux, seule l’Association des étudiants et stagiaires congolais en Tunisie (A.E.S.C.T), dirigée par Auriac Boubelo, manifesterait plus d’enclin à les aider ou secourir face à certaines situations qu’ils vivent, alors que la crise autour des ressortissants subsahariens a pris une ampleur inquiétante. Nous publions, ci-dessous, le témoignage d’une ressortissante congolaise vivant en Tunisie qui en dit long sur la situation de ces derniers en terre tunisienne. « Dans la logique des choses, les autorités congolaises doivent récompenser ce Président des étudiants et stagiaires congolais en Tunisie et son équipe. En cette période de crise en Tunisie, il est abandonné à lui-même pour faire face aux problèmes de ses compatriotes alors qu’il y a un consulat ici. Il risque sa vie aux détriments des autres. Beaucoup de congolais témoignent de son assistance dans nos problèmes. Je suis asthmatique et j’ai failli perdre ma vie en cette période pour manque de produits. Vu que je suis dans un quartier où les tunisiens manifestent beaucoup, je ne pouvais sortir pour acheter mes médicaments; du coup j’étais obligé d’appeler le Président VERDI, qui a abandonné ce qu’il faisait pour me ramener des produits. J’ai voulu le rembourser et payer son déplacement mais il avait catégoriquement refusé. Je n’arrive toujours pas à croire qu’il y a encore ce genre d’humain sur cette terre. C’est ce genre de jeune qui mérite certains postes à responsabilité ». Nos sommes fiers de tes œuvres VERDI, le bon DIEU te récompensera un jour »

INTERVIEW. Beb Adon Ousmane Philemon, l’ancien sans-abri, au chevet des migrants et des plus démunis

INTERVIEW. Beb Adon Ousmane Philemon, l’ancien sans-abri, au chevet des migrants et des plus démunis

MAROC/CAMEROUN. Président-fondateur de l’Association des migrants et démunis (A.M.D), une organisation qu’il a fondée en 2020, Beb Adon Ousmane Philemon est un ex sans-abris résidant à Casablanca. Arrivé au Maroc en 2012, dans des conditions extrêmement difficiles, ce Camerounais compte parmi les rares migrants subsahariens parvenus en l’espace de quelques années à changer leur vie. L’agent de sécurité qu’il est entre-temps devenu se dit très fier des changements intervenus dans sa vie. Entretien. Pagesafrik : Pouvez-vous vous présenter pour nos lecteurs ? Je suis Beb Adon Ousmane Philemon, ex sans-abris d’origine camerounaise et président-fondateur de l’Association des migrants et démunis (A.M.D), une organisation créée en dans le but de venir en aide aux migrants en grande difficulté et faire émerger les talents et savoir-faire de ces derniers. Pagesafrik : Comment a-t-elle justement vu le jour et quels sont ses principaux objectifs ? L’idée de créer l’A.M.D m’est venue suite à tout ce que j’ai vécu dans le passé. J’ai en fait décidé de fonder cette organisation après avoir vécu le pire dans la rue pendant 1 an et demi. Comme je vous l’ai annoncé dans ma présentation, je suis un ancien sans-abri. Pour n’avoir pas pu réaliser mon rêve de devenir un grand athlète, un champion d’haltérophilie de haut-niveau et prétendre défendre les couleurs de l’équipe nationale d’haltérophilie du Cameroun, j’ai dû quitter mon pays dans l’espoir de trouver une vie meilleure sous d’autres cieux. Cela n’a pas été facile, je dirais même très difficile. En effet, j’ai dû traverser le désert du Sahara par la route avant d’arriver au Maroc où je réside depuis 2012. Je peux dire qu’à la création de l’A.M.D, je m’étais déjà fixé comme objectif de venir en aide aux migrants subsahariens vulnérables vivant des situations critiques et des plus déplorables, particulièrement aux mères d’enfants et aux sans-abris. Pagesafrik : Vous avez organisé en juin dernier un concours « Miss Ebène Afrikan New Talents Migrantes subsaharienne du Maroc. Quelle en était l’intérêt ? L’idée derrière ce programme était en réalité de faire émerger les talents cachés des personnes migrantes vulnérables et non tout autre chose. Nous avons remarqué qu’il y a plusieurs profils de génie parmi les migrantes vivant au Maroc dans la peinture, la couture, la confection, entre autres…  L’organisation de Miss ébène Afrikan New Talents Migrantes subsaharienne du Maroc entendait ainsi faire éclore les meilleurs talents cachés afin de les assister et leur trouver des partenaires pouvant les accompagner à vivre pleinement de leur passion au Maroc. Nous saisissons l’occasion que vous nous tendez pour annoncer qu’une nouvelle activité destinée à leur apprendre à pêcher sera organisée à l’occasion de la deuxième édition que nous comptons réaliser le 8 mars 2023 dans le cadre de la journée internationale de la femme. Nous comptons à cette même occasion mettre en lumière la culture africaine subsaharienne et, naturellement, contribuer de nouveau à faire émerger de nouveaux talents. Pagesafrik: Que faites-vous de vos journées ? Dans le cadre des activités mises en place au sein de notre association, j’organise chaque année des formations gratuites en cuisine, pâtisserie, esthétique, coiffure et couture moderne. A part ça, je suis un agent sécurité dans un l’hôtel casablancais. Et, j’ai repris à faire de l’haltérophilie : j’évolue au sein du championnat marocain d’haltérophilie. Pagesafrik: Quels sont les projets que vous comptez mettre en place en 2023 ? Pour 2023, nous comptons élargir les activités de notre Association à d’autres villes du Maroc où l’on trouve également des migrantes subsahariennes en difficulté. Bien sûr que nous tenons à organiser la deuxième édition du concours « Miss Ébène Afrikan New Talents Migrantes subsaharienne du Maroc ». Nous allons nous y mettre encore cette année pour assister et accompagner les migrants et démunis. Il est aussi question d’insertion, de formations professionnelles et d’assistance dans le domaine de la santé. Propos recueillis par Martin Kam

