OPINION. À Kasindi, il n’y a pas eu que des morts en masse. Derrière ce carnage, se cache un message politique très fort. Il faut noter que le message terroriste est avant tout adressé à l’opinion publique. C’est un message écrit avec le sang des victimes.
Le terrorisme cherche à frapper les esprits dans le dessein de les manipuler. La symbolique occupe une place primordiale dans les actes terroristes, qui reposent essentiellement sur une technologie de l’imaginaire. Les cibles, les lieux, les moments, les moyens, les victimes… tout est calculé avec minutie, chaque attentat est pensé, réglé, tout doit être préparé et chronométré pour obtenir l’effet escompté.
Quel est au juste ce message qu’ils veulent nous faire passer ?
1. Beaucoup d’internautes ignorent que cet attentat de masse de Kasindi est le deuxième qui est perpétré au courant de cette même semaine. En effet aux petites heures du matin de l’avant hier jeudi 12 décembre dernier, le marché central de Beni a été incendié et réduit en cendres. La conjugaison de ces deux attentats dans une même entité territoriale n’est pas fruit du hasard.
2. Ceci dit, le massacre de trop dans l’église évangélique de Kasindi vient ouvrir nos yeux sur l’existence d’une chaîne de criminalités PLANIFIÉE et visant à faire passer un message important à l’opinion nationale et internationale.
C’est donc comme une force illégitime et cruelle que le terrorisme veut s’imposer en RDC comme un moyen stratégique, brutal, voire radical, de communication. Assimilable à une dynamique relevant de la rhétorique, il permet de convaincre, de revendiquer, de témoigner avec véhémence d’une idéologie. L’idéologie d’imposer un ordre politique par le sang des congolais.
Et suite à l’échec de M23 aux différentes négociations de Nairobi, ce double attentat témoigne d’un changement de stratégie militaire militaire de la part des commanditaires intellectuels du M23. Feignant de s’être retirés de Bunagana et d’autres cités occupées, les rwandais entendent exercer autrement la pression sur le gouvernement de Kinshasa.
Et les actes terroristes semblent donc avoir pris la relève des actions militaires pour contraindre le président Tshisekedi à user moins d’intransigeance et au final à revenir à la table de négociations.
3. Cet acte terroriste de Kasindi s’inscrit dans la logique de tout terrorisme consistant à semer la terreur et la peur auprès des populations pour conditionner leur comportement et pour les soumettre à obéir au schéma des tueurs.
La peur d’abord vis-à-vis du Dr Mukwege l’initiateur du projet de Tribunal Pénal International pour la RDC et potentiel candidat aux élections présidentielles. Le fait que l’attentat se soit déroulé dans une église de la 8e Communauté des Églises Pentecôtistes du Congo CEPAC ( la même 8 e communauté Pentecôtiste où prie et officie Denis Mukwege) peut s’avérer comme un chantage tout comme un sévère avertissement avec ce message sibyllin : « Tu vois? Nous avons pu faire exploser la bombe dans l’église pentecôtiste de Kasindi. On pourra bien le faire demain dans ton église à Bukavu »
La peur aussi à distiller dans le chef des populations prêtes à accueillir la visite du pape François qui intervient dans deux semaines. Répandre cette peur est le message principal du camp adverse en vue de décourager toute audace de la part du pape à franchir le Rubicon en voulant par surprise pénétrer dans une zone dite zone-tampon qui est passée depuis un mois sous le contrôle de personne d’autre que des pyromanes qui sèment le feu et le chaos en RDC.
Les faiseurs de guerre à l’Est congolais veulent coûte que coûte éviter autant la présence d’un témoin gênant dans le Nord-Kivu que la récupération par les médias internationaux (accompagnant le Pape) de la vérité historique de ce qui se passe réellement sur le théâtre des opérations à l’Est congolais.
N’oublions jamais : le message terroriste de Kasindi est avant tout adressé à l’opinion publique. Il est écrit avec le sang humain pour effrayer, manipuler et soumettre à ses propres objectifs le peuple congolais et ses dirigeants.. On est tous prévenus pour ne point céder à la peur…
Par Germain Nzinga