Politique : Examen de plus de cinquante recours en annulation pour les élections de 2017
La Cour constitutionnelle procède depuis le 15 septembre à Brazzaville à l’examen de 53 dossiers de contentieux nés des élections législatives des 16 et 30 juillet 2017. La Cour constitutionnelle a statué d’entrée de jeu sur dix dossiers. Les recours en débat demandent l’annulation pure et simple de l’élection. Dans la pratique, il s’est agi, en effet, de la confirmation des faits notifiés dans les requêtes faites par les requérants, suivie du réquisitoire des avocats des deux parties. La première affaire examinée concerne Roger Puissance Ozamakissélé et Alain Rodrigue Yilali contre André Nianga Elenga déclaré vainqueur de l’élection de cette élection dans la circonscription de l’Ile Mbamou dans le département de Brazzaville. Ces deux candidats malheureux sollicitent l’annulation des résultats. Dans un autre dossier, c’est Damien Ndoungui, ayant siégé dans l’ancienne législature, réclame l’annulation de la victoire de Paul Matombé, dans la première circonscription de Mvouti, département du Kouilou. Elle a aussi jeté son regard sur la situation de Clesh Atipo Ngapi, candidat déchu dans la 2ème circonscription de Talangaï qui demande l’annulation de la victoire de son challenger, Jean Claude Ibovi. Les dossiers Pascal Bansimba contre Euphrasie Virginie Dolama à Impfondo 1 dans le département de la Likouala ; Fred Fortuné Gélasse Itaddy contre Léon Alfred Opimbat à Mbomo, dans la Cuvette-ouest et celles concernant Edgar Loumbou, Jean Marie Nsondé à Elbe Biscay Bidié Bia Mbémbé à Mfilou 2, ont été aussi été examinées. L’absence des avocats n’a pas permis l’examen du dossier opposant le journaliste Asie Dominique de Marseille et Alexandre Aloumba déclaré vainqueur dans la 2ème circonscription d’Ewo. Dans le dossier opposant Régis Ayayos Talbot à Ange Aimé Wilfrid Bininga, pour le compte de la première circonscription d’Ewo, celle-ci n’a pas été aussi, examinée du fait de l’absence des deux parties. La cour rendra prévoit le délibéré pour le 29 septembre 2017.
RDC-Maroc : le Ministre des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, s’entretient à Rabat avec son homologue marocain, Nasser Bourita
En visite de travail dans le Royaume, le Ministre des Affaires étrangères de la République Démocratique du Congo (RDC), Léonard She Okitundu, s’est entretenu, jeudi 14 septembre dernier à Rabat, avec le Ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération Internationale, Nasser Bourita. Lors de cet entretien, qui a eu lieu en présence de la Secrétaire d’Etat auprès du ministre marocain des Affaires étrangères et de la coopération internationale, Mounia Boucetta, les deux responsables ont discuté des moyens de redynamiser les relations bilatérales et ont passé en revue les questions d’intérêt commun d’ordre diplomatique et international. A cette occasion, le ministre congolais s’est félicité des relations entre les deux pays, basées sur la solidarité positive, rappelant la visite historique de Sa Majesté le Roi Mohammed VI à Kinshasa en 2006 qui était le fer de lance de la redynamisation des relations entre les deux pays. De son côté, le responsable marocain a qualifié de « franches et de fructueuses ces discussions qui ont permis d’identifier certaines initiatives et actions à entreprendre pour concrétiser la volonté de Sa Majesté le Roi et du président de la RDC d’impulser une nouvelle dynamique aux relations bilatérales », indique un communiqué du département marocain des Affaires étrangères. Selon ce document, le ministre marocain « s’est réjoui des relations solides et séculaires, rappelant la Conférence de Casablanca tenue en présence de l’un des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine, feu Sa Majesté Mohammed V et du leader et nationaliste congolais Patrice Lumumba ». Il a, par ailleurs, salué la solidarité agissante exprimée par la RDC à l’égard des causes et questions fondamentales du Maroc et a exprimé le soutien du Royaume au processus en cours et aux efforts de stabilisation de la RDC. A ce propos, Nasser Bourita a rappelé la présence d’un contingent militaire marocain depuis une dizaine d’années en RD Congo, sous l’égide des Nations unies. En ce qui concerne la coopération économique, la même source ajoute que le responsable marocain « a relevé la contribution du secteur privé marocain au développement de ce pays ainsi que les efforts déployés pour la redynamisation des structures de coopération, notamment la commission mixte maroco-congolaise ».
