Des réflexions autour de la construction d’une société civile dynamique et entreprenante au Congo.

La deuxième édition de la Semaine Sociale de l’église catholique a eu lieu du 6 au 9 juin 2017, à Brazzaville sur le thème: «Construisons la société civile à la lumière de la doctrine sociale de l’Eglise!» et autour de la compréhension de la notion de société civile.

Cette semaine sociale a été le fruit du partenariat entre la Commission épiscopale Justice et Paix et du bihebdomadaire catholique La Semaine Africaine. Autour de ce thème central, se sont articulés la conférence inaugurale et neuf sous-thèmes développés par des travaux
des experts, des acteurs et des cadres de l’Eglise, de la Société Civile et de l’administration publique.
Ces assises qui ont été ouvertes par Mgr Anatole Milandou, ont eu lieu grâce à l’appui financier des organismes partenaires notamment Misereor et Secours Catholique. Environ 200 participants dont quatre Évêques membres de la Conférence épiscopale du Congo (C.e.c), en l’occurrence, Anatole Milandou, Archevêque métropolitain de Brazzaville et Vice-président de la Commission épiscopale des moyens de communication sociale; Miguel Angel Olaverri Arronniz, Évêque de Pointe-Noire, Président des Commissions épiscopales Justice et Paix et des moyens de communication sociale; Urbain Ngassongo, Évêque de Gamboma et Bienvenu Manamika Bafouakouahou, Évêque de Dolisie; les prêtres, religieux et religieuses, les représentants des pouvoirs publics, les universitaires et experts, les représentants d’autres confessions religieuses et de nombreux fidèles laïcs du Christ.
La conférence inaugurale a été faite par le Père Christian de la Bretesche, Fondateur du Forum des jeunes entreprises du Congo, expert désigné par les Évêques du Congo pour préparer cette Semaine Sociale.
Sa conférence inaugurale a servi d’introduction à la fois au premier thème intitulé «Les institutions de la société civile éducatrice des citoyens», mais aussi à l’ensemble des travaux.
Pour ce premier thème, trois experts ont respectivement exposé sur «La famille congolaise entre tradition et modernité» par M. Jean Bruno Bayette, Enseignant chercheur en sociologie à l’Université Marien Ngouabi, «Les institutions du cycle primaire (public, privé et confessionnel). Les premiers pas du passage de l’enfant de la famille à la cité» par M. Frédéric Ouamba, Chercheur en sciences de l’éducation, «Les institutions d’enseignement supérieur (public, privé et confessionnel) où se forment les élites de notre pays» par le Dr
Firmin Kinzounza Kitsoro, Enseignant chercheur à l’Université Marien Ngouabi.
Le deuxième jour a lui aussi connu trois exposés, qui ont permis de débattre du second thème intitulé «Les institutions scolaires et économiques des libres citoyens». Ce thème a été décortiqué tour à tour par M. Gildas Ndala, Consultant, qui a parlé du premier sous-thème: «L’entreprise, lieu de l’insertion économique par l’initiative, de la solidarité, du contrat et de la responsabilité citoyenne», suivi de Me Yvon Eric Ibouanga , Avocat au Barreau de Brazzaville, sur «Le rôle des fonctions de conseil juridique (avocat, notaire, expert-comptable), économique, médical, social dans l’instauration de la démocratie et de l’État de droit» et par M. Anatole Kondho, Ancien syndicaliste qui a exposé sur «Le rôle des
fonctions de représentation des intérêts collectifs: Les syndicats (de patrons ou d’employés), les plateformes, les collectifs et autres corps intermédiaires».
Comme les deux précédents jours, le troisième jour consacré au troisième thème: «L’aspiration et le droit des peuples à se gouverner.
La collectivité locale brique de base de la démocratie dans un monde qui se mondialise» a également connu trois exposés. Trois conférenciers se sont livrés au dépouillement de ce thème à savoir: M. Auguste Mouniaka, Préfet directeur général des collectivités locales, en lieu et place de M. Charles Nganfouomo, Ministre délégué auprès du Ministre de l’intérieur, de la décentralisation et du développement local, chargé de la décentralisation et du développement local; Jean-Pierre Bitémo, Animateur social/Consultant et M. Pascal Gayama, Ministre plénipotentiaire, Ambassadeur itinérant auprès du Président de la République. Le premier a parlé du sous-thème intitulé «La collectivité locale échelle spécifique de la gouvernance (La subsidiarité active)», le second a entretenu l’auditoire sur «La participation des acteurs locaux au développement local (le «capital social» des collectivités locales)», et le dernier a développé le sous-thème: «L’ouverture des collectivités locales sur le monde (La coopération décentralisée)».
Au terme de la rencontre, le quatrième jour, les participants ont également eu droit à trois exposés, s’articulant autour du quatrième et dernier thème: «Le diocèse avec ses paroisses (L’Eglise au milieu des maisons); ferment au cœur de la société civile en formation».
Ainsi, il y a eu d’abord: «La paroisse structure d’éducation populaire. L’évangile à la disposition du peuple», par l’Abbé Barthel Christel Ganao, Directeur des études au Grand séminaire de théologie de Kinsoundi (Brazzaville), ensuite «Paroisse lieu de la réconciliation… initiation à la non-violence», par le Père Georges Loemba-Ndende, Responsable du Foyer de charité le Thabor de Liambou (Pointe-Noire) et enfin, «Justice moderne, justice traditionnelle, justice évangélique: trois perspectives entre dispersion et convergence», par l’Abbé Jonas Koudissa, Curé de la paroisse Saint François d’Assise (Brazzaville), Directeur de l’Académie catholique de Brazzaville pour l’éthique (Accabe).

