Artiste de l’histoire, Sory Liberlin de Shoriba Diop a fêté ses 80 ans d’âge dont 55 ans au service de la danse et de la musique congolaise, le 28 septembre 2018 à Montreuil-sous-Bois où il y réside depuis quelques années.
Sory Liberlin de Shoriba Diop, pionnier des Ballets traditionnels et de la musique congolaise moderne. Meilleur représentant des Tumbas.
En effet, parmi les hommes célèbres de l’histoire de la musique congolaise, Liberlin de Shoriba Diop peut être considéré comme le meilleur représentant de la percussion «Les tumbas » (trois Tam tams jumelés), dont il est avec Marie Isidore Diaboua et Saturnin Pandi, les premiers initiateurs aux éditions Loningisa de Léopoldville (Kinshasa), en 1954.
Le destin devait sourire à cet enfant de Poto-Poto à Brazzaville où il était né, troisième d’une famille modeste, de père De Shoriba Diop Keita (franco-guinéen) et de mère Awa Oboyo (congolaise), le 28 septembre 1938.
Liberlin, un « Rythm-star »
Liberlin de Shoriba Diop. Un drôle de bonhomme. Touche-à-tout de génie : percussionniste, chanteur, chorégraphe, danseur, auteur compositeur, comédien, cinéaste, talent-scout. A Brazzaville et à Kinshasa, c’est un personnage considérable. Il a su toucher toutes les sensibilités par des moyens qu’il puisait au plus profond de la tradition du Folk et de la Rumba.
Toujours à l’affût d’une nouveauté, à exploiter ou à découvrir. Liberlin s’est transformé en «Rythm Star » et est demeuré l’un des batteurs de tumbas les plus impressionnants et les plus spectaculaires.
1954 – Lopadi (Loningisa de Papadimitriou) – 1957- Rumbanella Band de Franc Lassan.
Très peu de gens savent qu’il a contribué à la création de l’OK Jazz, pour avoir évolué avec Luambo « Franco » à partir de 1954 dans le groupe Lopadi (Loningisa de Papadimitriou) et surtout pour avoir accompagné aux tumbas de nombreux musiciens au studio « Loningisa » à partir de 1954. Tout comme il a évolué au studio Ngoma, aux côtés de Franc Lassan avec qui, ils ont créé en 1957 le groupe Rumbanella Band.
S’il n’a pas connu une source lumineuse autant que ses collègues Marie Isidore Diaboua et Saturnin Pandi dont l’impétuosité était de rigueur, son invention et sa finesse emporte à tous les coups l’adhésion.
« Kongo Dia Ntotela » – Les Ballets Diaboua
1950 – Liberlin de Shoriba Diop et Marie Isidore Diaboua, avec leur grand talent d’artiste et d’animateur, se sont révélés être parmi les meilleurs dirigeants Scout, chez les «Eclaireurs de France ». Ils ont occupé plusieurs jeunes à l’exercice des danses, chants, mimes, théâtre et poésies lyriques, avant de donner naissance en 1951 au groupe de danse « Kongo Dia Ntotela».
Un an plus tard, en 1952, Liberlin De Shoriba Diop lui attribue l’appellation, Ballets Diaboua, en reconnaissance à son collègue Diaboua, pour avoir situé la danse folklorique dans son contexte classique.
Parmi les grands acteurs de cette troupe on peut citer les noms comme: Antoine Batchilélo « Tony » Jean-Marie Bolangassa, Anselme Tambakasana, Lucky Zebila, longtemps installés en France et qui continuent à raviver la flamme des années de gloire des Ballets Diaboua, à travers des chansons et des danses qui retracent encore les valeurs fondamentales et culturelles du Congo.
C.D.J. (Les Compagnons de joie)
A l’intérieur des Ballets Diaboua s’est dégagé une tendance plus moderne, des idées qui collent davantage au quotidien urbain dominé par les variétés de la musique du monde.
Il était donc naturel que Diaboua et Liberlin exploitent cette piste pour créer, outre Les Ballets Diaboua, une nouvelle formation qui a porté le nom, « Les Compagnons de joie » (CDJ). Il présente une musique fluide et bien construite, des chansons aux harmonies travaillées avec soin.
1953 – Les éditions CEFA
Le groupe CDJ va avoir le grand mérite de réaliser en 1953 à Léopoldville (Kinshasa), son premier disque aux Editions CEFA (compagnie d’enregistrement du folklore Africain) sous la direction du musicologue belge Bill Alexandre.
Le CDJ qui par la suite s’appellera Groupe Eurafricain (avec les expatriés Dumond et Ivorra), va surtout servir de soubassement à la création du grand orchestre Negro Jazz, en 1954 et plus tard l’Orchestre Bantous en 1959.
Acteur Musical, le parcours élogieux de la carrière de Liberlin de Shoriba Diop peut se schématiser comme suit :
1952 – Co-fondateur des Ballets Diaboua et du groupe CDJ (compagnons de joie) Brazzaville (1952)
1954/1957 – Percussionniste permanent des éditions Loningisa à Léopoldville et co-fondateur de l’embryon qui a donné naissance à l’orchestre OK Jazz en 1956
1956/1959 – Percussionniste des Orchestres Dumond, Radio Brazzaville RTF, et Dadet’s Boys. 1971/1979 – Directeur artistique des groupes African Stars et Mbamina – Paris puis producteur de Sam Mangwana en 1983
Animateur Culturel, cinéaste, manager artistique
– Animateur Radio et télévision Française (RTF) – 1955-1959, Radio et Télévision Congolaise (RTC) 1960-1966, Office de Coopération Radiophonique (OCORA) -1971-1974, Radio Diaspora 2000 – Tropic FM Paris (1983-1988)
– Conseiller artistique, des Ministères de l’éducation nationale, de la Culture et des arts, de l’UNEAC (Union nationale des écrivains et des artistes congolais) (1965 -1967)
Enfin, entre autres activités, chorégraphe, cinéaste, éditeur producteur indépendant et de nombreuses tournées à travers le monde.
Liberlin de Shoriba Diop, comme Marie-Isidore Diaboua, ont été au cœur de toute l’activité musicale, artistique des années 1950 à Brazzaville, comme à Kinshasa. Initiateurs des « Tumbas » dans la musique congolaise, ils ont longtemps participé en studio (Loningisa, Ngoma, Opika) aux enregistrements de nombreux grands noms de la musique congolaise de cette époque.
Clément Ossinondé