Nkaadi : de l’économie circulaire
Parmi les travaux de réflexion et de méditation qui ont été menés l’année 2017 durant, autour du personnage d’Emile Cardinal BIAYENDA, la publication de Théodulos Auguste KOUNKOU KUE est sans doute, la plus originale. Celle-ci porte sur le commerce tel qu’il a été pratiqué par le passé dans la société traditionnelle Koôngo. Pour Théodulos KOUNKOU KUE, “ Nkaadi fut la conception traditionnelle koongo du commerce qui se voulait une dynamique d’échange et de partage, autour des biens et services produits par les parties en présence de cet échange. Nkaadi signifiant, bien entendu l’établissement d’une relation impliquant des obligations réciproques : “ Kia baka muuntu kia vukila muuntu “ ; autrement dit quiconque reçoit doit donner en retour, car ce que nous possédons doit servir à celui qui est dans le besoin. Tel est le sens du mot Nkaadi qui rime avec le verbe “ Kaadisa” qui signifie restituer, rendre à autrui, pour avoir reçu quelque chose à valoriser en retour.” [P. 11.] Cette conception traditionnelle koongo du commerce que met en exergue l’auteur dans son ouvrage décrit le commerçant koôngo non pas comme un simple affairiste lequel, par son activité chercherait, à s’enrichir par tous moyens ou à tirer profit à tout prix mais plutôt comme un acteur social du développement humain auquel, tenait beaucoup le vénéré Cardinal Emile BIAYENDA. Le commerçant Koôngo est nettement différent de celui de l’ancien droit romain ou du code civil napoléonien de 1804 que l’on considère par une sorte de présomption comme un professionnel de mauvaise foi. Il est considéré comme tel, par ce que l’on présume qu’il est, à même de manipuler ou d’induire en erreur l’acheteur dans le strict but de vendre sa marchandise et d’en tirer un bénéfice et peu importe le prix que cela peut coûter à celui-ci. Dans son remarquable ouvrage, Theodulos KOUNKOU KUE rapporte avec perspicacité que : “ Le commerce n’est pas institué au sein du peuple koongo pour un enrichissement égoïste et démesuré, mais pour en bénéficier à d’autres, ceux de la famille, ceux du clan, mais également aussi aux passants et aux visiteurs séjournant au village ou aux partenaires des villages voisins (wa ta nkaadi, kadisa). Nkaadi est donc bien plus noble de sa conception traditionnelle que notre entendement du commerce, tel qu’il se pratique dans notre monde contemporain où les moins ingénieux se font “rouler dans la farine”. [ P.13.] C’est ni plus ni moins, une sorte d’humanisation du commerce à laquelle se réfère l’auteur dont les règles sont complètement bafouées dans les sociétés humaines des temps modernes. D’après l’auteur, le monde du commerce d’aujourd’hui aurait du favoriser les échanges pour le bien de l’être ou du Muuntu, au-delà de toute considération économique ou financière. Tel n’est pas toujours le cas en déplorant certaines derives qui conduisent au mépris de l’être ou du Muuntu. Dans le prolongement de sa réflexion qui est d’une limpidité tonitruante, le philosophe du muntuïsme, Théodulos KOUNKOU KUE rappelle, à juste titre qu’il a existé dans la société traditionnelle des formes de solidarités parmi les différents outils de commerce. Outre le monnayable et la valeur fiduciaire se trouvaient, observe-t-il, les marqueurs indélébiles des valeurs de références de la solidarité “ad intra et ad extra” communautaire Koongo. Ceux-ci constituaient, poursuit-il, les moyens de l’épargne le plus sûr, bien loin de la vermine boursière et de la corrosion des