Un plaidoyer pour La semaine Africaine

La cérémonie de clôture a été marquée essentiellement par le mot de remerciements de l’Abbé Félicien Mavoungou qui a entre autres fait un plaidoyer pour le journal La Semaine Africaine vieux de 65 ans, le tout premier en Afrique centrale, fondé le 4 septembre 1952 par le Père Jean LeGall, missionnaire spiritain d’heureuse mémoire, suivi de celle du Père Christian qui, a, à la fois étayé le plaidoyer pour la sauvegarde de La Semaine Africaine, précieux outil patrimonial de l’Église et du pays et annoncé la publication imminente des actes de la Semaine Sociale. En dernier, Mgr Miguel qui a clôturé les travaux, a dans son discours annoncé la tenue de la prochaine Semaine Sociale pour la troisième semaine de Pâques en mai 2018. Elle aura pour thème: «L’économie sociale et solidaire».

Le concept de Société civile
Cette année, l’Eglise catholique qui est au Congo a donc voulu passer au crible le concept de société civile dont on parle tant, parfois à tort ou à raison, à travers une réflexion centrale mais aussi transversale et profonde, afin d’aider les uns et les autres à cerner, voire à s’autosaisir la quintessence même de ce qu’on entend par société civile et ce qu’elle représente pour tout citoyen. En d’autres termes, il s’est agi tout d’abord de se poser la question de savoir ce qu’est la société civile, qui est réellement de la société civile et comment est-elle ou doit-elle être compartimentée? Puis, finalement d’y apporter quelques réponses somme toute adéquates.
Pendant ces quatre jours de réflexion, d’échange et de mise en commun, il a été question pour l’Église, Experte en humanité, Mater et Magistra, d’inviter les participants à la rencontre, chacun à son niveau, à s’engager résolument pour la construction d’une société
civile dynamique et entreprenante, organisée et responsable, avant-gardiste, forte et véritablement indépendante. Ceci, à partir du postulat selon lequel: tout est problème de relations, quelles relations à établir les uns avec les autres?

A l’évidence, ces assises ont eu la particularité de capter et éveiller l’attention de l’auditoire au regard des échanges pour la plupart interactifs et des prises de parole sans langue de bois, tout comme les ateliers qui ont contribué largement à l’approfondissement et l’enrichissement des exposés et à une meilleure appropriation par les participants des notions et connaissances reçues. Il en ressort, comme lors des ateliers préparatoires, l’intérêt, la soif et les attentes exprimés par les participants, qui ont éprouvé l’ardent désir
de voir se tenir régulièrement ce type de rencontres, avec une fréquence assez réduite sinon courte de tous les deux ans sinon chaque année.
Il sied de rappeler que cette rencontre d’importance fait suite à la première Semaine Sociale tenue du 1er au 4 février 2013 à Brazzaville, qui avait planché de fond en comble sur le lancinant problème de l’éducation au Congo, et qui avait débouché sur la publication par les Évêques du Congo d’une déclaration, intitulée: «Eduquer ou périr», emprunté au célèbre historien burkinabè Joseph Kizerbo.

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