PARLONS-EN. La question du fameux « deal » conclu au lendemain du scrutin de 2018 entre Félix Tshisekedi et Joseph Kabila revient au devant de l’actualité. Interpellé à ce propos le mardi dernier, à New York, Félix a balayé l’affaire en déclarant qu’il n’y avait « jamais eu d’arrangement frauduleux » lors de la présidentielle de 2018.
Des propos qui ont fait réagir l’ancien président de la Commission électorale Corneille Nangaa. Ce dernier a accusé le successeur de Joseph Kabila d’avoir « menti » au sujet de cet accord qui « a précédé la publication des résultats définitifs » des élections.
En décembre 2020, j’ai été interviewé par la BBC au sujet de la crise politique opposant le FCC de Joseph Kabila à CACH de Félix Tshisekedi, crise qui a mené à l’éviction de Jeanine Mabunda du perchoir de l’Assemblée nationale.
Dans cette interview, j’ai attiré l’attention sur le fait que Joseph n’avait pas dit son dernier mot, qu’il avait plus d’un tour dans son sac, surtout quand on sait qu’un « deal » le lie à Félix et que tout déballage sur cet accord politique particulier et surtout sur les véritables résultats des élections de 2018 pourrait avoir des conséquences inattendues sur la stabilité de la RDC dans son ensemble.
J’ai réitéré la même chose à des diplomates et observateurs étrangers après la rupture de la coalition FCC-CACH. J’ai fait comprendre cela à certains Tshisekedistes, qui exultaient après la « mise à l’écart » de Joseph Kabila grâce aux Américains, mais ceux-ci n’ont pas voulu entendre raison. Les faits ne sont-ils pas en train de me donner raison ?
Je le dis et le répète : la politique au plus haut niveau n’est pas un jeu simpliste pour des esprits étroits ni un film médiocre pour spectateurs paresseux. En politique, il ne suffit pas de voir pour tout comprendre, le véritable sens de certains évènements ne pouvant s’apprécier qu’à travers la double injonction de la Realpolitik et du temps. C’est dans la durée qu’on saisit ou comprend mieux la signification de certains évènements politiques majeurs passés. L’affaire du « deal » le confirme. Les «pyrrhoniens» peuvent être rassurés : je ne suis pas un prophète, mais juste un observateur averti…
Je bois mon lait nsambarisé…
Par Patrick Mbeko