systèmes bancaires qui engendrent des crises de toute sorte. Parmi ces marqueurs ont pouvait distinguer ces quatre pilliers fondamentaux : Mueko : est un contrat tacite qui lie une personne au propriétaire d’une espèce animale, dans le but de lui permettre de devenir éleveur-propriétaire à son tour, en contre partie d’un engagement qui poussera ce dernier à devoir s’investir pleinement au bien être de la femelle qui donnera les petits autour desquels se fera le partage de la façon équitable avec son propriétaire, au terme de l’échéance prévue. [ P.41.] 2.)Mafundu : c’est un mode opératoire économique consistant en quelque sorte à effectuer un épargne en nature, voire même en monnaie fiduciaire à l’endroit de personnes crédibles ; généralement à l’occasion d’un événement familial : naissance, décès, retrait de deuil ou marriage, etc [ P.44.] 3.)Ndjende : une forme d’engagement, de solidarité et de respect qui naît à l’occasion de formation de certaines entreprises comme celles des alliances ou des mariages. [ 46. ] 4.)Zola ou Kimbongo : consiste en une mutualisation d’efforts entre individus aux fins d’accompagnement d’un des membres dans la réalisation d’un projet qui peut par exemple, revêtir la forme d’une promotion tendant en la dignité de sa personne. [ 67.] A travers ces marqueurs fondamentaux institutionnalisés, le muntuïste, l’humaniste Théodulos NKOUKOU KUE, observe que, les Koongo entreprenants pouvaient se constituer un patrimoine inaliénable et indestructible, du fait de la générosité : ils enrichissaient les autres tout en s’enrichissant eux-mêmes. La mutualisation des moyens de production inhérents à la toute puissance du capital solide et inaliénable qui pouvait, ajoute-t-il, se transmettre au fil des générations, telle que l’acquisition des terres, la fondation et le renforcement des alliances dans la survivance du temps. Dans ce septième essai, Theodulos NKOUKOU KUE, nous invite, une fois de plus, dans les coulisses du marché ancien du Mont Kaba de Mbaanza Koongo où Nkaadi, entendu comme commerce et non comme mercantile consistait en une primauté de la relation humaine par-dessus la logique du marché (zaandu). Nkaadi revêtait autrefois l’obligation d’un retour quasi naturel à l’endroit de celui qui assurait au demandeur. Une étude fort intéressante et appétissante du philosophe-moralisateur Théodulos NKOUKOU KUE qui, au-delà de l’hommage rendu au vénéré Pasteur Emile Cardinal BIAYENDA, à l’occasion du quarantième anniversaire de son assassinat, constitue aussi une sorte de clin d’oeil sur le vécu du Muuntu des temps modernes dont les choix existentiels ne sont toujours pas commodes. TAATA N’DWENGA
Lettre ouverte à Madame Theresa May, Première Ministre du Royaume Uni, à propos de Paulin Makaya
Madame la Première Ministre, Au nom des membres de Unis Pour le Congo (UPC) et en ma qualité de membre fondateur ainsi que l’un des responsables de ce parti au Royaume Uni, je me permets de vous adresser cette lettre pour vous informer de la préoccupante situation du président de l’UPC et opposant politique Paulin Makaya qui purge une peine de prison depuis le 23 novembre 2015, date de son arrestation au Congo-Brazzaville. Paulin Makaya est un sujet de la reine d’Angleterre jouissant de la double nationalité congolo-britanique. Après avoir vécu longtemps en exil au Royaume Uni, il est rentré au Congo-Brazzaville pour des activités politiques. Mais sa famille réside toujours à Londres. Suite à la contestation d’un référendum impopulaire