Société : Les motos comme principal moyen de transport à Sibiti

Les motocyclistes autrement dénommés «Djakarta» constituent le moyen principal de transport à Sibiti dans le département de la Lékoumou au sud de la république du Congo, à plus de 300 km de Brazzaville.

«Plusieurs jeunes y trouvent leur compte», a dit Yvon, un des conducteurs de ces engins. Il a fait savoir qu’il a bénéficié d’une moto à contrat. Il doit assurer un versement journalier de 4000 FCFA au propriétaire. Le propriétaire ne participe pas aux frais d’entretien et de réparation de la moto. Le problème s’arrête pour lui à l’encaisse de la recette. Selon lui, son objectif est de s’acheter sa propre moto pour être son propre patron.

Yvon a également indiqué que le prix de la course dépend de la distance. Il varie de 200 FCFA à 30 000 FCFA. Le dernier prix est celui qu’il pratique entre Sibiti et Pointe-Noire. Pour lui, ces recettes lui permettent de vivre décemment avec sa petite famille constituée de son épouse et de ses deux fillettes.

Dans le contrat qui le lie à son patron, la journée de dimanche lui est entièrement consacrée. Il ne fait aucun versement au propriétaire de la moto.

Yvon préfère ne pas mentionner sa véritable identité pour ne pas révéler à ses frères et sœurs ainsi qu’à ses parents qu’il gagne suffisamment. Chaque jour à la fin de la journée, il rend grâce au Seigneur parce qu’il y a des chauffeurs de taxis et d’autres véhicules qui ne tiennent pas compte de leur présence sur la route. Ils les heurtent et poursuivent leur chemin comme s’ils n’avaient heurté qu’un animal.

Ces motocyclistes n’hésitent pas à charger leur engins jusqu’au point de ne plus faire usage que du frein avant. Ils posent entre eux et le guidon des sacs de foufou, du bois, des valises et roulent les jambes écartées, pendantes et les trainant à ras de sol. Sur le siège derrière lui se trouve le passager candidat au suicide, il surcharge parfois avec un autre passager et sont trois pour une moto de deux places. De l’autre côté, un chauffeur réplique que ces conducteurs de motos ‘’Djakarta’’ conduisent comme des malades mentaux. Ils roulent à vive allure et ne connaissent pas le code de la route. Ils ne respectent pas les indications de signalisation et foncent têtes baissées. Le chauffeur insiste que les conducteurs des motos sont des dangers publics sur la route. Il évoque un accident survenu à un croisement où un autre Djakarta indique son attention et est heurté par un autre qui tente de le dépasser à gauche au lieu de le faire par la droite.

Le chauffeur confirme qu’il y a beaucoup de décès aux mois de décembre où chacun veut encaisser rapidement.

Un autre conducteur d’une moto, Arsène, affirme qu’il a obtenu cette moto d’un homme politique en campagne. Cette moto lui permet de se passer de la fonction publique et le met à l’abri des besoins. Il lui arrive d’encaisser la somme de 25 000FCFA ou plus par jour. Il déplore cependant la crise économique qui a contribué à réduire les niveaux de recettes journalières. Il sent et vit la crise financière dans la ville mais il continue de résoudre ses problèmes.

Des milliers de jeunes gens disséminés dans plusieurs localités de la république où les taxis ne font pas la loi, vivent des recettes engendrés par ces motos. Ces motos sont en effet des dons des hommes politiques contre leurs votes à l’Assemblée nationale ou au Sénat. Certains le font sous forme de Relations Publiques pour entretenir et maintenir les relations avec ces jeunes afin de garantir la prochaine élection.

Des usagers les supplient de rouler doucement dès qu’ils embarquent sur ces engins. Pour ce chauffeur de taxi, ces motocyclistes sont ainsi actifs à cause de la qualité des routes que la municipalisation accélérée a apportées au département.

Une réponse

  1. A Florent Soni Zaou
    Des beaux souvenirs de Sibiti qui m’ont rappelé les quelques escapades des années 80 sur nos petits Honda et Vespa dans Brazzaville. Merci mon cher Soni de ce rappel. Au cours de notre séjour dans ce beau coin du pays, j’ai eu parfois peur en montant sur ces Jakarta conduits, selon les Sibitiens, par des jeunes friands du « lungwila ». Heureusement que tout s’était bien fini dans l’ambiance de l' »Aurore » de notre ami Jerôme Nzoussi.

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