Il méritait bien son titre de « Meilleur batteur du Pool ». Sensible au timbre et à la texture des instruments, Saturnin Pandi se plaisait à « faire parler les percussions ».
Fasciné depuis toujours par les tumbas, il a joué notamment auprès de son complice le flutiste Marie-Isidore Diaboua et le percussionniste Liberlin de Shoriba Diop. Toujours à la recherche de « l’acte de création », il a élaboré aux éditions Loningisa la technique de jouer aux 3 tam-tams cumulés (tumbas à la cubaine).
Il s’en était allé, lui aussi, sur le sentier qui n’a pas de retour le jeudi 14 novembre 1996 à Brazzaville.
Naissance, parcours professionnel et sportif
Pandi est né en 1933 à Pointe-Noire. Il apprend la mécanique à l’Ecole professionnelle (Lycée technique) de Brazzaville, à partir de 1951. Sportif, il embrasse la boxe anglaise et le cyclisme. Il connait d’intenses joies dans cette dernière discipline. Il sait pourtant que le vélo ne nourrit pas son homme. Mécanicien, il n’ose pas continuer. Son instabilité le prédispose donc à abandonner la mécanique pour la musique.
Carrière musicale
1951 – « Kongo dia Ntotela »
Batteur de tam-tam en herbe, Pandi espère extérioriser son talent dans un ensemble de la place. Aussi se lie-t-il d’amitié en cette année 1951 avec Marie-Isidore Diaboua dit « Lièvre », chef du groupe folklorique « Kongo dia Ntotela », composé entre autres de Liberlin de Shoriba Diop, Jacques Pella « Lamontha » et Albert Loubelo. « Beaufort ». D’autres artistes se joindront au groupe : Jean-Serge Essous, Philippe Mouckouamy, Célestin Kouka et Bernard Nkodia.
1952 – C.D.J. (Les compagnons de joie) – 1953 – Editions Cefa
En janvier 1952, naissent « Les Compagnons de joie » (C.D.J.) dont les rythmes sont mi-biguine, mi-rumba et dzebola. Déclic. Ils réalisent en 1953 leur premier disque aux éditions Cefa à Léopoldville avec deux titres célèbres : « Kinialala tsula » et « Z’entendis la nuit ». Les flûtes tranchent par leur limpidité.
A cette époque-là, des virtuoses se détachaient en relief à Léopoldville et aux éditions Cefa : Roger Izeidi, Augustin Moniania « Roitelet », Vicky Longomba, Guy Léon Fylla, etc.
– 1954 – Les Editions Loningisa
Les éditions de disques, sous la houlette des commerçants grecs, attirent des vedettes à Léopoldville. Henri Bowane, chanteur guitariste, chez Ngoma (1948/49) et Loningisa depuis 1950, est un véritable aimant pour les jeunes artistes qui cherchent leur voie, Bowane est émerveillé par les prestations des C.D.J., notamment leurs percussions.
Il réussit en 1954 à les mettre en relation avec Papadimitriou, patron des éditions Loningisa, afin qu’ils accompagnent différents musiciens en studio et aux percussions.
Le tam-tam remplace le « patenge » (tambourin plat) en vogue dans les groupes musicaux de Brazzaville et de Léopoldville. Un exploit des percussionnistes du CDJ, devenus incontournables au studio Loningisa. D’ailleurs, Diaboua, Liberlin et Lamontha auraient pu faire partie de l’OK Jazz, si seulement ils n’étaient processionnement bien établis à Brazzaville (mécanographes à IBM France).
De cette rencontre en studio naissent des relations fraternelles entre musiciens brazzavillois et léopoldvillois (surtout entre Diaboua et Luambo) On peut même affirmer que c’est au bar-dancing « Mon Pays » (au marché de Moungali) que Luambo Franco s’est produit pour la première fois en public, en 1953 avec Les compagnons de joie (CDJ), lui qui ne travaillait qu’en studio.
Sans oublier les musiciens comme Paul Ebengo « Dewayon », Adikwa, Honoré Liengo, Charles Kibonge, Tino Mab, Lando « Rossignol », Eugène Ngoyi « Gogen », Nganga Mongwelo, etc. qui ont régulièrement enregistré avec les percussionnistes et flûtistes du CDJ (Pandi-Shoriba/Diaboua-Lamontha).