et anticonstitutionnel prévu par le pouvoir en place, visant le changement de la constitution, et ayant organisé une marche pacifique de prostestation le 20 octobre 2015, Paulin Makaya s’est attiré les foudres du pouvoir dictatorial, tyrannique et oppressif incarné par le général Denis Sassou Nguesso. Depuis lors il a été arrêté, jugé et condammné injustement; au mépris de la procédure judiciaire et surtout pour un tissu de mensonges comme chef d’accusation. Non content de l’avoir embastillé arbitrairement pour une peine de deux ans de prison, qui actuellement tend vers sa fin, le pouvoir manifeste des vélléités maléfiques sinon macabres d’éliminer physiquement Paulin Makaya, au motif farfelu qu’il aurait accumulé des armes de guerre en prison et se préparerait à renverser le pouvoir par un coup d’Etat. A cet effet, Paulin Makaya a été l’objet de plusieurs tentatives d’enlèvement et d’assassinat en prison. La dernière en date est celle de ce jeudi 14 septembre 2017, au cours de laquelle il y a eu un déploiement, très tôt le matin aux environs de 4h00, à la maison d’arrêt, des dizaines des troupes d’hommes armés des fusils d’assauts et des blindés. Il y a cependant lieu de signaler que nous, membres de l’UPC, déplorons cet inquiétant acharnement sinon cette constante persécution sur la personne de Paulin Makaya et surtout craignons beaucoup, et à raison, pour la vie, compte tenu de la nature criminogène du pouvoir Brazzaville. En effet, Celui-ci pratique le terrorisme d’Etat, ne menageant guère des citoyens innocents encore moins des opposants politiques. Il convient aussi de préciser que nous avons affaire à l’une des dictatures les plus féroces au monde. Aussi nous présumons que, présentant l’imminente libération de Paulin Makaya, le pouvoir aurait planifié son assassinat pur et simple, plutôt que de le voir recouvrer sa liberté. Madame la Première Ministre, au regard du danger avéré qui plane sur la vie de Paulin Makaya, je vous prie d’être attentive à cette préoccupation, d’user de votre pouvoir et surtout d’exiger des autorités du Congo-Brazzaville le respect des droits de ce sujet de la reine d’Angleterre et la protection de sa vie. Dans l’espoir d’une ultime action de votre part, veuillez agréer, Madame la Première Ministre, l’expression de ma plus haute considération. René MAVOUNGOU PAMBOU *** Version anglaise : Open Letter to the Prime Minister of United Kingdom, the Rt Hon Theresa May MP, about Paulin Makaya Dear Prime Minister, On behalf of the members of the Unis Pour le Congo (UPC) and as a founding member and one of the leaders of this party in the United Kingdom, I would like to send you this letter to inform you of the President’s worrying situation of the UPC and political opponent Paulin Makaya who has been serving a prison sentence since 23 November 2015, when he was arrested in Congo-Brazzaville. Paulin Makaya is a subject of the Queen of England enjoying dual Congolo-British nationality. After living for a long time in exile in the United Kingdom, he returned to Congo-Brazzaville for political activities. But his family still lives in London. Following an unpopular and unconstitutional referendum by the current regime, aimed at changing the constitution, and having organized a peaceful protest march on 20 October 2015, Paulin Makaya drew the wrath of the dictatorial, tyrannical and oppressive power incarnated by General Denis Sassou Nguesso. Since then he has been arrested, tried, and condemned unjustly; in defiance