Libye : MSF appelle à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables

Libye : MSF appelle à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les pays européens et nord-américains, entre autres, à même d’offrir une protection aux migrants bloqués en Libye, à accélérer de toute urgence l’évacuation des personnes les plus vulnérables qui vivent dans des conditions inhumaines dans le pays, à travers le renforcement des mécanismes existants et l’ouverture de voies de sortie alternatives. Depuis 2016 et le début de son intervention humanitaire auprès de personnes migrantes en Libye, MSF a été confrontée, de façon répétée, à l’impossibilité de les protéger, à l’intérieur comme à l’extérieur des centres de détention, et de garantir la continuité des soins pour celles et ceux qui présentent les troubles physiques et mentaux les plus graves, notamment les victimes de torture. « En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire », explique Claudia Lodesani, Responsable des programmes en Libye pour MSF.  « Nous pensons que les pays sûrs, notamment au sein de l’Union européenne, qui financent depuis des années les garde-côtes libyens et encouragent le retour forcé des migrants vers la Libye ont, au contraire, le devoir de faciliter la sortie et la protection, sur leur sol, de ces personnes victimes de violence ». MSF publie ce jour un rapport intitulé Out of Libya qui décrit la faiblesse des mécanismes de protection existants pour les personnes bloquées en Libye. Les rares voies de sortie légale vers des pays sûrs, mises en place par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sont très lentes et restrictives. En effet, seules les personnes de neuf nationalités sont prises en compte pour l’enregistrement auprès du HCR, l’accès à ce service est quasiment inexistant en dehors de Tripoli et dans les centres de détention et le nombre de places dans les pays de destination est très limité. Ainsi, en 2021, seules 1 662 personnes ont pu quitter la Libye via les mécanismes de réinstallation du HCR sur environ 40 000 personnes inscrites, et environ 3 000 personnes via le programme de retour volontaire de l’OIM. Au total, on estime à 600 000 le nombre d’exilés présents dans le pays. Le rapport présente également des solutions alternatives, en particulier celles qui peuvent être mises en place par les organisations de secours et les gouvernements. En Italie, un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité et ayant besoin de protection, notamment des patients de MSF en Libye. Ce type de mécanismes doit pouvoir être dupliqué dans d’autres pays sûrs. En France, des discussions sont ainsi en cours avec les autorités afin d’évacuer notamment des survivants de torture, de violence et de détention, ainsi que des personnes présentant de graves pathologies médicales. Ces personnes feraient l’objet d’un suivi spécifique de MSF à leur arrivée dans le pays d’accueil. « La prise en charge médicale de personnes détenues arbitrairement et indéfiniment, ou à risque de subir des violences systématiques, pose de nombreux dilemmes. Nos possibilités d’actions sont, de fait, limitées. Pour réellement protéger les personnes les plus vulnérables, il faut avant tout, et de toute urgence, les sortir du système de détention et du pays », explique Jérôme Tubiana, responsable de plaidoyer en Libye pour MSF. MSF est l’une des rares ONG internationales présentes en Libye. Elle y mène notamment des consultations dans des centres de détention et dans des logements de fortune qui abritent des personnes migrantes auxquelles MSF fournit des soins de santé primaire et un soutien psychosocial. L’association organise également les transferts des personnes plus gravement malades vers des hôpitaux et aide les exilés qui le souhaitent à s’enregistrer auprès des mécanismes de sortie du pays mis en place par le HCR et l’OIM.