1956 – Naissance de l’ OK Jazz
Mais Pandi s’affirme au fil des concerts et des enregistrements comme le meilleur batteur du Pool. Aussi, Loningisa lui fait signer en 1954 un contrat à durée indéterminée.
Il est obligé de s’installer à Léopoldville (Kinshasa) jusqu’à la naissance de l’OK Jazz le 6 juin 1956 aux côtés de Jean-Serge Essous (à Loningisa depuis 1955), Luambo Franco, Lando « Rossignol »(1954), Daniel Loubelo « De la lune »(à Loningisa depuis 1952), Augustin Moniania « Roitelet » (1954), Nicolas Bosuma « Dessoin »(1954), puis Vicky Longomba par la suite (07/ 1956).
1957 – Orchestre Rock-A-Mambo (Editions Esengo)
1956, le départ d’Henri Bowane (musicien-impresario) des éditions Loningisa est un grand coup, car il entraine avec lui un bon nombre des musiciens, parmi lesquels Saturnin Pandi, Jean-Serge Essous et Lando « Rossignol » qui quittent l’OK Jazz le 22 Décembre 1956, pour intégrer les éditions Esengo. Ils forment dans un premier temps en Janvier 1957, le trio « BEROS » (Bowane-Rossignol-Essous) puis quelques mois après, l’orchestre Rock-A-Mambo sous la direction de Nino Malapet.
Au beau milieu de la rumba-rock et du cha cha cha Saturnin Pandi pose les jalons avec des percussions qui bénéficient des arrangements dont la conception a démontré un ferme désir de sortir des sentiers battus.
1959 – Retour au bercail : Orchestre Bantous
L’année 1959 est celle du retour au bercail. Six musiciens décident effectivement de rentrer au Congo-Brazzaville : Daniel Loubélo « De la lune », Edouard Nganga « Edo », Célestin Kouka « Célio » (OK Jazz) Jean-Serge Essous, Saturnin Pandi « Ben » (Rock-à-Mambo). Et le 15 août, ils portent l’orchestre Bantous sur les fonds baptismaux. L’évènement se produit au bar-dancing « Chez Faignond », à Poto-Poto. Nino Malapet (Rock-A-Mambo) suivra en 1961.
1974/75 – « Voir Cuba et mourir »
Depuis lors, Saturnin Pandi « Ben » n’a pas quitté l’orchestre. dix sept ans de fidélité à l’Orchestre Bantous de la capitale, malgré les tempêtes. Grâce à sa parfaite technique et ses dons exceptionnels. Il va dominer la scène musicale congolaise sur les deux rives. En 1969, il remporte un triomphe au premier festival culturel panafricain d’Alger. Pour ensuite réaliser son vœu le plus cher « Voir Cuba et mourir » !
En effet, en décembre 1974 et janvier 1975, Pandi et l’Orchestre Bantous de la capitale sillonnent l’île de Cuba du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest. Il réussi à éclipser des batteurs de l’île à la réputation solidement établie.
Pour résumer, signalons que des années 53 jusqu’en 1976 qu’aucun autre batteur n’est venu à la cheville de Pandi sur les deux rives du fleuve Congo. Car, avant lui et ses maîtres Diaboua « Lièvre » et Liberlin de Shoriba Diop, la tumba n’avait pas sa place dans les ensembles musicaux léopoldvillois et brazzavillois.
1996 – La fin du meilleur batteur du Pool
Miné et affaibli par la maladie, Pandi à dû raccrocher plusieurs mois avant sa disparition le 14 Novembre 1996. Il laisse une discographie très riche réalisée aussi bien avec l’OK Jazz (1956), le Rock-A-Mambo (1957-1959) qu’avec l’Orchestre Bantous de la capitale (1959-1976).
Parti à l’âge de 63 ans, Saturnin Pandi « Ben » a laissé 5 enfants
Clément Ossinondé
JE suis pandi dacris le premier petit de ben pandi je suis un Artiste merci
enchanté
Ceux grand Homme c’est vraiment une personne très important dans ma vie paix a toi mon grand père Merci beaucoup .
Lelia mouila PANDI FATOU