of the judicial procedure and above all for a web of lies as a charge. Not content with having arbitrarily incarcerated him for a two-year jail sentence, which is now drawing to a close, the regime manifests the macabre intention to physically eliminate Paulin Makaya, on the wacky grounds that he would have accumulated weapons of war in prison and would prepare to overthrow power by a coup d’Etat. To this end, Paulin Makaya has been the object of several attempts to kidnap and assassinate in prison. The latest one is that of Thursday, September 14, 2017, during which there was a deployment, early in the morning around 4:00 am, at the prison, dozens of troops of men armed with rifles assault weapons and armoured vehicles. It should be noted, however, that we members of the UPC deplore this disquieting fury or persistent persecution on the person of Paulin Makaya and, above all, fear very much for his life, given the criminogenic nature of the Brazzaville regime. Indeed, the latter practices state terrorism, usually menacing innocent citizens even less political opponents. It should also be pointed out that we are dealing with one of the most ferocious dictatorships in the world. So we presume that, with the imminent liberation of Paulin Makaya, the regime would have planned his assassination pure and simple, rather than seeing him regain his freedom. Madam Prime Minister, in view of the apparent danger to Paulin Makaya’s life, I ask you to be attentive to this concern, to use your power and, above all, to demand from the authorities of Congo-Brazzaville respect for rights of this subject of the Queen of England and the protection of her life. This is our deep concern and we look forward to the further action or engagement with you on this matter. Yours sincerely, René MAVOUNGOU PAMBOU
Stella Mensah Sassou Nguesso : « Pouvoir défendre des lois, c’est vraiment quelque chose de fort »
« Je suis très heureuse de pouvoir découvrir un métier qui m’a toujours impressionné et qui m’a toujours plu», a déclaré dernièrement Stella Mensah Sassou Nguesso sur la chaîne Africa 24. Elue députée de Kintelé et maire de cette même localité de Brazzaville, sous la bannière du PCT, Stella Mensah Sassou Nguesso est l’un des trois enfants du Président congolais à siéger à l’Assemblée nationale. « Pouvoir défendre des lois, c’est vraiment quelque chose de fort et je suis heureuse », a-t-elle ajouté face à la caméra de chaîne d’information africaine.
Claudine Munari Mabonzo : on s’enracine dans les maux du passé
« Je n’ai rien contre tout ce qui a été fait dans mon pays, municipalisation accélérée, les travaux d’infrastructures… Il n’y a rien contre tout ça », a affirmé l’ancienne ministre du Commerce et des Approvisionnements, Claudine Munari Mabonzo. En revanche, la présidente de la plateforme d’opposition Frocad a estimé que « les priorités n’étaient pas bien cernées » et que le gouvernement n’a pas suivi « le bon timing ». Dans un entretien avec Babylas Boton de la chaîne Africa 24, Claudine Munari a relevé qu’en 2017, « vivre à 90% des importations pour nourrir une population d’à peine 4 millions d’habitants, en être encore à importer pour nourrir un peuple aussi modeste, ça pose problème. » Et de noter que « nous avons privilégié la finance, les placements de l’argent dans les paradis fiscaux ». Ajoutons qu’au cours de cet entretien, la présidente du MUST est revenue sur la situation socioéconomique du Congo, estimant le Congo « va de plus en plus mal ».
Les 5 piliers des éditions musicales congolaises « Loningisa » (1950-1962)
« Bana Loningisa », « Lopadi » (Loningisa de Papadimitriou), Watam, OK Jazz et Conga Jazz, sont les 5 groupes qui ont permis à l’éditeur grec Papadimitriou de bâtir son empire « Loningisa ». Depuis Léopoldville (Kinshasa), Loningisa a développé son caractère national et international, de disques 78 tours notamment par la signature de plusieurs contrat d’exclusivité signés entre 1953 et 1962 avec des musiciens congolais pour la sortie des milliers d’enregistrements. Pour ce faire, la société a disposé de son propre studio d’enregistrement et plusieurs magasins de vente dans tout le bassin du Congo. Pendant près de treize ans, les éditions Loningisa ont connu des fortunes diverses. Tout commence en 1950 avec Henri Bowane En effet, si l’on doit aux frères grecs Athanase et Basile PAPADIMITRIOU la création en Septembre 1950 des éditions « Loningisa », c’est au congolais Henri Bowane (guitariste-chanteur), que les tâches les plus importantes ont été confiées. Responsable artistique, il est à la fois, le découvreur des talents, le recruteur, et l’arrangeur potentiel. Fraichement débauché des éditions « Ngoma », où il était une des pièces maîtresse, Bowane s’inscrit dans le droit fil de la grande tradition rumba originale. 1 – Groupe « Bana Loningisa » Les premiers disques qui ont commencé le 11 septembre 1950 ont été salués comme des plus grandes réussites et un évènement de grande ampleur. Il est vrai qu’Henri Bowane a su trouver des accompagnateurs de choix. : Honoré Liengo, Théophile Yanga, Camille Massamba, Charles Bala – des anciens copains en somme, puisqu’ils s’étaient rencontrés à l’époque chez Ngoma – Avec beaucoup de talent, ils signent les toutes premières œuvres ponctuelles et bien d’autres après, sous l’appellation « Bana Loningisa » (collectif des musiciens d’accompagnement en studio). Les disques sont pressés en Belgique (disque 78 tours en ardoise) avant d’arriver à Kinshasa. Des raretés à acquérir avant qu’elles ne deviennent démodées. « Charité bien ordonnée commence par soi-même », Bowane se taille la part belle, car les cinq premiers disques sont les siens : N°1- « Bowane na Honoré », « Bisambo » – N°2-« Somba accordéon », « Marie Claire »- N°3-« Bowane », « Tala mwana mwasi oyo »- N°4-« Tata Bowane apiki drapo », « Tangana »- N°5- « Bowane makambo », « Welo Welo ». Puis suivrons entre les 22 et 30 septembre 1950, les musiciens : Honoré Liengo, Théophile Yangha, Camille Massamba, Charles Bala. Il va falloir compter avec cette nouvelle maison d’édition qui fait ouvertement concurrence avec « Ngoma » et « Opika ». Parmi les grands noms qui vont faire entre 1951-1952, la gloire de l’écurie Papadimitriou sous l’étiquette « Bana Loningisa », citons : Disasi, Fataki, Kitenge, Kalafay, Adikwa, E.Putu, Kabamba, Pauline Lisanga, Marie Kitoto, Bossocould, Tino Mab, Liengo, François Ngombe « Me Taureau », Fataki, etc. Entre 1953 – 1956 : Paul Ebengo « De Wayon », Daniel Loubelo « De la Lune », Mutombo, Mongwalu, Luambo « Franco » Victor Longomba « Vicky », Philippe Lando « Rossignol », JS Essous, Augustin Moniania « Roitelet », Disasi, Pholidor – Kossi Pedro Bemi – Saturnin Pandi, Edouard Ganga « Edo », Célestin Kouka, Brazos, MI. Diaboua « Lièvre’, Soriba Diop « Liberlin », Pella « Lamontha » etc. 2 – Groupe WATAM En 1953, Watam est le premier groupe indépendant à adhérer aux éditions Loningisa. Crée par Paul Ebengo « Dewayon », il compte en son sein les musiciens Mutombo, Ganga Mongwalu, François Luambo et Bikunda. « Dewayon » qui s’affirme comme l’une des meilleures vedettes des éditions « Loningisa » se fait distinguer par la sortie des grands succès, parmi lesquels « Bokilo ayébi kobota », « Nalekaki na nzela », etc. Le 17 Novembre, Luambo « Franco » enregistre avec le Groupe WATAM, ses deux premières compositions de début de carrière, «Lilima chérie wa ngai » et «Kombo ya Loningisa » disque n°0122. Sur la même lancée Luambo Franco accompagne le groupe WATAM dans les compositions de Ebengo Dewayon : « Yembele Yembele» et «Tango ya pokwa», disque n°0123 du 16 Décembre 1953, puis : «Tongo etani matata » et « Tika kobola tolo » de Mutombo, disque n°0124 du 17 Décembre 1953. Le groupe Watam cessera d’exister en 1956 pour donner naissance au groupe Conga Jazz. 3 – Groupe LOPADI (Loningisa de Papadimitriou) En 1954 et sous la responsabilité d’Henri Bowane le groupe « Bana Loningisa » (Collectif des musiciens d’accompagnement en studio) est rebaptisé LOPADI (Loningisa de Papadimitriou). C’est un orchestre-maison de la firme Loningisa, qui contrairement au groupe d’accompagnement en studio, est ouvert au public à travers plusieurs concerts à Kinshasa et dans toutes les régions du Congo. Henri Bowane qui est au cœur de l’activité musicale aux éditions Loningisa dont il est la clé de voûte, met sur pied une équipe dont le socle est composé d’Henri Bowane (chant-guitare), Daniel Loubélo « De la lune », Nicolas Bosuma « Dessoin » (guitares), Augustin Moniania « Roitelet » (guitare basse), Saturnin Pandi (tumbas), et François Luambo que Bowane, intègre dans le groupe (en lui attribuant le sobriquet de Franco), après la signature de son contrat à Loningisa le 09/08/1955. Puis suivront, Pholidor Tandjigorah, Kossi Pedro Bemi (chant) Jean-Serge Essous (clarinette) et bien d’autres musiciens de Kinshasa et de Brazzaville. Au cours de cette période, François Luambo Franco, qui est déjà une figure majeure au sein des éditions Loningisa enregistre le 14 octobre 1955, deux premiers chefs d’œuvre qui d’emblée vont le confirmer comme l’un des rares authentiques poètes et guitaristes révélés par la scène congolaise. Les deux compositions portent sur le catalogue «Loningisa», les titres « Marie Catho » et « Bayini ngai mpo na yo » (Béatrice) Disque Loningisa » n°0129. Deux chefs d’œuvre à partir desquels Luambo Franco est rentré dans la légende. Ils constituent un jalon majeur de la chanson et de la musique congolaise moderne. Fort de ce succès et au moment où la concurrence battait son plein entre les labels « Ngoma » et « Opika », «Loningisa » va au mieux valoriser le talent de ses musiciens et particulièrement celui de Luambo Franco, qui dans ses premières œuvres recherche dans l’harmonie et le rythme, des subtilités sonores uniques. C’est ainsi qu’à partir de cette date, on trouvera la guitare de Luambo Franco sur des dizaines de disques accompagnant divers musiciens de la Firme Loningisa, comme en témoignent
L’oublié Henri Bowane
Quand les villes de Sibiti (Congo) et de Bandaka (RDC) ont oublié à jamais leur fils. En effet, Henri Bowane est né à Bandaka de mère de la région de l’Equateur (RDC) et d’un père originaire de Sibiti, département de la Lékoumou (Congo-Brazzaville). Il nous a quittés en 1992 à l’âge de 66 ans. Depuis aucune pierre tombale n’a été érigée sur sa dernière demeure, qui aujourd’hui est en voie de disparition au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Aucune suite non plus n’a été donnée à notre cri d’alarme il y a cinq ans, dans notre édition du 19 avril 2013, particulièrement aux villes de Sibiti et de Bandaka. Auteur, chanteur-guitariste et impresario, Henri Bowane a été un des grands peintres de l’âme congolaise. Son œuvre considérable est aussi remarquable que diverse. Ses premières compositions « Rumba-rumba », « Marie Bisengo », Assero », « Balukaki kisi « annoncent les tendances qui caractériseront en particulier dans la célèbre œuvre « Marie-Louise » en 1948, un des sommets de l’école Wendo/Bowane (« Tango ya ba Wando ») Nous lançons un nouvel appel à toutes personnes de bonne volonté à Kinshasa, Brazzaville, Sibiti et Bandaka de réaliser une pierre tombale sur la dernière demeure d’Henri Bowane, au cimetière de la Gombe à Kinshasa. Contact : ASB « Artistes en danger « – Tel -00243992304340 – 00243816570958 Kinshasa (RDC).